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Accueil du site > Actualités > Politique > Référendum à Athènes !

Référendum à Athènes !

Cette nuit, Alexis Tsipras, premier ministre grec, a fait la déclaration suivante. Nul doute qu'elle fera date dans l'histoire de la construction européenne !

La déclaration de Tsipras traduite par Dimitris Alexakis :

« Depuis 6 mois, le gouvernement hellénique se bat dans des conditions d’asphyxie financière inouïes pour mettre en œuvre le mandat que vous lui avez confié à l’issue des élections du 25 janvier.

Un mandat qui nous enjoint de négocier avec nos partenaires pour mettre fin à l’austérité et faire en sorte que notre pays renoue avec la prospérité et la justice sociale ; pour parvenir à un accord viable, respectueux de la démocratie comme des règles européennes communes, et qui permettra à la Grèce de sortir définitivement de la crise.

Tout au long de cette période de négociations, on nous a demandé d’appliquer les mémorandums qu’avaient signés les gouvernements précédents ― mémorandums que le peuple grec a pourtant catégoriquement rejetés lors des dernières élections.

Mais nous n’avons pas un seul instant envisagé de céder.

De trahir ― autrement dit ― votre confiance.

Après cinq mois de dures négociations, nos partenaires ont malheureusement abouti, lors de l’Eurogroupe d’avant-hier, à une proposition en forme d’ultimatum, un ultimatum adressé à la démocratie grecque et au peuple hellénique.

Un ultimatum qui contrevient aux principes fondateurs et aux valeurs fondamentales de l’Europe, de la construction européenne commune.

On a demandé au gouvernement grec d’accepter une proposition qui fait peser de nouvelles charges insoutenables sur le peuple, qui sape le rétablissement de la société et le redémarrage de l’économie en perpétuant l’incertitude et en aggravant encore davantage les inégalités sociales.

La proposition des Institutions comprend des mesures conduisant à un dérèglement accru du marché du travail, des coupes dans les retraites, de nouvelles réductions de salaires dans le secteur public ainsi qu’une augmentation de la TVA sur les aliments, l’hôtellerie et le tourisme, avec suppression parallèle des allègements pour la Grèce insulaire.

Ces propositions, qui portent directement atteinte aux acquis sociaux européens et aux droits fondamentaux ― droit au travail, à l’égalité et à la dignité ―, prouvent que certains de nos partenaires et que certaines des Institutions n’ont pas pour objectif de parvenir à un accord viable, également profitable à toutes les parties, mais d’humilier un peuple entier.

Ces propositions démontrent l’insistance mise ― en particulier par le Fonds Monétaire International ― sur une politique d’austérité extrême, de caractère punitif.

Il est donc plus nécessaire que jamais que les forces aujourd’hui à la tête de l’Europe se hissent à la hauteur des circonstances et prennent des initiatives qui mettront fin à la crise de la dette publique grecque, une crise qui affecte d’autres pays européens et menace le futur même de l’intégration européenne.

Grecques et Grecs,

Nous sommes aujourd’hui porteurs d’une responsabilité historique à l’égard des luttes menées et des sacrifices consentis par le peuple grec pour la protection de la démocratie et de notre souveraineté nationale ; c’est notre responsabilité envers l’avenir de notre pays.

Cette responsabilité nous oblige à répondre à cet ultimatum en nous fondant sur la volonté souveraine du peuple grec.

Au Conseil des Ministres qui vient de se tenir, j’ai solennellement proposé l’organisation d’un référendum afin que le peuple grec puisse se prononcer souverainement.

Cette proposition a été adoptée à l’unanimité.

Demain, l’Assemblée nationale se réunira en séance plénière extraordinaire afin d’entériner la proposition du Conseil des ministres en vue de la tenue, le dimanche 5 juillet, d’un référendum à la faveur duquel les citoyens seront appelés à dire s’ils acceptent ou refusent la proposition faite par les Institutions.

