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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Rosa, que du Bonheur à Orsay !

Rosa, que du Bonheur à Orsay !

Rosa Bonheur (1822-1899) fait en ce moment un malheur au musée d’Orsay : il y a foule pour voir sa rétrospective qui, avant, était passée par Bordeaux, sa ville natale, l’idée étant de fêter le bicentenaire de sa naissance et de ne pas la cantonner à cette image réductrice de « peintre des vaches ». Puis, dans la foulée, il y a eu, le lundi 24 octobre dernier sur France 3, la diffusion en prime time du remarquable Secrets d’Histoire, proposé par Stéphane Bern, consacré à cette femme d’exception, tourné au château de By, près de Fontainebleau, que l’artiste avait pu s’offrir grâce notamment à la vente de l’une de ses premières toiles majeures, Le Marché aux chevaux, présenté en 1853 au Salon du Louvre. Alors, qui était Rosa Bonheur ? Certes, une peintre animalière du XIXe siècle (cf. photo 1 : portrait (détail) de Rosa Bonheur dans son atelier, 1893, par Georges Achille-Fould, 1893), mais pas seulement. Humainement aussi, elle détonne. Femme libre, elle faisait à peine 1m50, était solidement charpentée (on pense à Gertrude Stein en la voyant), portait le pantalon (ce qui était interdit aux femmes à l’époque, sauf si la préfecture de police accordait le port avec certificat médical à l’appui !), était indépendante financièrement, se passant aisément de la tutelle d’un homme d’autant plus qu’elle était homosexuelle (ce que bizarrement le doc semblait vouloir taire, dommage, parlant simplement - et hypocritement - d’amitié amoureuse) puis était une artiste écologique avant l’heure, vivant avec les animaux de la ferme et en compagnie des lions.

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« Rosa Bonheur dans son atelier », détail, 1893, par Georges Achille-Fould, huile sur toile, Bordeaux, musée des Beaux-Arts

À Orsay d’ailleurs, avec une Rosa tour à tour caressante et rugissante dans toutes les salles, via ses tableaux et dessins nous apparaissant très présents sur des cimaises de différentes couleurs, du bleu au brun terre en passant par l’aubergine salon et le vert sous-bois, ce n’est plus une expo, c'est un zoo ! Ceci est un compliment. Un zoo, ou ménagerie, n'est pas qu'un lieu de captivité (en gros, une prison, ainsi qu'un mouroir), c'est aussi un lieu de préservation des espèces animales (et bientôt de mémoire tant hélas elles disparaissent de plus en plus), et il faut voir combien la peintre - et sculptrice - Rosa Bonheur se délecte à représenter, pour une même espèce, les différentes races, les âges divers, les couleurs variées, étant à cheval entre picturalité et éthologie, sans jamais tomber dans l’anthropocentrisme ou dans un sentimentalisme gênant qui étaient pourtant monnaie courante à son époque.

Alors, on sort de cette expo en se disant qu'on aurait aimé la rencontrer, cette célèbre Rosa Bonheur, star en son temps (c’est une sorte de Sarah Bernhardt de la peinture qu'on redécouvre de plus en plus depuis quelques années), ainsi qu'un certain Buffalo Bill (qui lui offrira un costume indien !), qu'elle a portraituré lors de son passage à Paris via sa légendaire troupe du Wild West Show qui avait fait le déplacement pour participer à l'Exposition universelle de Paris.

Hormis le documentaire télé précédemment cité, il faudrait vraiment réaliser, selon moi, un film de fiction sur elle, il y a matière : sa défense de la cause animale, l'amour des bêtes, et pour ses deux compagnes, Nathalie Micas (1824-1889) et Anna Klumpke (1856-1942, peintre et biographe), le féminisme, la sororité, un mode de vie moderne avant l'heure : parvenir à s'imposer dans un monde d'hommes, art et vie confondus ; on a bien sûr en tête la fameuse phrase, affichée en fin de circuit sur un mur déroulant sa bio, prononcée par l'Impératrice Eugénie lorsqu'elle remit à Rosa, alors âgée de 43 ans, la Légion d'honneur – « Le génie n'a pas de sexe ». Ce long métrageun Tim Burton, par exemple, pourrait s'en charger ; en espérant toutefois qu'il fasse mieux que son pataud Dumbo ! Son titre ? Rosa et les Lions ! Ah zut, on me dit dans l'oreillette que c'est déjà (quasi) pris. Petit clin d'œil amusé de ma part au Roselyne et les Lions (1989) de feu Jean-Jacques Beineix. De toutes façons, Rosa est romanesque et puissamment inspirante, il y aurait plein d'autres titres à trouver.

