Une montée de périls, au Moyen-Orient ?
Il y a sans doute une montée de périls au Moyen-Orient en ce moment, liée à « l’après Sharon », à la mise à l’épreuve du régime syrien, et à la question de l’usage du nucléaire par l’Iran.
La volonté de redessiner la carte géopolitique arabe, l’escalade des événements en Iran et en Syrie attestent une montée des périls au Moyen-Orient, alors que la guerre en Irak qui se poursuit exerce ses effets d’entraînements sur la région, entretenant les sentiments de colère et de ressentiments, légitimant la résistance nationale et confortant, hélas, les mouvements de dérives. Comment distinguer le grain de l’ivraie ? Une relecture de l’actualité est nécessaire, pour redonner aux faits historiques leurs justes dimensions, les dégager des traitements médiatiques erronés et des discours équilibristes de certains partenaires politiques occidentaux qui veulent ménager la chèvre et le chou, pour ménager leur électorat et leurs lobbies, en laissant leurs principes aux vestiaires.
I - L’après-Sharon, ou la construction d’un mythe trompeur !
Le départ de Sharon des affaires a servi à entretenir une confusion surprenante. Le retrait unilatéral de Gaza, qu’il a engagé, a permis à des « analystes de boulevards » d’occulter son passé glorieux à Sabra et Chatila, la politique coloniale qu’il a privilégiée, et ses faits d’armes dans la réalisation de l’expansion territoriale et le siège de Beyrouth. Il faut savoir raison garder, avant de construire des mythes trompeurs, qui occultent la réalité, masquent les évidences. Sharon a certes réagi par pragmatisme, en se rendant compte que l’option militaire était dans l’impasse, que l’opinion publique dans le monde désapprouvait sa dénégation du fait national palestinien ; mais -fut-il ébranlé par sa nouvelle appréciation de la situation ?- il refusa d’inscrire son programme dans une vraie politique de dialogue, de paix et de réconciliation, et de reconnaissance des partenaires. Dissipons le malentendu, en descendant lucidement Sharon de ce piédestal artificiel. Vérité première, il n’a pas les dimensions d’un Mendès France ou d’un de Gaulle. La poursuite des événements se fera selon la même logique de l’establishment israélien, à moins qu’il n’y ait un retour de conscience favorable à l’ensemble des peuples de la région. Ne soyons pas dupes.
II - Le régime syrien à l’épreuve
Le retrait syrien du Liban, favorisé par la conjoncture internationale, a été hélas entaché par l’assassinat de Hariri et ses effets complexes sur la scène syrienne. La prise de distance de l’ancien vice-président Khaddam face à un régime qu’il a longtemps servi, et par conséquent approuvé, met le régime du Ba’th syrien à rude épreuve. Cette sortie d’un navire qui prend de l’eau peut paraître intéressée. Mais son témoignage peut enrichir la connaissance de cette idéologie totalitaire, de l’appareil de gouvernement qu’elle a institué, des programmes d’action qu’elle a engagés et des mécanismes de prise de décision qu’elle favorisait.
Ce concours de circonstance - simple effet d’un hasard ! - sert des intérêts désormais connus. Les bruit de bottes qui se fait entendre menace la quiétude du citoyen syrien, en cas d’intervention étrangère. Privé de l’enjeu pétrolier, la Syrie semble pour le moment épargnée. La concertation des partenaires de la région, particulièrement l’Egypte et l’Arabie Saoudite, traduisant des inquiétudes arabes bien réelles, permet une pacifique sortie de crises.
III - Le défi iranien
L’Iran a repris, mardi 10 janvier 2005 - le jour de la grande fête de l’Aïd al-Kebir, simple coïncidence ? - ses activités de recherche en matière de combustible nucléaire, après deux années de suspension. Défiant les Etats-Unis et, dans une certaine mesure, l’Union européenne - une traversée du Rubicon ! - l’Iran s’expose à sa colère et éventuellement à sa réaction militaire, envenimant la crise avec l’Occident.
Par quoi s’explique cette affirmation de l’option nucléaire iranienne ? Discours de nostalgie, volonté de faire valoir l’indépendance de sa décision, souci de satisfaire une opinion publique en colère, ou de dépasser la pesanteur interne ? Ce défi de la conjoncture surprend. Vu les rapports de forces, le Conseil de sécurité peut condamner l’initiative iranienne et préparer l’opinion publique à une intervention israélienne ou américaine. Mais est-ce que l’Onu peut opter pour une interdiction discriminatoire de l’armement nucléaire au Moyen-Orient ? Peut-elle, de surcroît, interdire à certains pays l’usage du nucléaire à des fins pacifiques ?
Un monde sans nucléaire et sans armement de masse serait plus conforme à l’éthique des Nations Unies et à la culture de la paix qu’elle tente de faire valoir. Peut-on faire ce rêve ?
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