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Clipperton, un atoll français du Pacifique (2) L’île de la Passion, de toutes les passions

Histoire de l’île

Contrairement à de nombreuses îles du Pacifique, du fait de son éloignement des autres terres habitées, continentales ou insulaires, il parait totalement impossible que Clipperton ait pu être découverte par saut de puces par des navigateurs polynésiens ou amérindiens sur des embarcations traditionnelles. Aucun ancêtre du Kon-Tiki n’a eu la capacité d’atteindre l’île, venant de l’ouest ou bien de l’est tant les distances sont grandes et les courants défavorables. La découverte de Clipperton n’a en conséquence spolié, décimé ou asservi aucune population autochtone, ni fait disparaitre aucune civilisation fragile préexistant l’arrivée du premier Européen. Quant aux Américains et aux Mexicains, ils ne s’y sont installés que temporairement et avant tout du fait de l’absence de réaction de l’Etat français alors puissance souveraine.

Le pirate britannique John Clipperton, (ou Clippington) né à Great Yarmouth, près de Norfolk, en 1676 (ou vers 1680 selon d’autres sources), décédé en Irlande en 1722, donna son nom à l’atoll qu’il est réputé avoir découvert en 1704. Son patronyme participa grandement au mythe de l’île des corsaires, pirates et flibustiers ainsi qu’à celui de leurs fabuleux autant qu’hypothétiques trésors qu’ils y auraient cachés. Mais il n’est pas du tout certain que le pirate y ait accosté un jour. Pour certains, il aurait tout au plus croisé au large ! D’autres sources disent qu’il s’en servait de repaire lors de ses raids contre les galions espagnols et y déposait son butin, ce qui tient plus de la fiction que de la vérité historique, mais a alimenté la légende.

Mais qui était donc ce John Clipperton ?

Issu d’une famille de marins, Clipperton commença à voyager très jeune. D’abord sur les mers européennes, puis aux Antilles, il fait ensuite un premier tour du monde. Excellent navigateur capable d’assurer le commandement d’une prise de guerre, il fut surtout connu pour sa grossièreté, son manque de manières et ses accès de colère. Il avait aussi la réputation d’être un brave type, un peu soupe au lait, ne se laissant pas marcher sur les pieds. Cela ne vous rappelle t’il pas quelqu’un vu sur votre petit écran lors du jeu télévisé Koh-Lanta ? Sous les ordres de William Dampier (1651-1715) capitaine, écrivain, observateur scientifique, il est nommé capitaine d’une prise faite aux Espagnols, mais il se querelle avec Dampier, est fait prisonnier des Ibériques et reste quatre ans en captivité jusqu’en 1712 dans des conditions d’internement plus que spartiate. L’île à laquelle il donna son nom lui aurait servi de refuge dans ses raids contre les navires espagnols. Il est aussi celui qui aurait abandonné deux marins sur la même île Mas e Tierra où se retrouva Alexandre Selkirk au large du Chili.

En 1719, il entreprend un nouveau périple, financé par des armateurs de Plymouth. De retour dans le Pacifique, il continue d’arraisonner les vaisseaux espagnols et fait, ironie du sort, prisonnier à son tour son ancien geôlier, qu’il considéra nettement bien mieux qu’il ne fut traité lui-même lors de sa captivité. Ce qui tend à prouver sa mansuétude et son fairplay, malgré sa mauvaise réputation. Après d’autres aventures tout aussi mouvementées du côté de Macao et de Batavia, port des Indes Néerlandaises, sa santé se dégrade et il retourne expirer en Irlande, à Galway en juin 1722 après des siens. On remarquera que dans quelques biographies, Clipperton est aussi qualifié de naturaliste, mais le fruit de ses recherches est resté cependant plus que discret, voire confidentiel. Il est d’ailleurs fort probable qu’il ait été confondu avec William Dampier qui publia par contre quelques unes de ses propres observations.

Curieusement, les dates retenues pour la découverte de Clipperton (1704 ou 1711), coïncident étrangement avec la malencontreuse aventure qui advint à Alexandre Selkirk entre 1705 et 1709 et qui servit de modèle pour le Robinson Crusoë de la fiction. Il est aussi intéressant de constater des similitudes troublantes entre les biographies de John Clipperton et d’Alexandre Selkirk, des témoins de l’époque ayant probablement confondu les deux marins. Il est de fait étonnant de voir décrites deux existences aussi parallèles présentant tant de points communs. Mais peut-être se sont-ils finalement croisés, querellés et réconciliés après quelques insultes et horions, autour d’une bouteille de rhum dans une méchante taverne tropicale digne de l’Amiral Benbow de R. L. Stevenson, comme il se doit que cela se passe de façon stéréotypée dans un bon vieux film de pirates des années cinquante, ou dans un remake numérisé avec Johnny Depp !

