Le Père Fouettard, un stéréotype raciste ? L’ONU enquête. N’a-t-elle rien d’autre à faire ?
La très sérieuse commission du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme enquête actuellement sur un sujet qui pourrait prêter à sourire mais qui est pourtant pris très au sérieux. Selon elle, le Père Fouettard, qui accompagne traditionnellement Saint Nicolas, pourrait avoir un caractère potentiellement raciste. L’affaire prend les proportions d’une véritable polémique aux Pays-Bas ou et en Belgique, pays particulièrement attachés à la célébration de la Saint Nicolas.
Le Père Fouettard, un stéréotype raciste ?
Le Père Fouettard, « Zwarte Piet » (« Pierre noir ») en néerlandais, dont la première apparition remonterait au milieu du XIXe siècle, a le visage peint en noir et il est très souvent coiffé d’une perruque afro. Il dispense des coups de fouet aux enfants qui n’ont pas été sages ou les emmène dans un sac de toile de jute. En Belgique francophone, il est considéré comme un personnage sympathique. Ses détracteurs, qui sont de plus en plus nombreux ces dernières années, considèrent qu’il s’agit d’un stéréotype raciste.
Saint Nicolas a été évêque de Myre, une ville d’Asie mineure, au IVe siècle. Selon la légende, il aurait ressuscité trois enfants qui avaient été tués, découpés en petits morceaux et mis au saloir par un boucher particulièrement cruel, sept ans auparavant. Considéré comme l’ancêtre du Père Noël, il distribue cadeaux ou friandises aux enfants. La Saint Nicolas est fêtée, le 6 décembre, aux Pays-Bas, en Belgique, au nord et au nord-est de la France et dans plusieurs autres pays européens (pour ceux de tradition orthodoxe, la fête est célébrée le 19 décembre).
Le courrier rédigé par les enquêteurs de l’organisme onusien chargé des droits de l’homme et adressé aux autorités néerlandaises - car c’est aux Pays-Bas que la tradition est la plus vivace, au point que Saint Nicolas a beaucoup plus d’importance que le Père Noël - a fait l’effet d’une véritable bombe : « Selon les informations que nous avons reçues, l'image du Pierre noir perpétue une vision stéréotypée du peuple africain et des personnes d'origine africaine qui apparaissent comme des citoyens de seconde zone ». Il leur demande également de « bien vouloir indiquer dans quelle mesure votre gouvernement a impliqué la société néerlandaise, y compris les Africains, dans les discussions sur le choix de Saint Nicolas et de « Zwarte Piet » comme symbole culturel dans ce pays ».
La semaine dernière, à Amsterdam, des dizaines de plaintes contre le Père Fouettard ont été enregistrées. Elles réclament l’annulation du festival qui doit se dérouler dans la capitale néerlandaise à l’occasion de la Saint Nicolas. Le maire devrait statuer au début du mois de novembre.
Selon les défenseurs du Père Fouettard, sa couleur noire proviendrait de la suie qui le couvre après avoir pénétré par la cheminée pour y déposer cadeaux et friandises. Pour d’autres, le nom « Père Fouettard » ou « Zwarte Piet » est loin d’être africain. Il n’en aurait pas la consonance. Certains proposent même de classer cette tradition au patrimoine culturel immatériel de l’Humanité, ce qui serait une très bonne chose pour que les générations futures puissent la préserver.
L'ONU déconnectée de la réalité et éloignée de sa mission première
Pour ma part, étant originaire du nord de la France, j’ai des souvenirs d’enfance émerveillés de cette fête populaire, magique et féérique. J’ai toujours pensé que la couleur du père Fouettard était causée par les sacs de charbon qu’il pouvait porter et amener aux enfants qui n’avaient pas été sages. C'est la version que mon entourage familiale m'avait donnée. Même adulte, je n’ai jamais fait le moindre rapprochement avec une personne d’origine africaine et encore moins à une allusion raciste, offensant pour le peuple africain. Pourtant, j'ai le racisme en horreur, comme toute autre forme de discrimination. Il faut avoir déjà assisté à la parade de Saint Nicolas pour s’en rendre compte réellement. C'est que je conseille de faire aux enquêteurs onusiens, grassement payés, plutôt que de rester terrés dans leurs somptueux bureaux où ils semblent déconnectés de la réalité.
L’ONU n’a-t-elle vraiment rien d’autre à faire que de s’attaquer à une tradition qui fait la joie des enfants - et même des plus grands - et dont personne n’a jamais relevé le moindre caractère raciste, pendant des décennies ? Il y a pourtant d’autres sujets bien plus importants sur lesquels elle pourrait se pencher : les violations des droits de l’homme en Syrie ou en Corée du Nord, ainsi que dans de nombreux autres pays dont la liste serait bien trop longue. Ce n’est pas le travail qui manque pourtant.
En 1960, le général de Gaulle avait qualifié l’ONU de « machin », pour critiquer son inefficacité. Son devoir n’est-il pas de mettre en pratique la « responsabilité de protéger » les populations vulnérables ? Mais enquêter, le plus sérieusement du monde, sur un personnage de folklore, je ne sais pas si je dois en rire ou en pleurer...
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