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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > La modernité de Péter Eötvös, le sourire en coin

La modernité de Péter Eötvös, le sourire en coin

« Par ma formation, je suis d’abord compositeur. Je suis devenu chef d’orchestre par hasard, mais cela fonctionne bien, car j’ai une bonne communication avec les musiciens. Au pupitre, je m’évertue à créer les œuvres de mon temps. Sur ce terrain, je suis le meilleur ! J’ai eu le privilège de fréquenter Messiaen, Stockhausen et Boulez, parmi beaucoup d’autres compositeurs du siècle dernier. J’ai également rencontré [Elliott] Carter [1908-2012], dont j’ai créé un concerto alors qu’il avait 103 ans ! Mon vécu de chef d’orchestre d’avant-garde a nourri mon expérience de compositeur, et vice versa. » '(Péter Eötvös, le 15 octobre 2019 pour "Crescendo Magazine").

Le lendemain de la disparition du grand pianiste Maurizio Pollini, un autre très grand musicien, d'origine hongroise, jeune octogénaire, a également tiré sa révérence. Péter Eötvös, qui est mort le dimanche 24 mars 2024, était un compositeur et un chef d'orchestre, il venait d'avoir 80 ans il y a trois mois, le 2 janvier 1944.

Né dans un village de Transylvanie qui est maintenant roumain, Péter Eötvös a fui l’avancée des Soviétiques jusqu’en Allemagne. Après la guerre, il est retourné en Hongrie où, fils d’une pianiste qui l’emmenait dans de nombreux concerts à Budapest, il s’est inspiré de Bartok, Kodaly et Ligeti, les deux derniers qu’il a rencontrés et qui l’ont formé. Comme Kurtag et Ligeti, il quitta Budapest pour l’Allemagne et s’est installé à Cologne en 1970 où il rencontra Stockhausen qui le recruta. En 1978, alors que Péter Eötvös est déjà renommé, Pierre Boulez l’appela pour qu’il fût auprès de lui à Paris. Dans ses compositions, Péter Eötvös a en particulier rendu hommage à des metteurs en scène comme Jacques Tati, Peter Brook et Patrice Chéreau. Parmi ses œuvres, il a composé six opéras.

Je reviendrai probablement sur ce grand musicien. Je voudrais d'abord seulement évoquer le concert auquel j'ai eu la chance d'assister il y a un peu moins d'une dizaine d'années. Il s'agissait clairement d'une Carte blanche donnée à Péter Eötvös, organisée par la direction de la musique de Radio France qui voulait célébrer (avec un peu de retard) à la fois le soixante-dixième anniversaire du compositeur et chef d'orchestre, et l'inauguration du Grand Auditorium de la Maison de la Radio, troisième nouvelle salle de concert à Paris (dans le cadre de la rénovation gargantuesque de la Maison de la Radio) avec la Philharmonie de la Villette et la Seine Musicale, à Boulogne-Billancourt, sur une île anciennement usine de la régie Renault. À cette double occasion, France Musique a organisé deux concerts exceptionnels le 21 et 22 novembre 2014, dont l'enregistrement a donné lieu à un disque.

Je suis allé au second concert, celui du samedi 22 novembre 2014, où Péter Eötvös a dirigé trois de ses concertos avec des solistes extraordinaires ainsi qu’une œuvre de Pierre Boulez dont il a dirigé, de 1979 à 1991 (il avait alors 35 ans) l’Ensemble Intercontemporain qui est un orchestre très réputé créé par Pierre Boulez en 1976 et qui fut également dirigé (juste avant Péter Eötvös) par Michel Tabachnik de 1978 à 1979, le chef d’orchestre (et aussi compositeur) qui a été impliqué dans le massacre de l’Ordre du temple solaire (il a été relaxé car il a été considéré comme sans influence dans la secte).

Si le concert du 21 novembre 2014 était produit par l’Ensemble Intercontemporain, celui du 22 l’était par l’Orchestre Philharmonique de Radio France, l'un des deux grands orchestres de l'audiovisuel public.

Comme écrit précédemment, les lieux étaient nouveaux puisqu’il s’agissait de l’un des tout premiers concerts qui se sont déroulés dans cette nouvelle salle. En général, le Philharmonique jouait à la Salle Pleyel. Ce serait à partir de cette date "at home".

