Le difficile dialogue entre le gouvernement tibétain en exil et la Chine
Wen Jiabao, Premier ministre chinois, dont certains affirme qu’il serait modéré, a clairement demandé aux pays européens à ne pas interférer dans les « affaires intérieures » de la Chine, en référence à la venue du Dalaï lama en Europe. Si cette déclaration rappelle la brouille sino-française, elle semble aussi constituer une réponse à la demande des pays européens en faveur d’un dialogue sino-tibétain. Dans ce contexte, le gouvernement tibétain en exil cherche à communiquer avec le peuple chinois.
Lors du sommet Chine-Union européenne du 20 mai Wen Jiabao a déclaré : « Je veux souligner que pour mener une coopération stratégique (entre la Chine et l’Union européenne), la chose la plus importante est de bien s’en tenir aux principes du respect mutuel et de ne pas interférer dans nos affaires intérieures réciproques », appelant à « prendre en compte nos préoccupations respectives, aborder correctement les questions sensibles et travailler pour s’assurer que nos relations équilibrées ne soient pas affectées par des accidents individuels ». On peut voir cette déclaration comme une volonté d’imposer la seule logique économique, au détriment de toute discussion sur des questions concernant les droits de l’homme, notamment au Tibet, et ce, alors que les Tibétains sont confrontés à la pire des situations depuis le soulèvement au Tibet en 1959, sous loi martiale non officielle après les manifestations de 2008. Des centaines de Tibétains sont mort sous la répression chinoise, plusieurs milliers de ont été emprisonnés ou ont disparu. Rappelons que la justice espagnole examine une plainte pour « génocide, crimes contre l’humanité, torture et terrorisme contre le peuple tibétain » et que le 5 mai 2009, un juge espagnol a annoncé son intention d’interroger huit hauts dirigeants chinois en qualité de « mis en examen ». Fin janvier 2009, la chancelière allemande Angela Merkel avait reçu son homologue chinois Wen Jiabao, et elle avait déclaré « Nous avons évoqué la situation au Tibet et du point de vue allemand, j’ai souligné qu’il serait dans notre intérêt commun que les pourparlers avec le dalaï-lama reprennent ». La déclaration de Wen Jiabao sommet Chine-UE du 20 mai apparaît comme une réponse rigide et négative aux demandes des pays européens. Elle peut aussi apparaître comme une volonté de marginaliser le Dalaï lama sur le modèle du communiqué commun de la Chine et de la France a été diffusé peu de temps avant une rencontre entre les présidents Hu Jintao et Nicolas Sarkozy lors du G20, où la France rappelait qu’elle n’avait « jamais été partisane de l’indépendance du Tibet » mais n’oublia cependant pas de rappeler les propositions de dialogue du Dalaï lama, qui ne demande plus l’indépendance du Tibet depuis le début des années 70.
La visite du Dalaï lama en Europe et notamment en France ou il donnera une conférence publique le 7 juin à Bercy ayant pour thème « éthique et société » (cf. article AgoraVox sur la conférence du Dalaï lama) sera donc particulièrement suivie. Alors que les discussions entre le gouvernement tibétain en exil et les autorités chinoises sont dans l’impasse depuis la dernière session de novembre 2008, un des envoyés du Dalaï lama affirmait rester ouvert au dialogue avec les autorités chinoises, et dans le même temps envisage de communiquer avec le peuple chinois par des publications et des associations.
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