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Télévision sans frontières ni barrières de langues

Déjà utilisé en radiophonie, notamment par Radio Chine internationale, Radio Pologne internationale, Radio La Havane, Radio Vatican et par la RAI, l’espéranto est sur le point de franchir un nouveau cap avec le lancement d’Internacia Televido (ITV).

ITV est un projet ambitieux de télévision internationale réticulaire entièrement en espéranto, lancé par Flavio Rebello, le créateur brésilien du portail ("Gxangalo" = Jungle), véritable média fonctionnant un peu à la façon d’Agoravox, mais à l’échelle mondiale : tout citoyen de la planète peut être reporter.

Après deux années d’efforts, et un voyage en Europe de Flavio Rebello pour recueillir un soutien financier, ITV est maintenant au stade des tests auxquels peut participer tout usager d’internet. Des volontaires sont cherchés dans le monde entier pour informer, traduire ou collaborer de diverses façons. La connaissance de l’espéranto est évidemment indispensable.

Une première tentative de création de télévision internationale, “E-TV“ avait eu lieu en Italie avant l’explosion d’internet avec l’appui du Partito Radicale Transnazionale, le plus actif des partis européens dans la lutte en faveur de l’espéranto, mais elle s’est heurtée au problème du manque de moyens financiers.

Les premières émissions radiophoniques expérimentales en espéranto ont eu lieu en 1922 à Newark (station XYZ, près de New York) et à Londres. Cet exemple fut suivi, en 1923, par Moscou, Montréal, Rio de Janeiro, puis en 1924 par Prague, Genève, Helsinki et Paris. La Conférence préliminaire pour une entente internationale en radio-téléphonie, qui se tint à Genève en avril 1924, sous les auspices de la Société radio-electrique suisse et de l’Universala esperanto-asocio, rassembla des ingénieurs et des délégués d’une quarantaine de pays. Près de la moitié des interventions eurent lieu en espéranto. Une résolution fut votée en faveur de cours et d’émissions dans cette langue "étant donné que cette langue s’est montrée facile à apprendre, claire à entendre, et déjà répandue, dans une assez grande mesure, parmi les auditeurs de tous pays".


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146 réactions à cet article    


  • marsu (---.---.76.25) 5 octobre 2005 21:46

    on connait le nombre de personnes au monde parlant l’esperanto ?

    merci d’avance si quelqu’un connait la réponse...


    • R.P. (---.---.69.253) 5 octobre 2005 22:45

      Ca a toujours été impossible à dire (le nombre d’adhérents à des associations a toujours été très inférieur au total ; par ailleurs à partir de quel niveau de maîtrise dira-t-on que la personne « sait » l’Espéranto ? etc,) et encore moins de nos jours où la plupart des nouveaux espérantistes l’aprennent tout seul dans leur coin par internet, s’en servent (ou ne s’en servent pas !) mais n’adhèrent jamais à une quelconque structure). Il me semble que la moins mauvaise méthode pourrait être au moyen des statistiques de la Wikipedia, cette encyclopédie libre sur internet. Pour chaque wikipédia, dans chaque langue différente, il existe des statistiques de fréquentation, donc pour celle en Espéranto (actuellement elle comporte 28 000 articles sur tous les sujets) aussi. Il faudrait essayer de trouver la langue avec laquelle la comparaison pourrait être pertinente et représentative, et faire une règle de trois !


      • yaubi (---.---.12.218) 6 octobre 2005 10:05

        > on connait le nombre de personnes au monde parlant l’esperanto ?

        Personne ne connait le nombre exact, ni même approximatif, de personnes parlant l’esperanto dans le monde. Mais pour donner une idée, on peut dire que ce nombre est de l’ordre de plusieurs millions de locuteurs.


        • Parole à Tous (---.---.142.121) 6 octobre 2005 20:06

          En effet, on est dans la conjecture... Mais si l’on sait qu’une recherche sur « esperanto » avec Google donne 149 millions d’occurences du mot, on peut en effet supposer raisonnablement que le nombre des gens qui le parlent au moins aussi bien que l’anglais (et sans doute mieux, vu sa grande facilité) est de plusieurs millions.

          Des cours ont eu lieu à la TV chinoise, et ça, cela fait un sacré vivier !!!


          • Senatus populusque (Courouve) Courouve 7 octobre 2005 21:39

            Que l’on parle de l’espéranto, comme ici, ne prouve pas du tout que l’espéranto soit parlé comme une langue vivante.


            • Masson (---.---.65.34) 8 octobre 2005 06:25

              Les usages de l’espéranto sont multiples et ça fait déjà très longtemps qu’il n’y a plus rien à prouver : il suffit d’ouvrir les yeux et les oreilles.

              Dès le début du siècle dernier, le grand géographe Élisée Reclus avait pu constater que l’espéranto fonctionnait déjà « comme un organe de la pensée humaine » et mentionner, dans son ouvrage magistral « L’Homme et la Terre » : « Les progrès de l’espéranto sont rapides, et l’idiome pénètre peut-être plus dans les masses populaires que parmi les classes supérieures, dites intelligentes. »

              Aujourd’hui, il existe des enfants natifs espérantophones ; l’espéranto est la principale langue de l’Académie internationale des sciences de San Marin (AIS) ; des grands voyageurs l’ont utilisé ou utilisent encore de nos jours pour diversifier leurs contacts, surtout dans les pays dont ils ne parlent pas la (les) langue(s). J’y reviendrai peut-être dans un article ultérieur. hm


              • chocolat bleu pâle (---.---.35.125) 8 octobre 2005 12:40

                AIS : un site qui date de 1995, aucune photo, une sorte de confusion territoriale entre Paderborn et Saint-Marin... si ce n’était si pathétique, on se croirait dans une fiction de Borgès.

                Les espérantistes sont un peu les témoins de jéhova du web : ce qui les intéresse, ce n’est pas ce que vous croyez, c’est que vous le croyiez avec eux. Il est impossible de s’intéresser à l’espéranto sans qu’un preux convaincu, à un moment ou un autre, ne tente de vous faire passer du statut de simple curieux à celui de militant.

                Passe encore sur le culte de leur fondateur, Zamenhof, qui est plus folklorique que dangereux, mais le message sous-jacent est, lui, beaucoup plus sournois.

                Imaginons :
                - En deux mois, attiré par la promesse de vous faire des amis partout dans le monde, vous apprenez assez d’espéranto pour tenter les premiers contacts (laissons-leur cela : l’espéranto est, effectivement, une sous-langue pleine de ressources et facile à apprendre, un peu comme un jeu de société)
                - A ce stade arrivent les premières demandes de cotisation, d’abonnement, de dons. Retenez bien ça, j’en dirai encore un mot...
                - Vous poursuivez vos contacts exploratoires. Quel est le centre d’intérêt principal déclaré de vos futurs correspondants ? La culture des petits pois, la gravure sur bois, la tétratrichotomie ? Non, même pas, c’est l’espéranto. Le cercle vicieux va se refermer. Comme vous êtes plutôt bonne pâte, vous vous tournez vers les intérêts secondaires de vos interlocuteurs. Ah, du choix. Enfin... du second choix. On en a vite fait le tour, et on revient à l’espéranto. La boucle est bouclée.
                - Humainement parlant, il vous serait à ce stade très désagréable d’admettre « qu’il est marqué bécasse, ici ». Vous pouvez encore tourner votre désormais connaissance de l’espéranto en avantage dans les salons mondains. Bref vous devenez en société le porte-parole d’une communauté internationale qui, si on la réduit aux acquêts, compte 5.000 personnes à tout casser. Plus vous.

                L’espéranto ? Un agréable passe-temps. Un jeu de l’esprit, comme les échecs et les autres interlangues, plus perfectionné peut-être, mais qui ne parle que de lui.

                À propos, ITV ne démarrera probablement jamais. Sur le site, pas même le début d’une TV, juste un message vidéo tourné en plan fixe à l’aide d’un caméscope. Mon petit neveu aussi a un caméscope. Et lui, il fera sa télé sans vous demander vos sous.


                • Masson 8 octobre 2005 12:57

                  Affabulation et délire ! Pour Hitler, l’espéranto était « une langue de juifs et de communistes » ; pour Staline, « une langue de sionistes et de cosmopolites ». Érasme disait « Je suis un Gibelin pour les Guelfes et un Guelfe pour les Gibelins ». La Libre Pensée a récemment adopté des résolutions en faveur de l’espéranto cet été à l’occasion de son congrès mondial (Paris) et de son congrès national (Metz). Malheureusement, un article proposé à ce sujet à Agoravox a été refusé... Donc assimiler l’espéranto à une secte est purement et simplement une calomnie.


                  • skirlet (---.---.114.181) 8 octobre 2005 14:43

                    Etudiante, j’ai appris les bases de l’espéranto en suivant un cours par correspondance (payant, mais le prix était vraiment symbolique). Personne ne m’a jamais sollicitée avec des dons, des adhésions, etc. Je n’avais pas d’argent pour m’abonner à quelque chose, mais on m’a laissé recopier dans une revue bulgare les adresses des autres espérantistes qui souhaitaient correspondre. Et je peux certifier que dans mes échanges avec les personnes de plusieurs pays, on ne parlait que très rarement (pratiquement jamais) de l’espéranto. L’espéranto, on l’utilisait pour discuter des autres choses. Vous voulez faire un don ? C’est votre droit. Vous ne le souhaitez pas ? Personne ne vous menace avec un flingue.

                    Je me permets de citer ici des extraits d’une lettre de Claude Piron :

                    "Personnellement, je trouve les discussions sur le nombre de gens sachant l’espéranto sans intérêt. Cela ne change rien à la valeur de la langue, au fait qu’elle est vivante, a de véritables qualités littéraires et est une excellente langue juridique et scientifique, ni à son potentiel de langue mondiale. Il n’y aurait que 200 personnes qui savent bien l’espéranto, pourvu qu’elles soient dispersées entre cinq continents, cela suffirait à justifier que la langue fonctionne et est disponible pour un usage infiniment plus vaste. En tout cas il n’y a aucune raison de la dénigrer avant d’avoir observé comment la communication se passe entre ces 200 personnes et avoir comparé ce résultat avec celui que donnent les autres systèmes. De toute façon, s’il n’y avait que 200 personnes parlant espéranto, cela n’aurait rien à voir avec la langue elle-même, la cause de cette faible diffusion résiderait entièrement dans les calomnies, les préjugés, les contrevérités répandues à son sujet, dans les réactions de rejet de la société devant toute innovation non technique propre à améliorer la situation, ainsi que dans la peur des élites et des autorités de regarder en face comment l’espéranto se compare en tant que moyen de communication mondial à ses rivaux, et notamment à l’anglais. Que veulent-ils prouver, ces gens pour qui les espérantophones sont peu nombreux ? Si c’est que la langue n’a pas eu de succès, qu’ils la comparent au succès du système métrique en 1747, 120 ans après sa première publication. L’état actuel ne préjuge pas de l’avenir, ni de la valeur de la chose.