D’ailleurs, la fable d’un trésor enterré par les pirates initialement situé dans l’île Mas a Tierra où fut abandonné Selkirk, s’est transposée aussi à Clipperton bien que l’on n’y ait jamais trouvé le moindre ducat. Les légendes ont la vie dure. Hubert Juet, auteur d’un récent livre sur l’histoire de l’atoll, pense que le trésor de Clipperton serait une invention du capitaine du Kinkora, navire britannique échoué sur le récif corallien le lier mai 1897. En attendant les secours, le capitaine aurait inventé cette fable pour faire patienter ses marins. Mais la légende repart de plus belle avec la découverte par Jean-Michel Pontier, lors d’une plongée durant l’expédition J.L. Etienne, de trois coffres par 52 mètres de fond. Il n’a remonté que le couvercle de l’un d’entre eux. Malheureusement ni lui ni son équipe n’ont pu retrouver le site de ces trouvailles au cours des plongées successives.

Le nom de John Clipperton restera donc à jamais lié à l’île que le marin n’a probablement pas découverte. Mais si Passion possède une sonorité bien française, à condition de garder la « bonne » prononciation, le terme trop connoté catholique, peut difficilement concurrencer le nom du pirate dans l’imaginaire collectif.

La découverte par les Français

Selon l’histoire officielle de la Marine Nationale, l’île fut découverte le Vendredi Saint 3 avril 1711 par les navigateurs français Martin de Chassairon et Michel Dubocage de Bléville, commandants des frégates « La Princesse » et « La Découverte ». Ils en dressèrent la première carte. C’est en souvenir de cette journée pascale qu’ils la baptisèrent Île de La Passion. Michel Dubocage de Bléville (1676-1728), serait le véritable découvreur de Clipperton, l’analyse du journal de bord des deux navires par Claude Briot (historien de marine) semble accréditer cette thèse. (Journal du capitaine Dubocage. Voyage à la Chine. Découverte de Clipperton 1707-1716). En effet le bâtiment de Martin de Chassairon était en retrait par rapport à celui de Dubocage à cette date et le livre de bord de « la Découverte » relatant les faits est bien plus précis que celui de « la Princesse » beaucoup plus succinct sur le sujet.

L’année 2011 marque le tricentenaire de la découverte officielle de Clipperton par la France ! De quoi raviver l’intérêt de l’atoll pour ses « passionnés », ce qu’ils ont fait en célébrant l’évènement par un colloque historique, au Havre, ville natale de Michel Dubocage, qui a déjà donné son nom à un musée de la ville. Car ce marin normand qui navigua jusqu’à Amoy (Xiamen) en Chine, n’avait rien d’un pirate avide et prédateur. Il fut même un philanthrope avant l’heure. Une fois enrichi et ayant racheté le titre de Bléville, il fit acheminer à ses frais du blé à Paris lors d’une famine qui sévissait dans la capitale, donc bien avant les premiers soubresauts de la révolution française. Un colloque de trois jours s’est tenu au Havre dans les premiers jours d’avril 2011 avec exposition, conférences et projection de films.

La dénomination française d’Île de la Passion n’est pas encore entrée dans les mœurs géographiques et médiatiques et comme pour les Falkland, Malvinas ou Malouines, l’île conserve aujourd’hui les deux appellations. Mais comme un flibustier fait beaucoup plus fantasmer de nos jours que les souffrances du Christ sur la croix, le nom de Clipperton est plus souvent retenu, même dans les publications françaises officielles et scientifiques. Curieusement, Clipperton figure sous le nom d’île de la Passion sur les cartes marines depuis 1753 ; sur la carte de Bellin. Cette terminologie sera reprise dans l’hydrographie Française de 1755. Le nom de Clipperton n’apparait sur une carte officielle établie par Fremin (un cartographe français) qu’en 1835 sur un atlas britannique.

Le milieu du XIXème siècle, voit de nouveau la prise de possession de l’île au nom de la France par le Lieutenant Le Coët de Kerveguen, en 1854. Il dépose à son retour, une copie de l’acte de prise de possession au Consul de France ainsi qu’au gouverneur d’Hawaii. Le but étant d’en exploiter les phosphates issus des déjections aviaires, excellent engrais pour l’époque. Le 17 novembre 1858, le gouvernement impérial français prend officiellement possession de Clipperton par voie de publication, relayée dans la presse sans la moindre revendication d’un autre état. Malgré tout, il faut reconnaître que l’expansionnisme territorial qui conduisit Napoléon III à s’aventurer au Mexique ne considérait pas l’île de Clipperton comme une possession essentielle. La France tarde à mettre l’atoll en valeur et les Américains s’y installent dès 1891, remplacés par les Mexicains de 1897 à 1917. La fin du XIXème et le début du XXème siècle sera la grande période d’exploitation des phosphates provenant du guano.

