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L’innovation ne se décrète pas, elle se cultive

Surmonter la crise, relancer l’économie et améliorer la balance commerciale de la France (67 milliards d’euros de déficit en 2012) devrait figurer dans les objectifs de tous gouvernements afin d’améliorer la situation de l’emploi.

Dans les entreprises de certains pays tels que l’Allemagne, la Finlande, la Chine, le Japon et la Corée du sud, le partage de la valeur entre les dirigeants, les actionnaires et les salariés est plus équitable que chez nous. Les inventeurs notamment, source de l’innovation technologique, reçoivent une rémunération supplémentaire en relation avec le succès commercial de leur invention. Cette reconnaissance a pour effet de stimuler fortement la créativité, donc le succès commercial des entreprises. Résultat, par exemple, pour l’Allemagne : un excédent de la balance commerciale en 2012 de 188 milliards d’Euros.

L’office européen des brevets a publié ses chiffres 2012. Dans le classement par pays des brevets déposés, les Etats-Unis arrivent en tête (24,6%), suivis du Japon (20,1%), de l'Allemagne (13,3%), de la Chine (7,3%) et de la Corée (5,6%). Les pays européens les plus dynamiques derrière l'Allemagne sont la France (4,7%), la Suisse (3,2%), le Royaume-Uni (2,6%) et les Pays-Bas (2,5%).Parmi les dix premières sociétés figurent quatre entreprises européennes, quatre asiatiques et deux américaines. Siemens et de BASF. Robert Bosch (6e) et Ericsson (9e) sont autant d'entreprises européennes qui figurent parmi les dix premiers demandeurs de brevet. Avec ZTE, une société chinoise a intégré pour la première fois ce classement, passant de la 43e à la 10e place. Aucune entreprise française dans les 10 premiers du classement. Si on regarde le classement des brevets délivrés, on constate que l’Asie hors japon reste encore loin des nations occidentales mais leur progression est fulgurante à l’image de leur nombre de dépôt. Au lieu de se réjouir de la progression des dépôts l’OEB devrait s’inquiéter de la régression de l’Europe.

On note que dans les cinq premiers déposants 4 possèdent un système « juste » de rémunération des inventeurs salariés. Bien sur, leur succès n’est pas uniquement lié à cette disposition mais elle dénote une volonté et une clairvoyance qui fait cruellement défaut à la France qui clairement se dirige vers une relégation en deuxième division. Sans une motivation des acteurs humains, les mesures de structure n’auront aucun effet. Sans grands joueurs, on a jamais de grandes équipes, quelque soit les infrastructures mises en place.

Anne Lauvergeon va présider la commission Innovation 2030 avec une mission à priori claire : dénicher et aider les innovateurs français de demain et favoriser des entreprises porteuses « d'innovation de rupture » qui se développeront en France d'ici à 2030.

La commission est composée d’un philosophe (Michel Serres), une spationaute (Claudie Haigneré), des physiciens (Mathias Fink et Jean-Claude Lehman), des économistes (Philippe Aghion, Jean Pisani-Ferry), des entrepreneurs (François Bourdoncle, Didier Lombard), et même un journaliste (Jean-Louis Caffier).

On note avec plaisir la présence de l’inventeur chercheur Mathias Fink mais aussi comme c’est d’ailleurs une triste habitude aucun inventeur issue du privé. Si les multiples rapports soulignent le manque d’implication du privé pour la recherche alors que c’est la clef du redressement industriel de la France, on constate que les gouvernements successifs oublient simplement de demander l’avis de ceux qui représentent 90% des brevets déposés en France.

Cette commission pense dénicher un Apple en France, c'est confondant de naïveté. Comme si l'innovation se décrétait sans se soucier de l'environnement qui la favorise. Apple qui a surtout repris les idées d'autres en les vendant bien a montré l’exemple de la synergie entre un inventeur surtout visionnaire et un système de financement et de reconnaissance efficace. Mais là aussi si la vision start-up est extrêmement importante, pour dénicher la pépite encore faut-il qu’elle existe. C’est plus sur le processus de création et de développement de ces sociétés qu’il faut travailler et en partenariat avec les créateurs.

Il ne faut pas non plus se voiler la face, le renouveau de l’innovation en France passe aussi par les grosses et moyennes entreprises, par un management avec une vision de l’innovation à moyen et long termes, par la fin d’un système hiérarchique d’un autre temps et son remplacement par un vrai management collaboratif. La reconnaissance et la récompense à une juste niveau de chacun à travers ses réalisations est la clef du succès.