Malgré le tarif unique de quinze euros, la salle était loin d’être remplie, parce que c’était de la musique moins conventionnelle que celle habituellement écoutée par le grand public. Néanmoins, le rez-de-chaussée et les balcons du premier étage étaient quasiment pleins, ce qui était déjà pas mal.

Il y a même eu la queue dans le hall, à l’entrée de la salle, vers dix-neuf heures. Il faut dire que c’était placement libre et que la société des hôtesses qui accueillaient le public n’était pas encore très habituée aux lieux. Qu’importe, j’avais largement le temps de m’installer après une dizaine de minutes d'attente et j’ai pris le risque de me retrouver tout devant, dans la deuxième rangée. L’estrade était à un mètre de mes yeux.

À vingt heures pile (à l’heure !), le directeur de la musique de Radio France (je crois qu'il s'agissait de Jean-Pierre Rousseau, mais je n'en suis pas certain) a fait un court speech pour présenter ses meilleurs vœux à Péter Eötvös. Le concert serait rediffusé sur France Musique ultérieurement.

Les musiciens portaient plutôt des habits décontractés, tout en noir ; les hommes, avec une chemise noire, ne portaient pas de cravate ni nœud papillon, mais col ouvert. Ce qui est très rare dans les concerts de ce style.

Péter Eötvös semblait particulièrement humble et bienveillant, esquissant souvent de grands sourires pendant qu’il jouait, au point que beaucoup de musiciens souriaient aussi, franchement, c’était très joyeux. Avec toute sa prévenance, je l’imaginais mal engueuler les musiciens lors des répétitions (mais je peux me tromper, les apparences peuvent être trompeuses). Malgré sa renommée, il ne semblait pas se prendre pour une star capricieuse. Ainsi, lors du troisième concerto, il s’est aperçu que sa partition n’était pas la bonne, il n’a rien dit, a juste quitté la scène pour aller chercher la bonne, et à la fin de ce concerto, comme c’était l’entracte, il est retourné sur la scène alors que les techniciens s’affairaient pour y placer lui-même les bonnes partitions pour la prochaine partie. D'autres que lui auraient pu pousser, à sa place, des cris enragés contre un malheureux assistant.

S’il était joyeux et souriant, Péter Eötvös montrait aussi qu’il était assez fatigué physiquement, ne marchant pas trop vite, bougeant assez lentement, alors que j’ai connu des chefs d’orchestre bien plus âgés que lui avec une énergie physique incroyable et débordante (entre autres, Pierre Boulez).

Et je me suis régalé pendant cette soirée. Pourtant, je l'appréhendais un peu ; je ne connaissais pas Péter Eötvös, ni sa musique, et c’était justement parce que je ne le connaissais pas que j’avais la curiosité d’aller l’entendre (et puis, comme il proposait du Boulez, je n’avais pas eu trop d’hésitation !).

La première partie avant l’entracte était la plus longue, avec trois concerto de Péter Eötvös. Puis, une œuvre de Boulez pour la fin.


1. Le premier concerto (vingt-quatre minutes).

"Péter Eötvös : Speaking Drums, concerto pour percussions (2012-2013)"

Ce n’est peut-être pas celui que j’ai le plus aimé, mais c’était le plus percutant, euh, le plus fascinant. Et j’étais vraiment heureux d’avoir été tout devant car entre le pupitre du chef et le public, il y avait de la grosse artillerie, un ensemble d’une dizaine ou quinzaine d’instruments de percussion assez originaux joués par le même soliste, l’autrichien Martin Grubinger (31 ans à l'époque), lui habillé d’un tee-shirt noir.

Né à Salzbourg, Martin Grubinger est un petit génie de la percussion puisqu’il a commencé à 4 ans, a participé à ses premiers concerts à 5 ans et soliste à 10 ans. Il a créé aussi une œuvre de Tan Dun spécialement composée pour lui, "Tears of Nature", en 2012. Il y avait quelque temps, j’avais écouté Tan Dun diriger un orchestre.

Tout de ce premier concerto de la soirée reposait donc sur ce percussionniste performant (et impressionnant), à tel point que je me suis demandé à quoi servait le chef tant le rythme de la percussion dirigeait l’ensemble. Il s’agissait de poèmes hongrois.