Plus tard, les Mexicains tenteront de justifier leur préséance par une découverte espagnole antérieure à celle des Français, reposant sur l’interprétation erronée d’une carte mentionnant un rocher de la Passion, ex Isla Medanos, au large des côtes mexicaines bien plus au sud de Clipperton, découvert en 1527 par le navigateur espagnol Alvaro Sabreda. L'imprécision des cartes du XVIème et du début du XVIIème ne permet cependant pas d’extrapoler une vérité historique quelle qu’elle soit. Au mois de septembre 1897, le Croiseur amiral Duguay-Trouin est envoyé pour réaffirmer la souveraineté française. Il faut remarquer en passant que la France a mis plus de quarante ans avant de s’apercevoir qu’elle possédait un territoire dans le Pacifique Nord et d’y envoyer un navire. On comprend donc mieux le regain d’intérêt des Mexicains face à un attentisme aussi flagrant de la puissance de tutelle. En réplique, le 13 décembre de la même année, une canonnière mexicaine, « la Démocrata » débarque une garnison en réponse au passage du bâtiment de la marine française. L’épopée des oubliés va pouvoir commencer !

Carte de La Pérouse,

 

Les Mexicains et Les oubliés de Clipperton,

La phase mexicaine sera la plus longue occupation humaine de l’île sans discontinuité. Hélas, elle se finira tragiquement. Après le départ des Américains qui avaient exploité et exporté le guano pendant cinq ans, des ouvriers s’installent dès 1897 encadrés par une petite garnison mexicaine. En 1905 le Lieutenant Ramon Arnaud y Vignon (d’origine française de Barcelonnette) est promu gouverneur de l’atoll. Une petite colonie se forme avec militaires (une dizaine), ouvriers italiens sous contrat (une soixantaine), femmes (dont celle d’Arnaud) et enfants. Les occupants construisent même un phare, visible de 30 miles marins. En 1914, le premier conflit mondial étant proche, Arnaud, devenu capitaine refuse de rejoindre le continent sans ordres, les ouvriers italiens rejoignent le continent, ainsi qu’un ingénieur allemand qui aurait présenté des troubles mentaux et aurait de ce fait été évacué avant la fin tragique de ceux qui allaient continuer leur séjour sur l’île. Une trentaine de personnes resteront sur Clipperton sans contact ni approvisionnement, totalement négligés par leur gouvernement en proie à la révolution zapatiste qui embrase tout le Mexique. Les privations et le scorbut déciment alors la petite colonie. On ne trouve, en effet, que quelques noix de coco comme apport en vitamines.

Arnaud est loin d’être un militaire brillant, son début de carrière est marqué par une désertion et il ne peut se revendiquer comme un officier exemplaire. Il sera tout de même promu au grade de Capitaine après plusieurs années de séjour sur Clipperton. C’est probablement la crainte qu’on lui rappelle ses erreurs de jeunesse qui va exacerber son patriotisme et l’inciter à rester sur l’atoll. Arnaud repousse l’opportunité de quitter Clipperton en 1915, lors du passage d’un navire américain. Arnaud, alors devient une sorte de personnage de Buzzati, attendant une gloire qui ne viendra que posthume. Les survivants ne reverront plus personne désormais jusqu’au dramatique épisode final. En 1916 Arnaud et les derniers hommes partent en barque à la recherche d’hypothétiques pour ne pas dire fantasmagoriques secours mais chavirent et périssent en mer sous le regard des femmes et des enfants. Le seul mâle survivant est le gardien du phare, Victoriano Alvarez, un noir descendant d’esclave qui vivait auparavant isolé du reste du groupe. Il se retrouve seul avec trois femmes une adolescente et sept enfants, il aurait même abattu deux autres femmes au tout début de l’installation de son royaume. S’autoproclamant roi de Clipperton, il va continuer à les molester jusqu’à ce qu’excédées, les trois survivantes se révoltent et l’assassinent à coups de marteau le 17 juillet 1917. On attribue la responsabilité principale du meurtre à Tirza Randon, la plus jeune des trois femmes, elle n’avait alors que 19 ans, mais peut-être se dénonça t’elle du fait de son âge et pour ne pas trop impliquer Alicia de Arnaud, la veuve du Capitaine. Mais le jour suivant, le 18 juillet, ironie du sort, arrive le croiseur américain USS Yorktown qui découvre les survivantes et le cadavre encore tiède d’Alvarez. Revenues au Mexique, acquittées de leur crime après un bref passage aux Etats-Unis, les trois femmes dont la veuve du Capitaine Arnaud, raconteront leurs mésaventures à la presse et deviendront un temps des héroïnes nationales.

Ce qui fascine dans cette épopée bouleversante, c’est qu’elle concentre en un même lieu limité si ce n’est clos, les relations conflictuelles entre individus, l’hostilité du milieu, la rareté des vivres, la sexualité et la criminalité ainsi que la discipline militaire et le sens du devoir envers la patrie. L’histoire des oubliés autorise aussi une réflexion sur la vie de famille en milieu isolé et sur l’éducation des enfants. La période d’occupation mexicaine est à bien des égards, tout ce que l’on peut imaginer sauf une ère idyllique loin de l’agitation du reste du monde. Présence permanente du guano et de son odeur, privations, carences alimentaires, conditions climatiques épouvantables, maladie, querelles, sévices et meurtre ponctuent cet épisode impressionnant de l’histoire de l’île.