J’ai déjà informé de ma décision le Président de la République hellénique mais aussi, par téléphone, le Président de la République française, la Chancelière de la République d’Allemagne et le président de la Banque Centrale Européenne ; demain, j’adresserai un courrier officiel aux dirigeants de l’Union Européenne et aux Institutions pour leur demander de prolonger le programme de quelques jours afin que le peuple grec puisse se prononcer librement, hors de toute pression et de tout chantage, conformément à la Constitution de notre pays et à la tradition démocratique européenne.

Grecques, Grecs,

Face à cette mise en demeure dont le but est de nous faire accepter une austérité extrême et humiliante, sans fin, sans perspective de redressement social et économique, je vous invite à vous prononcer souverainement, fièrement, comme l’histoire grecque vous y enjoint.

Répondons à l’autoritarisme et à l’austérité extrême par la démocratie, avec sérénité et détermination.

Que la Grèce, ce lieu qui a vu naître la démocratie, adresse une réponse démocratique retentissante à la communauté européenne, à la communauté internationale.

Je m’engage à respecter le résultat de votre choix démocratique, quel qu’il soit.

Je suis absolument sûr que votre décision fera honneur à l’histoire de notre patrie et sera un message de dignité adressé au monde.

En ces heures cruciales, nous devons tous nous rappeler que l’Europe est la maison commune de ses peuples. Que l’Europe ne se répartit pas entre des « propriétaires » et des « invités ».

La Grèce est et demeurera une partie indissociable de l’Europe et l’Europe une partie indissociable de la Grèce.

Mais une Europe sans démocratie sera une Europe sans identité et sans boussole.

Je vous appelle tous et toutes, dans un même élan national, dans l’unité et la sérénité, à prendre les décisions que nous méritons.

Pour nous, pour les générations suivantes, pour l’histoire des Grecs.

Pour la souveraineté et la dignité de notre peuple. »


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15 réactions à cet article    


  • bernard29 bernard29 27 juin 2015 19:05

    Très bon discours de Alexis Tsipras, premier ministre grec.

    Réponse de l’Eurogroupe ; 

    dépêche AFP Les membres de l’Eurogroupe qui se réunissent ce samedi ne digèrent pas l’annonce surprise d’un referendum en Grèce le 5 juillet et refusent de prolonger le programme d’aide qui prend fin le 30 juin. « Le plan d’aide à la Grèce prendra fin mardi soir », a annoncé Jeroen Dijsselbloem (photo), le ministre des Finances des Pays-Bas, en marge de la réunion de l’Eurogroupe.

    La pression antidémocratique de l’Eurogroupe est à son comble pour saboter le projet de référendum. L’Europe refait le même coup qu’en 2011 pour empêcher le référendum de Papandréou.


    • CN46400 CN46400 27 juin 2015 19:53

      @bernard29


      La météo pour la semaine est au chaud-brûlant. Pour faire dérailler l’initiative de Tsipras tout va être bon. Sur le peuple grec, la pression des consuls de Bruxelles sera au taquet, mais la victoire, si elle est au rendez-vous, n’en sera que plus éclatante. 

    • Elliot Elliot 27 juin 2015 20:11

      Mais vous n’y pensez pas ! faire appel au peuple dans le berceau de la démocratie.

      Que voilà une idée saugrenue qui n’aurait jamaispu germer dans l’esprit formaté des technocrates de Bruxelles pour qui l’Europe est devenue un champ d’expérimentation où s’élaborent des potions dont l’amertume mesurée par l’estomac affamé des petites gens est le gage de la validité des recettes des obsédés de l’accumulation du capital

      Tsipras fait preuve de courage, d’aucuns diront d’aventurisme, car nul doute que les trompettes de la propagande vont matraquer le citoyen grec pour le persuader des avantages de l’Euro. 

      En l’occurrence, l’obligation de les en convaincre réside surtout dans l’intérêt de sauvegarder le système bancaire germanique et la rente des retraités allemands qui sont le sel de la terre de la gouvernance merkélienne et à laquelle est sacrifiée dans une optique toute bismarkienne toute l’idée européenne. 
      On entend déjà le discours culpabilisant qui va les condamner
      , ces malheureux Grecs,  pour assurer l’avenir de leurs enfants et petits enfants à la purge de leurs avantages sociaux,à la baisse des pensions de retraite, à la privatisation du système des soins de santé ; qu’importe les laissés-pour-compte incapables de se payer les traitements médicaux, ce sont les victimes collatérales dont la disparition n’est affligeante que pour leurs proches.