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« Toutou, le bien aimé », 1885, Rosa Bonheur, huile sur panneau, 24 x 18.87 cm, Utrecht, Centraal Museum

En plus, ce qui ne gâche rien à l'affaire, Rosa Bonheur peint bien, certes sa facture est lisse avec tout de même quelques empâtements par endroits, tel que dans son admirable Labourage (1844, huile sur toile) où l’on peut y voir des épaisseurs picturales pour traduire la boue, nous la faire ressentir. Et sa touche, contemporaine de Courbet et de l’impressionnisme, peut se montrer, sans être révolutionnaire pour autant (elle garde en elle le goût de la tradition du bien fait, ne s’accordant que de temps en temps le charme du non finito), vive et alerte. En tout cas, l'émotion passe et, tout compte fait, n’est-ce pas le plus important ? On est amusé par son toutou kitsch (Toutou, le bien aimé, 1885, cf. photo 2), bien meilleur qu’un Jeff Koons !, on est attendri par ses deux lapins copains (Deux lapins, 1840), l’un timide et l’autre téméraire, on est séduit par la sensualité des croupes de ses chevaux blancs ou gris pommelés, on est scotché par un renard nous dévoilant ses yeux humides (Renard, non daté, 73 x 88 cm), on se fait muet devant son Chat sauvage (1850), comme pour ne pas déranger ce gros minou au repos en provenance de Stockholm, puis, on se fait tout petit devant ces animaux-rois, auxquels elle accorde souvent de grands formats, que sont le roi de la forêt (cf. photo 3), son grand cerf rayonnant, ou celui de la jungle, à savoir sa majesté le lion, dénommé El Cid, 1879, portrait nous venant tout droit du Prado à Madrid, pendant qu’un autre, non plus cette fois-ci de face mais de profil, est carrément, lui, issu de la collection royale d’un certain Charles III (cf. photo 5). Roar…

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« Le Roi de la forêt », 1878, Rosa Bonheur, huile sur toile, 244,8 x 175 cm, collection particulière

Dans bon nombre de toiles, Rosa Bonheur parvient, et c’est tout à son honneur, à peindre avec empathie ce qu'elle a réussi à figer dans le temps (les animaux, la nature - les hommes, eux, sont peu présents ou au second plan, sauf dans sa période Buffalo Bill, et encore elle préfère représenter une minorité, autrement dit les Indiens d’Amérique). Quant à son trait, il est assuré - ne disait-elle pas à ses élèves lorsqu'elle fut directrice d'une école gratuite pour jeunes filles à Paris ? : « Avant de prendre les pinceaux, assurez d'abord votre crayon, devenez fortes dans la science du dessin ». D'ailleurs, le jour de ma visite, plein d'enfants dessinaient dans le parcours, il faut savoir qu’à Orsay un parcours enfants et activités familles est judicieusement proposé aux visiteurs, ça rendait le moment joyeux, la représentation animalière fascinant petits et grands.

Certes, et pour en rester à son siècle, Rosa n’est pas la seule à se passionner pour les animaux, que l’on songe aux bronzes puissants, nerveux et racés signés Antoine-Louis Barye, aux chevaux ténébreux de Géricault ou encore aux fauves baroques et dansants de Delacroix, mais sa force à elle, au-delà de la simple représentation bidimensionnelle ou en ronde-bosse, est de nous faire partager pleinement son amour pour les bêtes, la nature et sa diversité, via une attention constante portée à la terre, à l'écorce et aux poils des animaux (d'ailleurs, on raconte même qu’elle avait fait venir de l’herbe des grandes plaines américaines pour peindre dans leur « jus » les bisons du spectacle de Buffalo Bill !) : cet amour, des plus contagieux, fait véritablement sa singularité, sa griffe serait-on tenté de dire, pour filer la métaphore animalière – par exemple, la salle de « portraits » des clébards, nous tombant dessus au détour d’une cimaise à Orsay avec, semble-t-il, un brin d’ironie, ne manque vraiment pas de chien, entre rires et larmes ! On rigole mais on est ému aussi, profondément.

Bref, à travers sa joie manifeste à peindre couplée à une célébration du vivant sous maintes formes et textures, tout en multipliant avec dextérité les détails réalistes pour viser l'exactitude illusionniste séduisante (et admirable), Rosa fait amplement notre... Bonheur (je sais, facile), méritant vraiment sa reconnaissance actuelle - en France, je dirais, car, dans les pays anglo-saxons, grâce notamment au soutien à ses débuts du marchand d’art belge Ernest Gambart orfèvre en marketing (il lancera par la suite moult tournées promotionnelles et produits dérivés dont une poupée produite en Amérique à l’effigie de l’artiste !), sa cote et sa notoriété se sont toujours maintenues -, alors ne boudons pas notre plaisir : rugissons de plaisir avec elle ainsi qu'avec ses/nos amis les animaux, sensibles et singuliers, présents ici en force, et tous plus vrais que nature, tels les attendus félins, cerfs, chevaux, vaches, bisons et canidés, mais également moutons noirs, chats sauvages, aigle blessé, boucs, faons, chevreuils, corbeaux, chèvres, brebis, ânes, taureaux, lapins, renards, isards et autres laies (liste non exhaustive). On est chez eux : avançant à pas feutrés, on les regarde autant qu'ils nous regardent, si loin, si proches. 

