Une autre comédie, chorale celle-là.
Qui a réuni pas à pas les conditions pour qu’un
pays se sente menacé ? Quel pourcentage de ce que la Russie a vu
s’installer et s’avancer à ses portes aurait supporté les Etats-Unis avant de
déclencher une attaque et sous quel prétexte si on se fie à son histoire depuis
la seconde guerre mondiale ? Il semblerait que la logique des petits pas
en forme de nœud coulant a conduit, après bien d’autres théâtres d’opération,
la guerre au cœur de l’Europe avec au choix comme adjuvant indispensable à
l’aventure, dans un mélange indémêlable, la complicité, l’irresponsabilité, la
complaisance, l’incompréhension, l’ignorance, l’aveuglement, le court-termisme,
l’incompétence, le suivisme, le manque de volonté, de la part de nos classes
dirigeants européennes. Dont l’une, qui ayant prise la précaution de ne jamais
souscrire à l’euro, cousine de la grande sœur un peu envahissante, retirée de la croisière maintenant, a
toujours été à la pointe de cette histoire et continue de l’être.
Je sais,
tout cela est moralement inconfortable et encombrant pour ne pas dire
franchement stressant et inquiétant. C’est pour cela que les opérateurs du
silence médiatique avec leur bienveillance habituelle nous protègent de la
fatigue de devoir porter mémoire et réflexion et préfèrent nous simplifier la
vie. En nous disant où est le bien qu’ils nous montrent si nous sommes d’accord
avec eux et le mal aussi qu’ils brandissent comme un mal terrible dont nous
serions responsables et complices si d’aventure nous nous posions des
questions. Comment se fait-il qu’allemands et français pendant des dizaines
années contre l’avis des américains (de quoi je me mêle ?) ont mis de
l’argent et ont développé avec les russes une infrastructure majeure Nord
Stream 2 vitalement économique, un choix politique conséquent, tout en signant
les bases d’un traité de sécurité (Minsk 1 et 2) plus que nécessaire et
toujours repoussé pour finalement devoir
dire par le truchement d’anciens dirigeants que ces premiers traités étaient un
leurre et une ruse ? La responsabilité du sabotage étant plus tabou qu’un secret
de famille. Personne ne dit rien mais tout le monde sait.
Quelles
seront si nous nous laissons faire les prochaines étapes ? Quels nouveaux
contes pour nous diviser, nous installer dans la confusion, nous entretenir
dans la fausse sécurité du troupeau qui n’a pas besoin de savoir où on le
conduit si tenté que ces apprentis sorciers en aient la maîtrise, quels
nouveaux contes sont en préparation pour nous faire ingurgiter les pilules
successives ?
N’oublions
pas de voter en masse dorénavant ne serait-ce que pour signaler que nous ne
sommes plus dupes pour commencer.