                    ... On peut dire que les personnes qui tiennent absolument à rabaisser les chiffres présentés par les espérantistes ont une motivation négative, destructrice. Ce ne sont pas des gens qui s’intéressent à la vérité objective, ni au bien général, ni à leur bien propre, ni à l’intérêt futur de leurs enfants, s’ils en ont, ce sont des gens qui veulent gagner à tout prix. Le plaisir de regarder leurs adversaires de haut leur importe plus que le bien-être de tous. Ils se fichent pas mal d’une organisation intelligente et équitable du monde, ils n’ont aucune compassion pour les gens qui ont à souffrir du système actuel (y compris les millions de jeunes qui vivent toutes sortes de désagréments du fait des idées courantes sur l’anglais et l’importance de l’apprendre), et la pensée que l’argent dépensé souvent en pure perte du fait des systèmes linguistiques en vigueur pourrait être affecté à des activités plus utiles ne les effleure même pas. Ils veulent montrer que les partisans de l’espéranto ont tort, et cette victoire leur suffit. Il est extrêmement probable qu’ils ne savent pas eux-mêmes pourquoi ils ont un tel besoin de dénigrer ce que disent les espérantistes (c’est ce dont je m’étais rendu compte quand j’ai fait l’enquête qui est à la base de mon article « Un cas de masochisme social » : les adversaires de l’espéranto sont inconscients de leur motivation profonde). Bref, ce sont des gens qui ne sont pas libres : ils sont manipulés soit par les éléments influents de la société, soit par une ambiance générale, soit par leurs propres complexes, plus probablement par les trois."

                    J’ajouterai qu’une langue qui possède des locuteurs, quel que soit leur nombre, est une langue vivante (cf. Le Petit Robert).


                    • chocolat bleu pâle (---.---.35.125) 8 octobre 2005 15:05

                      Je disais que l’admiration des espérantistes pour tout ce qui se passe en espéranto est sans bornes ; tout ce qui sort de là est jugé comme de peu d’intérêt, et s’il est vrai qu’il serait techniquement possible d’avoir une conversation qui ne parle ni de Zamenhof ni de la pertinence de l’accusatif, les conversations sortent rarement de ces deux domaines. est le sectarisme, qui est une attitude fort répandue, même hors des sectes. À des degrés divers, lorsque nous refusons les différences de l’autre, nous en sommes tous coupables.

                      Notre panthéon moderne est divisé entre divinités bénéfiques et maléfiques. Hitler, Staline d’un côté, Einstein et Tolstoï de l’autre. Dans cet exemple, la frontière est claire. Si j’ai Einstein, Tolstoï ou un prix Nobel quelconque de mon côté, c’est que j’ai raison ; si par contre on me jette Hitler et Staline à la tête c’est que j’avais tort. Les choses sont beaucoup moins claires en ce qui concerne Fidel Castro ou le Pape, par exemple - bons, mauvais ? Ambidextres ? Rien de tout cela, braves gens, ce sont des Bons. Ils soutiennent l’espéranto. Dès que Karol Wojtyla prononçait ses vœux Urbi et Orbi, indépendamment du sens profond de son message, quelques zélateurs lançaient la nouvelle : « Écoutez bien le pape, cette année encore il parlera espéranto ». Ces alliés inattendus n’ont pas une seule fois attiré l’attention des foules sur le contenu, seul l’emballage leur ramène des clients.

                      Bien sûr, il faut faire la part des choses : l’espéranto est un agréable jouet. Mais il faut savoir que l’espérantisme, non seulement isole (le reste du monde ne parle pas comme Nous, peuple élu), mais en plus, comme démontré plus haut, il digère l’esprit critique.


                      • Olso (---.---.75.109) 8 octobre 2005 16:21

                        Bonjour Chocolat bleu pâle,

                        pseudo original et appétissant ;)

                        Pour répondre rapidement, intéressez-vous donc un peu à Europe Démocratie Espéranto, mouvement politique promouvant une autre politique linguistique pour l’Europe, équitable, juste, efficace, économique. Mais aussi une Europe plus démocratique, plus proche des citoyens. Et qui donc ne fait pas que de l’espéranto, et qui ne fait pas de l’espéranto pour l’espéranto.

                        Explorez plus largement tout ce qui est fait « par » l’espéranto, « en » espéranto, mais pas « pour » l’espéranto. ça existe aussi ! Mais difficile de juger de l’extérieur, quand on ne connaît pas.

                        Quant au fait que les espérantophones s’intéressent avant tout à l’espéranto, je dirais que c’est presque vrai, si on élargit aux langues. C’est certain, le principal intérêt des -tophones, c’est les langues. Y a-t-il du mal à cela ?

                        Je pense même que ça a du bon, car en dehors des espérantophones, qui s’intéresse encore aux langues et au problème linguistique ? Malheureusement presque personne, ce qui permet à l’impérialisme anglo-américain, non seulement politique, économique et militaire, mais aussi culturel et linguistique, de se développer. Qui en parle, de cette hégémonie destructrice ? Qui n’est pas résigné ?


                        • LO (---.---.35.86) 8 octobre 2005 20:48

                          La réaction virulente de chocolat bleu pâle m’a plutôt amusé. Moi aussi, j’attends ITV avec une certaine impatience : je souhaite vivement que ce soit une réussite, mais je n’en dirai rien de plus tant que je ne l’aurai pas vue fonctionner réellement. Cela étant, ce n’est pas la seule réalisation télévisuelle des espérantistes : plusieurs associations espérantistes proposent, par exemple, des cours d’espéranto sur la chaîne brésilienne MAIS TV - canal 21.

                          Quant à AIS, je connais le Professeur Frank depuis plus de trente ans, et je m’y perds encore un peu dans toutes ces structures qu’il a mises en place. Mais derrière ce foisonnement d’initiatives, il y a un bel exemple d’utilisation de l’espéranto pour parler d’autre chose que d’espéranto ; et même avant AIS, j’ai souvent utilisé l’espéranto pour faire des maths (par exemple).

                          Bien avant que je commence à payer des cotisations d’associations - et les associations espérantistes ne sont certainement pas les plus chères -, l’espéranto a représenté pour moi la possibilité de voyager, vers 17 ans, en Yougoslavie, Roumanie... en étant hébergé gratuitement par des familles espérantistes. C’est l’espéranto qui m’a donné envie d’étudier le chinois, puis la linguistique. Beaucoup d’espérantistes ont une expérience très riche de contacts internationaux, et quand ils parlent d’espéranto, c’est plus généralement des problèmes liés à la diversité des langues et cultures, problèmes qui ne se posent pas seulement aux espérantistes....

                          Enfin, s’il n’y avait que 5000 espérantistes à tout casser, ce serait remarquable qu’il en vienne plus de 2000 (et pas toujours les mêmes) à chaque congrès universel d’espéranto, ou que des revues mensuelles entièrement en espéranto tirent à plus de 5000 exemplaires.

                          Mais tout comme les chiffres publiés par l’Eurobaromêtre (sur la pratique des langues en Europe) sont très discutables, je suis conscient qu’il est difficile de dénombrer les espérantistes. Je ne saurais dire, par exemple, si mes enfants sont espérantistes. Par contre, ce que je peux dire, c’est qu’avant le dernier congrès des enfants auquel ils ont participé, à 9 et 11 ans, ils ne parlaient quasiment pas espéranto, alors que quelques jours après ils se débrouillaient très convenablement.


                          • (---.---.14.42) 8 octobre 2005 22:00

                            Alors jouet ou secte ? L’intervenant chocolaté ne sait pas trop, de quoi accuser les espérantistes smiley Je me demande pourquoi il s’énerve tant. Ce n’est quand même pas parce que sa grand-mère le privait de chocolat à cause de son refus d’apprendre l’espéranto smiley


                            • (---.---.209.110) 9 octobre 2005 07:04

                              Oui, il existe des gens qui ne vont pas au fond des choses. Imaginerait-on un écureuil qui ne mangerait que la coque des noisettes, des noix ou des amandes ? Il s’en lasserait sans doute très vite. Dans le cas de Chocolat bleu pâle, tout laisse penser qu’il n’a goûté que le papier d’emballage bleu pâle et la feuille d’aluminium smiley))

                              Plus sérieusement, et les exemples sont multiples, le dernier numéro annuel de « Sennacieca Revuo » (La Revue Anationale) éditée par l’Association Mondiale Anationale SAT, organisation socio-culturelle qui a des adhérents dans une cinquantaine de pays, propose sept articles :
                              - Concepts de vie politico-philosophiques de Georges Lagrange (un des grands écrivains et poète de l’espéranto dont les enfants sont eux-mêmes natifs espérantophones)
                              - Zamenhof et la médecine
                              - Lutte des classes, darwinisme et évolution
                              - Je pense que le mikado (empereur du Japon) a été responsable de la guerre
                              - Printemps national, nationalisme créatif et langue internationale dans les thèses de Willhem Flusser (philosophe tchèque)
                              - Afrique du Sud, entre mythes et réalité Poésies

                              Donc, il s’agit d’un contenu équilibré.

                              Quand à l’action éditrice de SAT, parmi les livres qui incitent le plus à la réflexion, on trouve « 7000 tagoj en Siberio » (7000 jours en Sibérie, de Karlo Stajner), « Vualo de l’silento » (Le voile du silence, de Djoura), « Vivbruligita » (Brûlée vive, de Souad).

                              Et si l’on regarde le rôle des femmes dans le succès de l’espéranto (voir « Portraits de femmes sans frontières »), on en vient très vite à la conclusion que la chocolaterie bleu pâle est indigeste.

                              Henri Masson


                              • chocolat bleu pâle (---.---.32.149) 9 octobre 2005 18:28

                                à propos d’EDE : Comme le rappelle gentiment Monsieur Masson entretemps, SAT, l’association « travailliste » d’esperanto, prétend elle aussi ne pas faire de l’espéranto pour l’espéranto. Henri Masson met en exergue l’exemple de la Sennacia Revuo et son contenu qui, reconnaisons-le, semble équilibré (quoique dormitif). Vitrine creuse et effet d’annonce. Présenter ainsi une revue à parution ...annuelle comme une norme de la qualité des publications espérantistes relève de la pure malhonnêteté intellectuelle, quand on sait que l’essentiel de ce que recevra le membre cotisant dans cette même association sera constitué par le compte-rendu de réunions dans lesquelles de jeunes pensionnés dynamiques se demandent quoi faire et comment le faire. Notant cela, Monsieur Masson hésitera désormais je pense à utiliser un argument ad hominem d’emballage et de contenu indigeste.

                                Je sous-entends pour ma part, sans vouloir agresser EDE, que ce que vous dites de votre parti (une assemblée de plus, mais où sont les « vraies » gens ?) est en l’état une déclaration d’intention et rien d’autre. Mais je vous souhaite bien sûr de pouvoir faire autre chose que de l’espéranto et de faire éclater votre originalité au grand jour.

                                à propos d’impérialisme : La désignation et la diabolisation d’un ennemi commun, réel ou imaginaire, a bien souvent servi d’élément de cohésion des foules dans les mains des manipulateurs d’opinions. Aujourd’hui, cette ombre qui se dessine à l’horizon, qui pénètrerait subrepticement nos foyers, qui arracherait nos nouveaux-nés du sein de nos compagnes, est l’impérialisme anglo-saxon. Les gens qui l’agitent, en général pour défendre leur français, oublient un peu vite, ou bien n’ont pas remarqué, que leur langue est elle-même un créole de latin. Ils ont également oublié fort volontairement que l’invasion actuelle de l’Anglo-Saxon est, à tout prendre, beaucoup plus pacifique que celle des Romains à l’époque. (cfr Lise Gauvin « La Fabrique de la Langue », point Seuil n° 512). La créolisation me semble un processus d’enrichissement plus que de dégénerescence, même si elle suppose quelques périodes d’inconfort sémantique. Poussons plus loin : les gens qui, ayant inventé le mot « franglais » avec Étiemble, désignent aujourd’hui l’ennemi anglo-saxon à la vindicte populaire, font exactement la même chose que ceux qui inventaient naguère une juiverie internationale et une conspiration franc-maçonne. L’imposture intellectuelle, si elle est juste un peu différente, suit les mêmes mécanismes, et aboutit au même résultat : le repli sur soi, la haine de l’autre. Loin d’être le ciment universaliste dont il crépit sa façade, l’espérantisme est un repli identitaire. Au lieu de s’accomoder d’un empire, en formation ou en déliquescence mais bien réel, on s’échappe dans l’utopie et on revend de la frustration aux personnes que l’on a soi-même insécurisé.

