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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Pourquoi l’art contemporain ?

Pourquoi l’art contemporain ?

« Celui qui donnait dix œuvres au Musée d’Art moderne de New York pouvait dîner avec Rockefeller. » Daniel Buren

Le verre d’urine de Ben Vautier, la merde d’artiste de Manzoni, le Portrait de madame Cézanne de Lichtenstein, les cadavres de Günter Von Hagens, les faux jouets gonflables de Koons, Paul Mc Carthy qui se plonge la tête dans du ketchup lors de performances, Murakami qui expose des mangas à Versailles… Il est révoltant de voir que ses immondices bénéficient du statut d’art, de la caution de la plupart des médias et surtout de fonds publics démesurés, surtout quand on sait qu’en 2003, Jean Jacques Aillagon , le ministre de la culture, a fait une ponction de 100 millions d’euros réservés au patrimoine.

Nous nous proposons, dans cet article, d’étudier les aspects de l’art actuel, qui est essentiellement un art de la dissolution, ainsi que ses origines historiques, et d’aborder finalement ses relations et ses connivences avec une certaine idéologie dominante.

La philosophie allemande du XVIIIe siècle est une préfiguration de l’habillage théorique de l’art contemporain, en ce sens où elle sacralise l’artiste d’une façon outrancière et où elle dévalue le travail de production plastique au profit d’une inspiration quasi divine.

Par exemple, Friedrich Nietzsche, dans Humain trop humain affirme que les artistes sont« de grands esprits supérieurs d’origine surhumaine », jouissant de « certaines qualités merveilleuses leur permettant d’acquérir des connaissances par de toutes autres voies que celle des autres hommes » ainsi que d’un « regard plongeant dans l’essence du monde, comme par le trou du manteau de l’apparence ». Ainsi, ils peuvent « passer sans la fatigue de la rigueur et de la science pour nous révéler des vérités capitales et définitives sur l’Homme et le monde ». Aussi, il affirme que « l’artiste tyran » fait partie de « la race des maîtres » et que « l’art est proprement métaphysique ».

Les romantiques d’Iéna, comme Schlegel, confèrent à l’artiste un statut hors du commun : il serait un être quasi divin. Novalis, quant à lui, affirme que l’artiste est élu par Dieu pour voir l’invisible et retranscrire une vérité intangible qui préexisterait à l’homme, une sorte de voyant ou de messie, comme en témoigne ce texte :

« Nous comprenons le monde comme nous nous comprenons nous même, car lui et nous sommes des moitiés intégrantes. Nous sommes des enfants de Dieu, des germes divins. Un jour, nous serons ce que notre père est.

Nous sommes en relations avec toutes les parties de l’univers, ainsi qu’avec l’avenir et le passé. Il dépend de la direction et de la durée de notre attention que nous établissions tel ou tel rapport prédominant, qui nous paraît particulièrement important et efficace. Une véritable méthode en ce qui concerne ce procédé, ce ne serait rien moins que la science divinatoire.

Nous sommes liés de plus près à l’invisible qu’au visible . La mathématique ne concerne que le droit , que la nature et l’art juridique, mais non point la nature et l’art magiques. Les deux ne deviennent magique que par leur moralisation. L’amour est le principe qui rend la magie possible. L’amour agit magiquement.

L’inconnu, le mystérieux, et le résultat et l’origine de tout.

Le mage physique sait vivifier la nature et s’en servir arbitrairement comme de son propre corps. Tout enchantement se produit par une identification partielle de l’enchanteur avec l’objet ensorcelé, que je puis obliger à voir une chose, à le voir, à le sentir comme je veux. Le magicien est poète. Le prophète est au magicien ce que l’homme de goût est au poète.

Sympathie du signe avec ce qu’il signifie. »(1)

Hölderlin et Schelling confèrent ,eux aussi, le pouvoir à l’artiste d’amener l’humanité à un nouvel âge d’or. Plus tard Hegel (influencé par le mystique Jakob Böhme) et Schopenhauer, pourtant fort dissemblables, affirment tout deux que l’artiste doit représenter l’invisible, le monde des idées. 

« L’artiste de génie, par la contemplation des choses, […] accède à l’essence du monde au substratum véritables des phénomènes ».

