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France je t’aime moi non plus...

Chacun se souvient d’un présentateur ayant jadis commencé son journal de 20 heures par « Bonsoir… la France a peur ». Il s’agissait de Roger Gicquel, dans une époque de la Télévision que nous croyions disparue s’agissant des relations avec le Pouvoir Politique, la chose est moins sûre, mais c’est un autre débat. Sans oser évoquer outre mesure et à une échelle beaucoup plus essentielle le regretté Pape Jean-Paul II et son fameux rappel Biblique « N’ayez pas peur », toujours est-il que nous ressentons bel et bien ce sentiment là de part et d’autre depuis le lancement du débat sur « L’identité française ».

Le professeur et Ministre Besson, qui a proposé cette question comme sujet de rédaction au peuple, est manifestement mal accueilli par les élèves, lesquels semblent réagir avec une gravité étrange. Nous touchons à un tabou. Jusqu’ici, la petite France allait comme elle pouvait, exprimant de temps à autre un rejet des étrangers, perçus souvent comme une menace. Il y a eu le vote Le Pen, il y a eu aussi la dernière Présidentielle et les deux candidats jouant à « plus France que moi tu meurs ». L’une agitait son drapeau aux fenêtres collectives en montant sur l’estrade épaulée par Jeanne d’Arc, invitant à chanter l’hymne national plus volontiers. L’autre reprenait tout l’héritage ou presque de l’histoire de France durant son meeting pré-électif de la Porte de Versailles.
 
Finalement, les Rois du glorieux temps passé et le Général de Gaulle n’étaient pas loin de se faire entendre dans les hauts parleurs. Précisément, depuis celui que l’on nomme « Le général » et duquel tout l’échiquier politique se réclame, la France se s’aime plus autant. Etrangement l’on évoque même épisodiquement un retour à la Monarchie en grigri d’un fantasme collectif. Il y a peu, l’ex Président Chirac atteignait des records de popularité bien que se faisant plus discret après tant de bons et loyaux services à la nation. De toute évidence, il incarne l’image du Père, celui d’une France idéalisée et toujours regrettée. Une France glorieuse, la Fille aînée de l’Eglise et des droits de l’Homme.
 
En effet, l’identité de notre beau pays semble déchirée entre des restes du Catholicisme Universaliste et des tendances plus nationalistes participant de la fin du 19ème siècle. La permanence Française reposerait ainsi sur cette dualité contradictoire, celle de l’ouverture et du repli sur soi. On reconnaît encore le premier aspect à la Capitale, et le second à la province de la « France profonde ». Cette « duplicité » viendrait nourrir le creuset du pays, dans ses racines, lesquelles nous sont pourtant présentées comme nourries de vagues d’immigrations successives. La France serait multiple dans son fondement, elle se représente et se vit dans son unicité. Ce double visage, entre vécu et imaginaire, alimente donc une peur. Vue de l’étranger elle se meut souvent en nombrilisme du Monde.
 
Consciente de sa richesse culturelle et intellectuelle, de son influence majeure sur le cours du Monde, jadis, notre pays est aujourd’hui en crise identitaire avec lui-même. Telle est sans doute la première interprétation à apporter à l’analyse tant évoquée du Journal La Croix traduisant une quiétude apparente des Français face à leur nationalité autant qu’aux immigrés. Le problème ne serait donc pas lié aux étrangers, mais bien aux Français vis-à-vis d’eux-mêmes et de la nation qu’ils constituent. Les Français ne s’aiment plus comme avant, alors accueillir l’Autre est plus difficile encore. Outre les arrières pensées politiciennes que l’on prête au Gouvernement (mais y a-t-il un moment précis pour lancer des débats, entre des scrutins forcément rapprochés ?), le malaise est palpable. La volonté de couper court (dans un refoulement collectif de protection) est manifeste.
 
