« Valérie Lemercier au Palace » avant sa prolongation à L’Olympia
Trois mois après la réouverture du Palace en nouveau Temple parisien du spectacle vivant, le retour de Valérie Lemercier continue de susciter, vers 20H00, sur la rue du Faubourg Montmartre, cette longue file d’attente jusqu’aux Grands Boulevards... en perspective de la mi-février.
En effet au-delà, tournée et prolongations à l’Olympia attendent l’artiste pour une heure un quart de spectacle quotidien, celui d’un regard décalé sur ses contemporains enclins à la schizophrénie entre l’être et le paraître.
Parmi les rires hystérisés, la marrade, le rictus ou la psychorigidité, en échos de la salle à l’exhibition par ailleurs relativement sobre de l’artiste, ses avatars se succèdent sur les planches, en fondus enchaînés sous obscurité intégrale.
Cependant une note de couleur se cristallise en rouge sur l’accessoire toujours à portée de main avec lequel la comédienne, moulée de noir, compose le fond et la forme.
Tel un personnage de bande dessinée à la Claire Brétecher qui, s’échappant du cadre, viendrait bousculer le formatage des conventions, Valérie Lemercier se déplace sur scène comme une funambule dont le fil serait celui d’une pensée en rupture de codes et dont le balancier viendrait tordre l’ultime équilibre.
En fait, la coauteur du texte avec Brigitte Buc pourrait raconter ce qu’elle veut, c’est sa dégaine qui déclenche l’hilarité.
La silhouette, toujours gracile, semble être happée par un mouvement saccadé des bras et des jambes esquissant une chorégraphie unique, en son genre, dont les aficionados seraient addicts.
Mais, il y a quelque chose de Zouc chez Valérie, un hyperréalisme, taillé sur mesures qui, en pénétrant le système immunitaire de l’idéologie dominante, vient faire exploser, mine de rien, les défenses naturelles de l’ordre moral.
Ainsi vient, à point nommé, la réplique en abîme affective, du père belge, récemment veuf, à l’intention de son fils :
"On voit bien que tu n’as jamais mangé la chatte à maman.".
Vue des premiers rangs de l’orchestre,Valérie Lemercier jubile à l’instant de prononcer cette sentence oedipienne, car sur le point de choquer l’assistance, elle pressent le remue-ménage psychanalytique qu’elle déclenche à distance.
A contrario, elle met l’ensemble des rieurs dans son camp en éructant ce verdict maternel désappointé à l’égard de sa progéniture :
"C’est pas en mangeant du Galak devant Youtube qu’on verra vos tronches sur un billet de cinquante balles".
La bourge maniérée ne sera évidemment pas en reste, telle une virgule affriolante du show qui parcourrait la scène en diagonale de cour à jardin ou vice versa :
"ma soeur m’avait offert un pull en cachemire, elle vient de le voir lors du dîner… porté par ma femme de ménage".
D’ici la mi-février 09, que restera-t-il donc de "Valérie Lemercier au Palace" ?
Absolument rien, puisque, comme à l’accoutumée, l’artiste n’a pas souhaité que sa prestation soit captée.
La mémoire volatile ne serait-elle pas devenue la clef du succès pour le spectacle vivant ?
Dessin affiche © Valérie Lemercier
VALERIE LEMERCIER AU PALACE - ** Theothea.com - de Valérie Lemercier & Brigitte Buc - avec Valérie Lemercier - Théâtre Le Palace -
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