                                Je digresse pour les initiés : le mouvement s’est même trouvé récemment son « Protocole des Sages de Sion » grâce à l’« Anglo-American Conference Report 1961 »... Rapport secret (comme son triste modèle) introuvable et inconsultable, émis par une autorité douteuse si pas inexistante (donc probablement aussi forgée que son triste modèle). Qui nous annonce l’intention de personnes non-représentatives, (un « think tank », pour faire court) d’établir la domination de l’anglais sur le monde. Là, ce n’est plus Borgès, c’est le Concombre Masqué.

                                à propos de nos 17 ans : J’aurais rêvé, LO, pouvoir moi aussi éprouver le plaisir rare d’un séjour chez l’habitant. Ceci dit, à trop voir l’habitant, je me demande ce qu’on peut apercevoir du pays... Les espérantistes voyagent entre eux, et s’imaginent internationaux. Ils rencontrent leurs doubles et croient découvrir l’âme d’autrui dans le miroir qu’on leur tend.


                                • (---.---.209.110) 9 octobre 2005 19:04

                                  D’abord, la revue annuelle « Sennacieca Revuo » est un supplément annuel à la revue « Sennaciulo » qui paraît onze fois par an et qui ne traite guère, elle non plus, de l’espéranto, mais de thèmes sociaux, culturels et politiques. Parler d’emblée à l’encontre de plublications sans même les connaître donne déjà une idée de l’honnêteté de ce qui suit. Quant à l’auteur de « Imperialism Linguistic » (University Press Oxford, 1994), le professeur Robert Phillipson, aujourd’hui professeur d’anglais à l’École supérieure de Commece de Copenhague, il a travaillé au British Council et a eu accès aux documents confidentiels de l’« Anglo-American Conference Report 1961 ». Il en a fait état récemment dans la revue « La SAGO » Tout le reste n’est qu’affabulation.

                                  Henri Masson


                                  • Myriam (---.---.32.149) 9 octobre 2005 19:11

                                    ...sans les connaître ? Est-ce si sûr ? Pour ma part, notre interlocuteur a l’air très bien renseigné...


                                    • (---.---.209.110) 9 octobre 2005 19:57

                                      « A l’air » : ça n’a pas l’air d’une certitude... Il juge d’après les titres que j’ai moi-même donnés (« semble équilibré »...) et le voilà qui sait tout ! Où faut-il rire ?

                                      De plus, les rapports sont réunis dans un autre cahier paru avec le numéro de septembre, donc, au total : Sennaciulo avec 11 numéros, le rapport et la revue anationale « Sennacieca Revuo ».

                                      La certitude est qu’il entretient le flou en se donnant l’air de savoir. En somme : « je ne sais rien mais j’en cause ».

                                      Par exemple pour l’Académie Internationale des Sciences de San Marin. Elle existe bel et bien et fonctionne avec l’espéranto comme langue de travail. Et en quoi est-ce gênant que son siège social soit en république de san Marin et son secrétariat en Allemagne ? Précisément à Paderborn ? Est-ce que ça la dévalorise ? Elle a même un prix Nobel en son sein en la personne du prof. Reinhard Selten (prix de sciences économiques 1994).

                                      Et ITV ? D’emblée il nous est dit qu’« elle ne démarrera probablement jamais »... Faut-il aller plus loin pour percevoir la ligne de pensée de celui qui affirme cela, si l’on peut parler de pensée... Il ne manque plus que quelques milliers d’euros à ITV pour démarrer. Est-il si facile, même dans des langues ayant beaucoup plus de locuteurs, de lancer une télévision ?

                                      Henri Masson


                                      • Chocolat bleu pâle (---.---.32.149) 9 octobre 2005 20:05

                                        Bien vu, Myriam...

                                        Qui veut tuer son chien prétend qu’il a la rage, hein ?


                                        • Alexandre Santos (---.---.166.143) 9 octobre 2005 20:11

                                          “l’espérantisme est un repli identitaire”

                                          Hilarant !

                                          Puisque vous semblez être un mordu des théories de la conspiration, je vous conseille d’enquêter sur l’église Scientologique, plutôt que d’obsèder à propos d’un groupe de doux rêveurs.

                                          Non seulement vous trouverez plus de matière à phantasmer, mais de plus l’audience du récit de vos découvertes sera bien plus large. Qui sait, vous pourrez même écrire un livre et passer à la télé ! Une enquête sur la secte espérantiste me semble par contre vous condamner à l’obscurité.


                                          • Masson 9 octobre 2005 20:17

                                            Les régimes totalitaires ont traité l’espéranto comme s’il avait précisément la rage. Il existe suffisamment de documents d’archives, des décrets nazis ou du NKVD accessibles aux historiens. Même le gouvernement français s’en mêla en 1922-1923 à la Société des Nations. Donc merci d’avoir donné cet exemple ! L’agression chocolatée est du même tonneau. Henri Masson


                                            • funram funram 18 juillet 2007 00:17

                                              Qu’est-ce que le NKVD a à voir là-dedans ? Certes, il a formé une coallition d’un an avec le NSDAP (Parti National-Socialiste des Travailleurs Allemands, souvent désigné par Parti NaZi) avant d’être lui-même supprimé, certes il est resté durant la République de Weimar le principal parti d’obédiance royaliste, certes il a été ultra-conservateur ; il n’a cependant jamais employé de milice officielle à l’instart des partis d’extrêmes, il n’a jamais placé la haine d’autrui (à part des communistes, je vous le concède) au coeur de son programme politique. Et sinon, en quoi le fait que Hitler, Staline ou autre ait condamné quoique ce soit en fait obligatoirement quelque chose de positif ?

                                              Je rappelle que Hitler avait horreur de l’adultère et de la cruauté envers les enfants.


                                            • (---.---.97.137) 9 octobre 2005 20:38

                                              Caractéristiques des sectes :
                                              - la déstabilisation mentale ;
                                              - le caractère exorbitant des exigences financières ;
                                              - la rupture induite avec l’environnement d’origine ;
                                              - les atteintes à l’intégrité physique ;
                                              - l’embrigadement des enfants ;
                                              - le discours plus ou moins anti-social ;
                                              - les troubles à l’ordre public ;
                                              - l’importance des démêlés judiciaires ;
                                              - l’éventuel détournement des circuits économiques traditionnels ;
                                              - les tentatives d’infiltration des pouvoirs publics.

                                              L’espéranto n’est pas une secte.

                                              Est-il un repli identitaire ? Ne faites pas rire mes pantoufles, comme l’on dit à Odessa smiley) Celui qui veut se replier sur soi-même, s’en fiche profondement d’une langue internationale, espéranto ou pas.

                                              Autre chose : not’ chocolat coloré fait comprendre qu’il faut « s’accomoder d’un empire », apprendre docilement l’anglais et faire de ce fait preuve d’une grande ouverture d’esprit smiley La mentalité d’un colonisé ne me semble pas très ouverte. Il oublie sa dignité, rabaisse sa culture (il suffit de lire les passages sur le français créole) et pense être meilleur en copiant le Maître de toutes ses forces.

                                              « Les espérantistes voyagent entre eux, et s’imaginent internationaux. » Ben oui. Ce n’est pas parce que un Polonais, un Brésilien ou un Tchouktche a appris l’espéranto qu’il n’est plus un Polonais, un Brésilien ou un Tchouktche. L’espéranto les aide à communiquer efficacement, c’est tout. Ceci dit, le séjour chez un habitant ne se limite pas à la comtemplation dudit habitant smiley


                                              • Chocolat bleu pâle (---.---.32.149) 9 octobre 2005 22:39

                                                Anonyme ami, Je n’ai pas parlé de secte, j’ai parlé de sectarisme. (sekto <> sektemeco). Je n’en ai pas contre l’esperanto en tant que création ludo-linguistique, je parle du gras qu’il y a autour et qui porte le nom d’espérantisme. De cette élite autoproclamée pour qui l’homme de la rue est un barbare incapable du moindre discernement, puisque la lumière céleste de l’interlinguistique se refuse à lui. Vous avez un mot pour cela, vous les appelez les crocodiles. Encore une fois, il y a l’espérantisme ET le monde extérieur, les cercles trés confortables de vos clubs, où tout le monde est gentil, ET les affreux méchants qui ne veulent pas entendre parler de vous.


                                                • (---.---.107.13) 9 octobre 2005 23:57

                                                  « De cette élite autoproclamée pour qui l’homme de la rue est un barbare incapable du moindre discernement »

                                                  Ts-ts-ts... c’pas bô ça smiley Vous dites quelque chose et ensuite vous prétendez que ce n’est pas vous, ce sont les espérantistes qui le disent smiley Comme ils sont tous différents, il est possible qu’un individu quelconque pense comme vous, mais ce n’est pas l’essence de l’espéranto. Evitons les généralisations fallacieuses, voulez-vous ?

                                                  « Encore une fois, il y a l’espérantisme ET le monde extérieur, les cercles trés confortables de vos clubs, où tout le monde est gentil, ET les affreux méchants qui ne veulent pas entendre parler de vous. »

                                                  Du délire à l’état pur... C’est votre vision ça ? Grand bien vous fasse. Seulement elle n’a rien à voir avec la réalité.

                                                  Quant aux crocodiles, soit c’est de la manipulation (assez maladroite), soit vous n’avez rien compris. Les crocodiles sont les espérantistes qui parlent leur langue (maternelle, nationale etc) DANS LA COMPAGNIE MULTILINGUE, excluant ainsi plusieurs personnes présentes de la compréhension et de la conversation. Mais rien n’empeche les compatriotes ou les personnes voulant pratiquer autre langue que l’espéranto de se mettre ensemble, personne ne les taxera de crocodiles, si dans leur groupe tout le monde comprend et pratique la langue choisie.


                                                  • LO (---.---.73.101) 10 octobre 2005 00:18

                                                    Dépassionnons le débat, mais revenons à mes 17 ans. Je vivais dans une famille très fermée, et brusquement, j’ai découvert l’espéranto et les portes se sont ouvertes. La famille yougoslave qui m’a accueilli était elle aussi débutante en espéranto. J’ai trouvé chez eux un assimil allemand en serbo-croate (c’est ainsi qu’on nommait la langue à cette époque), et, en l’utilisant à l’envers, j’ai commencé à étudier le serbo-croate. Puis, toujours grâce à l’espéranto, j’ai décidé de suivre des cours de chinois au lycée ; à l’université, j’ai étudié la linguistique, ai même suivi quelques cours de sanskrit... et c’est l’espéranto qui m’a donné toutes ces envies, car avant d’apprendre l’espéranto, j’étais nul en langues et je ne m’intéressais qu’aux maths. Où est le repli identitaire ? Grâce à l’espéranto, j’ai rencontré ma femme, mais nous n’avons quasiment jamais parlé espéranto à la maison bien qu’elle aussi parle couramment (nous l’utilisions parfois dans le métro pour éviter que les voisins nous comprennent !). Mes enfants parlent croate avec leur mère, français avec moi, anglais à l’école car ils sont scolarisés aux Pays Bas : nous ne les avons jamais poussés à faire de l’espéranto, ma fille a trouvé toute seule un cours d’espéranto sur internet, et quand elle était en vacances cet été dans la même chambre que des enfants russes, elle a bien vu par elle même que l’anglais, le français, le croate et même le néerlandais et l’espagnol qu’elle étudie à l’école ne suffisaient pas pour communiquer, que l’espéranto était un plus.

                                                    Cela dit, j’ai tapé sous Google « quand un ... rencontre un autre ... », et j’ai trouvé plein d’exemples en réponse à cette recherche, mais pas d’espérantistes. Il ne me semble pas étonnant que les espérantistes parlent entre eux d’espéranto, mais ils ont également, individuellement ou ensemble, bien d’autres centres d’intérêt.

                                                    Je n’ai rien contre les créoles ni contre l’anglais - j’irai même jusqu’à dire que je regrette, à titre personnel, de ne pas mieux parler anglais ; malheureusement, l’anglais est difficile pour moi : j’ai suivi beaucoup plus de cours d’anglais que de cours d’espéranto, et pas seulement à l’école, mais le résultat n’est pas fameux -. Mais c’est le message qui accompagne cette anglicisation à outrance qui est blessant. Qu’il y ait à un instant t une puissance dominante, nous avons connu cela plusieurs fois dans l’histoire et je ne conteste pas que les Etats-Unis jouent encore ce rôle de puissance dominante. Mais pour combien de temps ? Déjà sur le plan économique, ils ne sont plus au top. Il est donc d’autant plus important pour eux d’imposer leur langue pour prolonger artificiellement leur domination, pour que l’on découvre le plus tard possible que « le roi est nu ».

                                                    Ce qui est nouveau, c’est la mondialisation qui fait que la communication ne peut plus se limiter à une petite région géographique. Tout comme elle ne se limite plus à la communication écrite ou orale : internet, les sms, etc... ouvrent la porte à une autre forme de communication qui n’est pas vraiment écrite ni orale. Des besoins nouveaux surgissent, qui exigent des réponses nouvelles. Je ne pense pas que l’anglais ou le globish soient une réponse suffisante. En tout cas, la proposer comme étant la réponse évidente de tous ces problèmes me semble une attitude insupportable. L’espéranto ne résout pas tous les problèmes : il apporte une meilleure qualité de vie à ceux qui le pratiquent ; et nous ne cherchons pas à l’imposer par la force, mais à l’offrir à tous ceux qui souhaitent en bénéficier.


                                                    • Jorgos (---.---.8.67) 10 octobre 2005 01:52

                                                      Saluton !

                                                      J’avais appris l’esperanto quasiment seul, en « jouant » à traduire du Pierre PERRET et en écoutant une K7 en esperanto du Prof. J. WELLS - un des meilleurs spécialistes de phonologie anglaise sur la place de Londres - en me disant naïvement qu’il était sûrement intéressant d’apprendre une langue simple et précise pour s’ouvrir au Monde entier.

                                                      Puis, presque dix ans plus tard, s’est annoncée l’année du Centenaire de la parution de la première brochure présentant la langue - 1887 à Varsovie. Un Congrès Mondial allait y être organisé ; je me suis dit qu’il était temps de tester la langue (que je n’avais jamais parlée à l’étranger, car me trouvant sans argent pour voyager - même pas pour m’abonner à des revues à prix modique !) et de voir la tronche des locuteurs...

                                                      Plutôt que de prévoir un voyage en train, comme n’importe quel retraité ou « sapiens urgentus », j’ai pensé qu’à vélo, ce serait un chouette voyage, et que ça permettrait de faire des tas de rencontres intéressantes. D’autre part, en annonçant le projet un peu à l’avance, d’autres pourraient se joindre à moi et soit pratiquer la langue soit l’apprendre sur la route, ce qui fut le cas pour plusieurs.

                                                      Résultat : un voyage extraordinaire sur plus de 20 000 Kms en 25 pays, 56 participants de 13 pays, 15 000 Espérantophones rencontrés en dix mois (+ certain refusant de nous rencontrer « Ils vont à Varsovie, ils sont sûrement communistes, ça ne m’intéresse pas ! » a-t-il dit celui-ci, et c’est son droit !). Il y avait donc (peut-être) des Communistes, (sûrement) des Anti-communistes, et moi qui m’en foutais, ou plutôt qui n’y connaissais pas grand-chose, ouvert...

                                                      Non-non, ce n’est pas une secte, l’Espérantie est même la meilleure anti-secte qui soit, car on y trouve des adhérents à toutes les croyances religieuses possibles, même un « Témoin de Jéhovah » - alors que leur ligne officielle est qu’il faut respecter le choix de Jéhovah qui aurait détruit la « Tour de Babel » pour empêcher les hommes de se comprendre, alors l’esperanto étant création humaine... (ils ne remarquent pas que les autres langues ne se sont formées et transformées que par la loi de la jungle).

                                                      Ce qui différencie l’esperanto des autres langues, c’est que c’est la seule langue vivante qui ait été écrite avant d’être parlée.

                                                      Les « Krokodiloj » ne sont pas du tout les « guadjeaux » de l’esperanto ; ce sont - si ça t’intéresse de t’informer sur ce mouvement et ses innombrables ramifications, sur les cultures auxquelles il donne accès et sur sa culture propre... - des Espérantophones qui, dans un groupe 100 % espérantophone, parlent leur langue nationale.

                                                      Et il y a d’autres mots s’ils parlent la langue d’un ou plusieurs membre de leur « sous-groupe », s’ils parlent une langue ethnique étrangère à chacun d’eux, s’ils parlent ou sifflent un projet de langue internationale (sol-ré-sol ou interlingua ou le projet du scientifique Ampère... - il y en a plus de mille, prouvant, sinon que tout le monde est prêt à s’y mettre, tout au moins que le besoin est bien profond et étendu dans la pensée humaine : voir Socrate, Descartes, Leibnitz, Komensky/Comenius, ...) et j’en passe.

                                                      Lors du Tour d’Europe à Vélo, il nous est arrivé une dizaine de fois de rencontrer par hazard un « homme de la rue » qui parlait l’esperanto, tel ce touriste finlandais en Andalousie, ce prof. anglais au Pays Basque, cette fonctionnaire anglaise de l’O.N.U., cet habitant de Narbonne ou celui de Budapest, ...qui n’avaient pas entendu parler de notre périple et ont eu chacun une réaction différente, l’un nous donnant les clés de son appart., l’autre nous indiquant la route pour atteindre la Mairie, celui-là pour venir écouter l’entretien de presse suscité par « l’événement ». Non-non !

                                                      La langue n’est pas faite pour un peuple élu ! On choisit ou non (quand on a l’information) de l’apprendre et puis on en fait ce qu’on veut, comme des autres langues d’ailleurs (et quand on a le choix ...parce que nombre d’ex-enfants se souviennent encore qu’il leur a été interdit de parler la langue de leurs grands-parents, c’était aussi « mal » que de « cracher par terre » —> « Bonjour le respect de la dignité, de l’intégrité de la personne ! »).

                                                      Bien PALE, LAS, çui qu’a pris des BLEUS, des CHOCS, OH ! Est-ce que ce que tu as écrit te rend plus heureux, plus intelligent, plus fort, plus riche, plus beau ? Ou bien est-ce que tu veux faire croire au monde entier que tu en sais plus sur l’esperanto que les « 500 à 500 000 000 » - ça te va comme marge ? - d’Espérantophones de cette diaspora qui ne se connaîtra jamais complètement ?

                                                      Tu sais, mes enfants, à qui je ne parle que l’esperanto (oui-oui, ce bilinguisme est une des valeurs culturelles de notre famille !), savent à peine qui est Zamenhof (ma fille de 9 ans, oui, par des jeux de société ou le « Jeu des 1 000 Europs » à France-Inter, mais celui de 6 ans, je ne suis pas sûr, surtout qu’il n’y a pas de « Rue Zamenhof » près de chez nous, seulement des rues et une aire de pique-nique nommées « de l’Esperanto ») ; et pour l’accusatif, ils ne savent pas non plus ce que c’est, mais te corrigent si tu en oublies un !

                                                      Pour Karol Wojtyl/a et Fidel Castro... je n’ai pas d’appareil de télévision, donc je n’ai pas plus vu leurs tronches qu’entendu leurs messages, mais les promesses de Mitterrand et de Chirac « pour l’Espéranto à l’examen du Baccalauréat », j’en ai vu des copies et je ne crois pas qu’il feraient des promesses écrites (même si non tenues...) à une secte, ils sont renseignés, les mecs... et après, il y a les préjugés, les privilèges, les groupes de pression, etc.

                                                      Pour l’isolement, tu n’as rien inventé car d’autres plus célèbres ont proclamé ou répété que toute langue ouvre à l’autre dans la communauté qui la parle mais enferme par rapport aux « étrangers ». Et tu sais très bien que Zamenhof a offert le fruit de ses recherches à l’Humanité justement dans le but de permettre à des personnes de communautés linguistiques différentes de se comprendre par un outil spécialement créé dans ce but.

                                                      Pour le nombre d’Espérantophones, eh bien, c’est comme pour les joueurs de piano : il y a ceux qui ont pris une heure de cours (mais on se souvient mieux d’une heure d’esperanto) et puis ceux qui font des conférences en esperanto ou des concerts de piano ; ceux-ci sont moins nombreux que ceux-là. Combien de personnes parlent arabe ou hongrois en France ? ou le finlandais en dehors de la Finlande ? L’important, c’est que ça marche, que ça leur soit utile, que l’ayant « reçu au biberon » ou appris plus tard ils choisissent de le parler, qu’ils y prennent du plaisir, ...le reste n’est que spéculation, trou de serrure, et parfois mérite la chasse d’eau !

                                                      Si j’ai été un peu long, qu’on me le dise ...mais y’a des fois, comme ça, où je ne comprends pas la méchanceté, la vanité, l’agressivité de certaines personnes, alors je réponds, avec mes armes, que je voudrais toujours pacifiques.

                                                      Js.


                                                      • Alexandre Santos (---.---.166.143) 10 octobre 2005 03:27

                                                        Mr Jorgos,

                                                        Merci pour cet excellent temoignage. Il faut aussi remercier Mr Chocolat qui a fait « monter la sauce » et rendu cette colonne passionante par la qualité des commentaires ici présents.

                                                        Je suis tombé sur Agoravox en googlant sur l’espéranto, et j’ai de plus en plus envie de me lancer dans l’apprentissage de cette langue !

                                                        J’espère vraiment que ce projet de TV se réalisera, mais en attendant on peut déjà profiter des émissions radio en esperanto sur internet (très amusant d’entendre les chinois et américains parler la même langue chacun à leur façon)

                                                        Mr Chocolat,

                                                        Il est clair que, au contraire de moi, vous avez une certaine expérience de la communauté espérantiste (crocodiles, pape espérantiste).