Hegel

Certes, la philosophie allemande ne pousse directement pas l’art à se vautrer dans la fange, cependant elle ne l’en empêche pas. A la philosophie allemande vont se greffer plusieurs éléments qui, une fois combinés serviront de caution aux plus évidents des canulars.

L’occultisme partage la même vison de l’artiste que les romantiques allemands : Edouard Schuré, Helena Blavatsky, Rudolf Steiner, Eliphas Lévi, Joséphin Péladan, Charles Webster Leadbeater, Piotr Ouspenski… tous croient en une vérité éternelle que seul l’artiste peut percevoir et restituer.

Les romantiques d’Iéna étaient de fervents lecteurs du mystique Jakob Böhme, un occultiste du 17eme siècle mélangeant philosophie, mystique et ésotérisme, en s’inspirant de la gnose, Philon d’Alexandrie et Joachim de Flore . Il y a d’ailleurs des connivence entre leurs pensées : tous croient en l’avènement d’un Homme-Dieu. On retrouve les influences de ce mystique chez Nietzsche et Hegel.

Si les fariboles occultistes peuvent aujourd’hui prêter à rire, elles reçurent des appuis scientifiques de la fin du XIXe siècle au début du XXe siècle de Camille Flammarion, Sir William Crookes (prix Nobel de chimie) et Charles Richet (prix Nobel de médecine). Ceux-ci croient dur comme fer à l’écriture automatique et aux dessins de médiums. Cependant, elles perdirent toute légitimité en 1922, lorsque des scientifiques étudièrent à la Sorbonne les soi-disant productions ectoplasmiques des mystiques.

Les premiers artistes influencés par l’occultisme sont tous figuratifs : Füssli, Von Stuck, Caspar… Bien que leurs œuvres soient d’une qualité exceptionnelle, elles marquent un tournant idéologique : le peintre perçoit la vérité éternelle et invisible, par conséquent nul ne peut remettre en cause son travail car il est en communication avec le divin.

Un élément nouveau va bouleverser la manière qu’a le peintre de représenter le réel : la photographie.

Les premières photographies furent exécutées par Daguerre vers 1830. Le premier appareil photographique, le daguerréotype, a été mis au point en 1839. En 1850, Le temps de pose nécessaire à une photographie est réduit à quelques secondes, alors qu’il fallait auparavant plusieurs heures. Cette nouvelle technologie rencontre un immense succès dans la grande et dans la moyenne bourgeoisie.

En 1888, Eastmann met le 1er Kodak en vente et marque le début de la photographie amateur. Même la profession de photographe subit cette innovation.

Poussés par la concurrence, et bien que certains artistes comme Courbet utilisent la photographie pour plus de réalisme, les peintres doivent concevoir leur art autrement et remettre en question la représentation du réel. Manet est le 1er à rompre avec la tradition du réalisme pour ne peindre qu’en deux dimension. Prenons pour exemple Olympia : les plans sont simples, presque traités en à plat, les contrastes des teintes claires et foncées s’affirment, la lumière est crue, il n’y a pas de demi-teinte et la touche, rapide et nerveuse, est à peine visible et donne un sentiment de spontanéité.

 Le mouvement impressionniste (né en 1874 lorsque Nadar prête son atelier à Monet, Sisley, Pissarro, Degas, Cézanne, Renoir, Berthe Morisot) veut aboutir à une nouvelle unité du tableau en traitant toute la surface avec des vibrations colorées, en évacuant les teintes sourdes pour les remplacer par d’autres plus sonores , chaque élément devant former un tout homogène.

Les impressionnistes, en particulier Paul Cézanne, ne cherchaient pas à représenter le monde dans son objectivité mais dans sa subjectivité. Le travail de Cézanne est parti d’une approche presque naturaliste des paysages pour ensuite frôler l’abstraction puisque les formes sont constituées de différents surfaces de peintures distinctes, comme pour souligner que c’est de la perception, de l’intention du spectateur, que naît l’image.

Plus tard, le néo-impressionnisme (ou divisionnisme ou pointillisme) se base sur les travaux de Chevreul en matière d’optique. Les couleurs pures sont posées par petites touches sur la toile sans mélange et c’est de par leur addition que naît la représentation.

