« Le Crédit » Daniel Russo & Didier Bénureau en contresignent la duplicité
A dévisager, sur l’affiche des prolongations estivales, les deux comparses s’abritant, sous un parapluie, de l’averse des billets de banque les « mouillant » ensemble, il apparaîtrait que l’un semble stressé alors que l’autre mi-sourire pencherait malicieusement pour l’esbroufe.
A dire vrai, nos deux acolytes sont embarqués sur une même galère avec la conscience similaire que l’argent est l’alpha et l’omega de leurs priorités de vie sans vraiment imaginer qu’en retour celui-ci puisse être l’instrument de leur perversité.
Larrons d’un jeu de rôles complémentaires, voici à jardin le banquier, à cour le client, tous deux attablés, en face à face, pour une négociation du style « dialogue de sourds »… sur la scène de La Comédie des Champs-Elysées prenant, à la suite, le relais de la Gaîté Montparnasse.
L’un voudrait un petit crédit urgent à peu de frais, l’autre s’enferme dans le refus obstiné faute de garanties bien établies.
Leur rapport de forces étant ainsi posé sans perspective d’entente, l’auteur Jordi Galceran et l’adaptateur Eric Civanyan vont en programmer l’implosion relationnelle à court terme… en les rendant paradoxalement solidaires du même aveuglement.
En effet, comme si le sujet d’une pièce de théâtre pouvait délibérément en cacher un autre, voilà que banquier & client, Daniel Russo & Didier Bénureau se lançant dans une dialectique financière bornée, leur duo parvient rapidement à transgresser les codes de la bienséance jusqu’à parvenir au recours à l’intimidation et au chantage intimistes.
Cependant, se positionnant en alternance l’un bourreau l’autre victime de leurs obstinations mutuelles, c’est bien à deux qu’ils vont franchir, en vainqueurs ex-æquo, la frontière de la muflerie généralisée… devant affronter en boomerang, sous les fourches caudines du déshonneur, la réaction d’une épouse outrée mais pleinement justifiée et adaptée à chacun de leur cas respectif.
Dire que leur numéro de duettistes, seuls sur scène et donc sans contrepartie d’une présence féminine effective, s’exhibe comme un régal d’impunité morale s’affranchissant du simple tact, découle nécessairement d’un euphémisme drôle à l’excès car inversement proportionnel à l’arrangement pitoyable dans lequel les deux compères se fourvoient jusqu’au plaisir honteux de subir l’ultime déversement des billets de banque à foison… comme s’il devait en pleuvoir « Le Discrédit ».
A savourer avec arrière-pensées !…
photos 1 à 4 © Bernard Richebé
photos 5 & 6 © Theothea.com
LE CREDIT - ***. Theothea.com - de Jordi Galceran - adaptation & mise en scène Eric Civanyan - avec Daniel Russo & Didier Benureau - Comédie des Champs-Elysées
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