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« Un léger doute » à La Renaissance & « L’effet miroir » à L’Œuvre

Il y a des pièces qui, dans notre perception de spectateur, semblent, de facto, se répondre à distance sans que l’on en sache vraiment la cause, si ce n’est leur similitude et quelques particularités qui leur seraient spécifiques.

Voici donc à La Renaissance, Stéphane De Groodt qui, à l’occasion du confinement Covid, a soudain pris conscience qu’un comédien contraint de ne plus pouvoir jouer devant un public, risquait rapidement de ne plus exister à ses propres yeux puisque sa fonction représentative ne serait effectivement plus activée.

  

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UN LEGER DOUTE
© FABIENNE RAPPENEAU

  

De ce désarroi subi, en est sortie une motivation à explorer cette situation d’exil à soi-même que, néanmoins, le nouveau dramaturge a pu constater qu’elle n’était pas nécessairement partagée par tous ses pairs.

Et donc, à partir de cet entre-deux, s’est mise en place l’écriture théâtrale d’un moment suspendu entre réalité et fiction où un comédien face à trois partenaires va, en temps réel, perdre ses repères en fonction d’une confusion s’installant entre lui et eux après que leur spectacle fut terminé alors qu’en fait, ils continueraient à jouer la pièce dont ils sont les interprètes.

  

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UN LEGER DOUTE
© FABIENNE RAPPENEAU

  

Sorte de dialogue de sourds voire d’aveugles à une réalité n’étant plus maîtrisée de manière collective mais dont la subjectivité de l’un rejaillirait sur l’entendement des trois autres mis à mal par une incertitude fort communicative.

Prenant, en cette circonstance, le parti d’en rire, Stéphane De Groodt multiplie les opportunités de confusion relationnelle en semant ses dialogues de répliques décalées ou de non sens… d’autant plus aisément que, rapidement, il déclare que son rôle est virtuellement « mort » alors que les autres protagonistes ne cessent de le rappeler à sa présence « hic et nunc » sur scène… dûment partagée avec eux.

  

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UN LEGER DOUTE
© Theothea.com

  

Eric Elmosnino évolue comme un poisson dans l’eau face à ce climat d’étrangeté dont il raffole, leurs comparses ne sont pas en reste pour apporter, selon une ingénuité et un interventionnisme débridés, une palette de ressentis exaltés se muant en troubles hilarants. 

Et pendant ce temps au Théâtre de l’Oeuvre François Vincentelli, d’origine belge comme De Groodt, s’applique, lui, face à Eric Laugérias pour assumer humblement l’écriture d’un petit conte aquatique où il aurait laissé s’exprimer sans embages les forces de son inconscient lui suggérant les méandres existentiels d’une faune marine en pleine introspection.

  

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L’EFFET MIROIR
© FABIENNE RAPPENEAU

  

Sur le registre de l’absurde donc, cette comédie de Léonore Confino déjà nommée précédemment à quatre reprises aux Molières en tant qu’auteure francophone vivante, confronte un « noyau familial » à l’un de ses membres, dramaturge suspecté, à tort ou à raison, d’avoir inventé des personnages métaphoriques dans sa dernière pièce théâtrale où ses proches se retrouveraient personnifiés sous des identités psychologiques masquées de mollusques ou autres fruits de mer.

  

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L’EFFET MIROIR
© FABIENNE RAPPENEAU

  

Bien évidemment, ce décalage inouï est à l’origine d’un grand déballage fantasque intra-familial d’où les rires des spectateurs ponctuent sans cesse l’invraisemblance significative des ressentiments et autres courroux ainsi librement exprimés.

Et pourtant cette accumulation de non-dits jusque-là va paradoxalement être bénéfique aux élans d’authenticité déclenchés à l’insu de tous.

  

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L’EFFET MIROIR
© Theothea.com

  

Ces deux pièces créées à Paris de manière concomitantes pourraient aisément se faire écho l’une de l’autre, notamment par le public, pris à témoin de leurs contextes respectifs apparemment abracadabrants, il suffirait seulement de lâcher prise pour que soudain s’éclairent des pans entiers de la mécanique théâtrale que, seul, cet Art est à même de produire sur l’imaginaire du spectateur, lui-même en projection et en empathie avec le happening réflexif, en l’occurrence fort drôle, se déroulant sur scène en temps réel… et ainsi faire place aux plus divertissantes des Catharsis.

  

photos 1,2,4 & 5  © FABIENNE RAPPENEAU
photos 3,6 & 7    © Theothea.com

  

- UN LEGER DOUTE - ***. Theothea.com - de Stéphane De Groodt - mise en scène Jérémie Lippmann - avec Éric ELMOSNINO, Bérangère McNEESE, Constance DOLLÉ & Stéphane DE GROODT - Théâtre de La Renaissance
 

L'EFFET MIROIR - ***. Theothea.com - de Léonore Confino - mise en scène Julien Boisselier - avec François Vincentelli, Caroline Anglade, Éric Laugérias & Jeanne Arènes - Théâtre de L'Œuvre

  

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D’ « Un léger doute » à « L’effet miroir »
© Theothea.com

 


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5 réactions à cet article    


  • zygzornifle zygzornifle 8 décembre 2023 09:15

    a soudain pris conscience qu’un comédien contraint de ne plus pouvoir jouer devant un public, risquait rapidement de ne plus exister à ses propres yeux puisque sa fonction représentative ne serait effectivement plus activée.

    C’est la même maladie qui touche les politiques, ne plus exister aux yeux des médias ..... 

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