Vers 1890, la peinture ne peut plus se contenter de complexifier la représentation du réel. Paul Gauguin en repousse les limites en utilisant des couleurs vives, disposées en plans simples et cloisonnés, délimités d’une ligne noire. Ses recherches inspirent Matisse et trouvent une continuité dans le fauvisme, où la couleur pure est employée comme élément plastique indépendant ne se référant plus au réel mais devenant un élément plastique autonome. 

Le cubisme marquera définitivement la rupture entre peinture et nature. S’inspirant des théorie mathématiques de Riemann et de la théorie de la 4eme dimension, Braque et Picasso entendent représenter le monde tel qu’on le pense et non tel qu’on le voit.

Le futurisme accentue cette rupture. Dans son manifeste publié dans Le Figaro en 1909, Marinetti fonde ses recherches sur « une beauté nouvelle, celle de la vitesse, des techniques mécaniques, de la guerre et de la destruction ». Le futurisme mélange le divisionnisme et la découpe cubiste en facettes.

Cette course au concept débouche sur l’abstraction, dont les trois grands maîtres sont Kandinsky, Mondrian et Malevitch. Entendons nous bien : si Kandinsky est l’un des plus grands peintres du XXème siècle, Malevitch ouvre la course au néant pictural et artistique avec son Carré blanc sur fond blanc. Et c’est véritablement là que l’horreur commence.

Malevitch n’est pas une sorte d’équivalent de Giotto qui vers 1300 révolutionna la peinture en y ajoutant des éléments de perspective, ou de Van Eyck qui vers 1400 est le premier à lisser les couleurs avec de l’huile, ou de Caravage qui au début du XVIe siècle révolutionna l’art avec ses jeux d’ombre et de lumière, ni à Géricault qui choqua par son crû réalisme, ni à Ingres qui contorsionna le corps de ses modèles… C’est un escroc, un disciple de l’occultiste Ouspenski. Sa rage d’écrire et de théoriser ne fait que rendre encore plus évident l’inanité de ses réalisations.

Simultanément, Duchamp expose sa « Fontaine ». Il dira d’ailleurs qu’« on peut faire avaler n’importe quoi aux gens » lorsqu’il constatera la vénération imbécile suscitée par son urinoir plusieurs décennies après.

Le rien de Malevitch et le n’importe quoi de Duchamp sont l’acte de naissance de l’artiste sans art. Le sujet n’est plus l’œuvre mais l’artiste lui même. Le peintre n’est plus reconnu grâce à son travail stylistique mais uniquement parce qu’il est différent. Malheureusement, si la différence n’est pas nécessairement une tare, elle n’est pas forcément une vertu. Ce mécanisme de remplacement de l’art par l’artiste, ce culte de la personnalité, cette idéologie justifiera nombre de fumisteries.

Un excellent exemple d’héritage de cette pâte molle idéologique qu’on fait naître Malevitch et Duchamp est Yves Klein. Ce grand amateur d’ésotérisme, ce grand peintre de monochromes prétendait avoir une « démarche métaphysique ». Sans doute est-ce cela qui l’a poussé à mettre sur pied « l’exposition du vide » en 1958, où il faisait rentrer les spectateurs deux par deux. Une fois à l’intérieur, ils se trouvaient dans une salle vide et blanche. Klein leur disait de se mettre au centre et de « fermer les yeux » et de « se laisser pénétrer par la sensibilité à l’Etat pur ».

Vers 1920, l’abstraction était l’art officiel du régime soviétique. Puis, les dirigeants communistes firent preuve d’une opposition de plus en plus forte à l’avant-gardisme, en raison de leur volonté de créer un art figuratif de propagande. C’est dans ce contexte qu’émerge le « réalisme-socialiste » réservé à l’éducation politique du peuple. L’art doit désormais plier chaque individu « aux exigences supérieures du parti ». En 1932, le réalisme socialiste est imposé à tous les artistes.

En Allemagne, Hitler s’oppose à l’expressionnisme, bien que l’une de ses têtes de file, Nolde, soit nazi et qu’une partie du NSDAP, dont Goebbels, voulu faire de ce mouvement l’art officiel du IIIe Reich. En 1937, l’exposition « l’art dégénéré » est crée par le III Reich pour déconsidérer l’avant-garde allemande.

