• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Jean Dugenêt

sur Le groupe Wagner


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Jean Dugenêt Jean Dugenêt 25 juillet 2022 10:58

@Lynwec
« Que Dumas soit vieillissant et possiblement parfois confus est une chose, mais ça ne suffit pas à tout nier en bloc »

C’est certain qu’il ne faut pas nier tout d’un bloc. Je maintiens le fait que l’interviewer avec la volonté affichée de lui faire dire qu’il y a eu des promesses puis de publier cette vidéo avec des gros titres affirmant qu’il a bien dit qu’il y avait eu des promesses est une démarche parfaitement malhonnête de Berruyer en quête de notoriété. Je maintiens tout autant qu’à aucun moment Dumas ne dit quelque chose qui ressemblerait à : tel diplomate américain a dit à tel diplomate russe qu’il n’y aura pas d’extension de l’OTAN. Je suis bien certain que s’il avait dit quelque chose de ce genre le Berruyer en question l’aurait reproduit en gras et en police 224.

Vous n’êtes bien évidemment pas obligé de lire mon article sur « le contexte international de l’invasion de l’Ukraine ». Cependant, je crains que nous n’avancions guère si vous ne faites que de nous ressortir toute la propagande des quelques sites web spécialisés dans la défense de Poutine en tant qu’idole de l’extrême-droite.

Je répète donc qu’il y a eu des réticence de la part de l’OTAN pour accueillir les pays d’Europe de l’Est. Cela est factuellement prouvé. Je fais donc à nouveau un copier/coller.

 ====================

L’OTAN de l’après-guerre froide n’a jamais été prête à s’élargir à n’importe quel prix. Au début les candidats ne devaient remplir que trois conditions :

  • Le consensus entre pays membres devait être obtenu ;
  • Les candidats devaient apporter une contribution positive à l’Alliance atlantique ;
  • Seuls des « États européens » pouvaient candidater.

A partir de 1995, les candidats devaient répondre à cinq critères supplémentaires :

  • Avoir un système politique démocratique fonctionnant bien et reposant sur une économie de marché.
  • Traiter les populations minoritaires de manière équitable.
  • S’engager à régler les conflits de manière pacifique.
  • Être capables et désireux d’apporter une contribution militaire aux opérations de l’OTAN.
  • Être attachés au caractère démocratique des relations entre civils et militaires et des structures institutionnelles.

De plus, même si ce n’était pas une condition explicite, les pays candidats devaient en fait être également prêts à rejoindre la structure militaire intégrée. Les américains ne voulaient pas que d’autres pays fassent comme la France qui s’était retirée des structures du commandement militaire intégré de l’Alliance en 1966. On se souvient que De Gaulle avait alors exigé le démantèlement des bases de l’OTAN situées sur le territoire français. Dorénavant, le processus se veut en outre conditionnel et graduel. Depuis 1999, les candidats entament un dialogue intensifié avec l’OTAN puis peuvent se voir proposer le « Plan d’action pour l’adhésion », qui lui-même est seulement susceptible de se conclure par l’adhésion sans que la garantie en soit acquise à l’avance.

Alors que l’OTAN n’a fait que rendre plus difficile l’adhésion de nouveaux pays en instituant des conditions d’admission plus restrictives, Poutine a plus tard accusé les dirigeants occidentaux d’avoir trahi une prétendue promesse...

====================

"Quand le Pacte de Varsovie a été dissous, les troupes soviétiques se sont retirées. Qu’en est-il de l’OTAN ? A-t-il été dissous également ? Non. La raison est évidente, mais le déni est confortable« 

Encore une fois, il faut voir l’évolution de la situation internationale et analyser ce qu’a été la chute du bloc de l’Est. C’est l’évènement le plus important du siècle dernier. C’est une victoire sans combat du capitalisme. Je vous renvoie une fois de plus à mon article. Il faut dire quelles sont les forces sociales qui se sont mises en mouvement à l’intérieur du bloc de l’Est puisque cette victoire du capitalisme c’est faite sans aucune intervention extérieure. Vos amis des sites complotistes-alternatifs inventent bien évidemment les interventions sournoises d’agents de la CIA. Vous écrivez : »Détruire un pays de l’intérieur (comme ça se passe en France depuis l’ère des Young Leaders) est plus économique que de risquer une guerre« . C’est de la fantasmagorie. Ce fut cette victoire sans combat du capitalisme et rien d’autre qui a abouti à la dissolution du Pacte de Varsovie. Il n’y avait aucune raison pour qu’elle aboutisse automatiquement à la dissolution de l’OTAN. Il aurait fallu pour cela s’engager effectivement des deux côtés dans des démarches pacifiques.