Très rapidement le soliste s’est mis à crier, à parler devant le public avec un grand sourire peut-être niais, les yeux très fixes, répétant certains mots qu’il martelait. Et un rythme incroyable à la baguette. Sur plein d’instruments parfois très surprenants. Juste devant moi, je m’étais dit, en attendant le début du concert, que j’avais deux abat-jour. C’étaient deux instruments qui faisaient un bruit assez grave lorsque le soliste, après avoir mouillé ses mains, a serré une corde au niveau du cylindre et est descendu lentement (cela me faisait penser à de la sonorisation pour film).

L’un des derniers instruments était assez extraordinaire : deux techniciens sont venus entourer le soliste, l’un présentant une petite poêle et une casserole, l’autre un casque de travaux (clin d’œil au grand auditorium et à la Maison de la Radio encore en travaux ?) et il y avait un autre instrument (que j’ai oublié). Le batteur a joué dessus avec ses baguettes. Je venais pour la première fois d’écouter de la musique de casseroles, et ce n’était pas pour me déplaire !

L’énergie incroyable de Martin Grubinger a vraiment frappé le public, et c’était lui qui avait créé ce concerto de ces quatre poèmes pour percussion solo et orchestre. D’ailleurs, dans le programme, il était expliqué qu’il avait créé ce concerto en 2014-2015, donc, peut-être même qu’il venait de créer ce concerto devant mes yeux ! J’imagine en fait mal "Speaking Drums" joué par un autre percussionniste tant son agilité, sa dextérité, son expression (c’était presque de la danse), sa concentration étaient exceptionnelles. Renseignement pris, le concerto a été créé le 27 septembre 2013 à Monte Carlo.
 

Inspiré par Bartok, à l’affût des sonorités inédites, le concerto reprend donc quatre poèmes, trois de Sandor Weores, et un texte retranscrit phonétiquement de Jayadeva. « Le concerto étudie les degrés discursifs à partir d’une répétition obsessive et quasi-enfantine. (…) Progressivement, la phase se complique. Phonèmes, syllabes et termes déconnectés se fondent, provoquent toutes sortes d’assonances et de consonances jusqu’à l’ultime polyrythmie ».

Hélas, il n’y avait pas beaucoup d’enfants dans la salle, mais je suis persuadé qu’ils auraient été fascinés et auraient vu la musique contemporaine d’un autre œil… enfin, auraient entendu la musique contemporaine d’une autre oreille.

J’avoue que j’ai été aussi un peu enfant, et comme la scène se déroulait tout près de moi, j’ai été assez distrait par le jeu du percussionniste pour prendre la pleine mesure de l’œuvre musicale en elle-même. J’espère donc avoir la possibilité, un jour, de pouvoir la réécouter les yeux fermés, pour bien m’imprégner des poèmes sans me faire polluer par les mouvements du percussionniste.

Après chaque concerto, une armée de techniciens envahissaient la scène pour changer l’emplacement des instruments et des sièges, des micros etc. Pour cette soirée, d’ailleurs, vraiment chapeau à ces techniciens de l’ombre (enfin, là, ils étaient dans la lumière puisque le public était présent), qui devaient avoir de quoi stresser à chaque mouvement.

Pour l’anecdote, le deuxième concerto avait un violoncelliste pour soliste. Les techniciens ont donc installé près de l’estrade du chef une autre estrade, de couleur noire, pour le violoncelliste. Je m’étais dit en la voyant que cela me faisait penser à un cercueil, dont la forme était un peu similaire. Sur le côté le plus large, une chaise a été installée pour le soliste. Heureusement que certaines personnes du public avaient l’œil, car elles ont tout de suite averti le chef des techniciens de faire attention : l’un des pieds de la chaise était posé dans le vide, ce qui aurait pu être très grave, et soudain, je me disais que l’image du cercueil qui venait de circuler dans ma tête n’était pas anodine. À la fin de l’installation, par humour, le chef des techniciens s’est tourné vers le public en lui demandant si c’était bien installé.

Comme je voyais bien la porte qui s’ouvrait et fermait, parfois les têtes qui dépassaient de la porte, celle de l’entrée du chef d’orchestre, j’ai pu comprendre que deux techniciens vérifiaient systématiquement avant chaque œuvre jouée que tout était correct, qu’aucun musicien de l’orchestre n’avait de problème avant de donner le signal pour l’entrée du chef et du soliste.


2. Deuxième concerto (trente et une minutes)

"Péter Eötvös : Concerto grosso pour violoncelle et orchestre (2010-2011)"

C’était le moment que j’ai le plus apprécié de la soirée. Ce concerto était magnifique et merveilleusement bien joué par le violoncelliste Jean-Guihen Queyras qui a reçu pas mal d’ovations lui aussi.