En dehors de leur caractère figuratif, ce qui rend l’art soviétique et l’art nazi communs est leur fonction purement propagandiste au service de l’idéologie « utopiste » des deux régimes. L’artiste ne représente pas le monde tel qui l’est, mais tel qu’il devrait être ou plutôt tel qu’il devrait devenir.

Paradoxalement, l’art moderne eut la chance d’être rejeté par ces deux régimes, car il sera perçu outre-atlantique comme une arme anti-totalitaire par les élites et deviendra le symbole de la démocratie, malgré la très nette opposition de beaucoup d’américains, notamment dans les classes moyennes.

Peggy Guggenheim , une grande collectionneuse d’art déclara que « si les nazis le rejettent, ce doit être bon ».

Le président du conseil d’administration du Museum of Modern Art de New York (une organisation privée comme la plupart des musées américains), Nelson Rockefeller, partage cette vision simpliste et réductrice des choses. René d’Harnoncourt, promu au rang de directeur du MoMA par Rockefeller déclare que l’art moderne est le « symbole suprême de la démocratie ».Alfred Barr, idéologue du MoMA, déclare que l’expressionnisme abstrait est « la peinture de la libre entreprise ». C’est son sa pression que le magasine Life, alors hostile à cette forme d’art, accorde une double page à Jackson Pollock en août 1949.

Le MoMA était influencé par la CIA, que le gouvernement avait chargé de faire la promotion de l’art moderne.

Il ne s’agit pas le d’une théorie du complot mais d’une évidence. Nelson Rockefeller avait travaillé pour la CIA pendant la guerre en Amérique Latine. Un autre administrateur du MoMA, le milliardaire John Hay Whitney était un ancien de l’Office des Services Stratégiques. William Paley, lui aussi administrateur, était un ami personnel d’Allan Dulles, le directeur adjoint des opérations de la CIA. Les agents de Rockefeller ont acheté le pavillon américain de la biennale de Venise pour y affirmer l’art moderne.

Désormais, la modernité artistique est identifiable aux Etats-Unis. Ce phénomène sera conforté dans les années 1960 par le néo-dadaïsme pour se prolonger jusqu’aujourd’hui.

Cet art est soutenu par de puissants milliardaires. Si on peut reconnaître quelques qualités économiques à ceux-ci, leur inculture est frappante : ils ne connaissent rien à l’art et achètent des prétendues œuvres uniquement pour leur statut social. Certaines collections atteignent des sommes folles, par exemple celle de François Pinault est estimée entre 1.5 et 2 milliards de dollars.

Jean-Louis Harouel explique la recul intellectuel des élites par le fait que « la culture, du fait des efforts que requiert son acquisition, n’est plus un modèle socialement valorisé »

Le marché de l’Art va exploser dans les années 1980 et marquer un tournant : le pur concept subversif se mêle davantage au monde acculturé de la finance, aux intérêts du très gros argent.

En France, nombre d’intellectuels, de gauche comme de droite, ont manifesté leur vive désapprobation aux abus des artistes subversifs subventionnés par les Fonds Régionaux d’Art Contemporain. Guy Debord remarquait que « Depuis que l’art est mort, on sait qu’il est extrêmement facile de déguiser un policier en artiste »(2). Et comme il avait raison ! Mais nous y reviendrons…

Patrick Barrer remarquait un « curieux paradoxe : au nom de l’innovation, on se retrouve dans une situation semblable à celle qu’imposèrent les esprits les plus conservateurs au XIXe siècle. Il y a un art qu’il faut faire ».

Elizabeth Lévy analyse l’art contemporain avec beaucoup de perspicacité dans Les maîtres censeurs : « La radicalité et le marché, le pouvoir et la rébellion : alors que les prétentions à changer les vies des années 60-70 se sont muées en volonté acharnée de consommer, le champs esthétique marie avantageusement les contraintes gagnantes de la bourgeoisie de gauche. L’avant garde esthétique est supposée pallier la disparition de l’avant garde politique. »

Duteurtre notait que :« Cet art n’est pas censuré par le pouvoir et interdit aux foules, il est encensé par le pouvoir et ennuie les foules »

Baudrillard, quand à lui, déclara ceci :« La majeur partie de l’art contemporain s’emploie à s’approprier la banalité, le déchet et la médiocrité comme valeur et comme idéologie ».