Vous dîtes :  »Il est facile maintenant que les troupes russes sont sur la terre ukrainienne de parler de « l’agressivité » de Poutine."

L’agressivité de Poutine s’est malheureusement manifestée dès son arrivée au pouvoir. C’est pour cela que les pays d’Europe de l’Est et ceux qui ont voulu s’émanciper de l’ex-URSS se défendent. C’est pour cela que les ukrainiens ont voulu que des garanties leur soient données dans le Mémorandum de Budapest élaboré, pour l’essentiel, les 5 et 6 décembre 1994 lors d’un sommet de l’OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe) à Budapest. Cet accord garantit que l’indépendance et la souveraineté de l’Ukraine dans ses frontières actuelles sera respectée. Eltsine reçoit l’engagement suivant :

« de respecter l’indépendance, la souveraineté et les frontières existantes de l’Ukraine. (…) de s’abstenir de recourir à la menace ou à l’emploi de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de l’Ukraine (…) de s’abstenir de toute coercition économique visant à subordonner à leur propre intérêt l’exercice par l’Ukraine des droits inhérents à sa souveraineté et de s’assurer ainsi des avantages de toute nature. » (Mémorandum de Budapest).

Lorsque le traité START (protocole de Lisbonne de 1992) expire, les États-Unis et la Russie publient une déclaration commune le 4 décembre 2009 qui confirme que les garanties de sécurité figurant dans les mémorandums de Budapest signés avec l’Ukraine, la Biélorussie et le Kazakhstan demeurent valables au-delà de cette date.

« Le respect par ces États de leurs obligations au titre du protocole au traité START du 23 mai 1992 (Protocole de Lisbonne) et leur adhésion au TNP (Traité de Non-Prolifération) en tant qu’États non dotés d’armes nucléaires ont renforcé leur sécurité, ce qui s’est traduit, entre autres, dans les mémorandums de Budapest du 5 décembre 1994. À cet égard, les États-Unis d’Amérique et la Fédération de Russie confirment que les assurances consignées dans les mémorandums de Budapest resteront en vigueur après le 4 décembre 2009. »

En 2009 (alors que Poutine était aux affaires) les deux grandes puissances ont donc clairement réaffirmé leur engagement « de respecter l’indépendance, la souveraineté et les frontières existantes de l’Ukraine ».

Voilà la vraie promesse qui a été faite et que personne ne conteste. Quelle est l’ordure qui refuse de respecter ses engagements ? Les ukrainiens ont-ils eu tort de donner leurs bombes atomiques ?

La longue liste des agressions de Poutine montrent que les ukrainiens avaient bien des raisons de craindre ce qui se passe actuellement. Je rappelle notamment :

Le 6 février 2000, Grozny, la capitale de la Tchétchénie est rasée par les troupes russes de Poutine. Poutine remet la Tchétchénie au pas.

Aout 2008, la Russie de Poutine annexe l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie, parties du territoire de la Géorgie.

Mars 2014, Poutine annexe une partie du territoire ukrainien : la Crimée.

Mai 2014, dans la foulée de l’annexion de la Crimée, Poutine apporte son soutien politique, économique et militaire (hommes et armes) à la Nouvelle Russie, nommée Union des Républiques populaires du Donbass. Donbass, un territoire de l’Est ukrainien, proche de la frontière russe.

Le 30 septembre 2015, Poutine décide d’aider le dictateur syrien, El-Assad, afin qu’il reste en place. La Syrie va-t-elle devenir une province russe ? En attendant El-Assad est bel et bien placé sous la tutelle de Poutine.

6 janvier 2022. Les troupes de Poutine viennent briser le mouvement de protestation populaire au Kazakhstan. Elles procèdent à 8 000 arrestations. Elles commencent à repartir le 13 janvier mais la porte reste ouverte. Désormais, les troupes de Poutine sont partie intégrante du dispositif de répression au Kazakhstan.

— Le 24 février 2022, Poutine décide d’annexer la totalité de l’Ukraine, et déclare le Président de l’Ukraine, Zelensky, son ennemi n°1.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès