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2005 en Afrique...

Les années se suivent, mais ne se ressemblent pas ; 2005 n’a pas failli à la règle. Que ce soit dans les domaines politiques, économiques voire sportifs, cette année, qui vient de finir, nous a réservé ses cohortes de surprises, de rebondissements, propres à cette Afrique qui se cherche depuis des décennies.

Au début :

 

Fidèle à son image de continent bouillonnant dont les vapeurs qui s’échappent sont teintées depuis belle lurette par les conflits fratricides, des famines, des déplacements de populations provoqués par des guerres civiles, l’année qui s’achève ouvre sa première page par la crise togolaise, déclenchée par le décès de son président, le doyen des chefs d’Etats, feu Gnassimbé Eyadéma, au pouvoir depuis 1965 , mort en décembre 2004 ; comme pour perpétrer la régence, son fils, Faure Eyadema, nonobstant la constitution, écarte le successeur constitutionnel et s’installe aux commandes du pouvoir, oubliant de facto la vieille tradition africaine qui veut qu’en cas de deuil, toutes les querelles soient mises en berne jusqu’à l’enterrement du défunt... Ce sont les condamnations et les mises en demeure qui lui font plier l’échine, tout en maintenant sa candidature à l’élection présidentielle qui, d’ailleurs, sans coup férir, le porte quelques mois plus tard au sommet de l’Etat... Qui dit qu’en Afrique, le ridicule tue ? La bonne nouvelle de l’année vient du Soudan, qui allait enfin fumer le calumet de la paix, après un conflit de plusieurs décennies entre les animistes du sud de John Garrhan et les musulmans du nord détenteurs du pouvoir central ; mais le colonel rebelle ne savoure pas les merveilles de la paix, car quelques mois après, il meurt dans un accident d’hélicoptère, alors qu’il s’apprête à regagner Khartoum, en provenance de Kampala en Ouganda ; le pire d’une reprise de la guerre, qui avait mis sur la route des millions de déplacés, était évité de justesse.

 

Un autre conflit latent, celui de la Côte d’Ivoire, évolue dans l’impasse, avec le Président Laurent Bagbo, à ne jamais décider de céder la moindre parcelle de son pouvoir à qui que ce soit, malgré l’implication effective de la communauté internationale, sous l’égide de l’ONU, avec en sus les menaces d’embargo et d’isolement des chefs de guerre et des acteurs politiques impliqués dans ce drame.

 

 

Au fil du temps :

 

Les choses vont effectivement bouger... L’Union africaine, héritière de la défunte Organisation de l’unité africaine (OUA), s’implique activement dans la gestion des conflits... Du Libéria, en République démocratique du Congo, en passant par la Côte d’Ivoire, le Togo, le Soudan et le Burundi, l’UA fait entendre sa voix en multipliant des démarches, et surtout en désignant des émissaires, fins diplomates qui font avancer les processus de paix, tout en menaçant à chaque fois les belligérants, si les accords de paix n’étaient pas respectés, de sanctions.

 

Ainsi, le Libéria organise sa première élection démocratique qui porte, chose inédite en Afrique et rare dans le monde, une femme à la présidence de la république : Mme Elian Johnson, qui, au terme d’un combat épique avec l’ancienne star du football Georges Uppon Weah, prend le dessus.

 

En Côte d’Ivoire, le Président Laurent Bagbo, sous le joug des caciques de son régime et des jeunes patriotes, se résigne à contrecœur à promulguer la loi autorisant le dernier premier ministre du père de l’indépendance, Alassan Drame Ouattara, leader du Rassemblement des démocrates républicains, RDR, à pouvoir se présenter à une élection présidentielle, nœud du drame ivoirien.

 

Au Burundi, les élections démocratiques ont permis l’accession à la magistrature suprême d’un homme modéré ; beaucoup d’espoirs sont placés en lui.

 

En République démocratique du Congo, certains leaders jusque-là opposés au pouvoir, et en guerre ouverte à l’est du pays depuis plusieurs années, ont déposé les armes et rejoint le pouvoir central, en attendant les élections qui, nous l’espérons, permettront une cœxistence pacifique des fils de ce pays.

 

Pour une fois, l’organisation africaine joue son véritable rôle, et ce tableau luisant, en contraste total avec l’image qu’on présente le plus souvent de l’Afrique, est à son actif...

 

Un autre évènement, et non des moindres, est la volonté affichée par le Président béninois Mathieu Kérékou de ne plus briguer de mandat et de se conformer à la constitution : à notre avis, face à la volonté affichée de nombreux présidents au pouvoir en Afrique de fuir le statut d’ancien président et de se maintenir par tous les moyens aux affaires, mention spéciale à cet homme qui, par ce geste, administre une leçon d’humilité politique et de grandeur d’âme, qui lui permet de rejoindre le cercle très restreint des présidents Senghor, Nelson Mandela, qui ont volontairement quitté le pouvoir, alors que beaucoup d’autres s’éternisent et s’enlisent dans ses dédales.