En dehors des questions posées par la reconnaissance de la souveraineté française, on peut comprendre que les Mexicains aient gardé, après une telle aventure, une certaine nostalgie de ce passé héroïque qui fait partie de leur histoire nationale. Car les femmes de Clipperton sont devenues des héroïnes du Mexique, bien avant que l’idéologie féministe ne se soit fait sa place dans ce pays. L’histoire des « oubliés de Clipperton » a inspiré des écrivains qui ont plus ou moins romancé et dramatisé les événements, comme cela est très souvent le cas en ce qui concerne les récits de naufragés.

Voir la liste de ces ouvrages en note.[i]

Toute cette production littéraire s’attache à reconstituer le quotidien de ce groupe de personnes perdues au milieu de l’océan, avec quelquefois des inventions des auteurs pour agrémenter le récit d’éléments fictifs et de rebondissements plus ou moins réussis. Car s’il est facile d’imaginer ce que ces Mexicains ont pu ressentir, la réalité devait être beaucoup plus monotone. Et en dehors de l’épisode final, ce quotidien devait être fait de routine, de mesquinerie, de jalousie et de périodes de découragement.

Il ne manque plus qu’une fiction cinématographique hollywoodienne pour illustrer cet épisode historique hors du commun. Cependant, afin de ne point stigmatiser une catégorie ethnique et ne pas irriter un certain public, le dernier épisode de l’histoire serait probablement édulcoré de nos jours. En effet, on voit mal Wesley Snipes ou Denzel Washington et encore moins Morgan Freeman en train de molester des femmes même dans un rôle de composition. Alvarez ne peut être un antihéros de fiction ou un personnage antipathique, à moins d’en gommer la dimension raciale. Une certaine autocensure politiquement correcte ne laisserait pas passer un épisode aussi scabreux mettant en scène un noir aussi négatif et prédateur sexuel, même en lui trouvant des circonstances atténuantes.

Les occupations françaises

La souveraineté française sur Clipperton, comme il a été déjà signalé, a été plusieurs fois contestée, par des revendications mexicaines, mais aussi par des occupations non autorisées des Etats-Unis. Après la fin du litige avec le Mexique en 1931 et la nouvelle prise de possession pour la France par le Lieutenant Gauthier à bord du croiseur "Jeanne d'Arc" le 26 janvier 1935, Clipperton fut rattachée au gouvernement des "Etablissements français d'Océanie" le 12 juin 1936. Malgré l’arbitrage du roi d’Italie, Victor Emmanuel III établissant en 1931 la souveraineté de la France, cette décision fut réfutée par le Mexique jusqu’en 1959, date d’une nouvelle reconnaissance de la souveraineté française. Le rapport du Sénat de 1999, consécutif à une mission au Mexique du 20 au 28 février, confirme une fois de plus la souveraineté nationale, d’autant plus que la mission sénatoriale traduit un échange officiel entre les deux états : [ii](Voir note)

Une controverse anecdotique, mais tout de même circonstanciée, bien dans le style du personnage est le fait du Général de Gaulle (citée en Mémoires de guerre). En 1944, ayant été informé que les troupes américaines utilisaient Clipperton comme base arrière et dépôt de munitions dans leur guerre contre le Japon dans le Pacifique, il protesta avec véhémence auprès de Franklin D. Roosevelt car la France, en sa personne, n’avait pas été prévenue de cette occupation faite dans le non respect de la souveraineté nationale ! Les Américains y restèrent malgré cela plus d’un an sans vraiment tenir compte de la protestation du chef de la France Libre.

La présence des Etats-Unis bien que brève d’abord avant l’arrivée des Mexicains pour exploiter les phosphates, mais surtout pendant la Seconde Guerre Mondiale, fût avant tout caractérisée par l’importante pollution de l’île qu’elle entraîna et dont il reste encore aujourd’hui quelques traces. Il n’est d’ailleurs pas dit que les Américains aient jusqu’à présent totalement digéré la présence française dans ces eaux qu’ils considèrent comme leur domaine réservé. Encore de nos jours, certaines sources diplomatiques officieuses laissent entendre des encouragements en sous-main au Mexique pour que ce pays revendique une énième fois sa souveraineté sur l’île et évince la France du Pacifique nord-oriental et ainsi des institutions réglementant la lucrative pêche au thon dans cette partie de l’Océan. Négligée pendant plus d'un siècle par la France (seulement 10 passages de la Marine nationale entre 1854 et 1958), l'île reçoit à partir de l’après-guerre, des visites plus fréquentes, tout d'abord de bâtiments de guerre, le « Commandant Charcot » en 1951, « La Jeanne d’Arc », encore elle en 1952, « La Moqueuse » en 1953 et le « Dumont d’Urville » le 22 août 1957.

