Là où tu regardes
Texte de Làzlo Krasznahorkai dit par Hounhouénou Joël Lokossou, mis en scène par Régine Achille-Fould Dessin de Matthieu Fayette _ Compagnie « Invitez le monde » , nom en référence à Édouard Glissant et à son « tout monde ».
Théâtre des Lila’s à 20h30 les jours impairs
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Lectures de Chapitres de SEIOBO est descendue sur terre de Làzlo Krasznahorkai dit par Joël Lokossou à Théâtre A(p)part 32 rue des Infirmières Avignon à 15h30
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Làzlo Krasznahorkai est un écrivain hongrois d’une grande puissance poétique. C’est cet amour de la musique de Làzlo Krasznahorkai que nous fait partager Joël Lokossou. Il sait interpréter ces textes de façon admirable, il en porte le souffle avec tenue et fidélité. Làzlo Krasznahorkai n’écrit pour ainsi dire pas de ponctuations, des virgules mais pas de points, il dégage mot par mot la complexité d’une situation, ses méandres, ses fils ténus, emmêlés, et contradictoires… il détaille jusqu’au soupçon l’infinitude du présent et son éternité sous-jacente qui nous tétanise et sur laquelle la plupart du temps nous voulons surfer sans rien voir. Une beauté âpre et métallique, qui reflète le réel avec des brillances inattendues. Le presque-rien devient l’hôte du tout de la vie.
« Là où tu regardes » est le portrait homérique d’un gardien de musée, qui a en charge la Vénus de Milo, et qui porte cette charge en son cœur comme si la statue en dépendait.
« Il l’a disait envoutante, il l’a disait captivante, il l’a disait indicible, mais ce qu’il ne disait pas, c’est qu’au fil des années, il avait eu de plus en plus le sentiment que la beauté de la Vénus de Milo était rebelle »
Joël Lokossou a trouvé cet auteur par hasard, en fouinant dans les bibliothèques, dans un hasard bien conduit… comme une sérendipité. En quelque sorte. Tout peut se jouer au théâtre, Joël Lokossou a eu envie de dire les textes de Làzlo Krasznahorkai. Il est familier du geste, il l’a accompli de nombreuses fois : il se campe face au public, aidé si l’on peut dire par Régine Achille-Fould qui le met en scène et il se rend disponible, là, présent, sans penser au texte qui passe par lui. D’une certaine façon, c’est le texte le personnage ; ce dernier est tellement fort et limpide, rythmique comme un rituel, qu’il suffit de le dire dans son souffle même pour créer ce moment de contact avec le public. Le style indirect est intégré comme un élément de la dramaturgie, les didascalies sont dans le cours ardant du texte qui devient comme un conte théâtral ; la troisième personne narrative est jouée comme une première personne : lui, le comédien, parlant. Si le théâtre est surtout l’adresse au public, Joël Lokossou nous donne là un grand moment de théâtre.
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