      Le citoyen grec va être matraqué de messages de propagande visant à lui provoquer une trouille propre à lui faire avaler - avec la gratitude des condamnés à mort qui échappent à une exécution barbare - les couleuvres qui feront son malheur .
      Le gouvernement Tsipras aura fort à faire pour contrer l’insidieuse campagne de démoralisation que se feront un plaisir d’engager- pour se dédouaner - les inciviques à qui les Grecs doivent de se trouver en situation d’indigence : les " socialistes " du Pasok ( ils méritent autant le qualificatif que les nôtres, c’est dire ) et les aigrefins de la Nouvelle Démocratie, tellement nouvelle d’ailleurs qu’ils ne rêvent que de l’enterrer.

      Les Grecs n’auront que leur courage et une lucidité sans faille à opposer pour faire le choix de la voie de la dignité et du respect de soi-même quand les conseilleurs malfaisants les pousseront par d’odieux chantages à la reddition et au déshonneur.


      • sirocco sirocco 28 juin 2015 00:46

        Les réactions des dirigeants européens montrent le peu de cas qu’ils font de la démocratie (car qu’y a-t-il de plus démocratique qu’un référendum ?)

        .

        Voilà qui confirme le constat fait depuis longtemps sur Agoravox : nous (les Européens) ne sommes pas en démocratie. La Grèce sera le premier pays à y revenir.


        • CN46400 CN46400 28 juin 2015 08:24

          @sirocco


           C’est vrai que dans cette affaire l’UE est, mine de rien, en train de pulvériser des éléments fondamentaux de la démocratie ! L’UE va-t-elle progressivement passer de la dictature de la bourgeoisie à la dictature, tout court, des consuls Bruxelles !

        • Allexandre 28 juin 2015 11:59

          @CN46400
          Je crois qu’elle ne va pas passer, elle est déjà une dictature pure et simple ! Nous sommes les pions de ce totalitarisme européen.


        • lsga lsga 28 juin 2015 00:51

          discours minable.

           
          Analyse politique : aucune.
          Analyse économique : aucune.
          Élan révolutionnaire : absent. 
           
          Prolétaires ? Bourgeois ? Lutte des Classes ? Tsipras connaît pas. 

          • CN46400 CN46400 28 juin 2015 07:45

            @lsga


            Si Tsipras ne connait pas, les trente autres connaissent......

          • zygzornifle zygzornifle 28 juin 2015 11:59

            ça va ils n’ont pas un Sarkozy ni un Hollande pour se torcher le fion avec le résultat .....


            • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 28 juin 2015 12:36

              Tsipras :

              « Je m’engage à respecter le résultat de votre choix démocratique, quel qu’il soit. », quelle que soit la majorité qui approuve ce référendum (celle qui m’a élu ou une autre), du moment que je reste au pouvoir...
               

              • smilodon smilodon 29 juin 2015 02:23

                @ l’auteur : Y’a pas eu (un jour), en France, un REFERENDUM, pour savoir si on voulait de « l’europe » ou pas ????? Je crois que c’était le 20 septembre 1992 !... Ils appelaient çà le ’traité de Maastricht «  !.... J’ai des pertes de mémoires, donc si je me trompe, arrêtez-moi !... Pourtant il me semble me souvenir qu’en 1992, suite à ce »référendum« , 55% des français étaient contre !...... Ca doit être encore »visible« sur certains sites »internet«  !.... Je peux me tromper. Mais il me semble bien que d’après ce »référendum« , les »français« n’en voulaient pas !.. J’ai tort ??... Après, sous sarko je crois, »l’europe" a été imposée !... Je me souviens vaguement de tout ça !... Aurais-je rêvé ?????.... Adishatz.


                • CN46400 CN46400 29 juin 2015 07:56

                  Référendum Maastricht : 51% de OUI

                  Référendum TCE (2005) : 54% de NON

                  • Spartacus Lequidam Spartacus 29 juin 2015 10:28

                    Ho la la la....

