Changements de stratégie au Guardian et au New York Times
Je m’interrogeais hier sur le danger que représente l’Internet pour les
quotidiens sur papier (voir
ce billet). Voici l’histoire de deux d’entre eux qui ne veulent pas mourir.
Le
Guardian d’abord. Il a déjà le site de
quotidien le plus populaire en Grande-Bretagne. Il est devenu rentable cette
année, et tire l’essentiel de ses revenus de la publicité.
Simon
Waldman, responsable de la présence en ligne, vient de déclarer à Madrid que, «
dans six ou sept ans », le groupe pour lequel il travaille consacrera 80% de son
temps aux activités numériques, alors qu’il n’en consacre que 20% aujourd’hui.
Il a tenu ces propos lors de la conférence « Au-delà du mot imprimé », organisée
par l’Association mondiale des journaux.
Le
New York Times semble suivre un chemin
comparable, et se prépare à une restructuration profonde. Après les avoir
maintenues séparées depuis le début, la direction a décidé de
fusionner la rédaction online et la traditionnelle. Les responsables de
rubrique papier seront maintenant chargés de penser également à la publication
sur le web.
Ils
appliqueront le credo du patron de la boîte, Arthur Sulzberger, pour qui
l’important est de publier des nouvelles, le support important peu. Mais,
paradoxalement, ils vont devoir commencer à prêter attention à la différence de
format selon les médias.
Au
cours des six derniers mois, la circulation du quotidien sur papier a augmenté
de 0,5%. Pas mal. Mais la partie web a connu une augmentation de 49% en un an.
Pas besoin d’être banquier pour savoir où se trouve l’avenir.
Le
doute suscité par la restructuration du New York Times tient à la capacité des
responsables traditionnels à s’adapter à la dynamique très particulière de la
toile.
En
bref, sous prétexte d’intégrer ce qui marche à ce qui flanche, ils risquent
d’étouffer ce qui a du succès.
Andrew
Gowers, ancien directeur du Financial Times vient d’écrire que : « Le futur est
du côté de l’internet, et les journaux qui survivront seront ceux qui produiront
du contenu réellement original et qui apprendront à le traduire pour ce médium
qui chante, qui danse et qui enveloppe tout : la toile. »
C’est
à la fois évident et insuffisant. Les jeunes sont moins passifs. La question
est donc moins de se trouver là où ils vont chercher leurs informations (sur la
toile), que d’entretenir avec eux le rapport qu’ils attendent. Leur fournir des
infos n’est plus suffisant, il faut entretenir une dynamique de participation.
On
peut le prendre comme une menace, ou comme ce fameux point d’appui que réclamait
Archimède à grand cris pour tout faire bouger.
Je
me trompe ?
[Photo
de Simon Waldman, trouvée sur le site du Guardian]
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