@Géronimo howakhan

Le "tout pour ma gueule est une explication individualiste effectivement observable, mais elle n’explique pas les phénomènes de groupes en la matière.

Le chercheur américain Francisco Gil-White a élaboré en 2001 une théorie selon laquelle les humains ont évolué de telle manière que le cerveau perçoit les différents groupes ethniques comme étant équivalents à différentes « espèces » biologiques, ce qui reviendrait à ce que les phénomènes communautaristes, xénophobes, racistes, etc. soient « innés ».

Il a développé cette hypothèse de forme particulièrement virulente d’ethnocentrisme dans "Current Anthropology" (Vol. 42, n° 4, p. 515-554) sous l’appellation de « pseudospéciation », terme utilisé pour la première fois par Erik Erikson en 1966 et repris par Karl Marlantes dans son livre "What It Is Like to Go to War" sorti en 2011 qui fait référence à la « pseudospéciation » des soldats américains pendant la Seconde Guerre mondiale et pendant la guerre du Vietnam comme un mécanisme d’adaptation pour traiter les soldats japonais et vietnamiens différemment des soldats européens. (Allemands et Italiens par exemple).

La « pseudospéciation » aurait entre autres conséquences la déshumanisation de l’ennemi, ce qui aiderait les soldats (mais aussi les dirigeants politiques et l’ensemble de la population d’un groupe constitué) à rationaliser les comportements barbares ou socialement inacceptables infligés aux membre d’un groupe et d’une culture visuellement et contextuellement différente des leurs. Un exemple décrit par Marlantes concerne le traitement sadique inutile de prisonniers ou le meurtre de soldats qui se rendent.

La déshumanisation serait une conséquence possible de cette « pseudospéciation », tout comme la discrimination ethnique ou le génocide. Il s’agirait d’une forme d’altérité expliquant le traitement de différents groupes humains comme s’il s’agissait d’espèces biologiques différentes . Cela commencerait par le fait que les différences culturelles amènent les humains à se diviser en différents groupes sociaux, avec des langues, des vêtements, des coutumes, etc. différents. Ces différences culturelles seraient analogues à la formation de différentes espèces biologiques (spéciation) .

Cette théorie est une tentative d’explication de la tendance lourde des membres des groupes internes à considérer les membres des groupes externes comme ayant évolué génétiquement vers des espèces différentes, distinctes et inférieures à la leur.

On y est, non ?