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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Marrying Buddha

Marrying Buddha

Marryingbuddha_3Les débuts en littérature de Wei Hui (voir ma note sur les belles femmes écrivains), il y a 6 ans, sont tout d’abord passés sous feu des critiques et de la censure. Shanghai Baby a été interdit par le gouvernement chinois en avril 2000 pour « son culte des idées occidentales, sa représentation décadente de la sexualité féminine », et son auteur a été dénoncé comme quelqu’un de «  décadent, débauché et esclave de la culture étrangère ». Suite à cela, 40’000 copies du livre ont été brûlés en public, l’éditeur de Wei Hui a été licencié et Shanghai Baby a été propulsé au top des ventes de la littérature mondiale.

 

 

 

Après le succès de Shanghai Baby, Wei Hui part pour New York et, comme beaucoup d’auteurs avant elle, constate que l’exil lui offre une meilleure perspective pour écrire au sujet de son pays d’origine. "Se déplacer à New York a marqué un tournant dans ma vie. La vie ici me fait l’impression d’être plus proche de la Chine. La distance géographique m’en rapproche psychologiquement. Parfois vous devez vous éloigner de quelque chose pour le voir plus clairement. Je ne pourrais jamais lire des livres concernant le taoïsme ou le bouddhisme en Chine, parce que là-bas il y a une tension matérialiste que je ne me sens pas à New York ".

 

 

 

Son nouveau roman, Marrying Buddha, poursuit l’histoire de Coco, écrivain chinoise vivant dans une grande ville cosmopolite. Dans tout le livre, on trouve au début de chaque chapitre des citations allant de Laozi à Candace Bergen.

 

"J’essaie de dire que vous pouvez être spirituel dans votre vie, dans votre appartement en traînant avec votre homme. Vous ne devez pas raser votre tête, vous habiller de noir et aller méditer dans une forêt. Dans Marrying Buddha, Muji est l’homme de mes rêves d’une certaine manière, un homme qui est une sorte de moine bouddhiste moderne tout en portant les vêtements de Yohji Yamamoto. L’homme idéal doit pouvoir réveiller mon côté spirituel.

 

 

 

Bien que les deux romans soient présentés comme une fiction, ceux-ci semblent fortement autobiographiques. "Seul environ 35% du livre est vraiment autobiographique, affirme Wei Hui. Un des bons côtés du métier de romancier, c’est que vous pouvez vivre une vie imaginaire - vous pouvez, si vous le voulez, incarner un boucher ou une prostituée. L’écriture m’a guérie, parfois j’inclus des choses dans mes livres aux lesquelles j’aspire vraiment. Quand je regarde Coco, mon personnage principal, je pense qu’elle a plus de tripes que moi, mais dans la tête, nous sommes identiques, nous sommes comme des s ?urs jumelles. »

 

 

En dépit de sa passion pour les sorties en boîte et de sa folie du shopping, Wei Hui est un auteur motivé et écrit tous les jours . "Je suppose qu’on doit être discipliné et je prends des notes tous les jours. C’est souvent une note au sujet de quelque chose qui me frappe, des fois une idée ou une rencontre intéressante que j’ai eue dans la rue. Si vous aimez écrire, c’est facile."

 

 

 

Marrying Buddha est la suite de Shanghai Baby, la continuation des écrits semi-autobiographiques des expériences personnelles de Wei Hui, qui sous le nom de Coco (inspiré par Coco Chanel) vit à Shanghai. Coco est une fille extrêmement fragile, porte de la soie noire et écume les boîtes et les night club les plus chers de Shanghai avec son ami Xi’er, un des premiers homme à Shanghai à avoir changé de sexe. Pour Wei Hui, « Coco est le type même de la nouvelle fille chinoise, représentant la nouvelle génération de jeunes femmes chinoises socialement et sexuellement libérées ». Dans Marrying Buddha, Coco quitte Shanghai pour New York après les événements du 11 septembre. Là-bas, elle rencontre Muji, producteur indépendant et vit un amour passionné avec lui. Décrit comme le « yang » auquel aspirait Coco, le taoïste Muji est vu à travers les expériences sexuelles et spirituelles qu’il entretient dans sa relation avec Coco.

 

Bien que récemment interdit en Chine, Marrying Buddha est plus ambitieux que le roman précédent. Traitant des paradoxes complexes et intimes tels que l’amour contre le désir, l’ancien contre le moderne, la spiritualité contre l’hédonisme, l’est contre l’ouest, Wei Hui cherche à expliquer le rapport entre le sexe et la spiritualité. « Je pense au sexe comme à un rituel ? c’est notre tradition ? comme nous avons créé le kung fu, nous avons aussi créé le tantra. C’est une autre manière d’atteindre l’illumination. Le sexe fait partie du bouddhisme, bien que cela puisse sembler étranger pour les autres cultures qui ne partagent pas cette tradition. »

Marrying Buddha a évolué par rapport au roman précédent. Moins alourdi par l’adaptation de certains clichés comme "nos corps sont déjà ternis, nos esprits au delà d’aide." L’écriture y est plus élégante, donnant l’impression de la simplicité et de l’honnêteté. Les descriptions et le dialogues sont moins maladroits, aussi peut-être dus à une meilleure traduction. En dépit de cela, Wei Hui y peint à nouveau une héroïne autobiographique immobile et superficielle, en décrivant d’une manière excessive sa passion pour les marques comme Prada, Ferragamo, la soie, le jade, les Mercedes-Benz et les hommes. Comme dans Shanghai Baby, Wei Hui continue d’y citer à tour de bras des noms connus, comme Dostoievsky, Hermann Hesse, Dylan Thomas, Pablo Neruda, ou même Helen Fielding et Yoko Ono. Pas aussi sensuelle qu’Anais Nin ou aussi pleine d’esprit que Carrie Bradshaw
- femmes que Wei Hui vénère, son Marrying Buddha est parfaitement lisible, mais n’inspire pas ou ne tombe pas dans une recherche spirituelle, culturelle ou artistique profonde. Peut-être est-ce le piège de autobiographie, tendance stylistique à la mode dans la littérature chinoise moderne.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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2 réactions à cet article    


  • (---.---.58.47) 25 août 2005 12:14

    J’ai lu ce bel article de fond avec plaisir et intéret . Merci à l’auteur de cet critique de qualité .

    Cordialement, Dominique Giraudet


    • FSCA (---.---.42.133) 11 septembre 2005 14:43

      Tout d’abord merci de m’avoir lu, j’espère vous avoir donné l’envie de lire Wei Hui, bien qu’il y ait encore toutes sortes d’autres styles d’écriture en Chine

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FSCA


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