                                                        Mais à part votre goût de la polémique, je ne saisis pas vos intentions. Pourquoi une telle verve dans vos critiques ? Quelque chose a dû vraiment vous déranger, mais je ne saisis pas bien quoi :

                                                        - que les espérantistes parlent d’espéranto ? Cela me semble normal, non ? dans une cave à vin on parle de vin, et dans une foire du livre on parlera de littérature. Mais si vous faîtes une connaissance dans une foire du livre, rien ne vous oblige de parler exclusivement de littérature avec cette personne pour le restant de vos jours.

                                                        - que les espérantistes aient le zèle missionnaire ? Étant donné que le but de la langue est la communication internationale, l’utilité de l’outil augmente avec le nombre de locuteurs. Cela ne m’étonne pas que les espérantistes fassent la promotion de leur langue. Mais je dois avouer que je n’ai jamais été dérangé (ou même rencontré) un seul espérantiste (au contraire des témoins de Jéhova, qui semblent avoir un sixième sens pour me retrouver, à chaque fois que je déménage).

                                                        - quant à l’élitisme/sectarisme des espérantistes, je peux concevoir qu’il y ait des dérives, vu que chaque groupe social a tendance à se croire au centre du monde. Mais vu l’orientation internationaliste et humaniste de ce mouvement, j’ai du mal à croire que ce soit pire chez les espérantistes que chez certains groupes nationalistes ou religieux (ou sportifs :).

                                                        Bref, vous avez visiblement essayé d’intégrer la communauté espérantiste, et vous avez été fortement déçu. Il serait intéressant de savoir pourquoi. Mais retenez-vous d’un négativisme aussi absolu et uniforme, qui en définitive ne fait que vous décredibiliser.


                                                        • Masson 10 octobre 2005 06:30

                                                          Merci, Jorgos, pour cet excellent témoignage vraiment très bienvenu.

                                                          Il se trouve que j’ai commencé à rédiger un article sur les « phénomènes » de ton espèce smiley depuis le premier qui, dans les années 1890, se lança dans ce genre d’aventure avec l’espéranto comme supplément de bagage linguistique — un journaliste polonais — à ce retraité breton qui a fait Brest-Vladivostok à vélo (près de 14 000 km) en un temps record. Ceci en liaison au voyage entrepris par deux étudiants de l’Anjou. Mais... chut !

                                                          Le dénigrement systématique et maladif auquel nous avons assisté aura tout de même eu du bon. Ça prouve qu’il y a aussi matière à rire sur Agoravox smiley))

                                                          Merci à toutes celles et à tous ceux qui ont apporté un regard plus équilibré sur le fait socio-culturel « espéranto ». D’autres témoignages semblables seront bienvenus.

                                                          Henri Masson


                                                          • Georges-Henri Clopeau (---.---.103.151) 10 octobre 2005 10:16

                                                            On voit bien que l’auteur ne pratique pas l’espéranto. Il aurait trouvé non seulement des correspondants pour discuter de ce qui l’intéresse, mais aussi des ouvrages, originaux ou traduits des langues nationales, pour enrichir sa culture. Il aurait su qu’il existe quelque 75 associations mondiales spécialisées, professionnelles, sportives , scientifiques, philosophiques, religieuses, ayant toutes leurs publications. Il existe même un mouvement politique européen, qui en 2004, a présenté des listes de candidats aux élections du Parlement européen dans toutes les circonscriptions de France. Et ce mouvement travaille maintenant à des propositions pour une future constitution européenne.

                                                            Il y a des espérantistes partout. Leur point commun, « utiliser l’espéranto pour communiquer entre eux par dessus les frontières » (ce qui suppose en général un regard fraternel sur le monde), ne leur impose aucune obligation de non-choix politique, philosophique ou religieux, mais élève leur choix au niveau mondial.


                                                            • Chocolat Bleu Pâle (---.---.226.87) 10 octobre 2005 14:21

                                                              Mieux vaut rire, effectivement, même si l’on sent que Monsieur Masson rit un peu jaune.

                                                              Mon propos n’est pas d’assassiner une sainte cause ; je n’en ai pas envie, et je ne le pourrais d’ailleurs pas.

                                                              Je voudrais resynthétiser ma position, qui peut tenir en une phrase :
                                                              ni l’espéranto ni l’espérantisme ne tiennent les promesses avancées par la propagande. Pour ce qui est de l’espéranto, c’est un chouette jouet, mais il est heureux qu’il ne soit pas d’application de façon extensive car, s’il est moins pauvre que le détracteur lambda ne le croit, il est également moins riche que le zélé zélateur ne l’espère. Un exemple pour illustrer mon propos : Monsieur Masson nous disait il y a quelques années que l’emploi de l’espéranto dans l’aviation contribuerait à diminuer le risque d’accidents. Il a raison, puisqu’il est effectivement impossible de construire un avion en esperanto - pas d’avions, pas d’accidents. Et pourquoi est-ce impossible ? parce que la technique évolue trop vite pour être correctement espérantisée. Le lecteur curieux d’espéranto technique peut à ce propos tenter d’installer Linux (par exemple Mandriva 10), dans la version qui est proposée dans cette « langue », et il aura une idée de ce que je veux dire. En d’autres mots, il y a tromperie sur la marchandise quand on dit que l’esperanto est capable de tout (et aussi quand on dit qu’il n’est capable de rien, bien sûr). C’est et cela reste une fabrication humaine, qui doit d’ailleurs être régulièrement nourrie, au contraire des langues naturelles qui se nourissent seules, par emprunts (aussi disgracieux qu’ils puissent être). L’espérantiste obtus qui voue une confiance aveugle à la possibilité de combinaisons qu’offre sa chère langue ne se rend pas compte du nombre de radicaux qu’il lui faudra assembler pour approcher la signification de certains outils spécialisés ni du temps qu’il mettra à en énoncer le nom. Ce « défaut de conception » est connu des espérantistes, et souvent discuté mais tenu sous le boisseau pour des raisons de crédibilité de toute l’entreprise. Ce qui est impossible, et Umberto Eco l’a bien défini dans « la recherche de la langue parfaite », c’est de transférer toute l’activité humaine dans une seule langue la Réalité, au sens que Platon lui donne dans le Mythe de la Caverne, est polymorphe et multilingue. Et je suis plus curieux d’encourager ce multilinguisme et de voir éventuellement à quel créole il mènera, que de promouvoir un système linguistique sous perfusion permanente.

                                                              Pour ce qui est de l’espérantisme, je répète et je maintiens (à charge des espérantistes de démontrer le contraire) qu’il s’agit d’une réaction, fort humaine et fort compréhensible au demeurant, face à un monde qu’ils ne comprennent pas. Une réaction de protection, de repli, et rien de plus.

                                                              PS : j’ai vingt ans d’espéranto dans les pattes. Si je dévoilais mon identité, et je le ferai sans doute, je me ferais illico excommunier. Ce qui prouvera d’autant mieux la nature sectaire du mouvement. Echec et mat.


                                                              • Masson 10 octobre 2005 14:40

                                                                Si l’espéranto a avancé et continue d’avancer, c’est grâce à ceux qui, au lieu de le critiquer, l’ont enrichi par des termes nouveaux. Il existe une terminologie aérienne publiée au Brésil et que tout visiteur d’Agoravox peut découvrir par une recherche avec le nom « aviada terminaro ». C’est déjà un progrès formidable si l’on considère que très peu de spécialistes de l’aviation ou de pilotes connaissent même l’existence de cette langue.


                                                                • Chocolat Bleu Pâle (---.---.226.87) 10 octobre 2005 15:00

                                                                  avi-ad-il-o. Quatre radicaux, un objet. Qui dit mieux ?


                                                                  • Masson 10 octobre 2005 15:00

                                                                    Les gens sains d’esprit n’ont pas à rire jaune ni même à rougir : il est plus difficile construire que de démolir, de nettoyer que de souiller, d’enrichir que d’appauvrir, d’embellir que d’enlaidir.


                                                                    • Masson 10 octobre 2005 15:08

                                                                      Quatre radicaux qui sont extrêmement productifs pour les locuteurs de langues autres que les langues européennes, plus particulièrement flexionnelles. Mais il est vrai que, comme la plupart des gens ne savent pas grand’chose, sinon rien, de l’espéranto, les borgnes qui se donnent l’air de savoir trônent comme des rois au milieu des aveugles, comme le dit, d’une autre façon, un proverbe en espéranto : « Parmi les aveugles, les loucheurs sont rois ». Et tout ça avec « 20 ans d’espéranto dans les pattes » ! C’est plutôt minable et il n’y a pas lieu de parader.


                                                                      • skirlet (---.---.124.215) 10 octobre 2005 15:15

                                                                        On ne peut pas excommunier de l’espéranto, parce qu’on ne reçoit pas une communion smiley Celui qui a appris l’espéranto tout seul dans son coin et qui l’utilise rien que pour faire des jeux de mots dans son calepin, peut se considérer comme espérantiste sans attendre l’approbation de qui que ce soit. Et puis, que craingez-vous ? Dévoilez votre identité (vous êtes quelqu’un de connu ? smiley), personne ne vous enverra de tueurs à gages.

                                                                        Si vous avez vraiment 20 d’espéranto « dans les pattes », selon votre charmante expression, alors votre définition des « crocodiles » est effectivement une manipulation (je n’ose imaginer que vous êtes à ce point bête pour ne pas saisir correctement le sens de ce mot à bout de 20 ans smiley) Ceci dit, j’ai une petite idée sur votre identité smiley Autre chose : ça sent des ambitions déçues tout ça. A votre charge de prouver le contraire.

                                                                        « C’est et cela reste une fabrication humaine, qui doit d’ailleurs être régulièrement nourrie, au contraire des langues naturelles qui se nourissent seules, par emprunts (aussi disgracieux qu’ils puissent être). »

                                                                        Parfait, et les emprunts ? Faut bien que quelqu’un fabrique le néologisme en premier. Vous l’allez pas prétendre qu’ils sont d’essence divine smiley

                                                                        « Aviadilo » vous paraît long ? Pour moi, il a l’avantage d’être compréhensible et économiser la mémoire.


                                                                        • Chocolat Bleu Pâle (---.---.226.87) 10 octobre 2005 15:36

                                                                          On peut excommunier de l’esperanto. Il suffit d’arrêter la vanne des infos. Comme elles ne parviennent de toute façon pas par d’autres circuits (sectarisme oblige), le pauvre gars qui avait basé une certaine vie sociale, du fond de sa Sibérie relationnelle, sur un espérantisme de bon aloi, se trouve aussi démuni que l’enfant qui vient de naître.


                                                                          • Chocolat Bleu Pâle (---.---.226.87) 10 octobre 2005 16:09

                                                                            Les emprunts ne sont effectivement pas d’essence divine. Ils sont spontanés, et je vous invite à leur propos à reparcourir les ouvrages d’Henriette Walter. Quoiqu’il y a peu de chances qu’ils se trouvent dans votre bibliothèque, étant donné les affinités électives que vous désignent vos leaders d’opinion (Untel est pour nous, Hagège et Eco ne nous sont finalement pas contraires quoiqu’Eco soutienne aussi le Volapük, évitez Chomsky et Walter...)

                                                                            PS : je vous prie de ne pas considérer mon alacrité comme personnellement orientée. Je suis effectivement un déçu de l’espérantisme, je déduis de la prose de Monsieur Masson qu’il m’aurait fallu plus de vingt ans pour être au diapason ; la prochaine fois je ferai allemand, ça ira peut-être plus vite. En tant que personnes, je vous respecte tous profondément, mais je crois que vous participez à l’édification d’un édifice qui vous dégoûterait si vous pouviez en avoir une vue d’ensemble.