Alors qu’il y a chaque année dans notre pays 200.000 visas accordés pour des longs séjours, 2 millions de visas pour des durées moindres, 90% de visas accordés pour des populations provenant du Maroc ou du Sénégal, 110.000 naturalisations annuelles... ce débat paraît pourtant surgir dans un pays beaucoup plus sclérosé et figé dans les mentalités. Comme le disent nos amis Québécois, faire nation est aussi une question d’imaginaire collectif à partager. Les Français « de souche » ressentent une grande difficulté à ce niveau, chose qui parasite la rencontre avec d’autres Français de l’étranger ou étrangers de France. Le Ministre à l’origine du surgissement de ce débat porte aussi la charge du « développement solidaire », sans doute une voie à privilégier pour faciliter le contact aux immigrés (un terme qui ne doit recouvrir aucune acception particulière, un état que nous vivons tous dans le passage sur Terre). Alors bien entendu, dans la plus grande hypocrisie, chacun tente de dissocier cette question de l’identité nationale Française et la « question » de l’immigration. Certains trouvent là une réponse au malaise des Français de souche, dans le fait de se retrouver soi-même dans la rencontre de l’autre, par l’enrichissement mutuel. La complexité de l’être humain s’accommode peu de la logique et de la théorie. Tel est probablement l’angle permettant de cerner le cœur de l’identité Française, perdue entre une France « idéale », et la France théorique « imposée » de l’assimilation aisée de populations initialement étrangères, les deux se perdant dans un imaginaire réciproquement confus.
 
Que les Français donnent « le primat au groupe social » (41% des Français selon l’enquête de La Croix) en dit long sur l’errance actuelle de notre Pays, où l’on tend majoritairement à se définir par le paraître social. Que seulement 38% de nos concitoyens se définissent d’abord par leur appartenance à leur pays traduit aussi un désamour propre certain. Qu’ils reconnaissent à 33% que la Culture est ce qui les rapproche le plus d’autrui, chose particulièrement constituante de la France, ouvre sans doute un bel horizon pour retrouver un meilleur vivre ensemble dans notre pays. Un partage à ce niveau n’ayant pas de frontière, certains trouveront précisément dans l’héritage Culturel du catholicisme Universaliste la source originelle du meilleur de notre identité. Résister au repliement sur soi lié au Nationalisme à la mode de la fin du 19ème siècle est, quoi qu’il en soit, un impératif.
 
Prétendre qu’une fleur arrachée à sa terre d’origine peut immédiatement repousser à l’identique en terre inconnue et non réellement choisie, relève de la démagogie caractérisée de la fausse fraternité, pour peu que l’on se situe au niveau des êtres humains. Une confrontation non préparée entre l’exil et le divorce avec soi-même peut tendre vers un échec assuré. La sensibilité des Hommes peut ne pas se soumettre aisément aux idées toutes faites, si séduisantes soient-elles sur le papier. La France doit premièrement retrouver ce qu’elle a de plus beau et noble dans son identité, afin de s’aimer suffisamment pour ne pas craindre ou rejeter ceux qui viennent à sa rencontre.
 
France, n’aie pas peur, on t’aime, nous aussi !
 
Guillaume Boucard
 
 
Sources : Journal "La Croix" du 24 novembre 2009
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6 réactions à cet article    


  • faxtronic faxtronic 27 novembre 2009 11:02

    « La France doit premièrement retrouver ce qu’elle a de plus beau et noble dans son identité, afin de s’aimer suffisamment pour ne pas craindre ou rejeter ceux qui viennent à sa rencontre »

    C est a dire.... ????

    J ai rien compris a ton article. En somme tu dis qu il y a une crise d identite en france (c a c est pas un scoop), et que la meilleur facon de la resoudre c est de ne pas avoir de crise d identite.

    Waaaouh, les bras m en tombent.


    • geo63 27 novembre 2009 13:42

      @ faxtronic. J’ai à peu près compris la même chose.

      « la France doit premièrement retrouver ce qu’elle a de plus beau et noble dans son identité ». Par les temps qui courent il y a du travail à faire ! Tout ce qu’il y avait de beau et noble est allègrement piétiné par la recherche sauvage du profit, la vulgarité dans tous les comportements et la médiocrité des sentiments érigée comme une noble attitude. Dois-je faire un dessin ?


