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Women Talking

Le film est nommé aux Oscars dans les catégories de la meilleure image et du meilleur scénario adapté pour Sarah Polley.

Le film, écrit et réalisé par Sarah Polley, est inspiré d'une histoire vraie qui s'est déroulée en 2010 dans la communauté mennonite du Manitoba en Bolivie. Cette histoire a inspiré le roman de Miriam Toews, dont le film s'inspire à son tour.

Dans cette colonie isolée du monde et comme hors du temps, les femmes découvrent que des hommes ont contrôlé leur vie, leur foi et leur sexualité. Pendant des années, ils les ont droguées et violées la nuit, provoquant plusieurs grossesses non désirées.

Pour les abuser et les asservir, les hommes de la colonie les ont maintenues dans un perpétuel état d'analphabétisme. Les hommes de la colonie ont ensuite été arrêtés et, comme l'indique le générique du film, resteront en prison jusqu'en 2036.

Le film, magnifiquement filmé et accompagné de l'excellente bande sonore de la musicienne irlandaise Hildur Guðnadóttir, est un récit sur la dynamique du pouvoir entre les sexes, mais surtout sur le pouvoir libérateur de la parole et la prise de conscience qui devient résistance à l'oppression. D'une certaine manière, il rappelle les groupes féministes de prise de conscience de soi des années 1970. En effet, le film se concentre sur les discussions longues, voire houleuses, d'un groupe de femmes réunies dans une grange après l'arrestation des hommes. Les femmes sont confrontées à trois options : ne rien faire, rester et se battre ou quitter définitivement la colonie. Plus qu'un film sur la solidarité féminine, je trouve qu'il raconte comment les femmes ont, pendant des siècles, intériorisé les "règles" dictées par le monde masculin et comment, lorsque la violence devient insoutenable, seule la confrontation étroite par le dialogue, seul le courage que chacune d'entre elles puise dans le groupe, leur donne la force de prendre la décision finale : quitter définitivement tant de douleur, quitter la communauté et partir dans un autre coin du monde, emportant rapidement les objets de toute une vie.

Bien sûr, il n'est pas facile de le faire à la légère : en fait, ces femmes qui parlent sont extrêmement troublées à l'idée de prendre la décision finale. C'est pourquoi il s'agit d'un film quelque peu psychologique. Le clivage se situe entre celles qui ont accepté passivement leur rôle de subordination à la population masculine, en se justifiant par des croyances religieuses déformées, et les femmes qui, au contraire, n'acceptent plus de se soumettre à une telle injustice.

La seule figure masculine positive et gentille du film est le jeune maître August Epp, qui est amoureux de l'un d'eux, Ona (Rooney Mara), qui est enceinte d'un des violeurs du groupe. C'est précisément avec l'aide d'August que les femmes s'enfuient à l'aube, après avoir drogué les quelques hommes restants avec le même anesthésiant qu'eux.

Les discussions qui précèdent l'acte final sont interminables, car les traditions et les croyances qui se sont stratifiées dans les consciences individuelles pendant des décennies ne peuvent être effacées d'un seul coup. Seule une sorte de maïeutique, à la manière socratique, peut faire revivre ces femmes. Même si ce n'est pas un chemin sans douleur. Mais la douleur ne peut pas s'ajouter à la douleur et, par conséquent, il faut arriver au point où l'on a vraiment le droit de choisir.

Extraordinaire, je dirais, la performance des sept actrices principales : Claire Foy, Jessie Buckley, Judith Ivey, Ben Whishaw, Frances McDormand, Sheila McCarthy et une Rooney Mara vraiment sublime, à l'apogée de sa maturité artistique.

Une œuvre splendide sur les miracles que peuvent faire les mots. Un témoignage puissant du fait que seule une prise de conscience individuelle et collective peut sauver et libérer les êtres humains, lorsqu'ils sont victimes du pouvoir de l'oppression et de l'oppression du pouvoir.


Moyenne des avis sur cet article :  1.22/5   (18 votes)




