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Commentaire de Jean-Luc Picard-Bachelerie

sur Démocratie réellement existante


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Jean-Luc Picard-Bachelerie 10 décembre 2023 17:51

Bonjour, 
L’article est intéressant, mais passe tout de même à côté de choses essentielles comme de définir ce qu’est la démocratie et la démocratie réellement existante. C’est pourtant le sujet de votre tribune. Et comme vous l’a fait remarquer l’un de vos commentateurs, à aucun moment vous n’évoquez la souveraineté du peuple. Ce qui fait qu’à la fin, on a compris — mais fallait-il un texte pour que nous nous rendions compte de la chose ? — que notre démocratie était imparfaite et qu’elle avait même tendance à reculer. Le problème c’est qu’en ne définissant pas la démocratie, la démocratie réellement existante, le système représentatif et la démocratie représentative, vous ne donnez aucune clé de compréhension autre que la lutte entre dominants et dominés doublement dépossédés politiquement et économiquement, pour expliquer le nœud du problème. 

Or, pour moi, ce que nous appelons démocratie représentative n’est, en fait, qu’un système représentatif qui peut être plus ou moins démocratique, voir pas du tout. La sémantique démocratie représentative n’est là que pour semer la confusion, faire croire que nous sommes en démocratie alors que nous sommes en régime représentatif. Ce système n’introduit de la démocratie participative ou faussement directe. Et au gré des tensions sociales nationales et des tensions politiques internationales, les gouvernements injectent un peu plus de démocratie participative ou en retirent. 

Or, la démocratie ne peut être que directe : la souveraineté effective du peuple pour le peuple par le peuple. Et ce que je crois, c’est que le système représentatif ne se transformera pas de lui-même en démocratie, tout simplement parce que le pouvoir appelle le pouvoir. « … il n’est point d’homme qui, pouvant tout et sans contrôle, ne sacrifie la justice à ses passions » (Alain). Dès qu’il y a un problème, le système représentatif va plus naturellement vers plus d’autorité et très rarement vers l’inverse. 

Si on revient à la démocratie réellement existante, c’est une sémantique qui entretient la même confusion que celle de la démocratie représentative, sauf si on dit « la démocratie réellement existante au sein du système représentatif ». Là, on sait qu’on regarde le niveau de démocratie atteint par tel régime représentatif. 
A partir de là, on regarde quelle est cette démocratie dans le système représentatif. Et qu’est-ce que l’on constate ? Que cette démocratie n’est que participative : on demande l’avis du peuple et après les représentants en font ce qu’ils veulent. Même le référendum, outre que les représentants font ce qu’ils veulent du résultat (2005), ce sont les représentants qui déterminent les questions et elles sont toujours biaisées, ne serait-ce parce que, sauf exception très rare, la réponse est oui ou non, mais il n’y a jamais possibilité d’une 3e voie. Quant à l’élection au suffrage universel, il a été démontré que ses résultats sont toujours biaisés. Le seul qui soit démocratique est le jugement majoritaire. Mais avant cela, il faut aussi qu’on se pose la question de savoir s’il est vraiment démocratique que ce soient les candidats qui proposent leur programme et pas le peuple qui leur impose le sien. 
Il faut le dire clairement, le régime représentatif est comme la République : ni démocratique ni antidémocratique. On en fait ce qu’on veut. Malheureusement, dès lors qu’il y a des représentants au mandat libre non révocable et que le peuple ne peut jamais délibérer, le pouvoir se renforcera toujours.


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