La chose qui s’en rapproche le plus sont des
néo-ruraux venus à la terre par l’écolo-marxisme. Ceux-là ont
contracté la maladie auto-immune de l’enracinement
sans-frontiériste.
C’est le blut und boden national socialiste, mais
revu et corrigé par les zadistes.
C’est une reconstruction du cerveau sur la base de
théories marxistes hétérodoxes appliquées au monde rural.
Cette clique se coagule dans la Confédération
Paysanne. Au programme, anarcho-communisme agraire, aide aux migrants
et, c’est assez drôle, préservation nationale-socialiste des
éco-systèmes jusqu’au fascisme assumé.
Là aussi, ils se cachent en Bretagne, bien
qu’aucun, ou presque, ne soit breton. À Trémargat, dans les Côtes
d’Armor, un soviet s’est formé il y a des décennies déjà.
Bien que les habitants ne l’étalent pas
excessivement, c’est une base arrière de l’immigration
clandestine dans la région.
Tout ça est extraordinairement dogmatique. Les
races anciennes d’animaux qu’ils veulent préserver sont
généralement des fins de race. Elles sont si étroites
numériquement que les élever consiste à entretenir une ultra
consanguinité, plus grave encore que celle qui sévit en Algérie.
Cela produit des abeilles ou des poules totalement tarées,
objectivement finies selon les lois darwiniennes.
C’est là que le constructivisme de gauche joue à
fond : en fait de conservation, ils luttent contre les lois de la
sélection, quitte à sauver des choses catastrophiques. Mais
les écolo-marxistes, avec leur posture biologique
ultra-réactionnaire, y tiennent férocement.
Ils vous tueraient volontiers pour sauver une race
tarée d’abeilles qui essaime n’importe quand.
Quand on leur demande pourquoi ils veulent préserver
une race de poules ancienne, mais métisser l’humanité, ils
cessent de fonctionner.
Vous avez donc le choix entre le manager de la
FNSEA, esclave des financiers, et Cédric Herrou, esclave des
financiers.
Le type de base de la FNSEA se fout énormément de
ravager les éco-systèmes, parce que son monde est régi par le
nombre de chevaux de son tracteur. En ce sens, ils sont vraiment
paysans, parce qu’ils peuvent vous éclater des châtons à mains
nues simplement parce que ça les amuse.
Ils le font d’ailleurs.
Ils aiment aussi pousser l’exploitant voisin au
suicide pour récupérer ses terres et accélérer la concentration
turbo capitaliste des terres que leur dicte le cartel auquel ils
appartiennent.
C’est le véritable monde paysan, violent, cruel,
égoïste, hypocrite, calculateur, suicidaire, alcoolique. Ce sera
toujours ça, le vrai monde paysan.
De temps en temps, le paysan réel débarque dans la
réalité urbaine et les déracinés découvrent la brutalité
millénaire de ce monde.
Éventrer un sanglier choque ces gens, mais pas leur
consommation annuelle de viande.
N’importe quel paysan égorge son cochon.
Il ne bouffera pas ce qu’il produit pour la masse
des villes.
Cette violence naturelle jusqu’à la connerie,
inséparable de l’ADN paysan, pose problème aux narines sensibles
des urbains domestiqués.
Être en colère oui, se révolter non.
La masse urbaine qui manifeste par procuration, via
ses écrans, s’énerve : pourquoi ne pas filer le fruit du pillage
aux nègres entretenus par les « restos du coeur » ?
Rassurons-les : la France le fait déjà en Afrique.
Les agri-managers ne veulent pas quitter le système,
ils se plaignent des conséquences logiques du système auquel ils
appartiennent tout en voulant s’y intégrer encore plus totalement.
Un système soviétisé, mais libre-échangiste, qui considère les
agriculteurs exactement comme les agriculteurs considèrent leurs
bovins : de la viande à abattre pour une poignée de cash.
Parfois il en manque, parfois il y en a trop. Ce
n’est pas le marché qui fait la loi, mais la bureaucratie qui
décide de qui euthanasier, sur critères politiques.
L’agriculteur contemporain ne peut pas être
révolutionnaire car son horizon se borne aux limites de sa propriété
foncière. S’il fait son beurre, le monde peut s’effondrer autour
de lui et surtout, de préférence, sur le voisin dont il lorgne les
terres.