 

 

La chute des ténors :

 

Jamais on n’aurait imaginé une Coupe du monde de football sans la participation des ténors africains que sont les Lions indomptables du Cameroun, les Supers Eagles du Nigeria... Allemagne 2006, ce sera sans eux, et pour cause.

 

Alors que tout le monde, jusqu’à la dernière journée, ne pouvait s’imaginer pareille situation, le sort en a voulu autrement ; tenus en échec à domicile par les Pharaons d’Egypte qui n’avaient rien à gagner ( un but partout), les Camerounais ont cédé leur place à la Côte d’Ivoire qui, pour la première fois de son histoire, goûtera aux merveilles d’une Coupe du monde de football, tout comme l’Angola, à égalité de points avec le Nigéria, qui se contentera de suivre ce rendez-vous footballistique à la maison. Impérial, le Togo, sous la supervision du maestro Stephen Keshi, survole et se qualifie comme la Côte d’Ivoire, le Ghana et l’Angola, à leur première participation en Coupe du monde, sans oublier la valeureuse Tunisie, qui en est à son troisième rendez-vous. C’est ce que nous offre le sport, en cette année 2005...

 

Les barbelés de la honte :

 

Cette année restera à jamais gravée dans l’esprit de bon nombre d’Africains comme celle des émigrés de Cieuta (Maroc), en route pour la recherche d’un monde meilleur, lequel malheureusement prend fin tragiquement dans cette enclave marocaine, à la frontière avec l’Espagne ; ils sont pourchassés et maltraités par leurs frères de ce royaume ; qui aurait cru, en cette période où l’heure est à l’unité du continent, que les Africains seraient les premiers à renvoyer ad patres leurs frères africains ? C’est pourtant la triste réalité, que nous avons vécue à la fin du troisième trimestre de l’année qui vient de s’achever.

 

Enfin les aspirations des jeunes Africains prises en compte :

 

Face aux nombreux problèmes que rencontrent les jeunes Africains dans leur existence quotidienne, notamment leur propension à émigrer par tous les moyens en occident, le sommet de la Francophonie, tenu à Bamako durant le mois de décembre dernier, a attisé la conscience de ces problèmes et a apporté des solutions, notamment celle de mieux investir dans son pays d’origine, afin que les populations se fixent et ne soient pas toujours tentées d’immigrer.

 

Ainsi va l’Afrique, à l’aube de l’an cinq du XXIe siècle.

 


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7 réactions à cet article    


  • yaarg (---.---.109.114) 12 janvier 2006 18:29

    Toutes ces avancées ne sont que de la poudre jetée aux yeux du monde occidental pour rassurer les blancs. Dans sa vie quotidienne, l’Africain moyen, celui qui essaye de travailler pour survivre, n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi on lui apprend à l’école que son pays est « riche » alors que tout le monde, sauf quelques privilégiés, vit dans la pauvreté. De Bamako à Kinshasa, de Douala à Brazzaville, ce sont bidonvilles, délinquence, illettrisme, alcoolisme...

    Pendant que le petit peuple survit, les privilégiés construisent de belles villas qui sont de véritables forteresses, généralement en détournant de l’argent (comparez le délabrement de Moungali au centre ville de Brazza)...

    Investir en Afrique ? On sait ce que ça a donné jusqu’à présent : les élus politiques (généralement élus par les armes, sûrement pas par les urnes), se servent les premiers et ne réalisent pas un dixième de ce qui pourrait être fait. Les diamants de la RCA, le cuivre du Zaïre (rebaptisé RDC), le pétrole de l’Angola, tout cela profite à qui ? Ça n’a JAMAIS profité au peuple et là, je ne suis pas d’accord avec vous : rien ne change en Afrique, ce sont toujours les mêmes qui profitent, et toujours les même subissent.


    • Alexandre Santos (---.---.183.51) 12 janvier 2006 20:43

      Je comprends que vous dites que rien ne change, mais je ne suis pas d’accord.

      Tout d’abord depuis quelques années beaucoup de pays ont été pacifiés, en Afrique australe, comme en Afrique de l’Ouest. Bien sûr, des foyers de guerre se sont aussi déclarés dans d’autres lieux (Afrique Centrale, de l’Est, Côte d’Ivoire, etc). Mais il n’en reste pas moins que certains pays comme l’Angola, Mozambique, etc semblent se stabiliser de façon durable.

      Bien sûr la corruption reste très forte, mais il y a des signes que la societé civile mûrit, et que la vie politique se pacifie (élection d’Elian Jhonson, le Burindi, le Bénin).

      Il faudra un énorme effort d’éducation populaire pour permettre aux populations d’avoir les outils qui leur permettent de se défendre et de prospérer dans le monde moderne.

      On n’est donc certainement pas au bout de nos peines, mais il faut faire attention à ce qui se fait dans le continent, et à ce qui marche, plutôt que de plonger dans un pessimisme apathique.


    • (---.---.202.38) 12 janvier 2006 20:31

      Il faut y aller pour se rendre compte des changements. L’Afrique de l’Ouest avance un peu plus tout les jours malgré le conflit en Côte d’Ivoire. Le petit peuple souffre partout dans le monde que ce soit en Europe, en Amerique ou en Afrique.

