Monsieur Denis Robert,

Vous appartenez à ceux qui donnent au journalisme ses lettres de noblesse, et puisse-t-on dans les ESJ et IUT vous lire à loisir avant de suivre vos pas dans la voie du courage et de l’intégrité.

Nos démocraties ont-elles un avenir ? Cela fait plus de 20 ans que j’ai perdu mes illusions à ce sujet. Et ni les jurys citoyens, ni les conseils des ministres télévisés ne changeront, non pas mon opinion, mais mon analyse. Nous vivons dans une république bananière dominée par les financiers et autres groupes industriels auprès desquels nombre de politiques se pressent comme une meute affamée. Oui, la France est prête à se faire prendre, nous a révélé un Premier Ministre au sourire ravageur, au teint frais, au verbe haut.

Le cerveau habituellement lent des hommes politiques lorsqu’il s’agit de penser à l’avenir de leurs concitoyens, frétille soudain dès que la calculette affiche des nombres à six chiffres. Et c’est alors qu’ils saisissent de la grandeur le reflet de leur propre infamie.

L’argent a balayé les poussières d’une ancienne résistance, perdue dans les mémoires pailletiques nourries au lait de la StarAc, depuis qu’on ne célèbre plus le 6 juin comme la libération d’une occupation.

Résistance ou collaboration ? Chacun de nous est libre de choisir, comme l’ont fait nos aînés.

Que faire pour vous aider ? Vous lire encore et toujours. Signer votre pétition bien sûr. Faire de notre vigilance un rempart aux manœuvres dilatoires des puissances qui vous méprisent et nous trahissent.

Que faire pour aider la démocratie ? Que faire quand les citoyens sont prisonniers de leurs crédits ? Que faire quand les citoyens ont l’illusion d’assurer leurs vieux jours en confortant le capital de ces groupes qui assassinent la démocratie ? Que faire enfin lorsque la précarité est le lot commun de beaucoup d’entre eux, et s’annonce à la porte des autres ?

Des grèves ou des manifestations ? Peut-être.

Faire valoir le seul pouvoir qui nous reste, celui du consommateur ? Assurément.

J’imagine déjà les lecteurs d’Agoravox et les autres résilier leurs comptes auprès de ces banques, boycotter tous les groupes qui ne respectent pas un minimum d’éthique envers l’environnement, leurs salariés et les consommateurs.

Oui, j’imagine déjà les lecteurs expliquer qu’ils le font pour eux et pour leurs enfants, bref : pour la Démocratie.

Mais je rêve, n’est-ce pas ?