Plutôt que de reconnaître le bien fondé de ces observations, une grande partie de la presse les dénonça en éructant des sophismes. Lors d’une entrevue accordée par Baudrillard à Art Press, la journaliste Catherine Francblin lui demande si sa critique des élites « ne rejoignait pas une certaine démagogie d’extrême droite ».

A Libération, un journaliste trouvait Duteurtre « bien dégagé derrière les oreilles ». On se demande s’il lui prête une pensée militaire ou tout simplement fasciste. Annette Levy –Willard, toujours dans Libération, constate « une curieuse coalition d’intellos de gauche qui se retrouvent aux côtés d’écrivains plutôt de droite pour faire campagne contre l’art moderne ». Le complot rouge brun n’est pas loin. Encore dans Libération, Rezvani écrit : « Ne laissons pas les commissaires censeurs au service d’une société réactionnaire étouffer l’aventure picturale. Le phénomène de retournement nostalgique se traduite toujours par des discours et des dialogues qui font penser aux promesses rassurantes de certains hommes politiques à propos de l’insécurité ».

Dans ce texte la critique est qualifiée de droitiste. Cependant, d’autres journalistes sont allés plus loin dans la calomnie et la dénonciation.

Voici ce qu’écrit Philipe Dagan dans La haine de l’art :

« L’occupation demeure, dans ce siècle, la période où, dans des circonstances désastreuses s’est exprimée le plus clairement l’idéologie de l’anti-modernisme et de la nostalgie. Il semble que cette dernière a repris la parole. Autrement sans doute. Aujourd’hui ne répète pas cet hier là, quoique parfois, quelques réminiscences se répètent au passage. »

Dans les Inrockuptibles, Nicolas Bourricaud va plus loin :

« D’innommables petits tas d’opinions épidermiques, inavouables hier, s’organisent autour d’un corpus idéologique autorisant le beauf à se présenter sans honte comme antisémite, pétainiste ou raciste. »

Un cran au dessus, Anney Rey, dans Le Monde :

« Faurisson a commencé sa carrière en critiquant Les chants de Maldoror. »

La messe est dite. Quiconque remet en cause l’art contemporain, quand bien même c’est un historien, un professeur, un spécialiste, est immédiatement classé dans le camp de la droite, de la réaction, avant d’être purement et simplement traités en négationnistes de type Faurisson. Outre une paranoïa délirante, ces affirmations démontrent un refus affiché de débattre.

Il s’agit l’un d’un cas évident de « dictature de la démocratie ». Les mots sont antinomiques. Expliquons.

Il y a deux manières de percevoir la démocratie. La première d’entres elles consiste à penser qu’elle est une scène où s’affronte des idées. La deuxième consiste à la penser comme un processus : la démocratie doit amener l’Homme à toujours plus d’égalité et, pour y parvenir, il faut éliminer et bâillonner l’élément réactionnaire. C’est la dictature de la démocratie. Il semble que beaucoup d’intellectuels de gauche la pratiquent, peut-être même sans en avoir conscience. Il est aussi étonnant que Libération se présente comme le journal de la subversion , car pour ceux qui dormaient dans le fond, Edouard de Rothschild détient 37% des capitaux du journal.

En conclusion, nous dirons que l’art actuel n’est pas le fruit ou l’aboutisement de l’histoire. Par conséquent, ceux qui désapprouvent Büren ne sont pas les héritiers culturels de ceux qui condamnaient Courbet. L’art actuel joue dans le monde contemporain le même rôle que le réalisme socialiste en union soviétique, ce qui signifie qu’il n’est qu’une incarnation du capitalisme globalisé, et c’est pour cette excellente raison qu’il triomphe partout. De plus, il représente une injure aux artistes qui s’évertuent à produire de l’art, comme Hopper, occulté par Duchamp.

Heureusement, l’Homme a toujours fait échouer tous les projets en raison de son humanité. Il fera tout naturellement échouer le projet libéral et, par conséquent, fera s’écrouler l’art contemporain.

 

(1) Les maîtres de l’occultisme, André Nataf, ed. Bordas

(2) Commentaires sur la société du spectacle, Guy Debord, folio


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12 réactions à cet article    


  • Fergus Fergus 14 septembre 2011 09:34

    Bonjour, Etienne.