Puis à partir de 1965, des missions scientifiques et militaires associées vont s’enchaîner. Les périodes de séjour ou d'occupation française les plus longues furent celles des « Missions Bougainville » qui séjournèrent plusieurs mois d’affilé entre 1966 et 1968 réalisant de très précieuses études sur l'hydrobiologie et la bathymétrie du lagon, sur la faune et la flore en parallèle à la mission militaire.

Les Missions Bougainville de 1966 à 1969

Une grande partie des informations reprises dans ce chapitre proviennent du site www.clipperton.fr et sont complétées par les témoignages des militaires compilés par Jean-Yves Gaudart. Elle prend aussi en compte les observations du radioamateur Alain Duchauchoy. Tous deux ont séjourné à Clipperton.

Le 6 juin 1966, le bâtiment de débarquement de chars Blavet amena sur l'atoll un groupe de quinze personnes du 2ème Régiment du Génie de Metz, qui devaient préparer l’installation des marins qui allaient stationner sur l’atoll. Sous les ordres du chef de détachement, le Commandant Jean Raguet, l’unité comprenait un médecin de 1ère classe et treize officiers-mariniers. Ce fût la première "Mission Bougainville" envoyée par le général de Gaulle au moment des essais nucléaires réalisés en Polynésie française.

L'ordre de mission était simple et précis :

1. Occuper l'atoll, interdire l'accès à des forces étrangères et recevoir les éventuels visiteurs (de nombreuses visites de « scientifiques » américains ont été signalées ces années-là).

2. Installer une station météorologique et en assurer les observations.

3. Réaliser une monographie sur l'atoll et étudier notamment l'état de l'ancienne piste d'aviation ainsi que le lagon pour amerrissage d'hydravion. Les études qui ont été conduites ont apporté une somme considérable de nouvelles connaissances portant notamment sur l'hydrographie et l'hydrobiologie du lagon jusqu’alors pratiquement inconnu.

Il est intéressant de constater que la destination finale de la première mission Bougainville ne fut révélée à l’équipage du Blavet, parti de Lorient, qu’une fois passé le Canal de Panama. Il ne faut pas oublier que ces missions ont été effectuées durant la présidence du Général de Gaulle, en pleine guerre froide et de façon concomitante avec les essais nucléaires français dans le Pacifique. D’ailleurs, il est probable que la France ait voulu se prémunir du passage d’espions et autres agents de puissances étrangères alliées ou supposées hostiles durant la durée des essais nucléaires. Il semble aussi que le lagon de Clipperton ait été envisagé un temps comme possible base pour les sous-marins français. Cette option fut rapidement abandonnée.

Dès 1965, la Marine Nationale a préparé les missions à terre en envoyant des navires de reconnaissance dans la zone maritime. Entre le 6 juin 1966 et le 14 octobre 1968, cinq missions, de plusieurs mois chacune se sont succédées. Les témoignages recueillis par Jean-Yves Gaudart décrivent avec minutie cette période de l’occupation française. « Le tapage médiatique autour de l’expédition de Jean-Louis Etienne a remis en mémoire une époque de notre vie. Les anecdotes ne manquent pas, les souvenirs non plus. Quelques uns d’entre nous ont oublié, certains ont même effacé de leur mémoire cet épisode de leur vie, d’autres, y pensent chaque jour.  ».

Environ 150 personnels de la Marine Nationale, de la Légion Etrangère (en 1967, un détachement de 26 légionnaires sous le commandement d’un sous-lieutenant séjourna sur l’atoll) et du Génie Militaire se sont succédés sur Clipperton lors de missions Bougainville. Malgré quelques distorsions dues au temps qui passe, l’ensemble des témoignages recueillis par Jean-Yves Gaudart se recoupe et forme un ensemble cohérent sur la vie des militaires à Clipperton.

On remarquera au cours des quatre premières missions, la présence de Polynésiens dont le rôle était d’apprendre aux militaires de métropole le tressage les feuilles de palmier pour fabriquer les toitures des abris, ainsi que la pêche et de transmettre leur connaissance de base de la vie sur un atoll essuyant de fortes tempêtes. Lors de la première mission, les Tahitiens furent embarqués en Martinique, lors de la première escale du Blavet, parti de la base de Lorient. Et contrairement à l’aventure du Bounty, la cohabitation intercommunautaire se déroula sans incident. Cependant, certaines informations communiquées par les militaires indiquent que les Polynésiens vivaient séparément des militaires sur l’île. Ces insulaires étant sous contrat civil, les militaires par esprit de corps devaient probablement marquer la différence de statut. Cela n’empêche que certains témoignages recueillis montrent une sympathie réelle à leur égard.