C’est son expérience catégorielle, il ne peut
pas la dépasser. Il ne bouge que lorsque l’éco-système
bureaucratique unique et centralisé auquel il appartient est en
difficulté et l’affecte personnellement, lui, sur sa terre.
Pour une révolution paysanne, il faut un peu plus
que 600,000 personnes pour un pays de 68 millions d’habitants –
soit moins de 1% du total. Le temps des révoltes paysannes
appartient au passé, quand ils représentaient une masse
considérable. Aujourd’hui, ils sont une nuisance de quelques
centaines de tracteurs, au mieux, devant une grosse préfecture.
Ils peuvent casser, voire tuer quelques flics, mais
pas rien renverser.
L’idée ne leur vient même pas.
C’est, au sens strict, une jacquerie.
Seuls, les paysans n’ont jamais été une force
révolutionnaire. Ils sont une force contestataire qui sert de
réservoir de violence au profit d’autres, aux visées plus larges.
Pour peu que l’on sache s’en servir.
Regardez un peu ça. Ils ne sont pas en reste de
blagues sur les fiottes, mais un euro reste un euro. Si le juif Attal
peut se faire mousser en libérateur des paysans insurgés, ils
seront très heureux de l’aider, moyennant une poignée d’écus.
Tout ceci pour dire que la conscience
révolutionnaire n’est pas subordonnée à l’heure à laquelle on
se lève le matin, même si ça peut y contribuer.
La constitution d’une conscience révolutionnaire
nécessite un effort identique à celui de l’athlète sur plan
radicalement différent. Livré à lui-même, le paysan ne peut, ni
veut rien de plus que lui-même. Sa violence est éruptive, subite,
feu de paille.
Il y a un ennoblissement au contact de la terre,
mais ce contact ne fait pas de l’homme un révolutionnaire. Au
mieux, un patriarche précautionneux, ce qui n’est certes pas si
mal dans l’environnement actuel.
Les agriculteurs sont énervés, ils veulent tout
péter.
C’est autre chose que les manifs contre la
retraite à 64 ans pilotées par les syndicats gauchistes.
Les contradictions internes d’une société sont
toujours utiles à analyser, surtout quand ce sont celles que nous
expérimentons. Le mouvement des agriculteurs est intéressant à cet
égard.
Le soutien de l’opinion au mouvement est sans
équivoque.
Il y a plusieurs raisons. La première, c’est que
la majorité des Français manifestent par procuration à travers
leur mouvement. La plupart des Français travaillent dans des PMI-PME
et sont donc, par leur expérience professionnelle, cantonnés à une
bulle indépendante des autres. Ils n’ont rien à dire aux salariés
de la boîte d’à côté, et encore moins à leur voisin.
Ils sont seuls.
Par leur expérience professionnelle, les paysans
sont certes des propriétaires terriens, pour la plupart, mais ils
sont versés dans des structures collectivisées, à commencer par
leur syndicat, la FNSEA, les coopératives capitalistes, etc..
Leur profession est trop bureaucratisée et étatisée
pour être comparée à des artisans ou des chefs d’entreprises
indépendants. Ils dépendent tellement des subventions publiques,
des chambres départementales d’agriculture et du reste, qu’ils
forment une sorte de fonction publique officieuse.
S’ils gueulent contre les réglementations, ils
savent également que les aides qui y sont liées conditionnent leur
survie. Vous ne verrez jamais un paysan demander moins d’aides,
uniquement moins de contraintes réglementaires en échange de cette
aide. Demander aux paysans de vouloir devenir indépendants est à
peu près aussi pertinent que de demander à un fonctionnaire de la
Poste de devenir auto-entrepreneur.
Le paysan que l’écrasante majorité des Français
a en tête n’a rien à voir avec l’agriculteur contemporain.
Celui-là est généralement passé par les lycées agricoles où le
cartel syndical, agro-alimentaire et bancaire, le forme à être un
technicien entièrement subordonné aux grands intérêts financiers
et rien d’autre.
S’il ne suit pas, il sera euthanasié par le
système soviéto-capitaliste qui supervise l’agriculture française
et européenne.
L’agriculteur de moins de 40 ans est davantage un
manager qu’un paysan. D’ailleurs, la FNSEA est tenue par les
producteurs de céréales de la Beauce, qui sont principalement des
managers de groupes agro-alimentaires et seulement, dans un second
temps, propriétaire d’une ferme ou plusieurs.