Le temps des hauts fonctionnaires ou équivalents nommés pour diriger une entreprise avec une vision de rentabilité financière court-terme est révolu. On se rappelle la fameuse société sans usine d’un dirigeant d’Alcatel, on voit le résultat en comparaison de son équivalent Allemand de l’époque Siemens.

Une fois de plus regardons ce qui se passe en Allemagne, la majorité des dirigeants ont comme on dit en France plus de 20 années de maison et savent que la recherche et l’innovation se développent sur un terreau adapté. L’innovation ne se met en place que dans un écosystème collaboratif ou les inventeurs et les ingénieurs sont au centre d’un cercle vertueux de créativité.

Une commission qui cherche à cueillir un fruit que l’on n’a pas cultivé cela a peu de chance de succès.

Le Président de l'AIS,

Prix Chereau-Lavet 2008

Jean-Florent CAMPION

 

 

A.I.S

Association des Inventeurs Salariés

19 Rue Gustave Rey

92250 La garenne-Colombes


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11 réactions à cet article    


  • samuel 24 avril 2013 15:46

    L’Apple français existe déjà. Il s’appelle Archos !

    Archos a tout inventé avant Apple (mobilité, ergonomie) sauf une chose : le marketing.


    • interlibre 24 avril 2013 16:31

      Intéressant et je préfère grandement ce genre de comparaison avec l’Allemagne qui me parle beaucoup plus que le vomi idéologique libéral (les chômeurs et les pauvres coûtent trop cher, le smic créé plus de chômeurs...) qu’on entends tout les jours à la TV quand il s’agit de comparer la France et l’Allemagne.


      • JFCAMPION JFCAMPION 25 avril 2013 10:02

        il y a surement à faire des choses pour la compétitivité mais c’est une grande illusion de croire que c’est le coeur de la difference avec l’allemagne voire l’italie sur la reussite de notre industrie


      • Franckledrapeaurouge Franckledrapeaurouge 24 avril 2013 16:36

        Bonjour Mr Campion,


        Décidément nos politiques n’anticipe absolument rien, 

        et ne comprennent pas grand chose au monde de l’entreprise.

        La RD sont les emplois de demain, et devrez être la priorité

        dans la distribution des aides de l’état au entreprises.

        Attention quand même, car quand ont sait par exemple

        Que les banques profitent du crédit impôt recherche pour

        financer leur recherche dans le trading haute fréquence,

         il y a de quoi devenir dingue.

        Il faut effectivement mettre en place le terreau propice

        à la création dans l’entreprise, mais nous devons aussi

        Le repartir intelligemment sur notre territoire.

        Ne pas diluer les aides de l’état en de multiple projets 

        Qui n’aboutirons pas a grand choses.

        Il faut découper la France en quatre grande région et étudier 

        Sérieusement les secteurs de recherche à y développer, en fonction des

        Compétence présente, mais aussi des biotopes.

        Faire du développement pour notre marché intérieur, et il y a 

        non seulement des marchés en attente, « exemple l’isolation des bâtiment »

        et réellement de très nombreux emploi à la clef.

        Mais aussi sur les marchés extérieurs.....

         bref, nos politiciens ont des choix à faire, des orientations à prendre, 

        En sont -ils capable ? Sont-ils prêt à dire non à l’Europe, et au créancier, 

        à qui nous avons déjà versé des centaines de milliard d’intérêt, 

        Pour pouvoir relancer notre pays dans la compétition économique mondiale ?

        Sont-il prêt à travailler pour que nos enfants 

        aient droit à un développement économique, propre et respectueux de l’homme,

        de la nature qui nous nourris et étanche notre soif ?

        Je ne crois pas, en tout cas votre excellent article, nous rappels que dans 

        Ce domaine si important pour l’économie d’un pays, la RD, 

        Là aussi, ils sont incompétent.

        Cordialement

        Franck






        • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 24 avril 2013 18:22

          Comment imaginer une seconde, qu’une commission quelconque, aurait plus de pertinence, de clairvoyance, de vision à long terme, que des entrepreneurs privés.

          Une fois encore, de l’argent va être gaspillé. Pris dans les secteurs efficaces (ce sont ceux qui rapportent le plus) pour le distribuer à des entrepreneurs dont le premier mérite, aura été de bien savoir présenter un dossier de demande de subvention !

          Tout politique ne voit qu’à l’échéance de son mandat. Contrairement à un chef d’entreprise pour qui c’est le projet d’une vie.

          La meilleure façon de relancer l’économie, c’est de baisser drastiquement les impôts pour libérer du pouvoir d’achat et du capital, et de faire en sorte que les actions d’entreprises rapportent plus que des placements monétaires ou des obligations d’état.