Ce fut la première fois que des plongeurs descendirent dans le « trou sans fond », au milieu du lagon, jusqu’à 37 mètres de profondeur. Cette plongée exploratoire eu lieu le 10 juillet 1968. Sans visibilité, ou milieu d’une eau boueuse opaque, un plongeur de la marine ressentit des brulures sur la peau. Revenu à la surface, il constata que sa combinaison, ainsi son matériel de plongée avaient subi une corrosion du fait de l’acidité des grands fonds. Fermentation et putréfaction entraînant une disparition progressive de la biodiversité, il n’existe quasiment plus d’espèce animale évoluée et les deux variétés de poissons ont subi des mutations adaptatives au milieu. La profondeur maximum du lagon n’a pas encore été totalement démontrée mais pourrait atteindre les 90m selon certains sondages confirmés par l’équipe de J.L.Etienne en 2005.

De nos jours, les vestiges de l’occupation militaire subsistent sous forme de ruines de baraquements et de tôles effondrées dans le bois de cocotiers que l'on nomme aujourd'hui Camp ou Bois de Bougainville. Par contre, des légumes, des arbres fruitiers et autres variétés d'arbres qui furent plantés par les militaires, aucune espèce n’a subsisté à ce jour, aucune n'ayant résisté ni aux tempêtes ni aux crabes. Hélas, la volonté gaulliste de présence de la France, même dans ses territoires les plus reculés et inaccessibles n’a guère duré après la mort du Général.

Les gouvernements français successifs n’ont jusqu’à présent fait montre que d’un intérêt limité et épisodique pour Clipperton. Il est vrai que les nominations au poste de Ministre ou de Secrétaire d’Etat sont si fréquentes que les responsables n’ont pas vraiment le temps d’installer une politique cohérente et suivie d’effets pour l’Outre-mer. Les récents évènements qui ont entachés les Antilles en 2009 ne peuvent que repousser les projets d’aménagement de Clipperton, la priorité du Secrétariat d’Etat étant focalisée sur la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane pour des raisons à la fois économiques, sociales et politiques. Or, Clipperton demande une réflexion structurée et méthodique des pouvoirs publics afin de déterminer quelles sont les options propices à la France. Et cela ne peut être décidé à la hâte entre deux dossiers urgents et prioritaires, dans un ministère où l’on ne s’éternise pas.

Le lecteur recherchant plus de détails sur la nature et le contenu des expéditions Bougainville et sur les résultats scientifiques qui en sont issus est prié de consulter les intéressants travaux du Dr Pierre-Marie Niaussat, 1986, "Le lagon et l'atoll de Clipperton" et les nombreuses publications et monographies conjointes de Jean-Pierre Ehrhardt et Pierre-Marie Niaussat sur l’atoll.

En 1967, peu après le départ des militaires français et avant l’arrivée de la relève de la mission, un navire battant pavillon des Etats-Unis aurait fait escale à la recherche d’un très hypothétique bâtiment d’un pays nordique en perdition. L’hypothèse d’une mission de reconnaissance non officielle pour vérifier ce que faisait un allié dérangeant des Etats-Unis dans le Pacifique Nord-est est beaucoup plus probable. Depuis, il semble que des navires militaires américains aient accosté sur Clipperton sans que les autorités françaises en aient été informées. D’ailleurs de nombreuses missions scientifiques américaines ont été organisées durant tout le XXème siècle sans que la France en ait été informée ou invitée à y participer. Sans aller jusqu’à l’espionite et la paranoïa, il faut reconnaître que les Etats-Unis ont toujours gardé un œil attentif sur cette zone du Pacifique pas si éloignée de la Californie, d’abord pour des raisons stratégiques, ensuite à cause d’une certaine défiance vis-à-vis de leur allié français dont la présence dans cette zone du Pacifique n’est pas particulièrement appréciée par le Pentagone. De nos jours, la diversification d’approvisionnement de la cocaïne vers les Etats-Unis a du donner un regain d’intérêt à Clipperton pour les services américains chargé de lutter contre le narcotrafic.

La première mission de 1968 se déroula en même temps que les Evénements de Mai. Les militaires recevaient des actualités sommaires et sélectionnées lors d’un bulletin d’information peu prolixe sur ce qui se passait alors en France métropolitaine. L’Etat-major, probablement désireux d’éviter un nouveau Potemkine, filtrait les actualités et les marins se souviennent qu’on leur communiqua dans le détail les résultats d’un championnat de patin à roulettes, mais rien sur Cohn-Bendit, les barricades et les grèves générales. Sur Clipperton, les militaires étant partiellement informés, on espérait bien évidement que ce mouvement insurrectionnel en France ne prenne pas la même tournure que la révolution mexicaine cinquante ans auparavant ! Car, en plus de l’isolement, il n’y avait pas de femmes sur l’atoll à cette époque. Mais contrairement au cuirassé Potemkine, la nourriture était abondante, variée et de qualité.

Ensuite, de 1969 à 2001, on ne recense pas moins de vingt cinq passages de navires français au large de Clipperton, mais sans débarquement de troupes officiellement reconnu, sauf le 28 novembre 1979 lors du passage de l’Aviso Escorteur EV Henry où un zodiac fut mis à la mer.

