Le gouvernement Villepin a pour ultime priorité l’emploi, paraît-il. Bon, effectivement ces derniers jours ont plutôt été accaparés par le rétablissement de l’ordre... Mais dans les faits, qu’en est- il ? Je ne peux évidemment pas généraliser à partir de ma seule expérience personnelle, mais je ne peux pas non plus m’empêcher de penser que ce qui se passe pour moi doit aussi se passer pour d’autres, non ? Voire pour beaucoup d’autres...
Je ne suis plus indemnisé par les ASSEDIC depuis le 6 mars 2005. J’avais travaillé en CDD de six mois, renouvelé une fois sur la période juillet 2003/juillet 2004, ce qui m’ouvrait droit à 6 mois d’indemnisation, qui ont donc été épuisés en mars. J’ai depuis été rappelé par la même entreprise pour compenser la baisse d’effectifs de la période de congés juillet/août 2005, en CDD de deux mois, mais ça ne m’a ouvert aucun droit nouveau (il faut 6 mois d’activité pour avoir droit à 3 mois d’indemnisation). Cependant, je ne me suis jamais désinscrit des listes de l’ANPE depuis juillet 2004, et j’ai continué à remplir ma déclaration mensuelle sans interruption. Je suis donc bel et bien inscrit à l’ANPE en tant que demandeur d’emploi. Mais, à mon grand étonnement (euh... pas trop grand quand même), de la part de l’ANPE, c’est silence radio.
Il est vrai que les mesures de ce gouvernement au sujet de l’ANPE
et des ASSEDIC ont été axées sur les chômeurs de longue durée. Ils
s’étaient donc engagés à convoquer en entretien tous les chômeurs de
longue durée. Apparemment, je n’en suis pas. Bientôt dix-huit mois, ça
ne doit pas faire assez... Ils s’étaient aussi engagés à convoquer les
bénéficiaires des ASS et du RMI. Ayant une compagne qui a un emploi
suffisant pour que je ne rentre pas dans ces catégories, qui sont
soumises au plafond de ressources du foyer, je n’en suis donc pas.
Paradoxalement, si j’avais fait de fausses déclarations, en me
déclarant seul, j’aurais bénéficié soit de l’ASS (le plus probable) soit
du RMI (en dernier lieu). J’aurais alors été certainement convoqué en
entretien et un(e) conseiller(e) aurait pris en charge mon dossier.
C’est donc à dire que si j’avais fraudé, j’aurais bénéficié des
nouvelles mesures ou directives données par le gouvernement. Ça donne quand même à réfléchir...
Ne coûtant rien à l’État ni aux contribuables, je ne fais donc pas partie de ceux dont il faut s’occuper, ni en priorité ni tout court. C’est quand même l’impression que ça donne, non ? Je tiens ici à préciser que je me suis rendu à l’ANPE de moi-même plusieurs fois, et qu’il m’a été vaguement répondu qu’on ne pouvait rien faire pour moi... Ils savent donc bien que j’existe.
Lors de la création de l’association, La e-Cité, j’ai aussi demandé des renseignements concernant les dispositions qui me permettraient de me salarier. J’ai bien obtenu un rendez-vous à mon domicile, mais effectivement, pour me salarier, il faudrait que l’association bénéficie de subventions, ce qui n’est pas le cas, ou d’un afflux massif d’adhérents pour couvrir la partie non exonérée de mon salaire.
Au total, j’essaie de m’impliquer dans la vie sociale, je travaille
quasiment tout mon temps à la technique nécessaire à la réussite de
celle-ci, mais comme il s’agit d’une association et non d’une entreprise,
je ne suis aidé par personne... Si je n’avais cette obstination qui me
caractérise, et le soutien inconditionnel de ma compagne, j’avoue que ce
serait tout de même quelque peu démoralisant. Pour les pouvoirs publics,
je ne touche rien, donc je n’existe pas.
Ah si... J’ai tout de même payé mes impôts sur le revenu de l’année
dernière (décalage normal en France), alors que je suis privé de tout
revenu... J’avais oublié les impôts... Ah ben ! ça console un peu quand même,
de voir qu’on existe toujours pour l’État...