Le
catholicisme est injuste avec l’arianisme, du moins selon cet article
traitant des Grandes Hérésies du franco-britannique Hilaire
de Belloc (catholique de père français, émigré en Angleterre)
mais aussi cet article
[https://philitt.fr/2022/11/17/hilaire-belloc-la-permanence-de-lesprit-heretique-a-travers-lhistoire/].
Quand
on lit les recenseurs, on s’aperçoit du problème axiologique
fondamental : étant donné qu’ils souscrivent au livre d’Hilaire de
Belloc, parce qu’ils sont eux-mêmes catholiques, ces recenseurs ont
des biais d’interprétation (biais d’autorité catéchique, effet de
halo négatif sur les non-catholiques). Les Hébreux déjà, étaient
religieusement xénophobes, ça n’a pas changé avec les chrétiens
pas plus qu’avec les musulmans. C’est ainsi.
D’emblée,
la notion d’hérétique, étymologiquement qui choisit,
positionne au point de vue catholique. Celui qui choisit, ne choisit
que par rapport à un préjugé non-choix catholique, non-choix qui
n’est pas censé être contraignant, puisque le catholicisme
contiendrait la Révélation absolue (la vérité spirituelle).
Remarquez que les notions d’apostasie et de blasphème
fonctionnent à sens unique, de la même manière, et avec hérétique
dans toutes les religions dites « révélées » (ça tombe
bien, puisque c’est à cause de cette diction, « révélées »,
qu’elles parlent d’hérétiques, d’apostats et de
blasphémateurs).
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Florilège
des articles :
"Pour
comprendre [l’arianisme], il faut déjà avoir à l’esprit la
conception que l’Eglise catholique se fait de la nature du Christ,
et son dogme de l’Incarnation. Le Christ, affirme-t-elle, est
indubitablement un homme, et comme tout homme est né, a vécu et est
mort. Mais elle proclame aussi qu’il est Dieu, incarné en homme.
Le Christ catholique a donc deux natures : il est vrai Dieu et vrai
homme. Il n’est ni un demi dieu, ni un surhomme, comme l’on peut
en trouver légion dans les mythologies païennes. [...]
Doctrine
professée par le théologien chrétien alexandrin Arius au début du
IVe siècle, l’arianisme niait la nature divine de Jésus Christ.
Pour les ariens, le Christ était le Fils de Dieu mais il n’en
restait pas moins un homme et non un Dieu. C’est en se confrontant
aux partisans d’Arius que l’Église catholique proclama le dogme
de la consubstantialité du Fils et du Père lors du concile de Nicée
en 325. Malgré toute l’attention apportée par l’Église pour
choisir le vocabulaire servant à qualifier la relation entre le Fils
et le Père, l’hérésie arienne se poursuivit sous de nouvelles
formes qui refusaient d’admettre la stricte égalité entre le Fils
et le Père. L’arianisme cherchait donc à élucider la question de
l’incarnation dont elle refusait le mystère. [...]
Passons
sous silence les analyses de Belloc sur les lobbies puissants de
l’époque qui soutinrent l’arianisme - l’armée, les
aristocraties anciennes de l’Empire, - si ce n’est pour relever
qu’il était branché à l’époque de se dire arien. Cela vous
distinguait de la plèbe, en grande partie fidèle au catholicisme,
en vous rangeant parmi les héritiers d’une haute culture païenne.
[...]
C’est
cette même volonté de simplification et de rationalisation
qu’Hilaire Belloc perçoit dans l’islam qu’il qualifie
d’hérésie chrétienne. Issu d’un milieu païen dans les marges
de l’Empire romain devenu chrétien, Mahomet aurait adopté un
christianisme purgé de ses complexités dogmatiques. L’islam
reprend l’idée d’un dieu unique créateur du monde et octroyant
la vie après la mort mais nie l’incarnation en faisant de Jésus
un prophète. Pour l’historien britannique, l’islam préfigure la
quête hérétique de rationalisme et d’abolition des mystères
catholiques que fut ensuite la Réforme. Toutes ces grandes hérésies
auraient pour point commun d’avoir simplifié le dogme catholique
en tentant de le purger des mystères que l’orgueilleuse raison
humaine ne parvenait pas à saisir. [...]
Le
roi arien, avant les princes protestants, était chef de son église.
En somme, il conservait tous ses pouvoirs, s’identifiait à
l’Eglise, rassemblant ainsi en sa personne tous les pouvoirs,
humains et divins, de coercition possibles. Au fond, l’arianisme
était un totalitarisme chrétien."