« Pygmalion » Lorie Pester !... Tout d’une grande au Théâtre 14
Dix années après la rayonnante Barbara Shulz, alors jeune révélation mise en scène par Nicolas Briançon au Comedia, voici donc aujourd’hui, au Théâtre 14, après un rodage de neuf dates dans l’hexagone fin 2015, Lorie Pester devenant la My Fair Lady… plus ou moins consentante du professeur Higgins.
- PYGMALION
- photo © LOT
Si la « Star du Web » avait souhaité un coup de maître pour son coup d’essai sur les planches, il n’aurait pas fallu meilleure option et c’est donc, avec superbe, entourée d’une distribution ô combien performante, que la « show girl » se transforme, à vue, non seulement en duchesse anglaise de grande classe mais, de fait, concomitamment, en comédienne tout à fait crédible avec sa large palette de potentialités subtiles.
Sans doute, la portée de sa voix est-elle encore un ton en dessous de ses partenaires expérimentés, mais osons l’affirmer, Lorie Pester a, d’ores et déjà, tout d’une grande !
C’est donc à front renversé que progresse cette fameuse expérimentation d’apprentissage non seulement des convenances du « grand monde » mais surtout, de manière complexe, de son langage châtié qui, bien entendu, ne peut, en aucun cas, s’improviser.
En outre, la magie de Bernard Shaw est d’avoir su notamment faire coïncider cet accès au meilleur de l’éducation avec, en parallèle, la descente corrélative en lâcher prise du Pygmalion, paradoxalement de plus en plus blasé, au fur et à mesure de la réussite de son « entreprise de formation ».
Ainsi, c’est au sein de ces deux progressions « tête bêche » que vont se secréter humour et charme du fameux mythe où le « créateur », joué ici par l’ineffable Benjamin Egnier, se fait, peu à peu, littéralement dévorer par sa « créature » dont il subit, tout en la déniant, l’inéluctable fascination !
Pédagogique en diable, cette histoire ne cesse de nous tourmenter avec ravissement et c’est pourquoi, lorsque toute une distribution est à l’unisson d’un tel chef d’œuvre en gestation, le public applaudit sans réserve, d’autant plus que l’adaptation française de Stéphane Laporte est en soi un régal de l’esprit anglais, intuitionné davantage que traduit.
Quant à la mise en scène de Ned Grujic, elle s’appuie délibérément sur les lignes de force inhérentes à la Comédie musicale dont sa pratique fort expérimentée lui permet de susciter une sorte d’envoûtement rythmique dans lequel le spectateur se laisse volontiers emporter.
De notre point de vue, cette création possède toutes les aptitudes pour aboutir à terme sur la scène d’un grand théâtre parisien !
photos © LOT
PYGMALION - ***. Theothea.com - de George Bernard Shaw - mise en scène Ned Grujic - avec Lorie Pester, Sonia Vollereaux, Benjamin Egner, Jean-Marie Lecoq, Philippe Colin, Claire Mirande, Emmanuel Suarez & Cécile Beaudoux - Théâtre 14
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