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Accueil du site > Culture & Loisirs > Étonnant > Le vent de la discorde

Le vent de la discorde

 

Souffler n'est pas jouer …

 

Depuis qu'il entendait ainsi les humains répéter « Souffler n'est pas jouer », un petit vent fripon voulut prendre sa part de plaisir et cesser de s'époumoner inutilement. Pourquoi devait-il toujours souffler le chaud et le froid, glisser dans l'oreille les leçons que le cancre n'avait pas apprises ou bien pousser de toutes ses forces les bateaux sur l'eau. Lui aussi avait le droit de s'amuser, de prendre du bon temps au lieu d'apporter souvent le mauvais temps sur un coup de tête.

Le vent voulait prendre ses aises, se laisser porter par le plaisir de ne rien faire, se la couler douce ou bien s'envoyer en l'air. Il en avait assez de tourner en rond dans de méchants cyclones, de soulever les jupes des filles, d’aviver les braises ou de déclencher la tempête. Il aspirait à reprendre son souffle en de paisibles distractions.

Il tourna ses regards vers le ciel, cherchant là une échappatoire, une manière de prendre de la hauteur sans rester terre à terre. Il vit passer un oiseau, libre comme l'air, planant sans le moindre effort. Il se dit qu'il pourrait bien agir de la sorte, se mit cette idée en tête au point qu'il se fit cerf-volant pour son plus grand plaisir.

Il lui fallut garder une attache, un lien avec la terre ferme pour ne pas disparaître à jamais. Il confia sa destinée à un enfant qui le tint par la bride. C'est alors qu'il découvrit qu'il avait le vertige, qu'il avait besoin de revenir vers le plancher des vaches. Il cessa de voler, éprouvant le besoin impérieux de tourner sa veste, de se sentir utile.

Le vent, là de voir l'eau tourner les roues des moulins dès l'aube, se dit qu'il pourrait lui aussi apporter sa contribution à l'industrie des humains. Le cerf-volant lui avait donné deux ailes, il lui en fallut quatre pour entraîner la meule, perchée fièrement sur son promontoire. Le vent avait acquis des lettres de noblesses, Daudet lui écrivit des contes quand un chevalier à la triste mine lui déclara la guerre. Il dut en rabattre pour échapper à la charge de ce curieux cavalier.

Le vent mis alors les voiles, pour changer d'air, partir sur l'océan, conquérir le monde et découvrir de nouvelles routes. Il avait lui-même en poupe, se glorifiant même de contribuer à des défis et des courses autour du monde. Il en eut même le souffle coupé, tant ces navigateurs battaient tous les records. Le vent était revenu dans la course.

Il voulut profiter de son succès pour éclairer un monde de plus en plus pale. Il se dressa sur ses ergots, en appela à son cher Éole pour faire tourner trois pâles au milieu de la plaine. Il toisait ainsi les habitations et les anciens moulins depuis longtemps inertes. Le vent fit couler beaucoup d'encre tant et si bien qu'il décida de s'installer sur des plateformes au milieu de l'Océan.

Une fois encore, il ne fit pas l'unanimité. Lui qui pourtant se montrait fort discret, il prit l'habitude de défigurer le paysage tout en martyrisant les oiseaux de passage. Il s'y prenait comme un manche à air. Personne ne l'avait mis au courant qu'il devait agir dans le respect de la nature. Le vent sortait de ses gongs, c'est toujours lui qui faisait s'envoler les chapeaux.

Il pensa arrêter son char quand justement on le pria de prendre en charge le transport de jeunes gens dans le vent chaussés de chaussures à crampons. Il s'étonna qu'on fît ainsi appel à ses compétences lui qui changeait parfois le cours des choses dans les rencontres sportives. Après avoir senti le vent du boulet, il se mettait à raviver la flamme olympique.

Le vent en eut assez de tout ce remue-ménage à son propos. Il en perdait la tête, il se coupa lui-même le sifflet, cessant dans l'instant de pousser son avantage plus loin. Le vent prit la poudre d'escampette, il fila à l'anglaise, siffla la fin de la partie. Instrument avant, il souhait dorénavant rester maître de son destin. Il pensait que c'était dans ses cordes. Le vent fit en sorte de mettre du gaz dans l'eau et souffla la discorde sur tous les humains. Il avait gagné la partie, le vent nous rendra fou.

À contre-vent.