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10 réactions à cet article    


  • Étirév 14 mars 2023 16:31

    La lutte du Bien et du Mal, c’est-à-dire de l’Esprit dans la femme et de la Force dans l’homme, dure depuis la jeunesse de l’humanité.
    Depuis plusieurs milliers d’années le monde lutte, l’humanité souffre, le Mal règne et grandit, le Bien est vaincu et s’affaiblit ; le Droit est sacrifié à la Force.
    Mais cet état de choses ne doit pas toujours durer. La progression dans le mal a un terme fatal ; le terme même de la vie, puisque l’invasion du mal, dans l’homme, détruit peu à peu son existence ; l’invasion du mal dans les sociétés détruit peu à peu les sociétés : par la guerre, par le meurtre, par le suicide, par l’assassinat, par la misère, par la stérilité voulue de la femme.
    Il faut donc que le Mal ait un terme ou, sinon, que l’humanité disparaisse.
    Ce terme c’est la Rédemption.
    C’est le renversement de la marche actuelle des choses.
    C’est le triomphe de l’Esprit sur la Force, ramenant l’humanité dans la voie du Bien, la voie de l’Evolution progressive.
    Ce grand événement qui doit, tout d’un coup, renverser l’œuvre de destruction du passé, a été prévu et annoncé depuis longtemps. C’est ce redressement, dont parle René Guénon, ce « renversement des pôles » qui doit s’opérer lorsque « le point le plus bas aura été atteint ». Et c’est là, pourrait-on dire en se référant au sens cosmologique du symbolisme biblique, « la revanche finale d’Abel sur Caïn ».
    Aussi, pendant que l’évolution masculine entraînait l’humanité dans les abîmes, l’évolution féminine l’élevait sur des hauteurs qui devaient, un jour, ouvrir un horizon nouveau à la pensée humaine : « Das Ewig-Weibliche zieht uns hinan » (tarduction : « L’éternel féminin nous entraine vers le haut », Goethe, Faust).
    Nous sommes arrivés à ce terme fatal. Le Mal a pris des proportions telles dans le monde, qu’il ne semble pas qu’il puisse progresser encore sans briser tous les rouages de l’organisme physiologique et moral de l’humanité.
    Mais, pendant que le Mal est arrivé à ces proportions effrayantes par l’œuvre de l’homme, le Bien a progressé dans la même mesure par l’œuvre de la femme.
    Chaque génération apportant à l’Esprit de celles qui naissent un progrès acquis dans la vie de ses aïeules.
    Lady Caithness, duchesse de Medina Pomar, dans son ouvrage « Le Secret du Nouveau Testament », écrit : « Cette éclosion du principe féminin, qui travaille sourdement le monde, et qui est, en vérité, la venue du règne du Saint-Esprit, implique nécessairement une immense révolution morale et sociale, qui remplacera l’idéal de la force et de la puissance par celui de la douceur et de la bonté. Révolution infiniment plus grande que le Christianisme, car le Christianisme a dévié immédiatement de sa voie première, et, sous l’influence du principe masculin, est devenu promptement un instrument de pouvoir et de politique. »
    Ceux qui seraient tentés de céder au découragement doivent penser que rien de ce qui est accompli dans l’ordre spirituel ne peut jamais être perdu, que le désordre, l’erreur et l’obscurité ne peuvent l’emporter qu’en apparence et d’une façon toute momentanée, que tous les déséquilibres partiels et transitoires doivent nécessairement concourir au grand équilibre total, et que rien ne saurait prévaloir finalement contre la puissance de la vérité.

    Quand tout se fait petit, femmes vous restez grandes


    • berry 14 mars 2023 16:46

      @Étirév
      Ah, ben alors là, s’il faut attendre le Saint-Esprit, on est mal barrés.


    • berry 14 mars 2023 16:34

      Un film dans l’air du temps, comme par hasard wokiste, où les femmes sont priées de se rebeller contre leurs oppresseurs, les hommes.

      Ca évite de se poser des questions sur les véritables oppresseurs de notre époque, la mafia mondialiste.

      Vous savez, celle qui organise des guerres 30 ans à l’avance pour avancer ses pions, qui fait venir des esclaves de l’autre bout de l’Afrique pour faire baisser le coût du travail, ou qui se fait des dizaines de milliards en vendant des opioïdes qui tuent 90 000 personnes chaque année aux USA, ou des vaccins ARNM pour combattre la grippe qu’elle a laissée s’échapper d’un laboratoire.


      • anaphore anaphore 14 mars 2023 17:02

        Je vais voir le film.... pour la présence de Frances Mc Dormand * J’espère le film moins con que la présentation faite ici par l’auteur de l’article !


        • josy&jacq josy&jacq 14 mars 2023 17:49

          « la musicienne irlandaise Hildur Guðnadóttir » ! Rien que par le nom, on sait qu’il s’agit d’une islandaise.


          • Montdragon Montdragon 14 mars 2023 20:09

            "Dans cette colonie isolée du monde et comme hors du temps, les femmes découvrent que des hommes ont contrôlé leur vie, leur foi et leur sexualité.

            "

            Depuis 12 000 ans ce sont les femmes ménopausées qui édictent ces règles, anthropologiquement c’est prouvé.


            • Les femmes tuent aussi bien que les hommes , on dit et on écrit ;

              La mort , la naissance .

              Entre la naissance et la mort souvent vous croisez des femmes qui vous induisent une vie de merde . 



              • spiritwalker spiritwalker 26 mars 2023 03:11

                @l’auteur, je suis gentil , ma mère beaucoup moins et elle a horreur que l’on prenne les femmes pour des connes , en plus elle est vraiment féministe , elle croit que tout le monde doit avoir le droit de vote grâce au combat des suffragettes , evitez de la croiser ...  ;


                • spiritwalker spiritwalker 26 mars 2023 03:15

                  @l’auteur : ps : il y a aussi un excellent film qui se nomme « La Colonie » , cela se passe au Chili sous Mr Pinochet , le sujet est semblable , mais l’exercice du pouvoir n’est pas l’apanage d’un sexe ou d’un autre, vous connaissez ?


                  • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 26 mars 2023 08:40

                    ’’ le film se concentre sur les discussions longues, voire houleuses, d’un groupe de femmes réunies dans une grange après l’arrestation des hommes.’’

                      >

                    ’’l’arrestation des hommes’’ ? Quels hommes ? Tous ? C’est incompréhensible.

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