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Accueil du site > Culture & Loisirs > Des livres : émois !

Des livres : émois !

 

Sujet à controverse …

 

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Le livre n'est pas un objet innocent qui trouve parfois sa place sur une table de nuit sans faire de vagues ni provoquer controverses et courroux. Sa seule présence du reste peut-être un sujet de désaccord profond dans le couple quand l'un des deux partenaires ne lit pas et voit en lui un rival qui le privera peut-être d'un peu de tendresse…

Il est alors un peu tard pour se rendre compte que dans un couple, c'est bien là un point essentiel d'accord. Être lecteurs ou pas met en tout cas, les deux dans la même catégorie, sinon c'est la porte ouverte à des crises permanentes, des récriminations et des conflits qui n'en finissent pas. Le partage de son amour ou de son aversion scelle plus sûrement une union que le sentiment de l'un et de l'autre vis à vis du steak frites ou de la mayonnaise.

Il est un compagnon de chaque jour et en cela il ne peut se présenter comme un rival. Il doit être accepté ou rejeté de part et d'autre afin de ne pas constituer cet élément qui déchire et qui divise. Si par chance, vous vous trouvez en connivence sur ce point, il continuera son œuvre sournoise en provoquant des avis divergents, des désaccords de fond sur tel genre ou tel auteur. Mais ceci, alors, n'est que querelle qui se supporte, chacun ayant des préférences et des aversions qui finissent par être connues de l'autre.

Le livre n'est pas seulement ce point d'achoppement destructeur d'une relation impossible, il s’immisce dans les relations amicales quand il vous prend l'idée saugrenue d'en écrire un. L'auteur en mal de lecteurs espère que ses amis, sa famille, ses relations professionnelles ou associatives lui feront l'honneur d'un achat. C'est alors le début d'une catastrophe qui le passera à la moulinette.

Il y a d'abord la grande cohorte des plus proches qui estiment naturel de ne pas le payer. Rapidement l'auteur découvre qu'il doit s'expliquer pour refuser le plus souvent ce don qui mettrait grandement en danger des finances déjà amoindries par cette folie. S'ajoutent alors ceux qui curieusement n'ont pas d'argent sur eux et finiront par le devoir éternellement. Je ne compte plus ces gens à la mémoire courte qui du reste n'ont certainement pas lu l'ouvrage en question.

Il reste ceux qui se sentent dans l'obligation de débourser par amitié et finissent par le regretter n'ayant nulle envie de le lire ? Ce sont des récriminations ultérieures, des accusations honteuses : « Il m'a forcé la main ! » et des dos qui désormais se tournent. Il en est encore qui une fois l'achat effectué n'auront de cesse de dénigrer l'auteur et son ouvrage sans le plus souvent avoir pris la peine de consulter son livre. C'est là ce qui blesse le plus, des jugements non fondés et méchants.

Il y a les intellectuels de haut rang qui repoussent la chose qui ne vient pas d'une grande maison d'édition. Prétexte insultant pour rappeler à l'auteur qu'il n'est qu'un pauvre type qui ne figure pas dans la catégorie des auteurs reconnus. Qu'importe l'éventuelle qualité de son écrit, la sentence est sans appel et le mépris permanent.

Il y a encore les salons du livre, ce moment où le pauvre écriveur se trouve en situation de tête de gondole. C'est alors un humiliant défilé de personnes qui ne jettent même pas un regard au livre. Ils se promènent ou viennent à la rencontre de la vedette vue à la télévision. Les autres n'existent pas, sont totalement invisibles. Combien de visiteurs prennent la peine de lire un extrait ? Si peu que c'est à désespérer d'avoir mis tant de soi-même dans ce travail.

Vous comprendrez aisément pourquoi je peux certes continuer à faire des livres mais que je ne m'aventurerai plus jamais à essayer de les vendre. Je peux éventuellement répondre à des demandes mais jamais me retrouver dans l'insupportable position du solliciteur. Être auteur minable est déjà assez pénible pour ne pas ajouter le mépris à la déconsidération.

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10 réactions à cet article    


  • juluch juluch 5 avril 11:57

    oui c’est compliqué en effet...

    J’ai un cousin qui écrit deux livres sur notre famille en remontant aux guerres de religions....un sacré taff de recherche....bè je lui ait acheté 2 fois les deux livres....

    pour Marseille et pour l’Herault

    logique.

    Un autre, un pote mécano de métiers a écrit deux romans.....acheté aussi et lui il voulait pas....j’ai insisté après tout c’est lui qui a transpiré pour le mettre sur papier...


    • C'est Nabum C’est Nabum 5 avril 16:59

      @juluch

      Bientôt il y aura bien plus d’auteurs que de lecteurs
      désolant dans les deux cas


    • pasglop 5 avril 18:47

      Je crois que vous n’êtes pas un cas isolé.

      Je ne parle même pas de vendre mais de faire éditer et distribuer : un ami ayant quelques moyens s’est résolu à supporter le déficit prévisible, voulant à tout prix que son livre sorte.


      • C'est Nabum C’est Nabum 5 avril 19:32

        @pasglop

        Je ne cherche pas d’éditeur
        Ce n’est pas mon problème
        je ne vends pas non plus
        je réponds simplement à ceux qui me font la demande

        Tout est à perte naturellement

        Par contre je suis un auteur lecteur ce qui n’est pas la majorité de cette curieuse catégorie de gens qui écrivent sans parfois jamais lire


      • Brutus Brutus 5 avril 21:23

        @pasglop

        moi, je médite


      • pasglop 6 avril 11:05

        @Brutus
        Parfois je n’imprime pas...


      • sylviadandrieux 5 avril 22:58

         Et que dire des milliers de livres passés au pilon. 


        • C'est Nabum C’est Nabum 6 avril 18:55

          @sylviadandrieux

          Une mort indigne


        • Et hop ! Et hop ! 6 avril 09:48

          «  quand il vous prend l’idée saugrenue d’en écrire un. L’auteur en mal de lecteurs espère que ses amis, sa famille, ses relations professionnelles ou associatives lui feront l’honneur d’un achat. C’est alors le début d’une catastrophe qui le passera à la moulinette. »


          Il y a la même chose avec toutes les sortes d’artistes qui vous pressent de venir à leur vernissage, concert dans une église, séance de théâtre, vous rançonnent pour acheter leurs toiles, leurs lithographies ou leur CD.

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