Dans ce concerto, j’ai ressenti quelques similitudes avec des quartets de Shostakovich, le violoncelle menant la troupe jusqu’à un sentiment de véritable joie. Jean-Guihen Queyras était également très souriant pendant qu’il jouait.

À 47 ans, Jean-Guihen Queyras en paraissait quinze de moins. Pendant une dizaine d’années, de 1990 à 2001, il a collaboré au sein de l’Ensemble Intercontemporain comme soliste sous la direction de Pierre Boulez, qui a été pour lui son mentor, et il a été nommé aux Victoires de la musique en 2008. Il a créé beaucoup de concertos dont certains de Bruno Mantovani. Son violoncelle date de 1696. Il a enregistré beaucoup de disques, Bach, Britten, Boulez, Haydn, Dvorak, Kurtag, Kodaly, Schubert et aussi Berg avec le pianiste Alexandre Tharaud.

La particularité de ce concerto créé le 16 juin 2011 à Berlin est la mise en abyme de plusieurs niveaux d’échanges : entre le soliste et les huit violoncelles, entre les violoncelles et le reste de l’orchestre. « Danse contre cadence, orchestre et soliste se rejoignent dans de joyeux échos de fête. ». Avec trois mouvements : énergique, méditatif, et frais et étincelant.

Quand Eötvös a écouté pour la première fois son concerto pendant des répétitions en 2011, il trouvait que le soliste n’était pas assez entendu. Il lui a demandé de jouer plus fort, mais ce n’était pas suffisant. Il a demandé à l’orchestre (le Philharmonique de Berlin) de jouer moins fort, mais ce n’était pas suffisant. Cela a commencé à aller quand il a carrément supprimé les cuivres. Loin d’être affectés, les musiciens rendus au silence ont trouvé cela intéressant. Eötvös raconta : « J’étais désespéré. Qu’allaient dire les musiciens de cette maladresse de compositeur ? J’avais honte. Pendant la pause, j’ai pourtant découvert qu’ils avaient perçu ces changements très différemment de ce que je craignais. Ils m’ont dit tout net que c’était fort intéressant d’apprendre comment un compositeur écoutait et pensait sa musique, et comment, en tant que chef d’orchestre, il parvenait à réaliser de telles corrections dans les plus brefs délais. Rassuré, j’ai instantanément envoyé les corrections à mon éditeur. ».






3. Troisième concerto (vingt-sept minutes)

"Péter Eötvös : DoRéMi, concerto pour violon et orchestre n°2 (2012)"

Étrangement, ce fut un morceau qui m’a un peu ennuyé, mise à part l’échange entre la soliste et un alto. Pourtant, j’avais déjà écouté la soliste, la violoniste japonaise Midori Goto, dans un concert avec Boulez. Elle ne souriait pas du tout, dans sa longue robe, peut-être parce qu’elle était très concentrée.

Née à Osaka, elle avait alors 43 ans mais en paraissait dix de plus (je sais que ce n’est pas très galant de dire cela), et elle a joué dans son premier concert à l’âge de 11 ans (elle avait 6 ans à sa première prestation publique), et a enregistré son premier disque à l’âge de 14 ans. Son violon date de 1734. Elle a enregistré beaucoup de disques : Bach, Vivaldi, Paganini, Dvorak, Poulenc, Sibelius, Franck, Mozart, Tchaïkovski, Mendelssohn, Bartok, Shostakovich, etc.

Cette œuvre fut dédiée à Kurtag, comme un retour en enfance, un voyage rétrospectif. Puis l’enfant grandit avec des notes plus subtiles : « Cela crée une immense tension et des conflits vont apparaître, comme dans la vie réelle, où les situations dramatiques peuvent évoluer. ». Ce concerto DoRémi de Eötvös a été créé par Midori Goto le 18 janvier 2013 à Los Angeles et a aussi été enregistré (toujours avec Midori Goto) pour Sony.







4. Œuvre de Pierre Boulez (vingt et une minutes)

"Pierre Boulez : Notations 1, 7, 4, 3 et 2"

Après un entracte de vingt-cinq minutes où l’on pouvait s’acheter une coupe de champagne pour dix euros, ou une barre de Mars pour trois euros (il n’y avait pas grand-chose sur l’étalage !), la scène était de nouveau méconnaissable : cent dix musiciens du Philharmonique étaient déjà installés, les chaises étaient placées tout contre le bord de l’estrade, j’avais carrément le nez à deux doigts d’un alto ! (enfin d’une alto, charmante par ailleurs !). La scène était particulièrement petite pour un tel ensemble sur scène.

