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Accueil du site > Actualités > Société > Le message de l’amer

Le message de l’amer

Une bouteille dans un Océan d'indifférence.

Comme un appel au secours à moins que ce ne soit une vaine et désespérée quête de sens, le blogueur trempe sa plume dans un Océan d'indifférence pour rédiger à l'encre sympathique, un message qui ira se fracasser contre les vagues de la toile. Écrire en français, user d'un lexique qui ne se satisfait point du minimum syndical, employer des tournures et des temps passés de mode, c'est courir le risque d'indifférer ceux qui ont fait don de leur cerveau à la vacuité des temps.

C'est pourtant là nécessaire condition afin de ne pas se plier au dictat de la médiocrité, à l'injonction de la futilité, à l'imposition du vide et du futile. Les réseaux sociaux ne peuvent se contenter d'être le réceptacle de la publicité, de la manipulation de masse dans un océan de fadaises égocentriques. Relevé le gant de la consistance, en appeler à l'effort et la considération, réclamer un peu de temps et de réflexion est certes d'une incomparable prétention mais plus encore, une volonté de ne pas accepter le lent et inexorable naufrage de la langue française.

C'est ainsi qu'il convient de toujours tancer les prétentieux sans culture qui ne cessent de remplacer les mots de chez nous par des termes ronflants et férocement modernes, qui usent jusqu'à l'insupportable des émoticônes, supplétifs commodes pour qui ne sait plus exprimer une opinion, qui pataugent dans les truismes et les âneries à la vogue, qui passent leur temps à partager ce qu'ils sont incapables d'écrire.

La communication ne doit jamais se satisfaire de ces raccourcis qui s'autorisent désormais à mutiler les mots, à galvauder les phrases, à réduite la syntaxe à une bouillie informe. Il appartient aux derniers gardiens de ce trésor qui fut jadis notre langue, de ne cesser jamais de lui conserver son lustre en acceptant le risque de n'être point lu par les lobotomisés du monde cybernétique.

Quatre mille caractères à déchiffrer, des vocables qui exigent parfois d'ouvrir un dictionnaire, des phrases qui s'étirent en langueur, semant de ci, de là, des signes de ponctuation autre que le point d'exclamation, voilà menu indigeste et bien trop roboratif pour l'humain fiché sur son portable à longueur de journée.

C'est pourtant là la provocation suprême pour un communicant obsolète s'offrant paradoxalement le luxe de renoncer au livre. Affronter l'ennemi sur son propre terrain peut sembler aussi suicidaire que vain, c'est malgré tout un acte chevaleresque, donquichottesque même pour se lancer à l'assaut des éoliennes et autres moulins à paroles creuses.

Écrire chaque jour, envoyer dans le plus creux de l'immense vague des propos qui ne surferont jamais sur le sommet de ce flot impétueux, dépourvu dorénavant de la moindre volonté de construire un argumentaire, de structurer un développement, d’échafauder des raisonnements. Face au vide, dresser une patiente tapisserie de signes que certains peuvent encore déchiffrer. Pour combien de temps encore ?

Il se peut que cela soit de plus en plus inutile, ne reçoive nul écho ni main tendue. Ce n'est pas une raison pour renoncer à cette exigence intime, à remplir chaque jour des lignes que je glisserai inlassablement dans une bouteille jetée à la rivière pour qu'elle rejoigne le vaste océan. Prétention d'une incommensurable fatuité revendiquée et poussée jusqu'à la provocation à laquelle j'entends ne jamais déroger tant que j'aurai un souffle de vie.

Ajouter des fariboles, des contes, des sons de ceux que l'on ne donne jamais aux ânes, et vous aurez le tableau le plus absurde d'un amer qui ne se mouche jamais du nez et n'ira jamais se moucher dans le magazine PIF. Tel un hussard noir de la République, pourfendre jusqu'à ce qu'il faille me censurer le modèle de société qu'entend installer celui qui dirige les rênes d'une nation dont il espère le naufrage et la ruine.

À contre-maux.


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13 réactions à cet article    


  • nofutur 1er juillet 2023 14:58

    Bonjour NABUM,

    Je vous rejoint dans votre combat. Malheureusement je fais de nombreuses fautes que j’essaye néanmoins de corriger. Combien de fois je corrige la construction des textes de mon épouse qui a tendance à écrire en morse. Pour moi la langue française, est plutôt une musique riche de milles nuances tant à l’oral qu’à l’écrit. Je suis dans les réseaux dits sociaux, et j’avoue que la plupart du temps, cela m’arrache les yeux.Pour ne pas vexer je préfère les fermer. Les anglicismes m’insupporte au plus haut point surtout quand j’entends ces mots prononcés par de soi disant journalistes.

    Même si souvent je ne réagit pas, soyez rassuré je vous lit régulièrement et suis en accord avec vous.

    Surtout bonne continuation.


    • C'est Nabum C’est Nabum 1er juillet 2023 22:17

      @nofutur

      Merci du fond du cœur

      Pour écrire en morse faut-il avoir les dents longues ?


    • juluch juluch 1er juillet 2023 15:33

      la novlangue ou zorglangue chère à Zorglub....lol !!


      • C'est Nabum C’est Nabum 1er juillet 2023 22:17

        @juluch

        Tout ce qui va vers le bas est mis en avant


      • Xenozoid Xenozoid 1er juillet 2023 15:35

        surtout ne ronflez pas



        • C'est Nabum C’est Nabum 1er juillet 2023 22:18

          @Xenozoid

          Sifflez la fin de la partie


        • mosel 1er juillet 2023 18:14

          A metz borny ils ont brule la médiathèque une boulangerie un aldi et autres voitures un macdo a WOIPPY.Surtout pas d’amalgame.


          • C'est Nabum C’est Nabum 1er juillet 2023 22:18

            @mosel

            L’amas gagne


          • exocet exocet 3 juillet 2023 14:37

            @C’est Nabum
            c’est l’écorce


          • C'est Nabum C’est Nabum 3 juillet 2023 15:28

            @exocet

            Alors c’est grave docteur


          • JPCiron JPCiron 2 juillet 2023 18:56

            Il se peut que cela soit de plus en plus inutile >

            Tant que les messages passent, c’est que c’est apprécié du public cible...

            .

            ...qui les lit comme on déguste une crème glacée, en silence...

            ... égoïstement, je le concède.

            Mais c’est toujours un échange, un enrichissement mutuel.


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