          • robin 25 avril 2013 10:51

            L’innovation souffre surtout de l’omniprésence des lobbies qui peuvent verrouiller à leurs aises toutes idées qui fait de l’ombre à leur bussiness.

            Exemple parmi tant d’autres : j’organise des conférences pour l’un des rares spécialistes français de la fusion froide : Jean Paul Bibérian et les moyens qu’on lui donne (ou plutôt qu’on ne lui donne pas) sont une honte pour un pays pour la France


            • Le péripate Le péripate 25 avril 2013 11:18

              En juillet 1994, Gérard Théry, ingénieur général des télécommunications que beaucoup considèrent comme le père du Minitel, remet son rapport sur les autoroutes de l’information [1] à Édouard Balladur. Dans l’esprit de cet éminent expert cela ne fait aucun doute : le futur réseau devra s’inspirer de l’architecture centralisée du réseau Teletel et c’est aux pouvoirs publics qu’incombent la lourde responsabilité de planifier son développement et d’inciter les acteurs publics et privés – à commencer par France Télécom – à investir massivement dans cette technologie d’avenir. Quant à Internet, la conclusion de Gérard Théry est sans appel : ses limites, écrit-il, « démontrent ainsi qu’il ne saurait, dans le long terme, constituer à lui tout seul, le réseau d’autoroutes mondial. » C’était en 1994 ; vous connaissez la suite.

              Lorsque celles et ceux qui ont moins de trente ans aujourd’hui lisent ce monument de colbertisme technocratique, ils commettent en général l’erreur de croire que son auteur était un vieil imbécile incompétent. Rien ne saurait être plus faux. En 1994, Gérard Théry était, de l’avis de tous, l’un des plus éminents spécialistes français du secteur des télécommunications et vous auriez eu toutes les peines du monde à trouver plus compétent que lui. Mais le fait est que M. Théry, malgré son indiscutable compétence technique et un curriculum vitae long comme le bras, était au homme de chair et de sang qui, comme vous et moi, ne pouvait pas prédire l’avenir.

              Lien vers l’article complet.


              • zelectron zelectron 25 avril 2013 11:21

                Le terreau de l’innovation est truffé de socialo-communisme bien pensant, comment voulez vous faire pousser quoique ce soit dans ces conditions ?
                Les organismes concernés (et ils sont plusieurs centaines) rien qu’en frais de fonctionnement dépassent l’entendement, les crédits sont épuisés ainsi que l’intellect des membres des Oseo et actuelle et futures BPI
                les associations d’inventeurs (plus qu’isolés) ont un mal fou à propulser un ou deux projets/an jusqu’à la réussite sur le marché.


                • L'enfoiré L’enfoiré 25 avril 2013 19:15

                  « Des idées, des innovations, des solutions sont les seules valeurs qui resteront après avoir dénoncer les erreurs. on confond souvent l’invention avec l’innovation.

                  Le prix Nobel de médecine en 1937, Albert Szent-Györgyi disait qu’il y a deux types de recherches.
                  La recherche fondamentale qu’il qualifiait de »dyonisiaque« et la recherche appliquée, définie comme »apollonienne« .
                  Dyonisos, associé au bon vin mais aussi, à la recherche de l’inconnu, avait des visions sans en connaître la destination, soutenues uniquement par l’enthousiasme, l’imagination et la démesure.
                  Apollon, associé au dieu du soleil, ami avec la raison, aimait les sollicitations objectivées et récompensées.
                  Et si Apollon avait rendez-vous avec Dyonisos pour aller boire un coup ensemble, est-ce qu’ils continueraient à innover ?
                  L’innovation est la transition de l’invention. Elle a besoin de sponsors pour démarrer et espère des royalties en retour. Elle est devenue chère à rechercher à décupler son potentiel. », écrivais-je.


                • ecolittoral ecolittoral 25 avril 2013 23:01

                  « un brevet déposé ». Qui a les moyens financiers de déposer un brevet à l’international ?

                  - Si le dépôt de brevet était gratuit (ou payable en fonction de la réussite),
                  - Si l’inventeur et son machin (prototype) étaient épaulés par des professionnels de la production et de la commercialisation, la France serait dans le peloton de tête !!!

                  La réussite des Japonais au début des années 80 ? 
                  Un dirigeant, quelques ingénieurs, quelques techniciens et, pour ne pas pondre un mouton à 5 pattes, quelques ouvriers spécialisés et commerciaux.
                  Résultat un, deux voire trois ans de développement MAIS un produit fini, de qualité et adapté aux marchés.

                  En France, ON ne se mélange pas. Parce qu’ON ne travaille pas aux mêmes étages !!!
                  Résultats ! Pourquoi se casser le c... à innover, améliorer, inventer....ou même proposer ?

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