      • beuhrète 2 27 novembre 2009 17:48

        Chine je t’aime moi non plus.
        Les heurts entre Algériens et Chinois vus par le Quotidien du Peuple

        Dans la cité de Boushaki, à Bab Ezzouar, banlieue d’Alger, capitale de l’Algérie, des heurts ont éclaté le 3 août entre commerçants chinois et habitants du quartier et à l’heure actuelle, l’incident s’est apaisé pour l’essentiel et le calme est revenu. Un officiel de l’Ambassade de Chine en Algérie a déclaré que les reportages de certains médias selon lesquels les affrontements ont gagné en intensité sont inexacts et que l’incident ne constitue aucunement une vague de refoulement des ressortissants chinois.

        Ledit fonctionnaire de l’Ambassade de Chine a indiqué à un correspondant de « Global Times » que le 3 dans la soirée, des locaux de commerce appartenant à des Chinois ont été effectivement saccagés et pillés par des Algériens, mais qu’à l’heure actuelle le calme est revenu. Il a souligné que les reportages de certains médias chinois qui disent que les affrontements ont monté en intensité ne sont pas conformes à la réalité. « L’incident est un cas isolé de l’ordre public, il est déjà traité de façon adéquate actuellement et il ne s’est pas dégénéré en une vague de refoulement des ressortissants chinois. Ce que je voudrais insister c’est que l’incident ne reflète aucunement les relations existant entre les deux peuples chinois et algérien. »

        Le quotidien algérois « Liberté » déclare que les habitants locaux se plaignent de ce que « il y a trop d’Asiatiques dans le quartier » et que certains vont jusqu’à exiger le départ des Chinois. Des habitants ont dit à des journalistes qu’ils reprochent aux Chinois de ce qu’ils ne « respecter les us et coutumes des Algériens » et surtout de leurs « conduites déplacées », de « s’adonner à l’alcool à l’entrée de leurs boutiques ». Toujours selon « Liberté », après l’éclatement de l’incident, il est apparu dans certains sites web locaux des appels extrémistes dont ‘faire une nouvelle guerre de libération aux Asiatiques’. Des extrémistes appellent même les Chinois ‘périls jaunes’. Malgré tout cela, « Arab Online » vient de publier de 7 courant un commentaire qui affirme que cet incident de parcours désagréable ne reflètent aucunement les relations existant entre Algériens et Chinois et qu’il ne pourra ni influencer ni saboter les relations entre les deux pays.

        He Wenping, Directeur du Bureau d’études sur l’Afrique de l’Institut des Etudes sur l’Asie de l’Ouest et l’Afrique de l’Académie des Sciences sociales de Chine, indique que du fait du chômage dû à la crise économique, un petit nombre d’Algériens déchargent peut-être leur colère sur les ressortissants chinois en Algérie qui doivent comprendre la raison de leur acte de provocation et ne pas donner prise aux gens malveillants qui cherchent tout pour nuire aux relations entre la Chine et l’Algérie.

        Source : le Quotidien du Peuple en ligne


        • elec 42 elec 42 27 novembre 2009 18:26

          je suis français de souche et je n’ai aucun problème avec mon identité.certains voudraient nous faire penser le contraire,il est vrai que l’on a matraqué l’identité française de blak,blanc,beur pendant des années.


          • Internaute Internaute 27 novembre 2009 19:41

            Les Français « de souche »

            Cette expression est inacceptable. Les français sont des français tout court, ce mot les désigant. Ce sont les autres qui sont des français « d’adoption » ou des français « de complaisance ».

            La meilleure manière de détruire une réalité est de lui enlever les mots qui la désignent. Pour détruire la France et le peuple français il suffit de donner leur nom à n’importe quoi d’autre.

            Ce stratagème est utilisé aussi pour détruire la mère. Ainsi, la femme qui accouche n’est plus la mère, mais la mère « biologique ». Par contre, le mot mère et mis à tort sur la mère adoptive, la mèche acheteuse, la lesbienne qui veut jouer à papa maman sans le papa, la marâtre ou simplement la tutrice. Toutes ces femmes deviennent dans le langage une mère tout court.

            Nous devons réagir férocement contre ce terrorisme intellectuel pratiqué par les journalistes et les députés. Il y va à terme de notre propre existence.


            • elec 42 elec 42 27 novembre 2009 20:47

              internaute, j’ai dit français de souche comme j’aurai dit français de france,il n’y a aucune discrimination dans mon propos.

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