Lille Métropole succombe à la folie du football
Le torchon brûlait depuis bientôt deux ans entre élus lillois et dirigeants du LOSC. Le club aura son grand stade mais situé à cheval sur les communes de Villeneuve-d’Ascq et de Lezennes, dans la banlieue de Lille, et pas avant 2010. Le projet monté sous forme de partenariat privé/public avoisinera les 200 millions d’euros.
En terres lilloises, le football est une tradition. Le LOSC Lille Métropole, club historique fondé en 1944, mais issu d’un club créé en 1902, est une institution. Après les heures de gloire des années 1950, il connaît un passage à vide qui le mène à une relégation en deuxième division à l’issue de la saison 1996-1997. A ce moment-là, la Mairie pousse pour une privatisation du club. Cette modification substantielle et l’apport de capitaux importants génèrent des résultats inattendus, comme la première qualification européenne.
Cependant, pour faire du business, il faut certes une équipe qui gagne mais aussi un stade moderne doté d’une capacité importante. Sous le prétexte du non-respect d’un accord sur la livraison d’un grand stade en 2002, les deux premiers co-présidents, Luc Dayan et Francis Graille, démissionnent, suivis de l’entraîneur Vahid Halilhodzic. Un nouveau duo entre en scène : Michel Seydoux, président et Claude Puel, entraîneur.
Michel Seydoux, actionnaire majoritaire du club, renforce la politique de formation et essaie en vain de rallier des investisseurs privés pour réaliser un grand stade de 60 000 places. Il accepte finalement le projet de la Mairie d’un stade de 33 000 places à l’emplacement de Grimonprez-Jooris, à livrer selon l’accord au 31 décembre 2004 au plus tard. Mais ce projet de rénovation est enterré par le Conseil d’Etat en décembre 2005, compte tenu de sa proximité -à quelques mètres à peine- de la citadelle Vauban reconnue monument historique, contraignant Lille à jouer au stadium Lille-Métropole de Villeneuve-d’Ascq.
En septembre, excédé par les lenteurs du dossier, le LOSC s’offre une campagne publicitaire pour dénoncer la situation quand, dans le même temps, les supporteurs multiplient les actions de protestation. Afin de calmer les tensions, une commission Grand stade, composée notamment d’élus, de dirigeants du LOSC et d’un représentant des supporters, est mise en place en novembre 2005 dans le but d’examiner les sites envisageables.
L’épilogue de cette saga qui aura déchaîné les passions s’écrit le 17 mars, par le vote de la Communauté urbaine de Lille Métropole en faveur de la réalisation d’un stade de 40 à 50 000 places sur un site de 27 hectares appartenant à la communauté, à cheval sur Villeneuve d’Ascq et Lezennes. Le coût, avec les aménagements, devrait tendre vers les 200 millions, soit trois fois plus que celui envisagé pour la rénovation de Grimonprez-Jooris et ses 33 000 places, qualifiée en son temps de "solution la plus rapide et la moins coûteuse", selon Martine Aubry et Pierre Mauroy, président (PS) de la communauté urbaine.
Le délai de réalisation jugé raisonnable est estimé à 4 ans. Un caractère raisonnable que ne ressentiront peut être pas les contribuables d’une région en crise qui va consacrer plus d’un milliard de francs à la réalisation d’un équipement affecté à une société privée non philanthropique.
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