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Un célèbre inconnu, la suite

Frédéric Dard, tout le monde ne connaît peut-être pas...mais nombreux sont ceux qui ont au moins entendu parler de San Antonio...non ?

Les hasards de ma vie l’ont mis sur mon chemin, et ça fait partie des rencontres que l’on ne peut oublier…

Je vous raconte.

À Genève, ou j’officiais comme « animateur élu » dans « la maison st Gervais », sorte de pépite culturelle dont je vous conterais les péripéties plus tard, car elles en valent la peine, j’avais fais venir pour un week-end mensuel un artiste quasi lyonnais, nommé Robert Grange, que ses proches considéraient comme « le chantre du Beaujolais »…lien

il rencontra un joli succès lors de notre cabaret, à tel point, qu’avec quelques amis, (qui allaient devenir plus tard « Aristide Padygros »), nous décidâmes de le garder toute la semaine qui suivit...et ce fut une semaine d’enfer avec prise d’otage des clients des bistrots genevois, dans lesquels des fêtes mémorables se déroulèrent…

A tel point que l’artiste du beaujolais décida de nous emmener à la fin de son séjour en pays helvète, nous étions trois, dans son beau pays pour nous faire rencontrer ses amis vignerons, des caves improbables, et divers artistes, artisans..

Le dernier jour de notre séjour en pays Brouilly, il nous emmena en Dauphiné, rencontrer son frère, André pour ne pas le nommer, lequel avait la double casquette de gestionnaire d’un château, celui de Chapeau Cornu, et de maire du village, un village nommé Vignieu en l’occurrence.

Guitares et violons furent sortis, fêtes y compris, et ce lieu magique me revit plus souvent qu’à mon tour…

Je vous raconte.

En effet, bien plus tard, à la recherche d’une autre voix que celle d’Helvétie, André Grange me proposa de m’accueillir…

Mais ceci est une autre histoire.

Bref, après quelques semaines de vie, avec ma compagne d’alors, dans le pigeonnier du château, nous nous sommes mis à la recherche d’une « maison à nous »…

Les hasards de la vie nous amenèrent à St Chef, un village à quelques kilomètres de là, puisqu’une certaine Marie Tabardel nous proposa d’habiter le premier étage de sa vieille maison en pisé.

Vous pensez ne pas connaître Marie Tabardel  ?… et pourtant…

Dans les « san Antonio » Frédéric Dard l’appelle « Félicie », et il la présentait comme sa mère : elle était aussi une excellente cuisinière, dans ses bouquins, et dans la réalité.

Cette « Marie/Félicie » est d’ailleurs à l’origine de plusieurs restaurants dans ce village, comme par exemple « la taverne rustique », ou « l’auberge ensoleillée, dans lesquels établissements on déguste encore son célèbre poulet aux écrevisses.

Or, Frédéric Dard lui rendait visite régulièrement, à chaque sortie d’un nouveau roman...c’est à dire souvent.

Un jour, elle m'ouvrit un grand buffet, dans lequel s’alignaient toujours neufs, (elle m’avoua ne les avoir jamais lus !) tous les livres qu’il lui avait écrit et aussi dédicacés, car je lui avais dit toute mon admiration que j’avais pour l’auteur.

Elle me promit de m’appeler la prochaine fois qu’il viendrait…

Je garde encore le souvenir ému de cette rencontre.

Je ne crois pas avoir rencontré un pareil personnage : direct, nature, sans chichis, le tutoiement de rigueur, et tant d’émotions dans ce qu’il me racontais que je me souviens de larmes qu’il a fait naître.

Il était comme je l’imaginais.

Impossible d’oublier une si belle personne, je vous le jure.

Bon, c’est vrai, les « San Antonio  », c’est comme disait son auteur, de la littérature de gare, et pourtant dans chaque roman, au-delà de l’intrigue cousu de fil blanc, il faut découvrir les « échappées belles » de Dard, dans lesquelles il balance sans complexes ses états d’âme, et ces pépites sont de purs moments de bonheur.

Et puis, il y a les romans noirs, et là il faut s’accrocher, parce que c’est vraiment sombre, voire déprimant… ce que pouvait être Dard, qui, comme chacun sait traversait plus souvent qu’à son tour de lourds moments de mélancolie...et finalement, les San Antonio était son défouloir...d’autant que les 3 héros de ses romans, béru, pinuche, et San Antonio étaient un peu les 3 faces de son personnage : Le gourmand de la vie qu’était bérurier, le triste enquêteur de pinuche, et le beau gosse du commissaire...