1995, passage du « Vendémiaire » pour une mission d’inspection de routine de la Marine Nationale.

2003, expédition de la frégate « Prairial » en préparation de l’équipée de Jean-Louis Etienne et repérages de la Marine Nationale réaffirmant régulièrement la présence et la souveraineté française. On remarquera que les plaques commémoratives posées par la Marine Nationale sont régulièrement et mystérieusement descellées par des visiteurs furtifs, soit amateurs de souvenirs ou bien irrités par cette marque de souveraineté. D’après certains témoignages, non confirmés cependant, l’équipe Cousteau aurait emmené avec elle une ces plaques en 1976.

 


[i] Ouvrages sur Clipperton

Claude Labarraque Reyssac, « Les Oubliés de Clipperton », 1970. Ce livre tient plus de la fiction et de l’interprétation romanesque sur un canevas de faits réels que de la véritable histoire. Les noms des protagonistes sont changés, certains personnages totalement inventés.

André Rossfelder, 1976, récit historique intitulé « Clipperton l’île tragique ». Il s’agit en fait un roman très documenté, reposant sur des archives.

Maria-Teresa Arnaud de Guzman, La tragédie de Clipperton (La Isla de la Passion), 1982. Témoignage de la petite fille du capitaine racontant l’épopée familiale.

Gil Pastor, « l’homme de Clipperton », 1987, libre interprétation de l’histoire, sexualisant à outrance les rapports entre les protagonistes.

Jean-Hughes Lime, « Le Roi de Clipperton », 2002. Aventures romancées sur le même canevas historique que les précédents ouvrages. L’auteur, sorte de touche-à-tout, acteur comique de café-théâtre, auteur de sketches, se lance dans une histoire romancée inspirée de l’histoire des Mexicains.

Anne Vallaeys, « Agua verde », 2004, autres aventures inventées très éloignées de la réalité et partant du même fait historique.

Ana García Bergua, auteur mexicaine, « L’île aux fous », ouvrage écrit en espagnol, 2001, puis récemment traduit en français. L’auteur, bien que changeant les noms des personnages s’attache tout particulièrement à décrire ce qui advint des survivantes après leur histoire, le procès et la médiatisation qui s’en suivit. Elle reconstitue ce qu’aurait pu être le devenir des enfants de retour au Mexique après leur aventure. L’auteur tend à démontrer que l’isolement a laissé des traces indélébiles dans le psychisme des survivantes et de leur progéniture.

[ii] Rapport du Sénat 1999

« La France et le Mexique partagent à bien des égards une vision commune du monde. Nos deux pays ne sont opposés par aucun contentieux bilatéral substantiel. C'est ainsi que l'atoll de Clipperton n'a plus fait l'objet de revendications mexicaines depuis 1986 (projet de recours à la Cour internationale de justice) ; on rappellera que cet atoll de 7 km2, situé dans le Pacifique Nord à plus de 1 300 km des côtes mexicaines, est inhabité mais que ses ressources économiques lui confèrent un certain intérêt dans le cadre du régime juridique des îles défini par l'article 121 de la convention des Nations Unies sur le droit à la mer ; Clipperton, possession française depuis 1858 et revendiqué par le Mexique à partir de 1898, a fait l'objet d'une sentence arbitrale favorable à la France en 1931 et les autorités mexicaines ont reconnu en 1959 la juridiction française sur l'atoll ».


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14 réactions à cet article    


  • Willy Wonka 1er décembre 2011 11:38

    Un article réussi, me semble-t-il, est un article que l’on a eu plaisir à lire, où l’on apprend plein de choses et qui donne envie d’en savoir encore plus.
    C’est le cas du votre.


    • brieli67 1er décembre 2011 13:04

      Magellan connaissait .... laisse t’on lire.....
      quel siècle ? quelle nationalité ?

      On oublie allégrement la historia del Canal de Panamá en face
      Fernando Maria Vizconce de Lesseps

      et le SCANDALE


      • Georges Yang 1er décembre 2011 13:08

        Brieli
        Je vous suis difficilement


      • brieli67 1er décembre 2011 15:49


        Descobriment

        L’illa Clipperton va ser originalment descoberta per Fernando de Magallanes el 1521, qui la va albirar sense desembarcar-hi. Com Espanya considerava el Mar del Sud (Oceà Pacífic) com un mar propi, l’illa va ser considerada com a part dels seus dominis i va passar a formar part del territori espanyol amb el nom de Médanos, sense ser ocupada.

        suffit de demander et Wiki ton ami !!!

        En plein scandale, l’atoll est récupéré et raboté de son guano .


