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Accueil du site > Culture & Loisirs > People > La rentrée littéraire vue du zinc

La rentrée littéraire vue du zinc

Ça y est ! C’est reparti pour un tour avec cette fichue rentrée littéraire qui coïncide avec celle de ses pisse-feuillets attitrés, tout juste rentrés de Saint-Jean-Cap-Ferrat ou du Luberon, poils de torse peroxydés pour cause de chemise trop longtemps ouverte à la BHL.

Ces gens-là sont décidément d’indécrottables bulots. Du Parisien à L’Express, impossible de ne pas tomber sur Christine Angot ou Amélie Nothomb, à la une de nos kiosques.

"Il n’y en a plus que pour ces bêcheuses, peux plus voir ces sangsues en peinture ! », rugit Albert, pilier du Café des Sports de la porte de Vincennes.

Effectivement, pour ne pas faillir à la tradition qui veut que l’on ouvre le bal sur l’une des deux greluches, le journal Le Parisien s’est fendu dans son édition de samedi d’une pleine page sur La Nothomb - excusez du peu - venue pour une fois sans son galurin ridicule et montrée levant une flûte de champagne à l’endroit du lecteur.

En page de gauche, une photo de Christine Angot annoncée comme "attendue au tournant". Un tournant moins littéraire que people puisqu’il est question des zamours de l’intéressée avec Doc Gyneco, de quoi en faire son roman de rentrée. Pourquoi faire compliqué, puisque déclare-t-elle : "Moi, si je change, les lecteurs s’en moquent. Ils me suivent".

De toute évidence, voilà une énième rentrée littéraire qui n’a de littéraire que le nom, à en croire Albert.

Intrigué, le patron du Café des Sports se penche sur le quotidien pour voir de plus près les invertébrés annoncés en page 30 et 31.

« Nothomb sans son galure, c’est comme Geneviève de Fontenay au saut du lit », raille le boss.

Certes, notre mijaurée de service fait effectivement partie de la jet-set littéraire, la seule autorisée à sabrer le champagne avant même que les libraires n’aient ouvert le premier carton déposé par les NMPP.

Le Fait du prince, en quelque sorte... qui se trouve être justement... le titre de son dernier avatar.

"Manque pas d’humour l’Amélie Pouliche de concours, mais pourquoi se gêner, puisque les couillons vont se précipiter !", pronostique M. Albert.

Et de lire à voix haute l’interview d’anthologie, croustillant morceau au demeurant, tant les questions (p)osées par l’échotier dépêché pour le publi-reportage du jour ne manquent pas de sel de Guérande, non plus.

Jugez plutôt...

« Dans ce livre, on a parfois l’impression que vous avancez au petit bonheur ? », ose le va-nu-pieds.

Plus loin, il s’enfonce un peu plus dans les sables mouvants : « Autrement dit, vous ne savez pas forcément où vous voulez aller ? »

Les réponses de notre romancière de rentrée laissent à penser que le champagne pourrait avoir produit son effet : « Je ne sais jamais où je vais ! ni dans mes livres, ni dans la vie ».

"Ouaip, question pognon, la petite connaît la route par cœur !", risque Albert.

Notre gratte-papier que l’on devine sarcastique ou alors passablement éméché poursuit dans la même veine : "Vous avez un grand nombre de romans dans vos tiroirs. Celui-ci en est un ?"

Derrière le comptoir, Albert se cabre net à cette question aussi sotte que grenue.

"Comprend pas ce que cet emplumé veut dire ?", lâche-t-il.

« Ouaip ! tout ça sent la rentrée de vacances et la rédac-chef plus occupée à dévoiler ses nouveaux roberts en silicone carné de Bizerte qu’à se farcir la relecture », rétorque le patron, un brin fataliste.

"Heureusement pour ces dames qu’il y a encore des citoyens pour lire ce genre de prose !", conclut Albert, l’air résigné.

En tout cas, du côté des éditeurs et des libraires, on se frotte les mains. Des lecteurs bien dociles, prêts à tout pour suivre leurs romancières préférées. Un match qui semble gagné d’avance, de quoi faire péter le Roderer avant la moisson.

La mascarade semble consommée avec cette réponse sidérale d’Amélie Nothomb à cette question du journaliste : "L’année dernière, votre nom a disparu de la liste du Goncourt et vous n’avez pas caché votre déception. Avec le recul, comment vivez-vous ce moment ?"

"C’est vrai que j’ai pensé ’ah ben merde alors !’"

Au fond, on a peut-être les journalistes et la rentrée littéraire qu’on mérite...

 


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13 réactions à cet article    


  • rocla (haddock) rocla (haddock) 1er septembre 2008 11:28

    Bonjour Johann ,

    Quelqu’ un qui pense "ah ben merde alors " ne peut être foncièrement perdu pour la société ...


    • JoëlP JoëlP 1er septembre 2008 14:41

      C’est exactement ce que je me suis dis monsieur Rocla. Je vous plussoie.

      De plus, j’ai lu le livre de la dame rigolote "ni des lèvres ni des dents" qu’est vachement bien et j’ai aussi lu Alabama Song le goncourt et je peux vous dire que je préfère et de loin la chanson des Doors à ce bouquin. Voilà.