Chaque "Notation" de Boulez était assez différente. Péter Eötvös reprenait respiration ou inspiration, avec des mimiques assez différentes avant le début de chaque mouvement. Et chacun de ces mouvements réussissait à se terminer dans un grand silence que le public ne perturba heureusement pas (même si les applaudissements pendant les silences ne me choquent généralement pas, car souvent, ça ne choque que par snobisme).

C’était la première fois que Péter Eötvös dirigeait en public les Notations de Boulez qu’il avait déjà jouées seulement au piano. Un hommage pour celui qui, à partir d’un petit élément, a réussi à « bâtir une cathédrale presque baroque ».

Je me disais que Boulez était décidément classique, ce n’était pas, pour mes oreilles, du moderne. Tout à fait harmonieux et écoutable. Plus qu’écoutable, bien sûr. Le mot "écoutable" me paraît même un tantinet blasphématoire ! Boulez me paraît vraiment un compositeur extraordinaire, réussissant à faire du nouveau malgré tant de créations géniales dans le passé, un peu à l’instar d’un Picasso (plus que d’un Soulages), à la fois classique et moderniste.

J’ai quitté la Maison de la Radio à vingt-deux heures cinquante. Je n’ai vraiment pas regretté la soirée qui m’a fait découvrir Eötvös et aussi, deux solistes vraiment exceptionnels. Et j’allais prendre rendez-vous pour février 2015 pour le Festival Présences consacré à la musique américaine où la musique de Philip Glass serait mise à l’honneur. J'allais assister en effet à un magnifique concert avec la projection de "La Belle et la Bête", le film de Jean Cocteau (sorti le 25 septembre 1946 avec Josette Day, Jean Marais et Michel Auclair), couplé avec la musique de Glass interprétée en direct dans la salle (par l'Ensemble Intercontemporain, si je me souviens bien).

Quant à Eötvös, hélas, je n'aurai plus l'occasion de l'écouter dans un concert. Trop malade, il était absent en janvier dernier à l'occasion de son 80e anniversaire (en particulier, fêté par l'Ensemble Intercontemporain qui avait organisé des concerts à cette occasion, mais aussi par Radio France où il avait prévu follement de diriger l'orchestre). Je reviendrai probablement plus longuement sur lui, qualifié par le compositeur allemand Helmut Lachemann (né en novembre 1935) de « l'un des rares esprits absolument indépendants (…), l'un des rares parce qu'indépendant aussi de lui-même. Car malgré toute la rigueur et la discipline perceptibles derrière son imagination sonore unique de même que derrière son humanité souveraine, lui et son art vivent d'une étonnement toujours prêts à l'aventure. ».

Ah, au fait, j'ai la réponse à mon incertitude : c'était bien Jean-Pierre Rousseau qui dirigeait la musique à Radio France en 2014, il l'a confirmé dans un de ses derniers billets de son blog le 24 mars 2024 pour rendre hommage à Péter Eötvös : « La dernière fois que j'ai eu l'occasion de faire œuvre utile pour lui, c'était il y a neuf ans, dans mes fonctions d'alors de directeur de la musique de Radio France. ». Il décrivait alors Eötvös de cette manière : « Le personnage était très attachant, exigeant mais jamais poseur, et il a sans doute fait beaucoup plus pour la "musique contemporaine" que nombre de ses collègues, parce qu'il avait le don de la pédagogie, y compris dans son écriture. ».


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (24 mars 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Péter Eötvös.
Maurizio Pollini.
Piotr Ilitch Tchaïkovsky.
György Ligeti.
Vangelis.
Nicholas Angelich.
Joséphine Baker.
Léo Delibes.
Ludwig van Beethoven.
Jean-Claude Casadesus.
Ennio Morricone.
Michel Legrand.
Francis Poulenc.
Francis Lai.
Georges Bizet.
George Gershwin.
Maurice Chevalier.
Leonard Bernstein.
Jean-Michel Jarre.
Pierre Henry.
Barbara Hannigan.
Claude Debussy.
Binet compositeur.
Pierre Boulez.
Karlheinz Stockhausen.
Mstislav Rostropovitch.

 

 


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