Je me suis toujours demandé ce qu’étaient devenus ces romans tout neufs, et dédicacés, car après le décès de Marie, ils furent peut-être dispersés, ou mis dans une benne...va savoir ?

Il faut tout de même savoir que les éditions originales de l’écrivain valent aujourd’hui de petites fortunes.

Le premier San Antonio, s’intitule « réglez lui son compte  », et il vaut près de 1500 €, surtout s’il est dédicacé.

Et j’en sais quelque chose, que je raconterais peut-être plus tard, car j’ai eu ce livre si rare dans mes mains...

Comme dit mon vieil ami africain : « au bout de la patience, il y a le ciel ».

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23 réactions à cet article    


  • ZenZoe ZenZoe 7 août 2023 11:24

    Ah merci Olivier !

    Non seulement je suis une fan absolue des San Antonio, j’apprécie aussi leur auteur. Il avait raconté en entretien qu’il était né pauvre et que dans sa tête, malgré sa fortune, il était resté pauvre. Ca m’avait marqué qu’il dise ça, alors que beaucoup de gens qui ont réussi font tout pour masquer leurs origines. Aujourd’hui je me dis que c’était peut-être une posture, je ne sais pas, et quelle importance, il reste ses bouquins, dont je ne me lasse pas


    • olivier cabanel olivier cabanel 7 août 2023 11:28

      @ZenZoe
      perso, je le compte au titre des grands auteurs... aux cotés de Cavanna, ou même Célinefaut aussi redécouvrir Peter Cheyney, et surtout « adieu ma jolie », pour les apartés que se permet l’auteur...de vrais morceaux de bravoure.
      merci pour ton commentaire


    • juluch juluch 7 août 2023 11:29

      Bonjour Olivier

      Gran fan des San Antonio que j’ai tous y compris ceux écrits par son fils.

      Je les lits tous régulièrement et chaque fois je me marre !!

      Ses romans écrits sous son nom véritables sont brutaux noirs et durs.....bien différents de ceux du célèbre commissaire spécial.

      je viens d’apprendre les origines de Félicie sa brave femme de mère.....

      Merci pour le partage !!


      • olivier cabanel olivier cabanel 7 août 2023 13:02

        @juluch
        merci aussi
        tous ceux qui ont compris que Frédéric dard était bien plus qu’un auteur, et que san antonio n’était pas qu’une bête intrigue policière font partie de mes amis
         smiley


      • rhea 1481971 7 août 2023 12:29

        Avez vous lu les romans de Robin Cook, c’est un médecin américain qui

        anticipe les dérives de la médecine américaine, il est beaucoup lu dans

        le milieu médical français. 


        • olivier cabanel olivier cabanel 7 août 2023 13:03

          @rhea 1481971
          merci de l’info
          non, je ne connaissais pas ces écrits
          je vais tenter d’y remédier
           smiley


        • Gasty Gasty 7 août 2023 12:36

          Je me souviens du livre « Le standinge selon bérurier ». Je l’avais prêté à lire à ma cousine. Comme je n’arrive pas à retrouver ce livre, je pense qu’elle ne doit pas me l’avoir rendu.

          Quoiqu’il en soit il est entre bonne main.


          • olivier cabanel olivier cabanel 7 août 2023 13:05

            @Gasty
            probablement...
            mais comment le savoir ?... on peut au moins l’espérer.
             smiley



          • Clocel Clocel 7 août 2023 15:44

            @Gasty

            Essaie « L’Histoire de France », à l’occase...



          • Clocel Clocel 7 août 2023 14:50

            San-Antonio a été lui aussi une victime des années Mitterrand, si j’ai adoré la période avant 1981, le reste m’a gonflé copieusement...

            Berurier Ministre... A quoi ça ressemble ?

            Pinaud rentier...

            Et l’espiègle Marie-Marie finit bien fadasse...

            M’enfin, la vieillesse ne bonifie même plus le vin parait-il...

            Je dois avoir toute la série collectionnant les couvertures de Gourdon, Brun, Dubout et Wolinski.

            J’avais même acheté la série de BD hélas disparues dans un incendie.


