Mahomet et islam : une étonnante histoire, troisième partie
Non, je n’ai jamais participé à une grande bataille, sauf dans mes récits d’Alésia ou d’Ohod. Mes souvenirs militaires se résument à la découverte d’un autre monde que le mien. Dans les montagnes du Rif, un djebel de désert de pierres parsemé de quelques mechtas préhistoriques où vivaient quelques familles pauvres certes mais apparemment heureuses, peut-être parce que la civilisation ne les avait pas encore touchées. Quelques étonnantes villes d’apparence moyen-âgeuses où la terre des alentours semblait spiritualisée par l’appel à la prière que les muezzin se renvoyaient de minaret à minaret, comme en France au temps de l’angélus. Et puis, dans le ciel apparemment serein de l’Algérie, une succession de coups de tonnerre ; des mères éplorées qui témoignent de l’absurdité de la guerre ; un harki qu’on enterre, la nuit tombée, en l’accompagnant de quelques pauvres paroles et d’une poignée de terre que l’on jette dans la tombe.
Qu’elles sont loin, les trop belles images des bibles illustrées de mon enfance ! Abraham faisant paître pacifiquement les troupeaux que Dieu lui avait confiés ; Moïse, le bâton de pèlerin à la main, partant en sauveur à la reconquête de la terre promise ! Bien sûr que je n’ai jamais cru qu’une terre pouvait être promise, mais ce qui m’effare aujourd’hui est que j’aurais pu y croire.
Au retour d’une de ses expéditions du nord, Mahomet aurait interdit de prononcer l’ancien nom de Médine « Celui qui appelle al-Madina Yathrib, qu’il en demande pardon à Dieu ; c’est Tâbah ! c’est Tâbah ! » Cette localité inconnue, ne serait-ce pas Thamna, au pied de Macheronte. Mahomet aurait-il retrouvé le tombeau de Josué… ou l’arche d’alliance de Moïse ? La cherchait-il ? On mesure le choc que cette découverte aurait pu provoquer dans le monde juif et chrétien du Proche-Orient et l’exploitation psychologique que Mahomet aurait pu en faire.
Comment se fait-il, par ailleurs, que Mahomet ait possédé un terrain à Hébron ainsi qu’à Bethléem ? Préparait-il déjà la future reconquête des lieux saints, comme Moïse l’a fait pour reprendre possession de la terre que Dieu avait promise à Abraham et à sa descendance ? Et comme Omar le fera ? En fait, il s’agit là d’une classique stratégie de conquête sur fond de guerres de religion comme l’Occident en a connues.
Cette stratégie se trouve résumée dans une déclaration de Mahomet conservée dans une chronique arménienne : « Aimez seulement le Dieu d’Abraham. Allez vous emparer de votre territoire que Dieu a donné à votre père Abraham, et personne ne pourra vous résister dans le combat, car Dieu est avec vous. »
Où se trouve ce pays inconnu ? Admettons qu’Abraham et Isaac aient parcouru vingt à vingt-cinq kilomètres le premier jour, la même distance le deuxième jour, et qu’ils soient arrivés en vue de la montagne le troisième jour après une étape matinale de dix à quinze kilomètres, soit une distance totale comprise entre cinquante et soixante-cinq kilomètres. Traçons autour de Bersabée - qui était alors la position qu’il occupait - deux cercles ayant pour rayon ces deux distances, et cherchons une hauteur digne de Dieu à proximité de ces deux circonférences. Cette montagne ne pouvant être du côté de l’ennemi philistin, c’est du côté de la mer Morte, vers ce paysage tourmenté par la présence de Dieu, qu’il faut aller la chercher. La montagne du sacrifice d’Isaac, ce ne peut être que Massada !
Arrivé au pied de la montagne, Abraham leva les yeux et dit à ses serviteurs : « Restez où vous êtes. Quant à moi, je vais avec mon fils sur le lieu du sacrifice suprême, sur ce lieu même où Dieu m’a donné rendez-vous pour me mettre à l’épreuve. »
Abraham monta en haut de la montagne haute. En premier lieu, il dressa l’autel du Seigneur. Or, c’était une vieille coutume que d’arroser du sang d’un agneau immolé la première pierre d’un édifice religieux… et militaire, avant d’en commencer la construction. Abraham étendit son fils unique sur l’autel et il sortit son couteau pour l’égorger.
A ce moment précis, un ange (venu d’Egypte, autrement dit : un messager) appela Abraham pour lui retenir son bras et lui dit : « Abraham ! Abraham ! le Seigneur (d’Egypte) est au courant de tes malheurs. Il sait que tu as dû rendre aux Philistins une grande partie de tes recrues, et peut-être t’es-tu imaginé que ce qu’il t’avait permis de faire en Egypte, il ne te le permettait plus. Bien que ses troupes se soient considérablement réduites en nombre, ne tue pas Isaac, ton fils unique, ton conseil chéri. Ne détruis pas cette assemblée de jeunes prêtres que tu avais pris soin de bien former pour continuer ton œuvre civilisatrice, car ce qu’ils ont perdu (des soldats), ils vont bientôt le retrouver. »
Alors, Abraham releva son fils, et dans le lointain, tous deux aperçurent les vieilles cités du pays sémite.
Lorsqu’ils furent de retour à Bersabée, on annonça à Abraham que Milka, veuve de son frère Hâran, avait engendré à son autre frère Nahor une nombreuse descendance, importante source de recrutement pour l’armée affaiblie d’Abraham, future Rebecca, future épouse d’Isaac.
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