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La pénurie annoncée des pédiatres

Le Citoyen vous faisait part il y a peu des perspectives de reconversion qui s’annonçaient dans les hôpitaux, notamment à la suite du rapport du Pr. Guy Vallancien au sujet des services de chirurgie dont l’activité se situe en dessous des seuils de qualité (2000 actes par an). Aujourd’hui, c’est la situation des pédiatres qui mérite notre attention.

En effet, selon le Conseil national de la pédiatrie (regroupant sept organisations de pédiatres, dont l’Association française de pédiatrie ambulatoire - AFPA, le Syndicat national des pédiatres français - SNPF, et la Société française de pédiatrie - SFP) les projections démographiques annoncent le départ en retraite d’ici 2017 d’environ 1300 pédiatres, sur les 2650 actuellement en exercice en France. Or, la Commission nationale des études en médecine a décidé de maintenir à 196 le nombre de pédiatres en formation en 2006-2007.

Le nombre de pédiatres formés actuellement semble donc, de toute évidence, trop faible pour pouvoir assurer le renouvellement des générations - l’âge moyen des pédiatres est à ce jour de 52 ans et ½ - et compenser par ailleurs l’impact de la féminisation de la profession (82% du diplôme d’études spécialisées en 2005), avec l’augmentation du travail à temps partiel.

Il est à noter que la France se situe parmi les derniers pays européens en matière de densité de pédiatres, avec un pédiatre pour 5300 enfants, contre un pédiatre pour 800 enfants en Italie.

Dans ce contexte, il est légitime de se demander comment la France pourra encore maintenir des ambitions telles qu’affichées dans le cadre du Plan périnatalité 2005-2007 et échapper à la fermeture inéluctable de maternités. Or les études récentes montrent, selon le Conseil national de la pédiatrie, qu’une prise en charge des enfants par des pédiatres entraîne une baisse de la mortalité infantile et une amélioration de l’état de santé, conduisant de ce fait à une diminution des dépenses de santé. On nage en plein paradoxe... alors même que le gouvernement affiche clairement sa volonté de réduire les dépenses de santé et dispose de principes généreux qu’il bafoue lui-même, puisque les schémas régionaux d’organisation sanitaire disposent que « les enfants et les adolescents ont vocation, chaque fois que cela est possible, par un médecin spécialiste de l’enfant ... ». Mais il est vrai que l’on a pris la peine de préciser « chaque fois que cela est possible ». Dans le même temps, l’assureur les AGF invente la « Sécu » de luxe par laquelle les gens les plus fortunés - et le terme est faible - pourront, moyennant la bagatelle d’une cotisation de 12 000 €, se payer - y a-t-il d’autres mots ? - les meilleurs spécialistes !

Il est à craindre que la France ne se dirige tout droit vers un système de santé complètement dénaturé de sa vocation universelle. En effet, si l’on ne doit pas avoir d’inquiétude pour les enfants de Neuilly - et il y en a certainement de très bien - qui auront accès aux soins adéquats, qu’en sera-t-il des enfants de Sarcelles ?


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3 réactions à cet article    


  • (---.---.67.118) 14 avril 2006 09:00

    Merci au citoyen pour sa vigilance


    • Michael (---.---.132.2) 14 avril 2006 21:07

      Médecin généraliste en fin de formation et ayant fait deux stages dans un cabinet , à 20-30km de tout spécialiste, je pense que la pédiatrie a finalement été victime de son succès. Il n’y aucun intérêt à aller voir un pédiatre pour une rhino, une gastro, des vaccins ,, une angine, un certificat et j’en passe. Là où sa compétence dépasse celle du médecin généraliste, ce sont les véritables problèmes pédiatriques : les cassures de courbes de croissance, les retards psychomoteurs, les douleurs abdo chroniques etc... Et malheureusement la plupart du temps, les RDV sont à un mois de la demande, si ce n’est plus. Tout ça à cause d’un parasitage par toutes les infections « banales » (même si rien n’est finalement banal en médecine), qui thrombosent littéralement les consultations pédiatriques... Après est venu, le temps de compter et on s’est bien rendu compte qu’un bon paquet de médecins généralistes étaient tout à fait compétents pour la pédiatrie (dans une certaine mesure). Je pense qu’il faut garder absolument les pédiatres, mais en nombre plus réduits et que leur activité relève réellement de leurs compétences de spécialites. Celles dont nous avons besoin, nous médecins généralistes.

      Au delà de cet article, c’est toute la médecine qui se trouve en péril et si le nombre de pédiatres périclite, celles de l’ensemble de la médecin également. Et le marasme non annoncé mais en cours de formation, à cause du départ en retraites des milliers de médecins généralistes, - soit disant inutiles -, va certainement mettre en exergue leur utilité et leur côté indispensable au bon fonctionnement du système de santé. Les jours sont sombres et il va y avoir un déficit énorme vers 2010-2015. Et je parlerais même pas du pourcentage dérisoire de médecins généralistes fraichement diplômés qui pour diverses raisons, n’envisagent même plus de s’installer... Trop de charges, trop d’heures, trop de violence verbale, trop de foutage de gueule, trop peu de reconnaissance, trop de.... Trop c’est trop. Et j’oublie la féminisation de la médecin libérale et hospitalière, qui a beaucoup d’avantages, mais une femme est une mère. Et toute mère veut voir son fils grandir... c’est normal. Mais la population est elle prête à comprendre qu’un médecin, homme ou femme, est un être humain, et pas un esclave ?


      • Citoyen (---.---.74.213) 14 avril 2006 21:19

        je suis plutôt d’accord avec vous sur le fait que la vraie compétence d’un pédiatre porte sur sa spécialité et qu’« Il n’y aucun intérêt à aller voir un pédiatre pour une rhino, une gastro, des vaccins, une angine, »... seulement ce discours la plupart des gens ne l’entendent pas. Concernant l’avenir de la santé en générale, le problème de la dette cumulée de l’assurance maladie pèse tellement sur les finances publiques que l’avenir risque effectivement d’être morose pour nos générations et celles qui viennent Bien à vous en tous cas et bon courage pour l’exercice ...

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