Affligeante rencontre au Proche-Orient
Il faut être utopiste comme moi pour continuer à croire à la paix ; viendra-t-elle un jour ? Jeudi dernier, à Charm el-Cheikh, le président égyptien Hosni Moubarak et le Premier ministre israélien Ehud Olmert se sont rencontrés. Ils devaient se pencher sur une relance des négociations de paix impliquant les quatre voisins ; durant la rencontre, une incursion militaire d’Israël a eu lieu.
La rencontre de courtoisie entre les deux grands de la région, Israël et l’Egypte, a accouché d’une souris. MM. Olmert et Moubarak devaient mettre en place les bases d’une réunion de paix entre les quatre voisins, Egypte, Israël, Autorité palestinienne et Jordanie. On pourra penser qu’une date reste toujours à définir pour cette rencontre au sommet à Charm el-Cheikh. L’opération de relations publiques-séduction entre les deux protagonistes du Proche-Orient est une sorte de pièce de théâtre dans laquelle chacun a campé sur ses positions. Aucun des responsables n’a trouvé son compte lors de cette rencontre. Les journalistes présents espéraient qu’une annonce interviendrait. Tout le monde comptait sur l’annonce d’une rencontre, signe annonciateur d’une relance des négociations de paix.
La violente incursion militaire israélienne à Ramallah, où les Palestiniens ont payé leur tribut de morts et de blessés, journalistes compris, n’annonce rien de bon. Elle souligne plutôt que la rencontre débute sous de mauvais auspices. D’ailleurs le président Hosni Moubarak l’a constaté lors de la conférence de presse.
Les protagonistes sur une position de statut quo
Hosni Moubarak, qui recevait le Premier ministre israélien Ehud Olmert, s’est senti blessé par cette action militaire israélienne à Ramallah. A l’entendre s’exprimer, on peut considérer qu’il a ressenti cette attaque comme un affront personnel. On voit en direct la place centrale de la capitale administrative de l’autorité palestinienne détruite par des blindés israéliens et par les bulldozers.
Alors qu’Hosni Moubarak et Ehud Olmert venaient à peine d’entamer leurs entretiens, un porte-parole de la présidence égyptienne s’est empressé d’annoncer aux médias que le raïs avait fermement condamné l’opération militaire israélienne. Lors de leur conférence de presse, les deux hommes étaient tendus, surtout monsieur Olmert, car monsieur Moubarak a attaqué : J’ai exprimé au Premier ministre ma profonde préoccupation et mon mécontentement après ce qui s’est passé à Ramallah. La sécurité ne peut pas être obtenue par la force mais par la paix. J’ai donc appelé M. Olmert à arrêter les actes de violence, assène le président égyptien. Le Premier ministre israélien, sur la défensive, a entrepris des explications justifiant l’opération de Ramallah par le droit de l’Etat hébreux à défendre ses citoyens et à poursuivre les terroristes. Néanmoins, monsieur Ehud Olmert regrette que des innocents aient été parmi les victimes de l’incident.
Relance du processus de paix
Israël et l’Egypte ont deux conceptions différentes d’une relance du processus de paix. Pour Israël, la priorité est d’établir un cessez-le-feu durable, au terme duquel des négociations seront engagées avec l’autorité palestinienne de Mahmoud Abbas. En revanche, pas question de discuter avec le Hamas, qualifié d’organisation terroriste qui ne reconnaît pas Israël. L’Egypte par contre estime qu’il faut engager les négociations, y compris avec le Hamas, et ne pas tout geler à chaque violation du cessez-le-feu, en cas de tir de missiles Qassam, par exemple. Quand Ehud Olmert peste contre la contrebande d’armes et d’argent à travers la frontière entre l’Egypte et Gaza, Hosni Moubarak répond poliment : On verra ce qu’on peut faire.
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