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Accueil du site > Actualités > Société > Quelques éléments pour comprendre la démographie

Quelques éléments pour comprendre la démographie

La démographie est l’étude quantitative de l’évolution des populations humaines, mais ses méthodes peuvent aussi être appliquées à d’autres espèces. C’est une science complexe qui fait appel aux mathématiques supérieures (calcul des probabilités, calcul intégral) d’où le rejet qu’elle suscite à beaucoup d’entre nous. Peut-on, sans être un mathématicien avancé, en tirer la « substantifique moelle » ? Ce sera la tentative de ce billet.

La notion la plus simple à comprendre est celle de la croissance d’une population. Si :

 - P0 est l’effectif de la population au temps T0

 - P1 est l’effectif de la population au temps T1

 - N le nombre de naissances entre T0 et T1

 - D le nombre (Nb) de décès entre T0 et T1

 - SM le solde migratoire (Nb d’immigrés moins Nb d’émigrés entre T0 et T1)

On a :     P1-P0 = N-D +SM

Si T1-T0 = 1 an, la croissance annuelle de la population française par exemple est facilement calculable puisque l’on peut connaître chaque année, à partir des relevés des états civils : le nombre de naissances N, le nombre de décès D ; et que immigration et émigration SM font aussi l’objet de documents de contrôle. Cette croissance devrait être publiée chaque année par les médias en détaillant le nombre de naissances, de décès, le nombre d’immigrés et d’émigrés ; malheureusement le nombre réel d’immigrés n’est pas connu car une immigration incontrôlée existe et ne peut figurer dans les chiffres.

Mesurer la croissance de la population ne suffit pas ; il faut encore connaître son effectif et sa structure par âge et par sexe ; ceci fait l’objet des recensements. Autrefois les recensements étaient faits périodiquement (tous les 10 ans) sur toute la France par l’INSEE. Depuis 2004 les recensements sont faits par les communes : tous les 5 ans pour les communes de moins de 10 000 habitants, par échantillonnage pour les communes de plus de 10 000 habitants. Il se fait en janvier et février de sorte qu’en fin d’année la commune disposera des données du recensement et de celles de l’état civil. Le regroupement des données fourni par les communes permet de connaître la population totale de la France au moment du recensement mais aussi d’établir la pyramide d’âges de la population, c’est-à-dire le graphique qui détaille le nombre d’hommes et de femmes pour chaque classe d’âge de la vie ou cohorte : 0,1, 2, etc. (âges compris de 0 à 1 an, de 1 à 2 ans, de 2 à 3 ans, etc.)

Enfin, en combinant les données du recensement de l’année A à celles du nombre de naissances et de décès par classe d’âge relevés à la fin de l’année, on peut calculer pour chaque classe d’âge c et chaque sexe :

- Le taux de mortalité :

MAc = Nb de morts de la classe d’âge c / Nb d’individus au recensement de cette classe

- le taux de survie :

SAc = Nb de survivants de la classe d’âge c / Nb d’individus au recensement de cette classe 

- le taux de fécondité pour le sexe féminin :

 BAf = Nb de naissances de la classe d’âge f de procréation / Nb de femmes de cette classe d’âge.

Les taux SAc et BAf sont intéressants pour les démographes car ils permettent de calculer (dans le cas ou leur variation reste faible au cours du temps) l’évolution de la population masculine et féminine les années qui suivent le recensement.

l’indicateur conjoncturel de fécondité est la somme des taux de fécondité BAf par classe d’âge des femmes en âge de procréer de l’année A (de 15 à 50 ans). Il est égal, en 2024, à 1,8 nettement inférieur au taux 2,1 considéré comme le taux de stabilité d’une population (intuitivement un couple pour être remplacé doit avoir 2 enfants, mais il nait moins de filles (0,976) que de garçons (1,024), pour que toutes les mères en âge de procréer soient remplacées il faut un indicateur conjoncturel de fécondité supérieur à 2 soit 2,1 ; alors la population ne décroitra pas). Dès maintenant la population française diminuerait si ce n’était une compensation due à une espérance de vie très élevée donc un vieillissement de la population et une forte immigration.

La connaissance de la population réelle de notre pays souffre de deux lacunes : la méconnaissance de l’immigration incontrôlée et l’estimation par échantillonnage au recensement des communes de plus de 10 000 habitants.


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18 réactions à cet article    


  • Brutus S. Lampion 9 mars 15:08

    Le problème de la décroissance démographique, c’est qu’une baisse de la population dans les conditions actuelles de réglementation, ne permettrait plus d’assurer le financement des retraites qui dépend du nombre d’actifs et de l’activité économique. Mais cet argument n’est valable que pour les pays reposant sur un système de retraite par répartition, et pas pour ceux permettant une retraite par capitalisation.