Seule ombre au tableau, mais de taille, en entrant ou en sortant de l’expo, tomber sur une installation d’art contemporain qui ne sert à rien : Venu d’ailleurs, 2022 (cf. photo 4), par Gloria Friedmann, plasticienne allemande actuelle, faite de terre, mousse, écorce et feuilles. Attention, tableau inerte au possible ! Les animaux pleins de vie de l’incroyable peintre animalière qu’est Rosa Bonheur n’ont absolument rien à craindre. Pourquoi donc sacrifier à cette mode de mettre de l’art contemporain dans un musée consacré au XIXe siècle ? Rosa Bonheur, avec sa peinture vériste très accrocheuse, par moments même quasi hyperréaliste, et ses avancées sociétales (être une femme libre dans une société corsetée toute imprégnée par le patriarcat), n’est-elle pas déjà, en soi, notre « contemporaine » ?

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« Venu d’ailleurs », 2022, Gloria Friedmann, terre, mousse, écorce, feuilles

Voilà bien une installation, in situ comme on dit, qui ne sert à rien, n’étant rien d’autre qu’un décor… ô combien passe-partout. Pas loin, avouons-le, de s’apparenter à une déco en vitrine d’un grand magasin parisien. Hommage à la peintre Rosa Bonheur, star au XIXe siècle mais oubliée en France au XXe siècle parce qu’accusée de mièvrerie, qui traduisait si bien les éléments naturels ? Eh bien, autant regarder de très près ses tableaux, dont son admirable grand cerf [Le Roi de la forêt, 1878, huile sur toile, 244,8 x 175 cm] posant en majesté dans le parcours, au beau milieu de la rétrospective, pour ressentir l’humus, le rugueux de l’écorce des bouleaux, le duveteux et les poils de l’animal (le pinceau épousant avec amour sa texture) et avoir comme les pieds dans les feuilles mortes : l’émotion passe au centuple devant, il impressionne littéralement, l’humain (le fait main et maison de l’artiste) fusionnant admirablement avec l’irréductible altérité de l’animal. Comme saisi dans un temps suspendu, on est troublés, voire subjugués, par lui, nous apparaissant telle une épiphanie.

Revenons-en au (mauvais) décor labellisé Friedmann, décorum factice pour nous dire que notre rapport à la nature est devenu de plus en plus artificiel, biaisé et distancié ? Pourquoi pas, le cerf semblant comme mort. Mais rien ne passe ici. Puis, dans ce cas-là (en suivant cette idée intéressante et contemporaine de jouer l’artifice, la nature morte de chez morte via la taxidermie, l’artefact), il fallait aller, selon moi, beaucoup plus loin en créant, par exemple, comme une serre, un biodôme, un diorama ou un aquarium, bref un espace dans l’espace, qui affirme et redouble l’impression de simulacre.

Bref, c’est une installation ratée, bête ?, ne disant rien d’autre que ce qu’elle est, à savoir une juxtaposition de trois gros objets sur un tapis de feuilles mortes. La seule petite trouvaille, et encore c’est une idée rebattue, étant de placer des formes géométriques (cercle, rectangle, triangle) qu’on ne retrouve pas comme on le sait, telles quelles, dans la nature, d’où le titre Venu d’ailleurs (qui parle aussi en parallèle peut-être du cerf, animal mystérieux extra-ordinaire avec ses bois poussant progressivement) - le cartel précisant d’ailleurs ce point-là : introduire du géométrique dans du naturel. Installation – soit dit en passant, un moyen d’expression que l’on peut définir comme un assemblage d’objets, de matériaux et d’appareils multimédias réalisant un arrangement dont la durée est, en général, éphémère - qui ne fonctionne d’ailleurs même pas vraiment en ce qui concerne la démonstration de cette idée éculée puisqu’on est ici de plain-pied non pas en pleine nature mais dans un musée où le langage des formes, via la main de l’homme et le cerveau humain, est varié, pouvant aller jusqu’aux formes géométriques, cf. Cézanne au 5ème étage, avec ses paysages et natures mortes très construits accompagnés par son fameux « Il faut traiter la nature par le cylindre, la sphère et le cône ».