Syndicats, multinationales, banques, État, c’est
impossible de discerner. Il y a longtemps que tout cela est devenu
une seule et même chose.
Même la presse communiste dit des évidences à ce sujet.
Arnaud Rousseau
a un grand nombre de casquettes, ou plutôt de chemises. Si celle-ci
est à carreaux, il incarne l’agriculteur et le dirigeant
de la FNSEA, principal syndicat du secteur. Lorsqu’elle
est bleu pâle avec cravate en soie, on est face au grand
patron, habitué des assemblées générales d’actionnaires
et qui parle en millions d’euros.
Arnaud Rousseau est un homme
très occupé. On le retrouve administrateur ou dirigeant d’une
grosse quinzaine d’entreprises, de holdings et de fermes :
directeur de la multinationale Avril (Isio4, Lesieur, Matines, Puget,
etc.), administrateur de la holding du même nom, directeur général
de Biogaz du Multien, spécialisé dans la méthanisation,
administrateur de Saipol, leader français de la transformation de
graines en l’huile, président du conseil d’administration de
Sofiprotéol, qui finance des crédits aux agriculteurs. La liste est
longue.
Sur sa biographie officielle
du groupe Avril, il est dit qu’Arnaud Rousseau a « un parcours
atypique ». Pour un agriculteur, certes, beaucoup moins pour un
dirigeant, puisqu’il est diplômé de l’European Business
School de Paris et qu’il est passé un temps par le
courtage de matières premières agricoles, c’est-à-dire leur mise
en vente sur les marchés financiers.
Ces contradictions se
retrouvent dans ses prises de position. Il défend une agriculture
productiviste française pour nourrir les Français, mais consacre
ses champs à une production majoritairement destinée à
l’export. Il soutient les agriculteurs qui se plaignent de
l’augmentation des taxes sur le gazole non routier (GNR), mais
il a entériné cette hausse cet été, lors des
négociations avec le gouvernement sur le projet de loi de finances.
Avec ses homologues grands céréaliers, il est l’un
des principaux bénéficiaires de la PAC, quand les petits éleveurs,
ceux-là mêmes dont la colère déborde dans le Sud-Ouest, sont les
plus lésés. Ce sont deux classes d’agriculteurs bien
distinctes, aux intérêts antagonistes. C’est pourquoi il
ne peut répondre aux demandes des manifestants sur la hausse du GNR,
qu’il a validée, ni sur les marges des groupes
agroalimentaires, lui qui en dirige un. Alors,
Arnaud Rousseau a un bouc émissaire tout trouvé : l’Europe et ses
normes écologiques.
Ce que L’Humanité ne dira jamais, c’est que
tous les syndicats ont la fonction de la FNSEA : une bureaucratie
parasitaire qui est maintenue par l’oligarchie et l’État pour
tenir en respect la base.
C’est le job de la CGT dans d’autres professions.
La CGT parle d’ailleurs comme le MEDEF immigrationniste.
Les gauchistes n’aiment pas les agriculteurs parce
qu’ils ne sont pas sous leur contrôle, c’est aussi simple que
ça.
Par réflexe, les urbains de droite se disent que
les agriculteurs sont de leur bord. Les béotiens sont par exemple
choqués par ces histoires soviétiques de surveillance satellitaire.
Pour l’agriculteur du 21e siècle, ce n’est pas
de la surveillance, c’est de la toute-puissance technologique
simplement mal utilisée.
Vous vous payez un Iphone à 1,000 euros en pensant
épater les gonzesses, l’agriculteur se paye un tracteur au prix
d’une maison avec un système de navigation hyper sophistiqué pour
récolter du blé au centimètre près.
Il y a des fans de tunning et il y a des fans de tracteurs.
Les agriculteurs sont des fans de tracteurs, de
moissonneuses et d’engins énormes en général. S’endetter
énormément pour en acquérir est leur raison d’être.
Ils adorent bloquer les routes avec ces énormes
machines, surtout l’été.
Ils en collectionnent même des maquettes.
Ce n’est ni mal, ni bien, c’est un autre univers.
Le paysan de jadis qui vit dans la tête de l’urbain
de droite – ou de gauche – est aussi représentatif du monde
paysan actuel qu’un producteur de beuh peut l’être.
On en trouve. Un ou deux, dans l’Armorique
profonde. Les écolo-gauchistes des grandes villes en font des films,
avec des étoiles dans les yeux.