    Bizarrement, les partisans de la décroissance économique liée à leurs soucis écologiques sont opposés au malthusianisme et à la décroissance sur le plan démographique. Pour eux, le problème n’est pas le nombre des hommes mais le mode de vie occidental, sauf que les habitants des pays du Sud aspirent à un mode de vie meilleur qui sera lui aussi plus consommateur de ressources, quel que soit le modèle politico-économique en place.

    C’est d’autant plus bizarre qu’on nous rebat les oreilles avec l’idée que la « crise écologique » serait due à la pression démographique, ne serait-ce que pour l’alimentation (sols mis en culture alors qu’ils sont fragiles, destruction des écosystèmes et perte de biodiversité afférente) et pour la question de l’accès à l’eau douce.

    Allez vous y retrouver dans ces estocades entre experts !!!


    • lecoindubonsens lecoindubonsens 9 mars 16:17

      @S. Lampion "Allez vous y retrouver dans ces estocades entre experts« 
      OK avec vos remarques
      sauf le début
       »Le problème de la décroissance démographique, c’est qu’une baisse de la population dans les conditions actuelles de réglementation, ne permettrait plus d’assurer le financement des retraites qui dépend du nombre d’actifs et de l’activité économique. Mais cet argument n’est valable que pour les pays reposant sur un système de retraite par répartition, et pas pour ceux permettant une retraite par capitalisation."
      qui me semble une grosse erreur.

      Peu importe le régime comptable de retraite par répartition, ou par capitalisation.

      Peu importe croissance ou décroissance démographique (si elle n’est pas trop brutale), la seule question a se poser est
      « le nombre d’actifs, en capacité de produire (dans des conditions »raisonnables« ) est-il suffisant ou pas pour produire tout ce qui est nécessaire pour 68M de consommateurs »

      Actuellement, 24 Millions de productifs (sur 30M en capacité de le faire) pour 68M de consommateurs.
      Nous avons donc une marge de 25%. Rien d’alarmant si baisse progressive de la population.
      Arrêtons de nous faire peur pour rien.
      Et ni l’immigration, ni le développement de la natalité ne sont nécessaires si les français déjà sur place veulent bien travailler (ne serait-ce que 35h / semaine et 40 ans)


    • Brutus S. Lampion 9 mars 17:53

      @lecoindubonsens

      surtout en développant mécanisation et automatismes de toutes sortes
      sauf qu’une décroissance démographique risque de se traduire par une baisse des taux de profits, ce qui n’est pas du goût de tout le monde (même si ce « tout le monde », c’est en fait peu de gens)


    • lecoindubonsens lecoindubonsens 10 mars 12:29

      @S. Lampion
      Vous avez réussi a avoir 16 « 1* » en 16 votes, impressionnant, smiley
      Et pourtant n’est-il pas raisonnable de penser (comme nous si je comprends bien)

      • qu’une croissance permanente de la population n’est pas indispensable au bonheur de chacun
      • que mécanisation et automatisation sont des moyens de progrès (produire autant avec moins d’effort humain) à condition bien sûr de les utiliser avec bon sens (c’est ce point qui fait parfois défaut)
      • que les gains (profits) doivent être équitablement partagés (ce qui ne veut pas dire partagés à égalité), et non pas un combat permanent entre quelques privilégiés et une masse d’exploités.

      Si 16/16 = 100% des citoyens sont contre cela, c’est à désespérer du genre humain smiley


    • Clocel Clocel 9 mars 16:09

      Où sont les coïts dans tout ça !?

      Pendant que le nord se branle, le sud s’accouple...

      Devinez qui va l’avoir dans le fion ?


      • Tolzan Tolzan 9 mars 20:11

        Tolzan -> @Clocel

        Bonne analyse, mais globalement, le système restera pérenne !!!!!!!!!!!

        L’idée fondamentale est qu’un flux migratoire planétaire du Sud vers le Nord remplace les populations du Nord (qui ne se reproduisent plus assez vite vu leurs conditions de vie, vu leur aliénation par la concurrence permanente acharnée imposée dans le travail) par des migrants du Sud… qui subiront à leur tour le même sort.

        C’est cela le monde ultime unipolaire que prépare la mondialisation, monde contrôlé par le capitalisme financier international, et qui se cache derrière la formule : liberté totale de circulation pour les marchandises, les capitaux et les humains.
        C’est tHE GREAT RESET.


      • JPCiron JPCiron 9 mars 21:19

        @Tolzan
        Bonjour,
        liberté totale de circulation pour les marchandises, les capitaux et les humains.>
        Eb fait, ça, c’était le monde d’hier.
        Aujourd’hui, on peut dire
        <liberté totalede circulation pour les marchandises et les capitaux.>
        Car l’humain est devenu un ingrédient du Système :
        https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/homo-ingredientus-211345


      • Tolzan Tolzan 10 mars 10:21

        @JPCiron
        Bonjour JPCiron,

        Il me semble que nos analyses sont complémentaires. Vous avez écrit : "On peut effectivement dire que l’homme est en grande partie devenu un INGRÉDIENT du système économique qui l’alimente : il ne peut individuellement s’extraire du système sans s’exclure socialement".