                                                                            • Masson 10 octobre 2005 16:21

                                                                              Pure absurdité vu que tout locuteur de l’espéranto est au minimum bilingue.


                                                                              • Masson 10 octobre 2005 16:28

                                                                                Voià qui nous éclaire sur un état mental pitoyable : « Les emprunts ne sont effectivement pas d’essence divine. Ils sont spontanés, et je vous invite à leur propos à reparcourir les ouvrages d’Henriette Walter. Quoiqu’il y a peu de chances qu’ils se trouvent dans votre bibliothèque, étant donné les affinités électives que vous désignent vos leaders d’opinion (Untel est pour nous, Hagège et Eco ne nous sont finalement pas contraires quoiqu’Eco soutienne aussi le Volapük, évitez Chomsky et Walter...). »

                                                                                Or il y a des ouvrages des auteurs cités, et bien d’autres, dans ma bibliothèque et dans celle de beaucoup de locuteurs de l’espéranto. Dénigrement systématique : cet état mental pourrait sûrement être expliqué par des psychologues ou des psychothérapeutes...


                                                                                • (---.---.226.87) 10 octobre 2005 16:30

                                                                                  ...ceci dit, et ce sera ma dernière intervention, vos argumentaires vous préparent depuis 120 ans à répondre aux personnes qui ne connaissent rien à l’esperanto - vous devriez soigner l’autre ligne de front. Celle par où sortent les déçus d’un universalisme finalement fort étriqué et limitatif.

                                                                                  adiaù !


                                                                                  • (---.---.226.87) 10 octobre 2005 16:35

                                                                                    Ouioui, et quand Chomsky a déclaré que l’espéranto n’était pas une langue, MASSON a déclaré que l’anglais n’en était pas une non plus ! Qui est bas de plafond ici ?

                                                                                    45-0 pour le chocolat !


                                                                                    • Masson 10 octobre 2005 16:40

                                                                                      La plupart des personnes qui viennent aujourd’hui à l’espéranto le découvrent par Internet et ont une vision totalement libre de la question.


                                                                                      • Chocolat Bleu pâle (---.---.226.87) 10 octobre 2005 17:16

                                                                                        Post - post scriptum (et puis je m’en vais vraiment, là c’est promis)

                                                                                        J’avoue l’avoir poussé un peu à bout, mais j’espère que tout le monde a quand même remarqué qu’Henri Masson a fini par me traiter de malade mental parce que je ne suis pas d’accord avec lui.

                                                                                        Comment ça, je simplifie ?

                                                                                        Amitiés, vous m’avez fait passer un super week-end, et vous êtes tous très sympathiques (sauf Henri). Ma considération particulière va à LO et à ses souvenirs. C’est le seul à avoir sorti autre chose qu’un argumentaire préfabriqué. J’espère sincèrement que les enfants nés espérantophones ne termineront pas eux, pour de vrai, sur le divan de Freud.


                                                                                        • Masson 10 octobre 2005 17:26

                                                                                          Non point en raison d’un désaccord - tout le monde a le droit d’être d’un autre avis — mais parce que le dénigrement systématique est un comportement maladif.


                                                                                          • skirlet (---.---.124.215) 10 octobre 2005 17:51

                                                                                            Quelque chose me dit que Chocopâle ne partira pas si vite smiley Vous utilisez les stratagèmes de discussion décrites encore par Karel Capek (c’est le gars qui a inventé le mot « robot » et qui n’a jamais été espérantiste smiley

                                                                                            Le premier : avancer une affirmation fausse et par la suite bâtir sur elle les autres affirmations et conclusions. Comme cette histoire de sectarisme - il ne suffit pas de répéter ce mot pour que ça devienne vrai. Quant aux Sibériens... un petit cours de likbez (liquidation d’illettrisme) s’impose. En Sibérie, il existe la télé, la radio, les téléphones fixes et portables et même - tenez-vous bien ! - Internet. Si vous arrivez à couper toute l’information à un Sibérien, ça m’étonnerait beaucoup. Par ailleurs, le fait d’apprendre l’espéranto ne coupe pas une personne de son cercle de relations habituelles, de son travail, des autres loisirs. Et si on n’oublie pas le principe de la présomption d’innocence, c’est à vous de prouver la véracité de vos affirmations et non à nous de prouver qu’on n’est pas un chameau (une allusion culturelle qui vous échappe certainement smiley

                                                                                            Le deuxième : dénigrer les réponses en leur collant une étiquette méprisante (vous ne dites que des choses préfabriquées), ça évite de répondre sur le fond.

                                                                                            S’il s’agit de Chomsky qui déclare que l’espéranto n’est pas une langue, c’est un peu léger. D’abord, quelles sont les critères linguistiques selon lequels on peut affirmer cela ? Ensuite, parler d’une chose que l’on ne connait pas n’est pas sérieux. Un proctologue n’est pas vraiment un spécialiste de l’ORL, et je me fie davantage à l’avis de quelqu’un qui a étudié un tel phénomène de près, et non à celui qui juge sur les on-dits et sur une information précaire.

                                                                                            Vous prétendez avoir une vue d’ensemble : apparemment, mes 20 ans ne m’ont pas donné la même, et encore faut-il savoir laquelle est plus près de la réalité smiley

                                                                                            Pour conclure : puisque vous vous dites deçu de l’espéranto, qu’avez-vous à craindre de cette « excommunication » (en supposant qu’elle existe) ? Allez, sortez votre coup de théâtre en dévoilant votre illustre personnalité smiley Si vous ne le faites pas, on peut raisonnablement supposer que vous êtes bien dans ce monde tant dénigré smiley Ou au contraire : que vous n’avez rien à voir avec, et vos 20 ans d’espérantisme ne sont qu’une invention de plus.


                                                                                            • Alexandre Santos (---.---.166.143) 10 octobre 2005 17:52

                                                                                              Cette discussion a pris un tournant vraiment étonnant.

                                                                                              Au moins on peut conclure que parfois l’espéranto peut aussi être l’occasion de laver du linge sale entre de vieilles connaissances :)

                                                                                              Un peu plus sérieusement, j’espère qu’un jour vous aurez l’occasion de faire la paix des braves et de passer à autre chose.


                                                                                              • skirlet (---.---.124.215) 10 octobre 2005 17:59

                                                                                                Alexandre, mais on est très pacifiques smiley) En même temps aussi humains que n’importe qui d’autre - non, l’espéranto ne colle pas automatiquement les ailes blanches sur le dos. Cependant les querelles et les désaccords n’enlèvent rien à la valeur de la langue, et je ne vous demande pas de me croire sur parole - il suffit de porter sur elle un regard dénué de préjugés. Pour le faire, aucun besoin de cotiser, adhérer, chanter les cantiques... juste consulter l’info et comparer l’espéranto avec les autres systèmes de communication existantes.


                                                                                                • Masson 10 octobre 2005 18:19

                                                                                                  Bof, pour nous consoler et nous appaiser, nous avons une charmante Brésilienne qui répond au doux pseudo « Karesema » (= portée à la caresse). Elle a de nombreux contacts à travers le monde, y compris par Skype, et son blog est remarquable, plein sensibilité et de poésie. Ceux qui voient de la tristesse et de la grisaille dans le monde de l’espéranto n’ont rien compris et ne sont pas aptes à comprendre grand’chose, à plus forte raison si vingt ans d’espéranto n’y ont pas fait l’affaire. Son blog apparaît en premier par une recherche Google.


                                                                                                  • Chocolat Bleu Pâle (---.---.226.87) 11 octobre 2005 09:21

                                                                                                    Ce dernier message d’Henri Masson est très, très méchant, constitue une attaque personnelle, attitude que moi je n’ai pas eue, et dénote une arrogance inouïe.


                                                                                                    • Masson 11 octobre 2005 09:34

                                                                                                      C’est vrai que c’est tellement adorable, raffiné, honnête, peu arrogant ni prétentieux, et j’en passe, de jeter de la boue sur une idée pour laquelle tant d’hommes sont morts dans des camps de concentration, ont souffert ou se sont privés de tout pour que la communication entre les peuples passe mieux et plus facilement. Merci pour la leçon. Il y a suffisamment de documents vérifiables à ce sujet. Voir « La langue dangereuse »


                                                                                                      • skirlet (---.---.14.168) 11 octobre 2005 09:47

                                                                                                        J’avais raison ! Il est là, le chocolat smiley

                                                                                                        J’ai visité le blog de Karesema. Très sympathique...


                                                                                                        • Chocolat Bleu Pâle (---.---.226.87) 11 octobre 2005 10:00

                                                                                                          « La langue dangereuse », oui, dans quelle édition ? Celle de la « Bleicher Verlag » que j’avais commandée et pour laquelle j’avais payé le prix plein ? , ou celle de la « eldonejo progreso », fabriquée en Russie, coûtant dix fois moins cher, que j’ai effectivement reçue ?

                                                                                                          Même chose quand vous recommandez « Mazi en Gondolando ». Les trompettes résonnent : « Mazi adapté en espéranto » Génial. Le client se rue, paye ses euros, et reçoit ...une cassette pirate, au son merdique et à l’image baveuse.

                                                                                                          tss tss, pas très professionnel tout cela. Mais rarement déballé sur la place publique, bien sûr... hé, une sainte mission ne saurait s’encombrer de tels détails triviaux.

                                                                                                          Ah, j’ai oublié de vous demander des nouvelles de Michael Jackson. Son album en esperanto, ça avance ?


                                                                                                          • skirlet (---.---.14.168) 11 octobre 2005 10:12

                                                                                                            Lisez la traduction de la « langue dangereuse » en polonais en ligne, gratos smiley

                                                                                                            Alors, Chocolat, n’excitez pas un fororak avec de la viande ! A quand ce grand coup de théâtre promis ? On verra si vous tenez vos promesses smiley


                                                                                                            • Chocolat Bleu Pâle (---.---.206.132) 11 octobre 2005 10:13

                                                                                                               smiley

                                                                                                              Oui, Skirlet, j’avais décidé de ne plus intervenir, mais la mauvaise foi me fait toujours bondir, et l’arrogance des gens trop sûrs de leur fait.

                                                                                                              Je voudrais conseiller à Monsieur Masson la lecture d’un petit roman de Stefan Zweig, « le joueur d’échecs ». Il y apprendrait que ce ne sont pas nos vues qui gouvernent le monde, et que c’est la réalité qui, en définitive, a toujours raison. Même si elle est injuste, illogique, cruelle, même si elle nous arrache le coeur.


                                                                                                              • Masson 11 octobre 2005 10:20

                                                                                                                C’est curieux que ce genre de problème n’arrive qu’à un anonyme de service cagoulé et honteux de son identité. Il est évident que l’édition faite chez Bleicher, dans la RFA d’alors, revenait plus chère que celle produite par Progress à Moscou. Pourquoi faire passer ceci sur le dos des espérantistes ? Quand à l’histoire de Michael Jackson, dont ont connaît suffisamment les revirements, il a été en effet question de l’espéranto dans un projet, mais la suite n’’a pas eu d’échos. On peut toujours en voir une allusion sur le site d’Hollywood Academy. Le penchant maladif à tout suspecter, accuser, souiller se confirme une fois de plus...


