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Accueil du site > Culture & Loisirs > Étonnant > La linotte vous salue bien

La linotte vous salue bien

 

Ne vous payez plus sa tête.

 

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Il n'est pas rare d'entendre une personne prise en flagrant délit d'oubli, prétendre comme pour s'en dédouaner, qu'elle a une tête de linotte. Le pauvre oiseau n'étant pas en mesure de répondre pour obtenir réparation devant pareille accusation fallacieuse. Longtemps certes, les humains, conscients d'avoir un cerveau de fort calibrage se sont senti au-dessus de toute condition animale et plus encore des oiseaux aux tous petits cerveaux.

Nous voyons là la rouerie de cette espèce qui s'arroge tous les droits sur les autres acteurs de la création au nom d'une prétendue similitude avec le Grand Créateur qui d'après eux, leur ressemblerait trait pour trait. Avoir la grosse tête c'est pouvoir aisément se comparer à un melon ou mieux encore à une citrouille tandis qu'il convient de clouer le bec à la gente ailée…

Ce qui semblait être acquis depuis toute éternité est battu en brèche par des études scientifiques qui cherchent naturellement la petite bête pour rabaisser notre caquet. Si le cerveau des oiseaux n'est pas volumineux il n'en demeure pas moins capable de prodiges du fait d'une configuration et d'une structure toute différente qui leur permettra de nous voler dans les plumes si nous continuons de régresser à la vitesse du vol du martin pêcheur.

Je vous laisse vous référer aux études scientifiques qui en la matière nous contraignent à revoir notre dénigrement de la linotte et de nombre de ses semblables. L'usage de l'outil, la compréhension du nombre, la faculté d'établir des stratégies, la possibilité de communiquer, imiter, parler même, se reconnaître dans un miroir, toutes ces compétences sont attestées chez certaines espèces.

La pie qu'on prêtant voleuse, le corbeau maléfique, la chouette menaçante, le vautour inquiétant, le paon orgueilleux, la poule stupide, la bécasse idiote et la pintade bavarde, sont autant de victimes d'un anthropomorphisme qui s'évertue à coller à nos petits voisins les tares qui sont les nôtres. La linotte quant à elle n'a rien demandé et n'est pas près d'oublier l'affront qui lui est fait quotidiennement.

Prenons bien garde de marcher sur des œufs désormais avec tous ceux de cette classe de bons élèves qui un jour ou l'autre nous en remontreront. Nous devrions du reste en prendre de la graine en ne prenant plus par-dessus la jambe les compétences que nos amis les oiseaux ne cessent de nous démontrer tant par leur capacité incroyable à se déplacer sans le moindre recours à un GPS sur des distances extraordinaires, tant encore par leur communication pour sonner l'alarme en cas d'agression.

Les oiseaux ne tirent pas au flanc, ne nous prennent jamais de haut en dépit d'une supériorité évidente dans ce domaine. Ils ont bien parfois la déplorable manie de nous houspiller, nous ou nos si précieuses voitures mais ce n'est que légitime défense à coups de fientes. Ils ont du reste des griefs essentiels à nous faire au-delà de ce mépris que nous leur accordons : nos chats domestiques sont une véritable calamité pour eux tandis que nos pesticides un crime relevant de l’écocide.

Alors, avant qu'il ne soit trop tard et qu'ils ne finissent par nous mettre en cage, revoyons de manière drastique notre jugement à leur encontre. Portons-les aux nues, ce qui semble aller de soi, prenons la plume pour chanter leurs louanges, sifflons-leur notre admiration et chantons leurs mérites à la face de cette humanité qui devrait se retrouver derrière la colombe de la paix.

Plus de faucons et de charognards dans nos discours, d'étourneaux et de linottes dans nos commentaires, de chouettes cloués sur nos granges, de pigeons que l'on roule dans la farine, d'oies qui sont gavées de remarques stupides, de pinsons que l'on affuble d'un adjectif qui désormais lui donne mauvais genre, d'autruches la tête dans le sable, de corneilles qui bayent sans savoir ce que veut dire ce verbe, de grues qui font le trottoir, d'orfraies qui crient sans raison et de rossignols qui ne se vendent pas.

Ne pensez pas que j'ai écrit ce texte après avoir eu un coup dans l'aile, j'entends voler de mes propres ailes pour soutenir la cause de mes amis à plumes.

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7 réactions à cet article    


  • Brutus Brutus 22 avril 11:16

    Pour l’instant, en France, la loi de 1976 sur la protection de la nature stipule que « l’animal est un être sensible et doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce ».

    Depuis 1994, il n’est par exemple plus possible d’élever les veaux de boucherie dans la pénombre et muselés, comme cela se pratiquait pour garantir une viande plus blanche.

    C’est un progrès par rapport au passé, mais l’idée de « propriété » réduit les animaux (et les plantes, évidemment) ) à l’état de bien, comme le mobilier ou l’usine de Papa.

    On est loin de la reconnaissance de l’intelligence animale, mais c’est déjà mieux que la réglementation de la chasse qui considère comme « naturel » le droit de vie et de mort sur les animaux, y compris sur les chimpanzé dont nous ne différons que par 1% de nos gènes.

    (lien)


    • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 22 avril 11:38

      @Brutus
       
       ’’ l’idée de « propriété » réduit les animaux (et les plantes, évidemment) ) à l’état de bien, comme le mobilier ou l’usine de Papa.’’
      >
       Cela a toujours été.


    • Brutus Brutus 22 avril 11:49

      @Francis, agnotologue

      ça a même été pire concernant la torure autorisée
      quand j’étais au lycée, on faisait des expériences en « sceinces nat » (notion disparue : pour constater le réflexe des grenouilles, on commençait par les déverveler en enfonçant un poinçon dans leur crane et en triturant pour réduire le cortex en yaourt et puis on branchait des électrodes je sais plus où, et quand on mettait le contact avec une pile Wonder qui ne s’use que si l’on s’en sert, les pattes de la grenouille se plaient couper le contct apttes relâchées remettre le contact, etc... Je me damande si on le fait encore.
      il est vrai que les esclaves étaient et sont par définition la propriéte de leur maïtre, un statut pas très éloigné de celui des serfs du moyent âge ou même des « sujets » de leurs gracieuses majestés, ce qui signifie que la notion d’espèces différentes ne concerne pas que les plantes et les animaux, mais aussi d’autres hommes considérés comme inférieurs (lien)


    • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 22 avril 11:55

      @Brutus
       
       oui, j’ai fait ça aussi.


    • C'est Nabum C’est Nabum 22 avril 13:26

      @Brutus

      Il est vrai que ceux qui font les lois ne sont pas aidés par la nature


    • Brutus Brutus 22 avril 13:53

      @C’est Nabum

      mais ils ne sont pas ingrats, parcequ’ils n’arrêtent pas de lui faire des compliments


    • C'est Nabum C’est Nabum 22 avril 16:55

      @Brutus

      Jocrisses sont ces gens

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