@mmbbb
l Allemagne
qui avait commis les pires saloperies a été aidée dans la reconstruction
la Russie
voulait un rapprochement avec l Europe , celle ci a été sciemment écartée
Bonnes questions, qui sont à
la racine de cette guerre en Ukraine, ça vaut la peine d’essayer d’y voir un peu plus clair.
L’Allemagne est un pays
occidental qui a « dérapé » en 33, comme dirait un présentateur télé
d’aujourd’hui. Il fallait juste la remettre dans le droit chemin, dans la norme
occidentale après sa défaite de 1918.
Cette première tentative de remise
en ligne occidentale de l’Allemagne a échoué après 1918, pour mille et une
raisons que je ne saurais énoncer. Je note cependant que le directeur de Normale
Sup, Ernest Lavisse, dans un discours aux élèves vers 1920 avait prédit l’arrivée
d’Hitler et la revanche de 40. Cette revanche était-elle inévitable, les
Allemands jugeant leur défaite et leur mise au ban mondial comme injuste ?
‘Vous allez avoir, dit-il,
quinze ans de répit car il faut quinze classes pour faire une armée. Dans
quinze ans, méfiez-vous. Le peuple allemand, qui aura beaucoup souffert, trouvera
dans ses rangs un chef populaire ; ce ne sera pas un Prince. Le temps des
Hohenzollern est passé ; ce sera un homme issu du peuple qui incarnera les
rancunes de tout un peuple. Alors, vous aurez tout à craindre. » Ernest
Lavisse, un peu avant 1920.
En 1945, cette remise aux
normes occidentales de l’Allemagne fut un succès éblouissant. Pour mille et une
raisons que je ne saurais énoncer. Peut-être le résultat d’un rapport de force
écrasant en faveur des USA, interdisant à l’Allemagne de rêver de revanche
cette fois.
La Russie a « dérapé »
(sortie du camp occidental) en 1917 pour n’y revenir (potentiellement) qu’en
1991. Une sorte de défaite de la Russie du point de vue occidental, comme l’Allemagne
en 1918.
Le traitement réservé par les
USA à la Russie après 1991 (période Eltsine) fut assez ambigu, comme un mélange
d’assistance faussement bienveillante et de mépris voué à un pays défait, en
lorgnant sur les richesses russes qu’il conviendrait de s’accaparer. Ce n’était
ni 1918, ni 1945 vis-à-vis de l’Allemagne mais un entre deux que les Russes ont
très mal vécu, car le pays s’est alors effondré et ils mouraient en masse.
Le parallèle avec les années
30 en Allemagne est tentant, en se rappelant les paroles de Lavisse « quinze
classes … pour faire une armée » « Le peuple allemand qui aura
beaucoup souffert » « un homme issu du peuple qui incarnera les rancunes ».
Alors pourquoi, avec les
expériences de 1918 (échec sanglant) et 1945 (succès éclatant) vis-à-vis de l’Allemagne
a-t-on raté le virage de 1991 avec la Russie ?
Difficile à expliquer. Peut-être
une question de rapport de force : l’Allemagne de 1945 était littéralement
« rasée », ce n’était pas le cas de la Russie de 1991, bien que très
affaiblie (tout en restant puissance nucléaire) mais pouvant redevenir une
puissance rivale des USA à terme (Tocqueville avait identifié très tôt la
vocation russe à être une grande puissance, comme les USA). Et puis les Russes, en changeant de régime, ne se sont pas vus comme un pays défait, comme l’Allemagne de 1945.
Il y a aussi la proximité
culturelle et religieuse entre Allemagne et USA, qui n’existe pas avec la
Russie, au contraire, la Russie ayant toujours eu une tendance au messianisme.
On a vu clairement cette opposition entre le monde du Pape allié de l’Occident (la
Croatie) et le monde orthodoxe allié de Moscou (la Serbie) pendant la guerre de
Yougoslavie.
L’aspect armement nucléaire a
peut-être été déterminant : comment, du point de vue des USA, mettre dans
l’OTAN un pays qui dispose d’un armement nucléaire équivalent à celui du maître
de l’OTAN ?
Enfin, ce fut un choix stratégique
des USA de faire de l’Europe de l’Est un allié politique et militaire
absolument soumis aux USA, garantissant une domination forte sur l’Europe occidentale
« pour l’éternité ». Une telle domination « forte » sur la
Russie n’était pas envisageable, cf. la Turquie et sa présence problématique
dans l’OTAN.
Cette domination « forte » sur l’Europe est aujourd’hui un succès incontestable des USA, conduisant à une 3ème victoire sur l’Allemagne (destruction de NS2), qui a renoncé sans trop broncher à ce qui a fait sa puissance ces dernières décennies : une énergie d’obrigine russe bon marché. L’avenir dira si ce choix stratégique des USA d’une poloitique « polonaise » en Europe, aux dépens de l’Allemagne (et de la France « en même temps » partout et nulle part) est un bon choix ou une erreur sur le long terme.
Sans arrimer la Russie à l’OTAN,
une politique plus « compréhensive » vis-à-vis des intérêts de la
Russie eut-elle été possible (position de Védrine sur les « occasions
manquées ») ? Pas évident pour des raisons historiques et
structurelles, du fait de la Pologne en particulier.