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Commentaire de Christian Labrune

sur Israël en danger ?!


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Christian Labrune Christian Labrune 10 août 2018 10:29
De Gaulle parlait des « conditions particulières » dans lesquelles l’affaire a été menée...
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@JPCiron

J’avais toujours eu une si vive admiration pour De Gaulle, et une telle horreur de l’antisémitisme, que j’ai eu très longtemps tendance à « refouler », comme diraient les psychanalystes, son discours d’après le conflit de 67 à propos du « peuple fier et dominateur ». Je n’en avais retenu (je n’avais pas vngt ans en 67) que ces deux adjectifs qui, au demeurant, venant d’un ancien chef de guerre, pouvaient paraître plutôt laudatifs. Les protestations d’un Raymond Aron, connues plus tardivement, me paraissaient aussi fantaisistes que les incohérences d’un Mendès France ancien résistant devenu anti-gaulliste qui finirait au stade Charléty, en 68, par vouloir mettre sur le chemin de l’Elysée un copain de René Bousquet décoré de la francisque. Mais depuis qu’on a accès par l’Internet à toute sorte d’archives, j’ai revu plusieurs fois la video du discours de 67. Il est tortueux, alambiqué et, de fait, très salement antisémite, ce discours. Et plus encore la politique répugnante qu’il aura autorisée par la suite. Le Quai d’Orsay avait toujours été après la guerre le lieu de refuge des vichyssois qui avaient pu, tel Couve de Murville, échapper sans trop de difficultés aux règlements de compte de la Libération. Sa politique, depuis cinquante ans -il suffit de lire les déclarations d’hier à propos des tensions avec le Hamas - est le comble de l’abjection et me fait honte d’être français.

Vous écrivez : ", il a été décidé d’aller de l’avant en ignorant les protestations des pays « Arabes » qui avaient déclaré leur ferme opposition au projet« .
Cela montre fort clairement que vous ne comprenez rien du tout à un Orient compliqué dont vous ne connaissez pas l’histoire. Les »pays arabes« , de la région, au lendemain de la guerre, étaient plus favorables à l’Allemagne nazie qu’aux alliés. Nasser avait une immense admiration pour Rommel que Sadate lui-même, signataire plus tard du traité de paix avec Israël, avait essayé plusieurs fois de rencontrer. Le mufti nazi de Jérusalem, très actif en 68, qui n’avait pas pu obtenir de son copain Himmler l’extension à la Palestine de la solution finale n’avait qu’un mot d’ordre ; foutre à la mer les Juifs ou les exterminer jusqu’au dernier. Bref, la présence dans une région vouée au culte musulman d’un pays grand comme un peu plus de trois départements français a toujours été pour les arabes un véritable scandale, et si on avait voulu faire droit à leurs exigences, il aurait fallu, par un moyen ou par un autre, en faire disparaître tous les Juifs, profiter même de l’occasion pour exterminer ceux qui, depuis la diaspora résultant en 70 de la destruction du temple d’Hérode, avaient réussi à s’y maintenir de siècle en siècle.

L’ONU avait parfaitement compris qu’après la shoah, il était nécessaire d’imposer aux nations le droit à l’existence d’un peuple dispersé qui venait d’être à moitié exterminé et ne paraissait pas du tout en mesure de se défendre face aux agressions, qu’elles fussent germaniques ou arabes. Ce peuple menacé d’extermination en 48, en 67, l’est encore aujourd’hui par des fanatiques musulmans décérébrés. Entre le Hamas à Gaza et le le Califat à Raqqa, quelle différence ? Quelle différence entre le projet génocidaire des mollahs iraniens et le programme des nazis à Wannsee ? La nouveauté, c’est que ce peuple a réussi en soixante-dix ans à faire d’une région misérable et de dimensions ridicules la huitième puissance mondiale, laquelle fait profiter pacifiquement l’ensemble de l’humanité des immenses progrès qu’elle apporte dans tous les domaines de la technique et de la recherche fondamentale.
On a volé aux Juifs dès l’antiquité leur religion originale ; on en a fait ces deux grosses niaiseries que sont le christianisme et plus encore l’islam. On a volé leurs terres, les anciens royaumes de Juda et d’Israël sur lesquels, étant revenus au début du XXe siècle, on a voulu les exterminer en vertu du droit du plus fort. C’est le droit du plus fort que les Arabes ont voulu faire prévaloir en 48 et 67, mais le droit du plus fort n’a du droit que le nom, et quand on est partisan du droit du plus fort, qu’on est platement ratatiné, je vois mal qu’on puisse ensuite faire appel à un droit international qu’on n’a jamais cessé de piétiner quand on se berçait de l’illusion qu’on allait pouvoir dominer.

De Gaulle a tort. Le peuple juif n’est pas un peuple »dominateur« , si ce n’est dans le domaine de l’intelligence où la domination de la raison pure est parfaitement nécessaire au regard de la philosophia perennis. L’intention d’Israël en 67 n’était nullement de conquérir le Sinaï et la bande de Gaza. Cette occupation, du reste, qui n’était motivée que par des nécessités stratégiques contingentes, a pris fin assez vite. Moshe Dayan aurait pu imposer la souveraineté d’Israël sur la Judée et la Samarie dont une Jordanie ratatinée venait d’être obligée de se retirer. Il a préféré laisser les choses en suspens et confier à des débats politiques ultérieurs, qui feraient intervenir le droit et non pas le droit du plus fort, la résolution de la question d’une souveraineté sur des territoires pourtant juifs à l’origine qui sont ainsi restés, depuis, des territoires »disputés".

Face à des puissances misérablement faibles qui s’illusionnent de pouvoir massacrer les peuples alors qu’elles n’en ont pas moyens, la seule faiblesse d’Israël devenu l’un des états les plus puissants de la planète est sa réticence à user de la force, et même contre ceux qu’anime une ambition génocidaire et qui rêvent de l’anéantir. Imaginez hier, dans la conjoncture de l’actuel conflit, un Hamas disposant de toute la puissance de Tsahal. Que resterait-il, à l’heure qu’il est, de Jérusalem ouest et de Tel Aviv ? Ils auraient été rasés cette nuit même et il n’en resterait pas pierre sur pierre.

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