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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > « Mary said what she said » Isabelle Huppert, Marie Stuart & Bob Wilson (...)

« Mary said what she said » Isabelle Huppert, Marie Stuart & Bob Wilson en Espace Cardin

Si la veille Isabelle, absente de la Cérémonie « Michalik », allait se contenter pour cette édition 2023 d’une nomination de « Comédienne » pour « La ménagerie de Verre », le lendemain toujours bien auréolée de son Molière d’Honneur 2017, l’actrice endosserait à nouveau le charisme de La Reine d’Ecosse en reprise depuis la mi-avril jusque mi-mai à L’Espace Cardin.

 

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MARY SAID WHAT SHE SAID
© Lucie Jansch

  

Quatre années auparavant, sous la direction de Robert Wilson dans ce même lieu, la création printanière de ce spectacle excentrique avait déjà embrasé le tam-tam culturel.

Le revoici donc à l’affiche après tournée européenne ayant précédé le tout confinement pour un tour de piste sous jauge complète…

C’est donc Darryl Pinckney qui assure le Texte inspiré notamment par Stefan Zweig et Ludovico Einaudi la Musique lancinante, envoûtante et spatialisée, tous ici au service de La Diva qui, dans quelques instants, va réapparaître, telle une ombre chinoise incarnée en sorcière onirique, sur la scène proposée par feu Pierre Cardin en vue des très longs travaux engagés par Le Théâtre de la ville.

 

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MARY SAID WHAT SHE SAID
© Lucie Jansch

 

Tout bruisse dans la salle de l’impatience à observer durant une heure et demie, de façon purement hypnotique, la comédienne française contemporaine la plus emblématique du Cinéma et du Théâtre confondus presque à parts égales de notoriété.

Devant le rideau rouge prêt à s’élever, un petit chien blanc tourne sur lui-même à la recherche effrénée de sa propre queue sur un tableau-écran. Cette scène récurrente annoncerait-elle sinon la couleur sans doute la forme cérébrale de ce qui va suivre ?…

Voici que succédant à l’ascension dans les cintres, baignant maintenant dans une surexposition de transparence lumineuse, s’esquisse une silhouette noire immobile sous l’impulsion d’une musique sidérale annonciatrice de tensions intenses…

 

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MARY SAID WHAT SHE SAID
© Lucie Jansch

 

C’est elle, sans doute, on la reconnaît à des nuances indiscernables… oui pas d’erreur possible, Isabelle Huppert est là, au centre de la scène, dans un halo de sons et de luminescences indifférenciés laissant surgir une mélopée de mots, pour l’instant, assez peu audibles.

Telle une mécanique improbable se mettant progressivement en spirale, cette scénographie apparemment statique va laisser transparaître d’imperceptibles évolutions d’une lenteur abyssale mais peu à peu vérifiables à l’œil en quête du moindre frémissement optique alors que le vrombissement extatique, lui, s’amplifie par des va-et-vient cadencés.

Cependant, le temps passant en éternités insaisissables, la forme statufiée s’avance inexorablement vers nous spectateurs focalisés sur la fantomatique apparition sculptée au féminin vintage.

 

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MARY SAID WHAT SHE SAID
© Lucie Jansch

 

La gestuelle saccadée de pantin animé par des forces occultes se transmet également par des logorrhées à rythmes virevoltant au gré de compressions accélérées autant que par des articulations ralenties jusqu’à l’arrêt sur image syllabique.

Comme un poème visuel et acoustique tout à la fois, la pythie se dresse, se cambre et caracole dans une chorégraphie à déboussoler les derviches tourneurs alors qu’elle trace désormais dans une quête devenue incessante des diagonales de folie selon une automaticité robotique à faire pâlir le maestro des Temps Modernes.

Mary ne laisse d’ailleurs sa place à personne pour le soin de dupliquer son image au point que le temps de visualiser son clone en une symétrie inversée, aucune trace ne restera de ces instants d’hallucination collective où le spectateur sera en droit de douter a posteriori puisque personne n’accompagne Isabelle Huppert aux saluts dithyrambiques pas plus qu’à tête reposée (pour ne pas dire tranchée) au générique ou au casting. 

  

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MARY SAID WHAT SHE SAID
© Theothea.com

 

Ce spectacle d’enfer à la beauté sépulcrale dont le baisser du rideau de scène pourrait faire disparaître à jamais l’égérie qu’elle soit d’Ecosse ou de France, ne peut trouver son absolution radicale que dans la performance d’une actrice pleinement consciente que le lendemain soir, c’est bien elle, en monstre de Mary qui, sous la hache, sera de nouveau condamnée à l’heure de la représentation théâtrale assumée jusqu’à l’indicible. 

  
photos 1 à 4 © Lucie Jansch
photos 5 & 6 © Theothea.com
  
MARY SAID WHAT SHE SAID - *** Theothea.com - texte Darryl Pinckney - mise en scène Robert Wilson - musique Ludovico Einaudi - avec Isabelle Huppert - Espace Cardin / Théâtre de la Ville

  

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MARY SAID WHAT SHE SAID
© Theothea.com

 


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