"faut voir le genre de personnages qu’il exécutait, pas des tendres !
«
Mais pas que :
»Ceux qui
l’ont connu aux premières heures de sa fulgurante carrière portent, en
tout cas, un autre regard sur le « guérillero romantique ». Anciens
compagnons d’armes ou victimes, ils brossent le portrait d’un être
froid. Brutal. Autoritaire. Et aux mains tachées du sang de nombreux
innocents.
Luciano Medina, d’abord. A 81 ans, robuste, volubile et enjoué, il reste ce guajiro
(paysan) qu’il fut au temps de la révolution quand il était le facteur
personnel de Fidel Castro. Dans la sierra Maestra, en 1957 et 1958,
c’est lui qui acheminait les messages du comandante en jefe à travers les lignes ennemies aux autres comandantes :
Raúl Castro, Camilo Cienfuegos ou encore Ernesto « Che » Guevara.
« C’est simple, je les ai tous connus », lance l’ex-coursier, dont la
voix rocailleuse retentit dans le deux-pièces exigu de Miami (Floride)
qu’il occupe depuis les années 1970. « Guevara ? Il traitait mal les
gens. Très mal », insiste Medina. Les deux hommes se sont fréquentés,
deux mois durant, en avril-mai 1958, dans le campement de La Otilia,
près de Las Minas de Bueycito. « Un jour que je lisais Sélection du Reader’s Digest,
peinard dans mon hamac, le Che, furieux, m’arrache la revue des mains
et s’écrie : « Pas de journaux impérialistes ici ! »
Mais surtout, il
tuait comme on avale un verre d’eau. Avec lui, c’était vite vu, vite
réglé. Un matin, vers 9 heures, nous déboulons au Rancho Claro, une
petite exploitation de café appartenant à un certain Juan Perez.
Aussitôt, le Che accuse le fermier d’être un mouchard à la solde de la
dictature de Batista. En réalité, le seul tort de ce pauvre homme
était de dire haut et fort qu’il n’adhérait pas à la révolution. » Une
heure plus tard, le malheureux caféiculteur est passé par les armes
devant sa femme et ses trois enfants de 1, 3 et 4 ans. « Les voisins
étaient traumatisés, indignés. Et nous, la troupe, nous étions écoeurés.
Avec trois autres compañeros, nous avons ensuite quitté le Che pour rejoindre un autre campement. »