                    Un référendum.......Quel horreur.
                    Quel référendum....
                    Un référendum sans campagne des pour ou contre....Juste à charge. 
                    Quelle belle leçon de dévoiement de la démocratie.
                    Un belle leçon d’irresponsabilité et de n’importe quoi....

                    La question posée aux ivrognes, pensez vous normal qu’on vous interdise les bouteilles ?.....

                    Les zozos gauchistes devraient casser leur Codevie ou livret A pour prêter à la Grèce...Ils ne le font pas car prêter à la Grèce c’est prêter à rire...

                    « l’argent que la Grèce dégage puisse être utilisé pour investir, tant dans le secteur privé »...

                    Mais non mais non. L’argent est destiné aux corporations de fonctionnaires. Aux profiteurs de la rente d’état....
                    Les Frustrés de l’austérité qui ont du renoncer à leurs privilèges.....
                    Le secteur privé est maintenant détruit pour un paquet de temps.....

                    Aujourd’hui le débile connard Tsipras qui n’a jamais travaillé de sa vie, juste comme syndicaliste professionnel contestataire et n’a jamais eu les moyens de s’acheter une cravate a juste en 6 mois tué la confiance et son pays. 
                    -Crée une crise sur une crise. 
                    -Détruit ce qui restait de l’économie du pays.
                    -Fait fermé la majorité de l’artisanat et des PME du pays.
                    -Pillé les caisse de retraites.
                    -Pillé toutes les réserves des services publics.
                    -Interdit les crédits aux entreprises exportatrices et leur faillite imminente de celle qui résistent encore un peu.
                    -Dissuadé les investissements intérieurs comme extérieur.
                    -Crée une montée du chômage et du marché noir.
                    -Créé l’utopie de vivre de l’emprunt sans avoir à le rembourser.
                    -Créé l’utopie de déresponsabiliser celui qui emprunte.
                    -Entraîné une fuite des capitaux.
                    -Entraîné le blocage de disposer de son argent en banque.
                    -Entraîné l’incertitude du lendemain.
                    -Détruit l’image du Grec en le faisant passer pour un irresponsable.
                    -Entraîné une fuite des individus.
                    Détruit la confiance pour très longtemps.

                    Il restera comme un Atila, ne laissant à la Grèce qu’un champ de ruines.

                    Les gauchistes Français qui le soutiennent ne sont que la farce immergées des corporations qui vivent à charge de l’état et distinguent dans le miroir de la Grèce ce qui pourrait leur arriver quand leur tour viendra.....


                    Leurs vociférations sont le mimétisme qu’ils ont parfaitement compris d’être une charge sur l’emprunt et la dette en France. 
                    La peur d’avoir à payer un jour leur accaparations des ressources de l’état à leur seul profit. 

                    Les corporations privilégiées de l’état ont peur.....
                    Regardez la récurrence dans leurs texte de défense du « secteur public »....Mimétisme des corporations des accapareurs sociaux de privilèges et statuts.....

                    En Grèce 40% des fonctionnaires ont la retraite à 55 ans....Sont de la corporation indentique du corporatisme et des accapareurs des dettes d’état. 

                    • vachefolle vachefolle 29 juin 2015 15:27

                      Un référendum, pourquoi pas il est normal que le peuple puisse choisir son futur, mais la rapidité avec laquelle ce réf va avoir lieu est vraiment limite. On se croirait en Crimée pour justifier l’annexion russe.

                      Enfin, tant mieux, les grecs doivent choisir entre , être tout seul et assumer leur propre politique avec les risques et les avantages de la situation, ou bien être dans l’euro et en accepter les règles du jeu.

                      Mais globalement la grece va s’enfoncer dans 20 ans de crises, politiques et économiques, si elle vote NON, cf argentina. Enfin, au moins le peuple aura choisi.


                      • CN46400 CN46400 29 juin 2015 17:09

                        Vous croyez vraiment que la situation en Argentine est pire qu’à l’époque du FMI ?.....

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