• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Actualités > Politique > Les sondages et la représentativité de Jacques Chirac

Les sondages et la représentativité de Jacques Chirac

Selon la société de sondages IPSOS (1), le pourcentage de personnes interrogées ayant émis un jugement favorable sur l’action de Jacques Chirac était de 27% une semaine après le référendum sur le traité constitutionnel européen. IPSOS souligne que la chute de 20% en un mois d’opinions favorables est sans précédent sous la Vème République. Ce phénomène est inscrit dans l’Indice de Représentativité Spontanée (IRS) que j’ai mis au point afin de lester les sondages et d’en pondérer les fluctuations.

Avant d’entrer d’aborder la méthodologie de l’IRS, il importe d’établir la différence entre la légitimité et la représentativité.
En démocratie, la légitimité ne peut provenir que du résultat arithmétique, en valeur absolue ou relative, d’une élection, résultat que le Conseil constitutionnel (2) transforme en concept juridique. Un élu est aussi légitime à 40% qu’à 60% des suffrages exprimés si le code électoral établit que le pourcentage de 40% suffit, lors d’un deuxième tour par exemple.

La représentativité est une notion plus floue, plus instable, donc plus discutable. Un responsable politique peut être légitime sans être très représentatif. Tel est le cas de Jacques Chirac selon mon indicateur IRS.
L’Indice Spontané de Représentativité est basée sur les préférences des électeurs face à l’offre politique réelle. Il ne retient donc que les premiers tours des élections présidentielles (3), puisque c’est uniquement dans ces circonstances que les électeurs se déterminent face à toutes les candidatures. La spontanéité se manifeste précisément dans des préférences qui sont moins ouvertes dans les choix de deuxièmes tours, comme on l’a vu en 2002.

Pour établir la représentativité spontanée de chaque président de la Vème République, on additionne ses scores en suffrages exprimés aux premiers tours de toutes les élections auxquelles il a participé et on divise le total par le nombre d’élections auxquelles il a participé. Ainsi, l’IRS de Charles de Gaulle s’établit à 44,65 établit au premier tour de la première élection présidentielle au suffrage universel de 1965. L’élection de 1958 ne s’est pas déroulée au suffrage universel. L’IRS de Georges Pompidou (44,47) correspond au premier tour de la seule élection présidentielle a laquelle il s’est présenté, celle de 1969.
François Mitterrand a une représentativité spontanée de 33,73, moyenne de ses résultats aux premiers tours de 1965, de 1974, de 1981 et de 1988.
La représentativité spontanée de Valéry Giscard d’Estaing est de 30,46 qui représente la moyenne des résultats obtenus aux premiers tours de 1974 et de 1981.

Jacques Chirac a la représentativité la plus faible de tous les présidents de la Vème République. A 19,67 , elle résulte de ses candidatures en 1981, 1988, 1995 et 2002.
Le cas Chirac devient encore plus intéressant quand son IRS est rapportée à la représentativité spontanée de tous les présidents de la Vème République, indice obtenu en faisant la moyenne des IRS de chaque président, soit 34,60. On peut considérer qu’au-delà de 34,60 - un bon tiers de l’électorat - la représentativité spontanée est celle d’un président consensuel. Par sa fonction « au-dessus des partis » et par son action, le président consensuel rassemble au-delà de son électorat. C’est le cas, dans des circonstances historiques dramatiques (guerre d’Algérie, Mai 68) de Charles de Gaulle et de Georges Pompidou.
François Mitterrand a été plus proche du statut de président consensuel que Valéry Giscard d’Estaing ; probablement parce que le pragmatisme l’a emporté sur l’idéologie au cours de ses deux septennats. Avec un IRS d’un cinquième de l’électorat, Jacques Chirac pouvait difficilement devenir un président consensuel. En révélant une impressionnante désaffection de l’électorat de droite, les sondages suggèrent que Jacques est déprécié par son action et qu’il n’est plus guère protégé par la fonction présidentielle. Alain Joannès

(1) IPSOS (2) CONSEIL CONSTITUTIONNEL (3) ELECTIONS PRESIDENTIELLES


Moyenne des avis sur cet article :  (0 vote)




Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON




Palmarès