We want a nice Afghanistan !
Beaucoup d’informations assez contradictoires et polémiques proviennent de l’Afghanistan, comme il s’agit d’un endroit où j’ai vécu pendant un an et demi et qui me tient à cœur, je ne peux m’empêcher de réagir…
Loin de moi l’idée d’exprimer ce qu’est la situation en Afghanistan et ce qu’on devrait faire, c’est une problématique éminemment complexe et il est normal qu’il y ait débat. Il s’agit d’un pays dont on connaît assez peu de choses, les enjeux ne sont pas simples à décrypter, les informations qui nous proviennent de cette partie du monde sont parfois assez confuses. On peut raisonnablement se dire qu’en débattre c’est permettre à tous et chacun de mieux connaître le sujet, quelques points cependant peuvent poser question. Sur la qualité des débats, on peut peut-être mesurer le niveau de ce qu’aurait pu être le débat, et de ce qu’il est, voici une présentation de grande qualité faite au Québec sur la situation en Afghanistan : http://www.npd.ca/page/6134.
Sur les terrains d’affrontement, les engins explosifs déclenchés à distance, souvent fait à partir d’anciennes mines antichar soviétiques, sont une des armes préférées des talibans contre l’Otan, seul un blindage conséquent assure un minimum de sécurité, l’armée française n’est pas équipée de ce genre de véhicules. Est-ce cela dont parle notre ministre lorsqu’il parle de bonnes conditions de sécurité dans les actions de nos troupes ?
Sur le droit d’ingérence : les populations locales paient un lourd tribut à la guerre contre les terroristes, en plus des problèmes de sécurité intérieure, des problèmes de pauvreté, du mécontentement général, des conséquences de vingt-cinq ans de guerre, d’un environnement détruit. La guerre menée est une drôle de manière d’offrir des perspectives d’avenir et de faire respecter les droits de l’homme, c’est en tout cas une porte ouverte à bien des excès.
Sur les rapports franco-afghans : les Français bénéficient d’un fort capital sympathie en Afghanistan, notre diplomatie parlemente et les Afghans aiment bien ça, quand les Américains après la « libération » du pays en 2001 ont envoyé moult tracts et vivres par parachutes (quelques bombes aussi), les Français ont, eux, écrit la constitution afghane, chacun sa symbolique. Il y a aussi que, allez savoir pourquoi ?, de nombreux babs français ne sont en fait jamais arrivés à Katmandou, ils n’ont pas dépassé Kaboul et ont bien fait rire les Afghans. Les militaires français étaient, jusqu’il y a peu de temps, pas forcément sur les endroits les plus risqués : formation des officiers militaires et patrouilles à Kaboul (à vrai dire, ils avaient la palme de la décontraction et on les croisait de manière « civile » dans le pays, où ils étaient plutôt bien perçus). De nombreuses ONG françaises sont nées en Afghanistan, les French Doctors se sont fait connaître en Afghanistan, encore aujourd’hui pas mal d’hôpitaux sont gérés par des ONG françaises. Nous avons une place privilégiée de concertation en Afghanistan.
L’engagement de troupes sur des zones d’affrontement en juillet au sein de l’Otan n’est pas anodin, il intervient dans une période d’escalade de la violence. Mon avis personnel est que c’est un petit peu comme mettre le doigt dans un engrenage.
Pour d’autres réactions de la communauté française en Afghanistan :
http://www.france24.com/fr/20080923-regards-expatries-francais-kaboul...
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