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Commentaire de pingveno

sur Les français ont TOEFL !


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pingveno 14 septembre 2009 13:16

@Bcordelier

Bien que je n’aprécie pas trop la manière dont certains ont détourné la discussion (mais vous n’y êtes pour rien) je vais quand même profiter de la présence d’un représentant de Kotava pour préciser ma position sur ce point.

"Le problème d’une langue a priori comme le Kotava est pour beaucoup d’avoir la démarche d’admettre de se situer au même niveau de base que n’importe quel quidam de cette planète, c’est à dire de se lancer dans une langue pour laquelle il n’a pas de répères culturels préalables. D’admettre qu’il est comme un Africain confronté au besoin d’apprendre une langue européenne, par exemple."

Je n’ai pas de problème à priori avec l’idée d’apprendre une langue de type non-européen. Je m’étais initié au hongrois avant d’aller dans le pays et sans prétendre pouvoir le parler je crois que si l’utilité m’en venait vraiment je pourrais apprendre cette langue en y prenant le temps. ça vaudrait aussi pour Kotava s’il était en position de devenir utile.

Toutefois, pour avoir lu votre grammaire, je l’ai trouvée assez compliquée, trop pour le but qu’elle s’est donnée. En fait par certains points elle me rappelle le hongrois (mais je ne reproche rien au hongrois qui est la langue d’un peuple, pas une langue à visée internationale). Par exemple je ne comprends pas en quoi l’euphonie vocalique (j’ai failli écrire harmonie vocalique tellement cette notion rappelle le hongrois alors qu’elle n’a rien à voir...) apporte quoi que ce soit par rapport au cas où on ne la respecterait pas. Mais si vous me montrez qu’elle permet de lever une ambiguïté par exemple, pourquoi pas. Ainsi beaucoup reprochent à l’espéranto d’avoir conservé l’accusatif, alors qu’aucun de ses sucesseurs (comme l’ido) n’ont pu le supprimer complètement étant donné que dans certains cas il se justifie pleinement. Et je trouve plus facile qu’une règle soit systématique plutôt que limitée à des exceptions que 80% des gens n’utiliseront jamais.

Autre exemple, la conjugaison des verbes. Si vous voulez une grammaire simple indépendemment de toute langue maternelle je ne vois que deux solutions :

- soit la même terminaison pour toutes les personnes, cas de l’espéranto

- soit une terminaison qui se confond avec le pronom personnel, cas du Volapük.

Le Kotava n’a choisi ni l’un ni l’autre ce qui oblige à apprendre d’un côté le pronom personnel et de l’autre les terminaisons verbales. Encore heureux que les temps et aspects soient exprimés par des adverbes ou des affixes... et là on retrouve une structure aglutinante, ce qui prouve qu’on peut toujours trouver des parentés avec une autre langue : qu’on le veuille ou non la neutralité totale vers laquelle Kotava veut tendre semble impossible. Quand ce n’est le vocabulaire c’est la grammaire, et après tout il n’y a presque pas de vocabulaire commun entre le turc et le hongrois, pourtant ce sont deux langues agglutinantes donc de la même famille.

"[...] Sinon, il y a des adaptations et des développements réguliers, ressentis par une majorité de locuteurs. [...] Mais qu’une langue construite évolue et ne soit pas figée dans le marbre comme d’autres est plutôt un aspect positif.« 

L’espéranto n’est pas »figé dans le marbre« , si c’est le sens de votre remarque. Nous sommes contre les réformes radicales et arbitraires, qui auront forcément des défenseurs et des opposants. En revanche il arrive, pour reprendre vos termes, des »développements réguliers ressentis par une majorité de locuteurs" : même si l’Académie est souvent réticente à les enregistrer, elle n’a qu’un rôle de recommendation et en pratique une évolution est acceptée par les locuteurs quand ils la comprennent sans qu’on ait besoin de leur expliquer. (pour ceux qui ne sont pas convaincus je pense par exemple aux formes en -intus, pas encore officialisées mais fréquemment utilisées surtout par les jeunes générations). Mais si l’Académie nous sort arbitrairement une nouvelle forme qu’on n’a jamais ni vu ni entendu, ça pourrait au contraire faire des vagues.


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