        Je pense comme vous. Vous décrivez là le sort individuel au Nord dans l’Occident capitaliste et hyperindustrialisé. L’individu est un ingrédient consommé par le système qui l’exploite, le détruit et l’empêche même d’avoir une descendance, ce qui explique en partie la faible natalité du Nord.

        Mais ne faut-il pas alimenter cette consommation humaine ?

        D’où la nécessité d’une grande migration planétaire du Sud (qui restera sous-développé car il faut des réserves à bas coût) vers le Nord et qui sera consommée comme indiqué ce dessus. Est-ce que nos analyses diffèrent beaucoup ?

        Bonne journée


      • charlyposte charlyposte 10 mars 12:38

        @JPCiron
        Un satellite vient de me Twitter : touche pas à mon orbite ! hum.


      • charlyposte charlyposte 10 mars 12:45

        @Clocel
        Certains disent que c’est tout bénef pour l’esclavage et pour foutre le bordel en motivant à donf l’industrie de l’armement ! no comment smiley


      • JPCiron JPCiron 10 mars 18:40

        @Tolzan

        l’Occident capitaliste et hyperindustrialisé >
        ne peut fonctionner qu’avec la consommation
        où que soient localisés les ingrédients du système.

        La structure pyramidale des revenus du capitalisme devient de plus en plus ’’pointue’’ vers le haut. C’était prévu depuis longtemps. Ce qui garantit un réservoir relativement bon marché à domicile. Mais il y a moins cher ailleurs, d’où la ’’nécessaire’’ mondialisation des échanges pour les ingrédient de mantière première vivante ou inanimée, pour alimenter le système.

        Mais plus les difficultés sociales s’accumulent chez nous, plus il faudra trouver des boucs émissaires (extérieurs et intérieurs), et le business de la guerre permettra au système de durer encore un peu plus longtemps.
        Mais c’est un cul-de-sac écologique, économique et sociétal. Cela a été décrit voici presque un siècle. Mais on ne peut pas le voir car la foi en le système habite nos ’’élites’’ intellectuellement corrompues.

        Bien sûr, la misère et la guerre pousseront l’immigration vers l’occident.

        Le capitalisme moderne est ’’fils’’ (sous-produit) de nos croyances religieuses : confiance dans une ’’gestion’’ supérieure en qui l’on peut croire aveuglément et dont nous sommes les mains agissantes. Etant du côté du Bien nous avons mission de l’imposer partout, et de lutter contre les tenants du Mal qui ne se sont pas soumis à nos idées.
        Tout cela se terminera mal pour tout le monde.


      • Qu’est-ce que l’espérance de vie ? Comment la calcule-t-on ?

        L’avenir n’étant pas connu, le concept, ou à minima son nom, semble fumeux lorsqu’il concerne le temps présent. Calculer l’espérance de vie (au sens propre) des enfants nés en 1900 est faisable à la fiabilité des données près. Calculer celle de ceux nés en 2023 est impossible aujourd’hui.


        • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 10 mars 09:17

          @Giordano Bruno - Non vacciné
           
          il ne faut pas confondre statistiques et probabilités, je suppose que vous le savez bien.
           
           L’espérance de vie est un concept qui intéresse principalement les actuaires.


        • Montdragon Montdragon 10 mars 09:49

          IVG constitutionnalisé / Baisse dramatique de la natalité = en même temps


          • charlyposte charlyposte 10 mars 12:36

            La question sera : qui seront les nouveaux consommateurs en 2050 ???


            • Rinbeau Rinbeau 10 mars 15:42

              Epaule contre épaule, nous tiendrions dans les limites de Los Angeles.

              Le problème c’est qu’absolument tout, humain compris est une valeur monétaire..


              • L'apostilleur L’apostilleur 11 mars 10:04

                @Rinbeau
                Pour Régis Debray, 
                « les salariés ne sont plus un espoir de croissance mais un manque à gagner pour les actionnaires »


              • L'apostilleur L’apostilleur 11 mars 09:11

                @ l’auteur 

                « ..La connaissance de la population réelle de notre pays souffre de deux lacunes .. »

                ... plus une, nos démographes font une présentation partisane de leurs chiffres. 

                Exemple : "« ... 7 millions d’immigrés vivent aujourd’hui en France, soit environ 10,3 % de la population, contre 4,5 millions en 2000 »

                pour le démographe la seconde génération n’est plus immigrée 13% (8,5 millions) ; soit 24% de la population française.

                Il n’a pas produit de chiffres pour ceux des générations précédentes (1970/2000).

                 

                Malgré ces chiffres le démographe minimisera l’immigration dans sa présentation mais finira par avouer au Collège de France :

                 « ... en France l’accumulation des flux migratoires finit par produire un changement massif... qui finit par modifier les origines de la population ».

                https://onenpensequoi.over-blog.com/2023/10/immigration-le-grand-deni-un-salutaire-rappel-a-la-realite-avant-la-loi.html

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