    Excellent article qui montre le cheminement ayant conduit à cet art contemporain aussi sujet à interrogations, critiques, et même à des condamnations sans appel faisant écho à des louanges tout aussi excessives.

    Un élément est pourtant absent de votre réflexion concernant les évolutions de cet art contemporain depuis l’entre-deux guerres : le formidable progrès de l’individualisme. Allié au développement fulgurant des médias, il a permis à chaque artiste, qu’il soit reconnu comme tel ou autoproclamé, d’espérer se faire un nom en ayant recours à la rupture, et cela quelle que soit la nature de cette rupture. C’est ainsi que, peu à peu, chaque élève tout juste sorti des Beaux Arts, se prend pour un génie créatif dont le destin est forcément planétaire. Encore faut-il se faire connaître, et tous les moyens sont bons, des boîtes d’excréments de Manzoni à la peinture vaginale. Autrefois, les élèves apprenaient avant de créer, et ils faisaient progresser les arts figuratifs (mais cela vaut également pour l’architecture ou la musique) par petites touches, apportant ici un nouveau matériau, là de nouveaux équilibres de couleurs ou de formes, mais sans renier le passé. Le problème aujourd’hui vient du fait que le plus modeste des artistes se prend pour Michel-Ange et entend bénéficier d’une renommée universelle. Or, ce n’est pas comme cela que devrait fonctionner l’Art et le regard que l’on porte sur lui. Mais avec la complicité de quelques marchands, de journalistes spécialisés et de politiques ignares qui se font berner, ce sont les plus opiniâtres qui gagnent, pas forcément ceux qui ont le plus grand talent.

    A toutes fins utiles, voici le lien sur article que j’ai écrit en rapport avec l’art contemporain et la mystification : « Lolo, roi du pinceau !  » retrace l’histoire du célèbre Boronali.

    Cordialement.


    • Kalki Kalki 14 septembre 2011 10:33

      L’art, c’est de la merde

      La machine peut créer et créer de l’art, et peut créer tout ce que vous pouvez considérer comme de l’art

      CACA DROIT D’AUTEUR : CA Y EST LE MONDE VOUS APPARTIENT


      • Jean Eymard-Descons 14 septembre 2011 22:52

        Et les chiens, Kalki, vous aimez les chiens ?


      • johnford johnford 14 septembre 2011 10:49

        Melevitch a représenté la mort de l’art au début du XXe. Il ne s’est pas trompé.
        Et maintenant la haute bourgeoisie feint de s’extasier devant des daubes qui ne servent qu’à placer la monnaie de singe qu’on appelle dollar.


        • Mr-J 14 septembre 2011 17:14
          Je suis à la fois d’accord, et pas trop non plu. :) Certaines des oeuvres que vous avez cités ont l’air d’être franchement médiocres, autant dans leur conception que dans leur signification, mais d’un autre côté l’art moderne demande une sensibilité bien particulière : Murakami, je suis désolé, mais c’est un bon, Gottfried Helnwein que vous n’avez pas cité aussi (pour l’exemple).

          Je méprise la pensée de Nietzsche qui considére l’artiste tel un surhomme, d’ailleurs toute la pensée de la surhumanité je la méprise.

          Mais vous avez bien saisit la problématique, que le libéralisme pervertissait l’art, tout comme l’art fut pervertis en URSS où comme il l’est encore aujourd’hui en corée du nord. Le problème ce sont bien évidemment ces standards qui oriente la productivité artistique, suffit de penser à la ’manufacture’ d’Andy Warhol.

          Aller séchez donc vos larmes mon bon ami et aller voir quelques tableaux de Raphaël. L’art contemporain ménera à son auto-destruction tel l’humanité qui suit son chemin. En vous souhaitant l’agréable journée et en vous félicitant pour cet article rafraîchissant.

          • raymond 14 septembre 2011 17:40

            Bonjour à l’auteur, êtes vous l’Etienne Klein qui a publié « discours sur l’origine de l’Univers » ?



