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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > « Attachiant » : Nouveau mot 2011

« Attachiant » : Nouveau mot 2011

Le qualificatif « Attachiant » pour « une personne difficile à vivre mais dont on ne peut pas se passer » a donc été élu, samedi soir au Havre, mot nouveau 2011 par la dixième édition du festival du mot et du son nouveau XYZ….

Ce mot « masculin mais qui pourrait être féminin » qui « correspond à tant de gens, y compris ses propres enfants » a été élu avec 40% des voix, le terme « eurogner » pour « faire des économie » arrivant deuxième avec 15% et le mot « textoter » troisième avec 11% des votants. Il faut noter que « Attachiant » est arrivé en tête à Paris, le 19 novembre, comme au Havre, le 26 novembre. Il correspond donc à un esprit du temps, ou le lien social et la qualité du lien social, s’accommode du tempérament des individus. Il signifie que nous sommes bien dans une société individualiste, où les individus produisent leur propre individualité, mais dont les liens restent forts. Qui ne pense pas spontanément à une personne de son entourage ? Si certains sont tentés d’appliquer ce qualificatif à une personne collante et désagréable, retenons que ce mot est en réalité un qualificatif tendre, qui met en avant l’attachement. Deviendra-il une insulte ? En tous cas, il prend déjà la forme d’un reproche, teinté d’amour, tout de même.

Le festival qui a fêté ses dix ans, a également célébré une période méconnue de la chanson française, par un spectacle créé pour le festival. Après la période « entre deux empires » l’année dernière, à la découverte des premiers chansonniers, Désaugiers et Béranger, notamment, le festival a invité le public à se plonger dans l’ambiance du « Chat noir » à Paris, en 1881. Avec des chansons de Charles Cros, MacNab ou Jean Baptiste Clément, les comédiens de la troupe « une chanson dans ma mémoire » ont recréé l’ambiance de ce cercle littéraire, avant l’arrivée d’Aristide Bruant. En nous entrainant avec es « hydropathes » et les « hirsutes » le festival a révélé une période méconnue de la création française.

Mais le festival a aussi rendu compte d’une expérience unique, de création de mots en milieu scolaire. Grace à un partenariat noué cette année avec l’éducation nationale, et une équipe pédagogique des Yvelines, des classes de CM1 CM2 ont planché sur la création de mots. Et le résultat est très intéressant, avec même quelques mots soumis aux festivaliers, comme le verbe transpérer (pour transpercer l’espoir) ou alphamonde (pour un alphabet pour le monde entier). Ce partenariat nous a surtout appris que « la parole libérée soignait la parole cadenassée » comme l’a exprimé Eric Donfu, le président du festival. « En entrant dans la syntaxe, en touchant aux règles par lesquelles les unités linguistiques se combinent en phrases, les enfants n’en auront plus peur ». Créer des mots est une expérience qui devrait se généraliser dans les classes, contribuant ainsi à faire comprendre à tous les amoureux de la langue comment s’opère, par le flux constant de mots nouveaux, le mouvement vital du français moderne…


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5 réactions à cet article    


  • AntoineR 28 novembre 2011 11:44

    Ouais, vive la novlangue !!!

    En rajoutant des mots débiles et en supprimant des mots importants on va bien finir par y arriver : appauvrir l’esprit critique, accéder à la pensée unique.

    Le langage structure la pensée. En appauvrissant le langage (ou en le rendant ridicule), on appauvrit la pensée.....

    Flexicurité, développement durable, croissance négative, ...... 


    • norbert gabriel norbert gabriel 28 novembre 2011 18:09

      La novlangue c’était une réduction là ; on a un enrichissement de la langue avec des mots nouveaux, c’est assez différent. L’évolution en général, apporte des concepts nouveaux, et les langues s’adaptent. Malherbe ou Voltaire ne connaissaient pas le doping, ou l’avion, il a bien fallu inventer les mots qui allaient avec l’évolution.
      Je ne suis pas un fan, ou plutôt un inconditionnel du franglais, mais certains mots n’ont pas leur équivalent, comme « swing » en musique, ou « buzz » qui n’est pas du tout le ramdam qu’on veut en faire. En bon français voltairien, vous traduiriez comment « swing » pour avoir le sens exact ? par une phrase de 5 ou 6 mots ? Est-ce bien raisonnable ?


    • AntoineR 1er décembre 2011 14:18

      Tout à fait d’accord avec vous quand c’est pour enrichir la langue.
      Mais quand c’est utilisé pour des concept idiots ou antinomique comme « flexecurité » ou « devoloppement durable », c’est à la fois manipulateur et débilisant.


    • easy easy 28 novembre 2011 16:11

      Attachiant est très intéressant.
      Son arrivée prouve l’arrivée ou le renforcement d’un nouveau concept en « Je t’aime moi non plus » , « Je t’haime »
      Racine, Corneille avaient exposé nos ambivalence dans le fil de leurs textes.

      L’anglicisme, qui est fort pour claquer des concepts en un seul mot très court, nous aura poussés à shorter pour en venir à exprimer nos ambivalences en un seul mot.

      (Les lycéens du lycée Henri IV avaient trouvé un raccourci amusant sans autre portée que scripturale : HIV m’a tuer )

      Dans la période 1900 1950 encore très portés à la guerre de tranchée, au Pour Vs Contre Dreyfus ou Boches, on versait fortement dans la stigmatisation des malades mentaux en posant que pendant que les uns sortaient de la norme, les autres restaient proprement plantés dedans. D’un côté les normaux, de l’autre les schizophrènes.

      Puis, on s’est mis à dire à tout propos que Nous étions tous schizophrènes. Et on s’est mis à apprécier les artistes fous ou explorant la folie ou explorant l’art par la folie ou le chaos. Camille Claudel, Van Gogh, Dali, Allen, Gainsbarre, mille poètes, Averty, Stravinsky, César... On a déstructuré, détricoté, désordonné les structures établies.


      Attachiant confirme cette tendance

      A remarquer alors le décalage énorme entre la sémantique de la Justice tout en Bon / Mauvais ou Oui / Non et celle, nettement plus ambigüe que nous pratiquons entre nous dans les moments intimes.







      • Emmanuel Aguéra LeManu 29 novembre 2011 10:08

        C’est tout simplement inaberrant.

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