      Quant à l’autre, l’Angot, c’est bien simple quand je la vois elle m’angoisse, elle me rendrait capable des pires injures machistes et sexuelles.


    • maxim maxim 1er septembre 2008 12:06

      revoilà Yohan....

      enfin un peu de fraicheur ,de gouaille,d’accent Parigot ,le mien ,celui où l’argomuche côtoie la belle jactance ,celle des gens instruits ,

      où les mots ont la saveur et le parfum du petit blanc pris vite fait au zinc avant d’attaquer le boulot ....

      avec des habitués qui ont leur ardoise ,tout ça ,ça sent le jambon beurre ,le casse croûte au sauciflard avec une petite Côte ou un petit Beaujolpif bien frais ...

      remettez nous ça patron !.....


      • Sandro Ferretti SANDRO 1er septembre 2008 14:24

        Heureusement, on peut toujours relire Céline , Beckett, Camus ou Desproges, prix littéraire ou non.

        D’ailleurs, "rentrée littéraire" ca suppose qu’ils seraient sortis, nos écrivaillons.
        Mais sortis où et quand ? Pas sortis des lucarnes, en tous cas.


        • Castor 1er septembre 2008 16:04

          Salut Yohann,

          Les prix, c’est pas les chiffres indiqués sur la 4ème de couverture pour faciliter le passage en caisse ?

          Bon, pour le reste, tant que j’ai ma rentrée avec l’assurance qu’il y aura sur AV les quelques billets assassins, drôles, joyeux ou libertins d’un Yohann ou d’un Sandro, les prix, je m’assieds dessus.

          Allez, bises à tous les potes.
          Maxim, t’avais pas parlé de dames et de fourrés ?


        • Yohan Yohan 1er septembre 2008 17:09

          Bonjour à tous et bonne rentrée à mes visiteurs du jour.
          Il y en a une qui écrit mieux que l’autre, parait-il. Mais je m’en fiche et je ne vois pas pourquoi ces donzelles devraient systématiquement avoir leur coup de pub complaisant de la presse. Z’ont qu’à se payer une pub comme tout le monde


          • maxim maxim 1er septembre 2008 17:47

            Castor .....

            évidemment ,Dames et fourrés ,ça fait un peu abrupt ,on aurait peut être dû proposer ça au printemps .....

            perso ,je n’ai jamais lu Catherine Angot pas plus que l’Amélie au chapeau ( c’est vrai que son bitos ,ça craint un peu ...)j’en suis loin ,en ce moment je lis la Bible du contrepet ,et les lettres de Chopin et de Georges Sand ........

            mais quel plaisir de retrouver les amis Yohan et Sandro !.......




            • maxim maxim 1er septembre 2008 19:11

              ah pardon ...Christine ,pas Catherine !......


              • chmoll chmoll 1er septembre 2008 20:00
                La rentrée littéraire vue du zinc
                garchon armé me eun wisky, laiche é l’boutèle su l’tape

                • Guit'z Guit’z 1er septembre 2008 20:37

                  Moi je les trouve littérairement aussi nulles l’une que l’autre - mais Angot est plus vulgaire, encore qu’Amélie soit plus laide.



                  • Cosmic Dancer Cosmic Dancer 1er septembre 2008 20:54

                     @ Messieurs bonsoir

                    La littérature, on peut la voir côté zinc, mais aussi côté estomac. A propos de Christine Angot, quelques (courts) extraits de l’excellent Pierre Jourde :

                    "Rasoir dans les murs de pierre prénom de mon père, sur cette pierre je bâtirai mon église, c’est la littérature, je l’entaille, un mur de livres, un mur de lamentations, inceste, folie, homosexualité, holocauste, démarrer fort, mon blouson, mes grosses chaussures, et mon rasoir.
                    On aura beau dire, c’est ça la poésie, tous ces grands mots scandés sur un ton égaré. Ca c’est de la sincérité, ça c’est de la vaticination. Personne ne sait vaticiner si fort."

                    ...

                    "Alors, pourquoi pas la grammaire ? La syntaxe ? Sans doute, un jour, notre attente sera comblée. Gageons qu’emportée par sa hardiesse coutumière, appliquant les principes de la poétique de la bouillie dont elle se réclame dont elle se réclame explicitement, Christine Angot ne tardera pas à franchir le pas ultime, à écrire dans un charabia sans orthographe, puis à ne plus écrire du tout : car c’est le langage tout entier, cette construction écrasante, qui est fasciste. En attendant, réjouissons-nous de tout ce que, dans sa générosité d’artiste, elle nous livre à pleines mains."


                    La littérature sans estomac devrait être déclaré d’utilité publique et trôner parmi tant d’autres dans toute bibliothèque respectable.

                    Bon appétit smiley


                    • maxim maxim 1er septembre 2008 23:29

                      tiens ,je profite que l’on est entre amis pour faire un Monsieur et Madame ont un fils ...

                      Monsieur PTT( petit travail tranquille ) et Madame RATP( reste assise t’es payée ) ont un fils ...comment s’appelle t il ? EDF ’( enfant de fainéants ).......

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