            • Etienne Klein 15 septembre 2011 10:15

              Bonjour, je suis l’Etienne KLEIN qui a écrit « discours sur l’origine de l’univers » et je tiens à vous faire savoir que je ne suis pas l’auteur de cet article... Cordialement. Etienne K


            • apopi apopi 14 septembre 2011 18:46

               L’art contemporain est le refuge des anciens pauvres, cela leur permet de masquer en partie leur absence d’éducation et de culture.


              • Etienne Klein 15 septembre 2011 10:20

                Bonjour à tous,
                Ayant reçu un certain nombre de messages montrant que mon homonymie avec l’auteur de cet article a créé une certaine confusion, je tiens à mettre les choses au point : je suis l’auteur d’un certain nombre de livres sur la physique (« Les Tactiques de Chronos », « Discours sur l’origine de l’univers »,...), mais pas du tout celui de cet article. Etant incompétent, je ne me risquerai jamais à parler de l’art contemporain....
                Cordialement. Etienne Klein


                • jaja 17 septembre 2011 19:20

                  Bonsoir Mr Klein, j’’ai lu et même dévoré votre livre « Discours sur l’origine de l’Univers » et j’ai particulièrement apprécié sa dimension, sa profondeur.
                  Si vous pouviez publier un peu ici ce serait avec un immense plaisir que je vous lirais, et j’en suis sûre, pas que moi.
                  Sinon merci de vos réponses.


                • remopix remopix 18 septembre 2011 11:59

                  Il ne faut pas oublier que l’art contemporain est multiple : celui de l’avant-garde dont il est question dans le texte, le plus médiatisé, constitue la partie visible de l’iceberg. Ce domaine est celui des grands collectionneurs influents, des galeries anglo-saxonnes, des biennales d’art contemporain, des ventes médiatisées réalisées par Christie’s et Sotheby’s avec des prix qui s’évaluent en milliers voir millions de dollars. Il y a aussi le marché des artistes reconnus, ceux qui sont entrés dans l’histoire de l’art et dont les œuvres sont dans les musées. Ce sont les valeurs sûres au prix élevé mais relativement stables. Ce sont les référents pour tous les acteurs, collectionneurs, marchands, artistes. Il existe également le marché des œuvres décoratives, qu’on appelle aussi les chromos, les artistes ne cherchent pas l’originalité et produisent un art de facture traditionnel, à la manière des impressionnistes, des cubistes, des fauves…des marines, des portraits. Les œuvres sont vendues directement par des artistes dans des lieux touristiques, ou par l’intermédiaire de galeries, de centres commerciaux…Puis il y a le marché des artistes qui cherchent une légitimité, il rassemble la majorité des artistes contemporains. Ils respectent la convention d’originalité mais n’ont qu’une faible notoriété. La plupart ne sont pas représentés par une galerie et utilisent des réseaux de distribution parallèle. Ils exposent dans des lieux peu prestigieux, des restaurants, des halles de mairie, ou participent à des expositions collectives, à des concours. 


                  • sparte sparte 18 septembre 2011 14:06

                    La terminologie « art contemporain » fait un amalgame entre art et artiste. On parle d’écrivain contemporain, de peintre contemporain, pour signifier qu’ils sont vivants ; et ensuite on les rattache généralement à une école : classique, figuratif, impressionniste, cubiste ...

                    Or l’expression « art contemporain » s’applique exclusivement à des soi-disant oeuvres picturales ou plastiques qui ont la particularité de ne se rattacher à aucune école ... et qui généralement ne sont pas de l’art mais de la provocation : un tableau vide intitulé : « tache de blanc sur fond blanc », un urinoir ( Duchamp ) , un oiseau dans une cage, un crucifix dans un bocal d’urine, un cochon sodomisé ... j’en passe et des pires.

                    Elles ont le plus souvent condamnées à la poubelle, après une période plus ou moins longue d’exposition provocatrice dans des lieux historiques dont elles dénaturent la fonction sacrée ( église, chapelle ) ou culturelle et mémorielle ( châteaux, ... ).

                    Mais pendant ce elles font croire qu’elles constituent la seule source « d’art moderne » ; ce sont donc des empêcheurs de créer l’art véritable, et des outils de destruction de la beauté.

                    Elles ont une des armes de M D M pour détruire les bases culturelles et donc l’identité des peuples.

                    Imposture ...

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Etienne Klent

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