                                                                                                                • skirlet (---.---.14.168) 11 octobre 2005 10:27

                                                                                                                  Je connais la nouvelle « Le joueur d’échecs ». Remarquable nouvelle, en effet... mais vous lui donnez un sens tiré par les cheveux. Vous êtes sur de ne pas avoir lu un résumé ou une crtitique au lieu de la nouvelle elle-même ? smiley

                                                                                                                  Quant à Michael Jackson, il a assez de démêlés avec la justice pour penser à autre chose smiley


                                                                                                                  • Chocolat Bleu Pâle (---.---.206.132) 11 octobre 2005 11:42

                                                                                                                    Ce que je fais passer sur le dos de certains c’est de la grivellerie, tout simplement. J’aimerais que le public apprécie la différence entre l’effet d’annonce triomphaliste et la cruelle réalité (Dans ce cas-ci, Mazi a bel et bien été adapté en esperanto... mais les cassettes pirates sont inutilisables. La différence entre la théorie et la pratique, - cfr Stefan Zweig, bis)

                                                                                                                    Question de la différence entre ce qui est commandé et reçu, et de la poche dans laquelle disparaît cette différence, c’est un point qui a déjà été soulevé plusieurs fois même par écrit. On ne peut évidemment pas empêcher quelques personnes peu scrupuleuses de pratiquer une sorte de dumping culturel, et ça ne rend pas tous les espérantistes malhonnètes. Mais à aucun moment personne n’a jamais pris l’initiative d’établir une sorte de « bureau international des plaintes », qui pourrait également servir de service clientèle « après-cotisation » en quelque sorte, garantissant que les services promis sont bien prestés. Claude Piron, en bon psychotérapeute qu’il est, pourrait se pencher sur la motivation psychologique de cette inexistence (particulièrement à l’UEA). Peut-être certains pensent-ils qu’ouvrir une ligne de « plaintes » serait admettre publiquement qu’il y a des problèmes ? Les entreprises publiques de différents états européens ont également mis très longtemps avant d’admettre la vacuité de cet argument.

                                                                                                                    En fait, l’album de Michael Jackson sur lequel on aurait dû entendre de l’esperanto était « HIStory », et comme ça a été à l’époque détaillé dans la revue « Esperanto », M.J. avait pris contact avec une organisation pour traduire une série de phrases. Croyant avoir touché le million, « Esperanto » titrait « MJ en esperanto » - il a fallu déchanter. Je dois à la vérité de dire, toutefois, qu’il semble qu’il reste la phrase « venu cxi-tien » quelque part à l’arrière-plan d’une ambiance sonore entre deux chansons.

                                                                                                                    Je trouve également le triomphalisme relatif au « cinéma en esperanto » fort exagéré. « Angoroj » est un très mauvais film, et je trouve qu’il faut avoir le courage de le dire, même s’il est tout en esperanto. Quant à « Incubus », les vraies raisons du choix de l’esperanto sont expliquées sur le site du film (ben oui, en anglais) et on s’aperçoit vite que toute autre langue artificielle aurait aussi bien fait l’affaire.

                                                                                                                    Ah oui, les autres langues artificielles, c’est aussi un chapitre intéressant. Certains espérantistes, et M. Masson est le plus visible d’entre eux, ne cessent de répéter et de faire répéter que le volapük n’a été qu’un feu de paille et qu’il est mort bien vite, par contre ils s’emportent dès qu’il entend dire que l’espéranto est mort et répètent à l’envi qu’au contraire l’internet même lui a donné une seconde jeunesse. Ils ne se rendent pas compte que, d’une façon confidentielle peut-être, le volapük aussi a profité d’internet pour réapparaître. Et pas seulement le volapük d’ailleurs. Ce contre quoi je m’insurge aussi de temps en temps dans d’autres colonnes : l’esperanto traite ses soeurs artificielles comme l’anglais traite l’espéranto, par le dédain et l’ignorance. A long terme, cette attitude me semble d’ailleurs contre-productive : si le grand public avait conscience que créer des langues est une activité parfaitement normale, répandue, et même ancienne, il serait peut-être moins méfiant vis-à-vis de nous, qui devenons alors « l’essai qui a réussi (et qui n’est donc plus un essai) » plutôt que les missionnaires d’une génération spontanée d’origine surnaturelle et inexplicable. Or les triomphalistes (les pires c’est les « finvenkistoj »), peu confiants peut-être en l’issue d’une éventuelle confrontation, occultent l’existence des autres systèmes et tirent à boulets rouges sur tout ce qui, de près ou de loin, ressemble à un concurrent. Pour ma part, je suis resté à l’espéranto même après avoir étudié (beaucoup) d’autres projets, parce qu’un bibliothécaire scrupuleux avait rangé tout ce qu’il avait en langues artificielles dans le même rayon. J’ai donc très vite su qu’il existait autre chose. J’ai pu aussi m’apercevoir par moi-même que l’espéranto était visiblement le meilleur. En d’autres mots, je me suis fait une religion plutôt que d’écouter une propagande. Et je trouve que c’est faire fort peu confiance au bon sens du public que de déclarer de façon péremptoire que tous les concurrents de « nia kara lingvo » sont cliniquement morts, voire de prédire que personne ne fera jamais mieux que nous.

                                                                                                                    Mais je bavarde, je bavarde...


                                                                                                                    • Masson 11 octobre 2005 12:35

                                                                                                                      Faut-il voir enfin une lueur de raison dans ces propos : « On ne peut évidemment pas empêcher quelques personnes peu scrupuleuses de pratiquer une sorte de dumping culturel, et ça ne rend pas tous les espérantistes malhonnètes. » En parlant de ce que je connais, je puis affirmer que le Service Librairie de SAT-Amikaro remplace toujours les ouvrages édités par l’association s’ils ont des défauts d’impression (par ex. des pages manquantes, ce dont l’espéranto n’est pas coupable). Par ailleurs, ce service n’a jamais vendu la vidéo « Mazi », qui est l’adaptation d’une méthode d’apprentissage de l’anglais produite par la BBC. J’ai bien connu ceux qui ont été à l’initiative de cette production en espéranto et avec qui j’étais ami : Mila et Gerard Van der Horst, lui Néerlandais et elle d’origine polonaise. Ils étaient parfaitement honnêtes et scrupuleux et il faut se garder de jeter la culpabilité sur toute la communauté espérantophone si vous avez acheté une version pirate. Nous savons qu’à une période, le « Plena Ilustrita Vortaro de Esperanto », édité par SAT à Paris, avait été piraté en Iran ; il semble qu’il l’ait été aussi en Chine. Qu’y pouvons-nous ? Ce dictionnaire, le plus complet au monde, avait même été interdit dans le bloc de l’Est, notamment en RDA et en Bulgarie. L’une des raisons réelles était la définition de certains mots. Bien sûr qu’il y a eu des espoirs déçus, tels que « Les Nouvelles de Moscou » ou le feu de paille de Slavjansk. Et alors ? Dans toute tentatives de progrès social, technique ou autre, il y a eu aussi des désillusions. Et même les premiers satellites américains « Pamplemousse » ont connu des échecs. Tout le monde peut vérifier le bon fonctionnement de l’espéranto. Parmi mes messages de ce matin, il y en avait de « Karesema », notre chère Brésilienne, qui se sentait honorée que je l’aie citée. Aussi un message de celui qui tient la branche espéranto du site de l’Université des Affaires étrangères et d’Économie de Pékin, l’une des plus renommées de la capitale chinoise ; un autre du Japon où mon correspondant, suite à une information que j’ai diffusée sur « Agoravox » en espéranto, contacte un média japonais pour voir si un média réticulaire semblable à « homynews » en Corée ou « agoravox » en France ne pourrait pas voir le jour aussi au Japon... Donc il y a l’espéranto à propos duquel certains parlent en se confinant dans la théorie, et celui qui fonctionne à la perfection.


                                                                                                                      • Helblua Cxokolado (---.---.206.132) 11 octobre 2005 13:25

                                                                                                                        Via kara brazilanino metis sian foton en « galerio.org » antaù kelkaj monatoj, Henri, se vi deziras vidi sxin... Mia propra foto ne estas tro malproksima.

                                                                                                                        Sxi pozas antaux portreto de Zamenhof. Retroen al unu el miaj unuaj mesagxoj : cxu vere esperantistoj povas pensi pri io alia ol esperanto ?


                                                                                                                        • Chocolat Bleu Pâle (---.---.206.132) 11 octobre 2005 13:34

                                                                                                                          Le pire, c’est que je doive faire la preuve de mon « espérantisme » pour être autorisé à critiquer... Ca aussi c’est une dérive sectaire, non ?


                                                                                                                          • (---.---.14.168) 11 octobre 2005 13:36

                                                                                                                            Attendez, Chocopâle, ai-je bien compris que votre déception galactique vient des produits de qualité inférieure ?.. Mais ce n’est pas la peine de rameuter les psychologues smiley Il ne vous est jamais arrivé d’acheter un mauvais produit ailleurs que dans les boutiques Eo ? Je vous donne quelques exemples : la bien connue marque Iiyama qui clame haut et fort « TOUS nos produits sont garantis 3 ans sur site » - eh bien, leur écran tombe en panne au bout de 1 an, parce que dedans il y avait un consommable (impossible à remplacer ailleurs qu’à Paris, Iiyama refusant de fournir les pièces détachées aux réparateurs locaux), et pour la garantie - elle s’est rapetissée smiley Un an passé, il faut tout payer. Et les déboires avec LiveBox de France Télécom ? Le support technique un peu partout qui fait payer le temps d’attente ? Enfin, je ne vais plus prolonger cette liste, car elle est incroyablement longue.

                                                                                                                            Je peux dire que j’ai acheté des produits Eo - livres, disques etc. - et je trouve que la qualité est au rendez-vous. Les BD bénéficient de la même qualité d’impression que n’importe quelles BD en français pour le prix équivalent (je dirai que « Astérix » en russe est moins bien côté impression que la version Eo). Bref, vos imprécations, je les trouve partiales smiley

                                                                                                                            Quant aux autres langues artificielles, plusieurs espérantistes s’y intéressent. Mais s’ils sont convaincus que cette solution est meilleure (tout comme vous : « J’ai pu aussi m’apercevoir par moi-même que l’espéranto était visiblement le meilleur. »), pourquoi feraient-ils leur promotion ? Qui empêche les volapukistes, les idistes et les autres de faire leur propre promotion ? D’ailleirs, je n’ai jamais vu qu’ils fassent la promo de l’Eo smiley

                                                                                                                            « je me suis fait une religion » - le problème est là. L’espéranto n’est pas une religion, pas plus qu’une secte. C’est un outil formidable, mais je ne prie pas devant Eo, comme je ne prie pas devant un téléphone, une radio ou un ordinateur smiley

                                                                                                                            P.S. Je ne possède aucun portrait de Zamenhof, je lis plein de livres en d’autres langues que l’espéranto et je m’intéresse à d’autres choses également. Je suis loin d’être la seule.


                                                                                                                            • Chocolat Bleu Pâle (---.---.206.132) 11 octobre 2005 14:19

                                                                                                                              Ma déception ne vient pas des produits de qualité inférieure. Quand je recevais la Litova Stelo, je savais pertinemment bien que je ne devais pas m’attendre à de la qualité suisse... (entre parenthèses, la qualité de Monato a bien baissé aussi ces dernières années) Elle vient du fait que j’ai (souvent) payé pour un produit supérieur et reçu une pâle copie. C’est vrai pour les livres, et aussi pour les « services » proposés à grand renfort de pub. Par exemple aussi pour les prétendus « Centres Internationaux » ou « Instituts » qui sont en fait des initiatives personnelles et ne suivent pas la cadence dès qu’une demande d’information leur parvient.

