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Commentaire de J. GRAU

sur La culture occidentale est-elle moralement supérieure aux autres ?


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Jordi Grau J. GRAU 28 septembre 2008 22:49

A Foudreiden :

Si j’ai précisé "moralement" dans la question, c’est que la supériorité est claire dans certains domaines (au moins dans le domaine militaire, sans quoi la colonisation du monde par les Européens et les Américains n’auraient pas eu lieu). Pour les autres domaines, il faudrait être très nuancé et prudent. Vous donnez l’exemple de la médecine. Or, même dans ce domaine où la supériorité occidentale semble écrasante, il y a beaucoup de choses à dire. Nous abusons de médicaments (notamment en France), ce qui finit par nuire à notre santé. De manière générale, nous insistons trop sur la médecine curative, et très peu sur la médecine préventive : d’où une hygiène de vie mauvaise. Sur tous ces points, nous avons certainement des choses à apprendre d’autres cultures (chinoises, japonaises, indiennes, etc.). L’apprentissage ne devrait pas se faire dans un seul sens. 

A Franc

Je ne suis pas sûr qu’un enfant sache si bien que ça la différence entre le bien et le mal. Non éduqué, un petit enfant est comme un petit animal : il est en-deçà du bien et du mal. Innocent, mais sans conscience morale. Maintenant, dès que l’éducation intervient, les préjugés arrivent dans la conscience (et l’inconscient) de l’enfant. Et ces préjugés varient beaucoup selon les cultures. Dans notre culture bourgeoise, il est mal vu de ne pas travailler. Cela nous semble évident que l’oisiveté est un vice. Mais dans des cultures aristocratiques, c’est l’inverse : le travail est réservé aux gens du peuple (qui sont méprisés à cause de cela) et un aristocrate aurait mauvaise conscience à travailler. Autre exemple : il s’agit d’un roman de Mark Twain, où ce dernier s’est sans doute beaucoup inspiré de ce qu’il a vécu dans son enfance. Je veux parler des Aventures de Huckleberry Finn. Huckleberry, pour échapper à la violence de son père, construit un rideau et descend le Mississipi. En chemin, il rencontre un esclave en fuite qu’il connaît. Peu à peu, l’esclave et le jeune garçon blanc fraternisent. Cependant, comme Huckleberry Finn a été élevé dans l’idée que l’esclavage est chose normale, il se sent coupable d’être le complice d’un esclave en fuite. Il imagine même qu’il brûlera en enfer s’il ne dénonce pas son camarade. Bien sûr, il y a une part d’humour dans ce récit, mais cett mauvaise conscience paradoxale de Huckleberry s’explique sans peine dans le contexte du sud esclavagiste. Mark Twain a écrit par ailleurs qu’il a tardivement pris conscience de l’injustice de l’esclavage. Quand il était enfant, cette institution faisait partie de l’arrière-plan de la vie des gens du sud. Pour lui, c’était parfaitement normal. Les esclaves étaient quasiment invisibles à ses yeux. Il faut donc se méfier, je crois, des préjugés culturels : ils sont souvent ancrés depuis tellement longtemps en nous que nous imaginons naïvement que ce sont des évidences connues "naturellement".


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