Ainsi, tout ce dispositif plan-plan mis en place, ça fait un peu beaucoup de bazar pour au fond ne pas aller bien loin. Et s’il fallait absolument mettre du contemporain pour accompagner cette expo parce que cela attire et que c’est vendeur pour apparaître tendance, alors autant mettre des pièces de qualité, qui auraient vraiment pu faire écho à l’admirable Rosa Bonheur, tels un aigle à l’envers de l’après-guerre du néo-fauve Baselitz qui dialoguerait avec l’aigle blessé réalisé vers 1870 par la peintre, le bel homme-cerf couronné de fins branchages s’apprêtant à souffler dans son cor de chasse par Julien Salaud (Printemps (cerfaure), 2014) ou encore un très vivant jeune bovin mâle castré nous regardant droit dans les yeux, avant d’aller à l’abattoir, représenté par le peintre talentueux Thomas Lévy-Lasne formé aux Beaux-Arts de Paris ; cette huile sur toile Châtron, 2011, est d’ailleurs reproduite dans le catalogue sur Bonheur avec ces quelques mots forts inspirés de l’artiste, page 250 : « Rosa Bonheur vit au milieu des animaux, elle les hume, les caresse, les monte, les nourrit, les soigne, les aime et toute cette sensualité passe dans son regard, sa main savante et sur la surface du tableau. Notre regard, nourri de sa peinture, est alors lui aussi plus ancré : nous habitons mieux le monde. » Oui, c’est peu dire que cette expo Rosa Bonheur, nous ancrant dans le réel et sa diversité par le filtre de sa peinture léchée attentive au moindre détail, fait du bien.

Dernière chose, le cartel de l’installation inutile signée Fridemann précise, histoire certainement de nous convaincre : « (…) ce cerf majestueux, présent ici en terre, placé au beau milieu de l’installation et qui regarde le visiteur droit dans les yeux. Cet animal, emblème absolu de la forêt, symbolise la puissance et l’indépendance », dixit Gloria Friedmann. Euh, dans une forêt ou chez Rosa Bonheur, trois fois oui. Ici, que nenni : cerf des plus inertes et impersonnels. Installation nulle. Au secours ! Bref, Rosa 1 – Gloria 0. Hormis ce bémol, cette rétrospective Rosa, qui fait indiscutablement notre Bonheur tant elle est charmante, est vraiment formidable, à la fois pointue, poignante et populaire, je vous la conseille vivement !

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« El Cid, tête de lion », 1879, Rosa Bonheur, huile sur toile, 95 x 76 cm, Madrid, Museo Nacional del Prado

Rétrospective Rosa Bonheur (1822-2022, bicentenaire de sa naissance), jusqu'au 15 janvier 2023, musée d’Orsay, Paris, commissariat : Leïla Jarbouai, conservatrice en chef au musée d'Orsay, Paris, Sophie Barthélémy, directrice du musée des Beaux-Arts de Bordeaux, Sandra Buratti-Hasan, conservatrice, directrice-adjointe du musée des Beaux-Arts de Bordeaux. Avec la collaboration de Katherine Brault, présidente du château de Rosa Bonheur, assistée de Michel Pons, chargé de l'inventaire des archives du château de Rosa Bonheur, By-Thomery, photos V. De.


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5 réactions à cet article    


  • Montdragon Montdragon 10 novembre 2022 19:08

    Je crois que c’est sa faute.


    • L'apostilleur L’apostilleur 15 novembre 2022 09:27

      « ...Pourquoi donc sacrifier à cette mode de mettre de l’art contemporain dans un musée consacré au XIXe siècle ?... »

      Probablement sans le vouloir, l’exposition a repris cet usage des personnes disgracieuses qui se promenaient avec des animaux très laids pour paraître plus belles.



      • L'apostilleur L’apostilleur 15 novembre 2022 09:41

        @L’apostilleur
        ... Le musée Soulages a disposé une statue sumérienne au milieu d’une pièce voulant nous éveiller à la recherche de l’artiste, avec les éclats de lumière sur le texte cunéiforme gravé dans le granit noir.

        Ici le résultat fut inverse, les œuvres souffraient de la présence de l’admirable sculpture.

        Le mélange des genres n’est pas toujours souhaitable. 


      • Vincent Delaury Vincent Delaury 15 novembre 2022 17:16

        @L’apostilleur « Le mélange des genres n’est pas toujours souhaitable. » Eh oui, ça ne marche pas à tous les coups. Merci pour ce retour. smiley 


      • L'apostilleur L’apostilleur 16 novembre 2022 08:58

        @Vincent Delaury
        Votre très réussi panégyrique aurait pu laisser une place à la perfection des lapins que je placerais au-dessus du bestiaire. 

        Avis de néophyte à qui il a semblé qu’ils avaient été peints par quelqu’un d’autre...

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