      Arretons avec cette mentalité misérabiliste. Il y’a et il y’aura toujours des magouilles des elections plus ou moins bidons mais voyez les changements de mentalités.


      • Coovi (---.---.111.25) 14 janvier 2006 18:54

        Cher Monsieur J’ai lu votre article sur l’Afrique.Il y a eaucoup de chose à dire à y dire notament les raisons profondes pour lesquelles le continent est dans la situation qu’on lui connait et qu’il connaitra encore pendant un bon bout de temps. Mais je voudrais réagir à propos du passage concernant le Bénin et le président Mathieu Kérékou.

        Je suis désolé de vous contredire parce que, ce que vous dites à propos de Kérékou est inexacte. Mathieu Kérékou n’a aucune leçon d’humilité politique ni de grandeure d’âme à donner à qui que ce soit. Il n’en n’a pas les ressources ni mrales ni intellectuelles.Vulgaire poutchiste en octobre 1972,Monsieur Kérékou a avec ses services, pendant dix-sept (17) années durant,humilié ,torturé, assassiné des communistes du P.C.b.(Parti Communiste du Bénin) et autres valeureux fils du pays pour opposition à sa politique.Vomi par le peuple et lapidé dans la rue lors de la gigantesque manifestation, organisée le 11 décembre 1989 à Cotonou,il fut secouru et sauvé par la France(François Mitterand) à travers la fameuse conférence nationale dite des forces vives de la nation oû le peuples et ses organisations de combat ont été soigneusement écartées.Revitalisé, il prit une pause et remis en selle cinq ans plus tard oû il s’accroche au pouvoir jusqu’à aujourd’hui.En dehors de l’intermède de Soglo pendant un mandat de cinq ans à la tête du pays,un seul homme dirige le Bénin depuis 1972.C’est Mathieu Kérékou.Il a transformé le pays en une institution mafieuse. Contrairement à ce qu’il proclame à ceux qui veulent l’entendre, Kérékou ne veut pas partir.la dernière preuve en date est la démission Pierre Osho son ministre de la défense pour son entêtement à s’accrocher au pouvoir.Je vous conseille de suivre les derniers développements de la situation politique au Bénin.Déjà le dimanche 22 Janvier 2006 le Comité Culturel Pour la Démocratie au Bénin (CCDB)organise un meeting au sujet de la situation au Bénin à l’A.G.K au 177 métro Alexandre dumas à partir de 14 heures. Kérékou a raison de s’inquiéter car il a beaucoup de comptes à rendre au peuple Béninois. S’il n’a rien à se reprocher à quoi sert alors l’immunité que la conférence nationale lui a frauduleusement accordé au mépris du peuple Béninois.


        • coovi (---.---.63.150) 15 janvier 2006 17:56

          Vous voudriez bien m’excuser pour toutes les fautes de frappe contenues dans mon précédent commentaire , c’est à dire celui du 14 janvier 2006. D’autre part, je reprécise l’adresse oû se tient le meeting du CCDB. Meeting d’information sur la situation au BENIN. Dimanche 22 janvier 2006 à partir de 14 heures à l’AGEKA au 177 Boulevard Charonne 75011 PARIS Métro Alexandre Dumas Merci


        • Méric de Saint-Cyr Marc-Cyr-Joseph 16 janvier 2006 00:07

          - On a vu pour 2005
          - Qu’en est-il de 2006 ? Je viens de voir un reportage aujourd’hui à la télévision, dans l’émission sept à huit sur TF1. Un reportage sur la malnutrition au Niger. Un reportage qui montre la simple réalité : on crève toujours plus de faim en Afrique, la nourriture manque, les enfants malades ne peuvent même pas être auscultés, une consultation coûte seulement un euro et on nous montre ces mères qui n’ont même pas de quoi payer cet euro (qui correspond en fait à 656 FCFA, ce qui fait beaucoup d’argent par rapport au pouvoir d’achat).

          C’est facile de voir que tout va bien en Afrique lorsqu’on regarde par le petit bout de la lorgnette. La vérité est ailleurs : la vie rurale est misérable, les bidonvilles autour des cités sont énormes... L’Afrique s’est considérablement appauvrie ces 10 dernières années.

          Sur les 21 pays les plus pauvres du monde, 17 sont africains... Le bengladesh (moyen orient) qui était, il y a dix ans le pays le plus pauvre du monde ne fait plus partie des 21. Cela montre bien qu’il y a eu un bouleversement économique, et celui-ci s’est fait au détriment de l’Afrique sub-saharienne.


          • Alexandre Santos (---.---.183.51) 16 janvier 2006 12:50

            Sans détracter du contenu de votre commentaire, je voudrais simplement préciser que le Bangladesh partage une frontiére avec la Birmanie et est plus à l’Est que certaines régions de la Chine. Je ne suis sûr que cela concerne ce qu’on appelle habituellement le Moyen Orient.

            Oui, je sais, j’ai du temps à perdre :)

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