            • chantecler chantecler 7 août 2023 15:17

              @Clocel

              N’empêche ,
              « Beru et ses dames j’ai adoré ! »

              Je recommande !

              PS : je me souviens pas si c’était avant ou après Mitterrand , ça n’a aucune importance .... !

              ( D’autant, au passage que sous F.Mitterrand , on vivait bien mieux qu’aujourd’hui, malgré tous ses défauts , et quoiqu’on raconte : les anciens s’en souviennent .... !
              Le second tournant ça a été 2002 (élimination de L. Jospin annoncé gagnant par les médias mais au second tour J.Chirac/JM LP -et ce malgré ce con d’Allègre, ministre EN qui lui a couté , je pense son élection + la dispersion des voix )

              PS : L.Jospin : pas d’endettement , pas de déficit balance commerciale ,et même une « cagnotte retraite » que la droite lui a reprochée et s’est empressée de liquider....

              De toute façons F. Dard vieillissait .... !
              Et je ne sais même pas s’il a écrit ses derniers bouquins ....

              Par contre , il a écrit quelques romans qui étaient des chefs d’oeuvre !
              Faut rechercher lesquels !


            • Clocel Clocel 7 août 2023 15:30

              @chantecler

              Des chefs d’oeuvre faut pas exagérer, disons que pour l’époque, ça se tenait, l’écriture et le style étaient irréprochables, les histoires pas toujours menées avec brio...

              Les années Mitterrand étaient fastes car c’était le début du grand bradage de l’héritage, qui ne s’est pas interrompu depuis, lorsqu’un guignol va avoir l’idée saugrenue de faire un tour dans les collections et le mobilier national, on va hurler de rire.


            • Fergus Fergus 7 août 2023 17:06

              Bonjour, Clocel

              Je partage vos deux commentaires.

              Sur San Antonio, j’avais bien apprécié les premiers bouquins, innovants et atypiques, avant de m’en détourner pour cause de récurrence des situations.

              Sur le Mobilier national, vous avez tout à fait raison. Ce phénomène n’est pas nouveau : l’un de mes amis y a travaillé (son épouse était lissière juste à côté à la Manufacture des Gobelins), et il y a bien longtemps déjà il se désolait que nombre d’objets du patrimoine ne soient jamais restitués.


            • Gasty Gasty 7 août 2023 19:15

              @Fergus

              Vous auriez pas dans votre entourage une péripatéticienne qui aurait fait le tapin dans la rue des Martyrs près du bar tabac ?


            • Fergus Fergus 7 août 2023 19:27

              Bonsoir, Gasty

              Aucune « péripatéticienne », pas plus qu’une crémière, une philosophe ou une cartomancienne.


            • Clocel Clocel 7 août 2023 19:28

              @Gasty

              Des putes à Pigalle, tu n’y penses pas !? smiley

              So long François...


            • Gasty Gasty 8 août 2023 11:38

              @Fergus

              Là franchement vous baissez dans mon estime. smiley

              Je suis surpris par cette révélation !


            • Gérard Luçon Gérard Luçon 8 août 2023 11:48

              et « BB » !!! Berthe Bérurier ... un monument !!!

              Bien entendu je n’ai aucun San-Antonio dédicacé, mais j’ai tous les livres de ses « débuts », quand l’intrigue primait sur le sexe ...


              • placide21 8 août 2023 16:04

                Il y a très longtemps j’ai été très surpris de voir un missionnaire catholique partir au Brésil avec une grande collection de San antonio ,  je n’imaginais pas que ce type de personne puisse aimer ce type de lecture.


                • Octave Lebel Octave Lebel 8 août 2023 21:21

                  Ce type a quelque chose d’une météorite dans la littérature.Pas du genre à faire un passage et puis s’en va d’ailleurs.

                  Il existe un « Dictionnaire San-Antonio » (Fleuve Noir, Serge Le Doran, Frédéric Pelloud, Philipper Rosé, 1993).Il a inventé 15000 mots pour dire ce qu’il avait à dire, cela dit sans vouloir négliger les métaphores.

                  Je me suis toujours demandé si certains coureurs cyclistes, à l’insu de leur plein gré, ne pratiquaient pas aussi le San Antonio smiley


                  « Même pour réfléchir, je m’invente des néolgismes.Faut jamais lésiner sur son confort cérébral » (Circulez, y a rien à voir SA).

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