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France-Syrie : le ton monte

La confrontation entre la France (alliée aux Etats-Unis pour l’occasion) et la Syrie sur le terrain libanais a atteint un nouveau sommet avec l’attentat qui a visé dimanche May Chidiac, une journaliste de télévision connue pour ses positions antisyriennes. Pour la première fois, le Quai d’Orsay a qualifié ce 10e attentat, depuis l’assassinat de Rafic Hariri le 14 février dernier, de « terroriste ».

May Chidiac a été grièvement blessée dans l’explosion d’une bombe placée sous le siège de sa voiture, dans la région de Jounieh au nord de Beyrouth. Elle a été amputée d’une jambe et d’une main.

Il est très intéressant d’analyser la réaction officielle du Quai d’Orsay :

’’La France condamne fermement l’attentat qui a gravement blessé cet après-midi Mme May Chidiac. Elle forme des vœux pour que celle-ci se rétablisse rapidement et adresse sa sympathie à ses proches. Après l’attentat qui a coûté la vie à Samir Kassir, il s’agit d’une nouvelle atteinte à la liberté de la presse qui n’est pas acceptable.

La France est aux côtés des autorités libanaises pour que toute la vérité soit faite sur cet acte terroriste. Elle appelle une fois de plus toutes les parties à préserver la stabilité du Liban’’.

Vous avez bien lu : la France qualifie la tentative d’assassinat contre la journaliste d’ "acte terroriste". C’est une grande première  : pas une seule fois ce qualificatif de "terroriste" n’avait encore été donné par la France pour caractériser les nombreux attentats qui ont frappé le Liban depuis l’assassinat de Rafic Hariri le 14 février dernier (attentats qui ont touché des personnalités, Samir Kassir, Georges Hawi et Elias Murr, et des quartiers chrétiens).

Pourtant, la France a toujours fait bien attention avec ce vocable au Liban. C’est un mot sensible qu’on n’emploie pas à la légère dans cette partie du monde et la France le sait bien, qui a toujours refusé, par exemple, de faire classer le Hezbollah sur la liste européenne des organisations terroristes, prétendant la question "complexe".

En fait, même l’assassinat de Rafic Hariri n’avait pas été qualifié de "terroriste" dans les premières réactions françaises. Ce n’est qu’avec la déclaration commune Bush-Chirac, le 21 février à Bruxelles, que l’expression "acte terroriste" est utilisée, et bientôt reprise à son compte par l’ONU. L’attentat contre Samir Kassir n’avait pas non plus été qualifié de "terroriste" par la France, au contraire de la présidence du Conseil de sécurité de l’ONU.

Les attentats perpétrés contre Samir Kassir, George Hawi ou Elias Murr relevaient pourtant bien d’un mode opératoire similaire à celui qui a failli coûter la vie de May Chidiac : un attentat à la voiture piégée est un attentat à la voiture piégée. En qualifiant cette fois l’attentat de "terroriste", la diplomatie française (qui pèse et soupèse chacune de ses déclarations) ne qualifie donc pas techniquement l’acte en tant que tel, mais envoie un message politique. Il s’agit clairement d’une montée de ton face à ceux qui veulent déstabiliser le Liban et s’en prennent d’abord et avant tout, pour cela, aux chrétiens. Et personne ne doute plus une seconde que c’est le régime syrien qui est à l’origine de ces attentats.

Liste des déclarations françaises

22 mars : attentat à Kaslik

Nous condamnons fermement l’attentat qui a eu lieu la nuit dernière à Kaslik.
Nous présentons nos condoléances aux familles des victimes.

1er avril : attentat à Broumana

La France condamne avec la plus grande fermeté l’attentat qui a eu lieu hier dans le village de Broumana. Cette série d’attentats visant à déstabiliser le Liban est intolérable. Nous
espérons que toute la lumière sera faite rapidement sur ces événements et que les coupables seront arrêtés.

6 mai : Attentat de Jounieh

La France condamne l’attentat perpétré hier au Liban, dans lequel 22 personnes ont été blessées parmi les habitants de Jounieh.

2 juin : assassinat de Samir Kassir

La France condamne avec la plus grande fermeté l’attentat perpétré ce matin à Beyrouth, en plein centre ville, qui a coûté la vie à Samir Kassir, éditorialiste au quotidien An Nahar, et pourrait avoir fait une autre victime.

21 juin : assassinat de Georges Hawi

Nous condamnons avec la plus grande fermeté l’assassinat, ce matin, à Beyrouth, de M. Georges Hawi, l’ancien secrétaire général du parti communiste libanais.
Nous présentons nos condoléances à sa famille et à ses proches.
Nous sommes convaincus que les autorités libanaises feront tout pour identifier les auteurs de ce crime barbare et les traduire en justice.

12 juillet : tentative d’assassinat contre Elias Murr

Nous condamnons très fermement l’attentat commis ce matin dans le nord de Beyrouth contre le convoi du ministre libanais de la défense, M. Elias Murr, qui a causé la mort d’au moins une personne et qui en a blessé plusieurs autres, dont M. Murr.

22 août 2005 : attentat à Beyrouth

La France condamne l’attentat qui a eu lieu hier soir dans le nord de Beyrouth. Nous espérons que toute la lumière sera faite sur cet acte criminel. Nous rappelons notre attachement à la stabilité du Liban dans la phase actuelle.

17 septembre 2005 : attentat à Achrafieh

La France condamne l’attentat qui a eu lieu cette nuit à Achrafieh et qui a fait un mort et plusieurs blessés. Elle présente ses condoléances à la famille et aux proches de la victime.

Nous espérons que toute la lumière sera faite sur cet acte criminel. Nous réaffirmons notre attachement à la stabilité du Liban dans la phase actuelle.



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