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17 réactions à cet article    


  • confiture 14 octobre 2022 11:31

    Superbes illustrations, merci


    • C'est Nabum C’est Nabum 14 octobre 2022 22:27

      @confiture

      Je vous en prie


    • CN46400 CN46400 14 octobre 2022 11:58

      Macron vient d’inaugurer 80 éoliennes offshore à La Turballe (44). Tous les dithyrambes qui l’ont suivi ont annoncé une puissance de 480Mw, la « moitié d’un réacteur nucléaire » avec la bouche en cul de poule.

       Et personne pour oser relever ce mensonge qui sous-entend qu’une éolienne produirait 24h/24h alors qu’elle n’est productive que 25% du temps, soit 120Mw pour le cas concerné avec 9 grammes de CO2 pour chacun des kw/h produit, contre 6g pour un Kw/h nucléaire.

       Et toujours personne pour noter qu’à Montoir de Bretagne (toujours 44) une centrale au gaz est prête pour prendre le relais sur les autres 75% du temps 360Kw/h chargés chacun de 443g de CO2. Ce qui donne, sur 100% du temps, une moyenne de 334,5g par Kw/h sortant de ce montage.

       Voilà comment les éoliennes qui, en fait, ne sont, comme en Allemagne, que des compléments au gaz GNL, participent à la chasse au CO2....


      • pemile pemile 14 octobre 2022 12:03

        @CN46400 « des kw/h produit, contre 6g pour un Kw/h nucléaire. »

        Toujours fâché avec les unités (kWh), c’est impressionnant !


      • Lynwec 14 octobre 2022 12:04

        @CN46400

        L’art de promouvoir et de vendre ( les copains-coquins y trouvent toujours leur compte ) des solutions inadaptées (mais tellement vantées qu’elles en deviennent incontournables sous peine d’être affublé de noms d’oiseaux... ces derniers étant naturellement tellement ravis de ces innovations )...


      • pemile pemile 14 octobre 2022 12:12

        @CN46400 « alors qu’elle n’est productive que 25% du temps »

        Et l’éolien offshore c’est plutôt entre 35 et 45%


      • CN46400 CN46400 14 octobre 2022 12:29

        @pemile
        Parcourez les vidéos de Jancovici, vous y trouverez le bilan annuel de charge des 16 000 éoliennes allemandes, dont pas mal de offshore. Vous constaterez que les vendeurs d’éoliennes, qui, en fait, vendent du gaz, (Engie..etc) racontent pas mal de mensonges....


      • pemile pemile 14 octobre 2022 12:58

        @CN46400 « Parcourez les vidéos de Jancovici »

        Pour avoir la preuve que tu es un menteur pitoyable et qu’il confirme mes chiffres ? smiley

        https://jancovici.com/transition-energetique/la-mer-nouvel-eldorado-energetique/


      • CN46400 CN46400 14 octobre 2022 14:12

        @pemile
        De toute façon, 25% ou 50% de charge, peu importe les chiffres, revient à ne diminuer le CO2 dégagé par le gaz, au max, que de 242g sur 443g par Kw/h contre 6g le kw/h nucléaire... Il n’y a pas photo !
        En France, l’éolien tend à charger le Kw/h en carbone....


      • pemile pemile 14 octobre 2022 16:02

        @CN46400 « par Kw/h le kw/h le Kw/h »

        Tu nous expliqueras un jour ton incapacité à utiliser l’unité kWh ?


      • Lynwec 14 octobre 2022 13:07

        Si les éoliennes marchent mal, c’est la faute aux Américains...

        Réfléchissez...

        OTAN en emporte le vent...


        • Clark Kent Clark Kent 14 octobre 2022 13:33

          Èho, les hyènes, ça vous intéresse une traction à vent d’occase, pour votre collection ?


          • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 14 octobre 2022 14:15

            @Clark Kent
             
             les éoliennes d’avant étaient fonctionnelles.
             Celles d’aujourd’hui ne sont plus que des attractions à vent et des pompes à phynance.
             


          • CN46400 CN46400 14 octobre 2022 14:36

            @Francis, agnotologue
            Ouais, mais avant on ne leur demandait pas l’impossible, c’est à dire de fournir H24 des Kws.....


          • Clark Kent Clark Kent 14 octobre 2022 16:05

            @Francis, agnotologue

            Je me souviens de l’éolienne dans « il était une fois dans l’ouest »  : elle grinçait, mais elle tournait bien quand même.


          • CN46400 CN46400 14 octobre 2022 16:12

            @Clark Kent
            Ouais et quand le vent s’arrêtait, le meunier pouvait faire la sieste...


          • juluch juluch 14 octobre 2022 21:13

            merci nabum pour ce zéphyr !

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