      • Georges Yang 1er décembre 2011 16:08

        Brieli
        L’île de Medanos ou Rocher de LA PASSION est plus au sud, c’est ce qui est souligné en rouge sur la carte dite de la Pérouse en illustration
        C’est sur cette confusion que se rabattent les Mexicains pour revendiquer l’île de la Passion (alias Clipperton ) découverte par les Français en 1711


      • bernard29 bernard29 1er décembre 2011 13:29

        suite à votre premier article, j’ai été sur le site « clipperton.fr » que vous aviez mentionné. C’est trés intéressant comme vos articles.

        j’ai donc vu que la zone maritime française autour de Clipperton est trés étendue et qu’un des intérêts (hormis les possibilités de pêche au thon) résidait dans la présence de nodules polymétallqiues au fonds des mers. il y a quelques années, on présentait l’exploitation de ces nodules comme une piste d’avenir trés intéressante ; Cela fait bien longtemps que l’on n’en parle plus. (difficultés techniques pour les récolter ou parce que cela coûte trop cher ,  ??). je vais essayer de l’apprendre en cherchant sur le net.
         
        En tout cas, articles trés sympas.


        • Georges Yang 1er décembre 2011 13:35

          Je vais bientôt parler de la pêche au thon et des nodules, soyez patients
          Mais vous avez déja pas mal de réponses sur le site


        • bernard29 bernard29 1er décembre 2011 13:36

          pour ceux que ça intéresse voici un article sur les nodules (http://wwz.ifremer.fr/drogm/Ressources-minerales/Nodules-polymetalliques/Les-nodules-polymetalliques )

          dont j’ai tiré ce passage où l’on site Clipperton.

          • Les travaux scientifiques et industriels entrepris fournissent une idée globale de la répartition des nodules et permettent de localiser les secteurs recélant des gisements potentiels.
          • Des concrétions ferro-manganésifères ont été trouvées un peu partout sur les fonds marins. La carte éditée en 1969 par Mc Kelvey fait déjà apparaître la présence de nodules dans tous les océans, on en trouve même dans certains lacs (USA, Canada, etc...). Cependant tous ne sont pas d’intérêt économique en raison de la faible abondance des nodules sur le fond et/ou de leur faible teneur en métaux (Mn, Ni, Cu, Co).
             voir la carte.
            En 1973, Horn a montré la prédominance de la « ceinture Est-Ouest de la partie Sud du Pacifique Nord », comprise entre les fractures de Clarion et de Clipperton, connue par la suite comme la « Horn zone ». C’est dans cette zone que la plupart des groupes miniers ont déjà travaillé.

          • Clavdio 1er décembre 2011 17:18

            Bon, confirmation du guano et de l’histoire du gardien de phare, je connaissais mais certainement sous le nom d’île de la passion car je ne la mettait pas à Clipperton.
            Beau récit et complet, les deux volets s’imbriquent bien, bravo à l’auteur.
            Au vu des récits relatant la traversée de l’or Péruvien, transitant à dos de mulet par l’ isthme de Panama jusqu’à Carthage. Il semble que la présence des corsaires, loin très loin de Batavia (Java) ne doit pas avoir eu une présence assidue de ces derniers, et n’a causé que des égratignures aux galions Espagnols. Rien à voir avec l’autre coté, celui des Caraïbes ou la traque était régulière.
            La partie pêche m’intéresse également


            • Georges Yang 1er décembre 2011 17:23

              Merci de suivre, la pêche fera parti du volet économique


            • Georges Yang 1er décembre 2011 23:34

              Je connais l’histoire des langoustes de Saint-Paul injustement connu sous le terme de drame des Kerguelen
              Je pense écrire sur le rôle des femmes dans les îles perdues, 


            • Ducret Ducret 2 décembre 2011 13:25

              Rectificatif : le 6 juin 1966 ,lors du débarquement sur l’atoll de Clipperton , nous n’étions pas 15 sapeurs du Génie mais 35 sapeurs

               


              • Georges Yang 2 décembre 2011 13:28

                Merci pour les précisions venant des acteurs des opérations eux mêmes


              • Clippertonien66 Clippertonien66 2 décembre 2011 22:29

                Clipperton dans la peau.
                Superbe le tatouage de Jacques, beau travail du tatoueur.

                Il ne faut pas oublier que ce sont les sapeurs du Génie de Metz qui sont les pionniers des missions Bougainville, les marins ont pris la suite.
                Nous avons embarqué sur le BDC le Blavet le 3 mai 1966 à Lorient (la mission était « secrète » nous ne savions pas où nous allions, nous avons appris notre destination le 30 mai après le passage du canal de Panama).
                Nous avons débarqué sur Clipperton le 6 juin 1966 pour en repartir le 3 juillet 1966.
                Le détachement de 35 hommes était commandé par le lieutenant Dominique Pelligrini.
                Les premières retrouvailles se sont déroulés à Metz en septembre 2007 - 41 ans après -
                Sur les 35 pionniers, nous en avons retrouvé 28, il nous manque toujours 7 copains à l’appel et nous les recherchons toujours :
                Lawnizak César - Muller Roland - Mathieu Jean Claude - Auguste Jean - Glé Michel - Masson Michel - Sieffer Roger

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