                                                                                                                              Et à propos des autres langues, je prétends (mais bien sûr il s’agit de mon avis et non d’un fait) qu’en niant leur existence, l’esperanto se tire une balle dans le pied. Les racines de l’espéranto sont à chercher peut-être déjà chez Hildegarde de Bingen, et il ne m’est pas indifférent, au niveau argumentaire non plus, que « notre » langue soit en quelque sorte née au moyen-âge plutôt qu’en 1887, « de façon inexplicable et surnaturelle », je m’autocite. Mais cette démarche de retour aux « vraies » sources suppose une certaine ouverture d’esprit, et encore une fois, la propagande, les certitudes et l’arrogance ont visiblement effacé les vélléités de lecture critique chez quelques-uns. Ceux-là aussi mériteraient de concourir pour le prix « perroquet ».


                                                                                                                              • skirlet (---.---.14.168) 11 octobre 2005 14:20

                                                                                                                                La preuve de votre « espérantisme » ? Meuh non smiley Juste la preuve que vous savez de quoi vous parlez. Sinon ce serait comme dans la phrase : « Je n’ai pas lu ce livre, mais je le désapprouve » smiley


                                                                                                                                • skirlet (---.---.14.168) 11 octobre 2005 14:33

                                                                                                                                  Choco... vous recommencez smiley Qui nie l’existence des autres langues ? Vous voulez le lien vers un forum espérantiste, où il y a toute une section consacrée aux autres langues construites ? Pour l’arrogance : vous mettez tous les espérantistes sous la même enseigne, prétendant qu’ils ne comprennent rien à ce monde, n’ont pas la vue d’ensemble, ne s’intéressent qu’à l’espéranto etc etc, en vous plaçant en position supérieure de celui qui a tout compris smiley

                                                                                                                                  Quant à la pub... je vois plein de pub pour les produits ménagers, pour les crèmes, pour l’apprentissage de l’anglais... L’expression « grand renfort de pub » ne me semble pas pertinente à l’endroit de l’espéranto. Il ne faut pas oublier que les actions viennent de volontariat, que les Etats ne donnent pas un rond pour Eo (aucune comparaison avec les budgets de British Council ni même de l’Alliance Française).

                                                                                                                                  Pour le reste - c’est trop fumeux pour moi. Et j’attends toujours vot’ coup de théâtre smiley


                                                                                                                                  • Chocolat Bleu Pâle (---.---.206.132) 11 octobre 2005 14:44

                                                                                                                                    Oui, je recommence. (zut alors, je m’étais pourtant promis...)  smiley

                                                                                                                                    La prose triomphaliste de Monsieur Masson regorge d’allusions à la mort du volapük. Pour moi, et pour tous ceux qui gardent un peu les yeux ouverts, c’est une contre-vérité. Mais cette contre-vérité est reprise en choeur par ceux... qui n’y connaissent que dalle en volapük, dont beaucoup d’espérantistes, ce qui est évidemment déplorable puisqu’ils se coupent ainsi d’un gros morceau de leur propre histoire.

                                                                                                                                    Pfouuu... vous le faites exprès ou c’est pour me forcer à parler ?


                                                                                                                                    • Masson 11 octobre 2005 14:46

                                                                                                                                      Oui, et si ces « Centres Internationaux » ou « Instituts » faisaient payer le prix pour pouvoir fournir des prestations de haut niveau, avoir un secrétariat qui pourrait répondre vite et bien à toutes les demandes, même sans faire payer le prix exigé pour des stages d’anglais par certains organismes, alors nous retrouverions notre chocolat pâle qui pousserait des hurlements.

                                                                                                                                      Autrement dit, il faudrait être performants pour pas un sou, y mettre beaucoup de sa poche (c’est déjà ce qui se fait) et ne rien dire.

                                                                                                                                      Tous ceux qui militent dans la très grande majorité des associations, pas seulement d’espéranto, savent ce qu’il en est : il y a ceux qui la ramènent mais qui n’amènent jamais rien de concret, pas même un sou, et ceux qui se privent de temps libre et vident leur portefeuille ! Je ne parle pas d’associations qui font de la pub à la TV et dont les présidents se sont enrichis et se sont offerts de jolis voyages. Triste mentalité ! Décidément, la lueur de raison semble déjà s’évaporer.

                                                                                                                                      Ah ! Karesema, viens nous consoler smiley))


                                                                                                                                      • Chocolat Bleu Pâle (---.---.206.132) 11 octobre 2005 15:00

                                                                                                                                        Vous refusez de voir la réalité : ces « Instituts » sont des boîtes creuses, destinées à épater la galerie.

                                                                                                                                        Vous payez votre cotisation à l’UEA. Assez pour faire partie du Jarlibro. Vous recevez le Jarlibro. Dans les premières pages, génial, une série d’institutions. Je sens que ça va me plaire. J’écris. Je me renseigne. Les renseignements demandés, je ne les ai pas reçus. Par contre, je dois admettre que la « directrice » de l’Institut auquel je pense écrit des poèmes très romantiques.

                                                                                                                                        C’est sympa, mais encore une fois, promesse non tenue...


                                                                                                                                        • (---.---.177.232) 11 octobre 2005 15:15

                                                                                                                                          Hier en fin d’après-midi, j’ai posé une question à l’UEA et j’ai eu un début de réponse presque aussitôt alors que je n’en suis pas membre. Et ce matin j’ai eu un complément de réponse beaucoup plus détaillé. Donc il n’y a pas lieu de faire passer une faute sur l’ensemble de la collectivité espérantophone.


                                                                                                                                          • (---.---.206.132) 11 octobre 2005 15:47

                                                                                                                                            Je ne mets pas la faute sur toute la communauté. Je dis qu’une fois qu’on creuse, qu’on veut vraiment faire quelque chose de vraiment pratique avec son esperanto, quelque chose qui ne parle ni de grammaire ni de Zamenhof ni de prosélytisme, il n’y a plus personne derrière les belles façades. Ni celle de l’UEA, ni celles des « Instituts », et assez peu chez SAT (quoique la situation y soit un peu meilleure).

                                                                                                                                            J’ai voulu faire de la traduction littéraire. Mon espéranto et mon français sont assez bons pour que j’ose prétendre faire cela. Je pose la question à UEA, car je n’y connais rien en droits de traduction, etc. Bref, je pose une question pratique, et il m’est répondu : « turnu sin al francaj esperantistoj ».

                                                                                                                                            Génial. Je commence par où ?


                                                                                                                                            • (---.---.177.232) 11 octobre 2005 16:07

                                                                                                                                              Il est logique que UEA ne puisse répondre à toutes les questions concernant la situation dans un pays, en particulier sur les questions de droit. Gérer l’UEA n’est pas tâche facile avec trop peu de salariés dans un pays où la main-d’oeuvre est coûteuse. Quand on est membre d’UEA, on connaît logiquement sa section française : Espéranto-France. Où est le problème ? Il y a aujourd’hui Google, et rien n’empêche de taper « droit de traduction ». La biographie dont je suis auteur a été traduite en espéranto ; elle doit paraître ce mois-ci en espagnol et en coréen. Peut-être par la suite en lituanien et en chinois. Il suffit de l’accord de l’éditeur et des auteurs.


                                                                                                                                              • Chocolat bleu pâle (---.---.206.132) 11 octobre 2005 16:32

                                                                                                                                                Ah ben voilà : Esperanto-France, ça c’est une réponse. Ouf !


                                                                                                                                                • (---.---.14.168) 11 octobre 2005 17:58

                                                                                                                                                  Pôvre chocolat... cette histoire me rappelle un dialogue d’un manuel du français (excellent, soit dit en passant smiley :

                                                                                                                                                  Un gendarme arrête une femme et demande :
                                                                                                                                                  - Madame, votre mari ne vous a jamais dit que vous aviez de beaux yeux bleus ?

                                                                                                                                                  La dame, flattée :
                                                                                                                                                  - Si, Monsieur !
                                                                                                                                                  - Alors servez-vous en.

                                                                                                                                                  Choco, vous avez un ordi, une connexion à Internet et plein de moteurs de recherche, alors servez-vous en ! Incroyable : je ne suis membre d’aucune organisation, mais il m’était facile de trouver une section française, tout comme les autres. Les jeunes de 20 ans se débrouillent pour la recherche, et vous êtes apparemment plus âgé smiley Vos traductions littéraires - si vraiment vous voulez les effectuer et les faire connaître, publiez-les sur la Toile, les moyens ne manquent pas. Evidemment, ça ne vous apportera pas beaucoup de pognon, juste le plaisir d’avoir son cercle de lecteurs smiley

                                                                                                                                                  Pour le reste : ne me dites pas que toutes les institutions, sauf espérantistes, sont hyper efficaces, je ne vous croirai pas smiley

                                                                                                                                                  « qu’on veut vraiment faire quelque chose de vraiment pratique avec son esperanto, quelque chose qui ne parle ni de grammaire ni de Zamenhof ni de prosélytisme, il n’y a plus personne derrière les belles façades »

                                                                                                                                                  Ah là, là... Je fais autre chose, par exemple. Je connais les gens qui font des traductions des auteurs non-espérantistes, les sous-titres pour des films qui ne parlent nullement de l’espéranto, qui écrivent en espéranto mais pas au sujet de l’espéranto... mais renseignez-vous, mazette ! Si vous n’êtes pas au courant, ça ne veut pas dire que la chose n’existe pas.


                                                                                                                                                  • skirlet (---.---.14.168) 11 octobre 2005 18:00

                                                                                                                                                    Zut, j’ai encore oublié de signer...


                                                                                                                                                    • theleme (---.---.20.123) 11 octobre 2005 18:20

                                                                                                                                                      en réponse à chocolat qui pense qu’entre espérantophones on ne parle que d’espéranto ! je suis membre du groupe local Esperanto 80 et dans mon groupe local on s’amuse à traduire et à enregistrer des vidéos qui présentent notre belle région la Picardie. Ensuite on va de pays en pays dans les groupes espérantophones pour présenter notre région. Et puis lorsque nous accueillons des espérantophones chez nous, nous organisons des soirées de présentations du pays des invités (pour non espérantophones avec traduction directe espéranto - français) et on se fait un plaisir de présenter notre région et ses charmes. C’est ça l’attrait de l’espéranto. Récemment nous avons reçu un ami japonais pendant 3 mois. Il a vu la France et ses traditions comme aucun en voyage touristique ne le verra jamais. Au cours d’une rencontre en Allemagne, j’ai parlé littérature italienne avec une prof de littérature italienne en Italie et espérantophone bien sûr. En revenant en France je me suis acheté pas mal de romans que j’ai dévorés (traduits en français mais ça donne envie d’en connaître un peu plus sur la langue de Dante)


                                                                                                                                                      • Chocolat Bleu Pâle (---.---.206.132) 12 octobre 2005 12:20

                                                                                                                                                        - Esperanto 80 : superbe initiative, beau boulot ! Mais elle fonctionne encore une fois en cercle fermé. A un certain degré, des français rencontrent des japonais mais surtout ce sont des espérantistes qui rencontrent des espérantistes. Si vous déposez vos cassettes dans un office du tourisme « officiel », elles ne partiront pas, sauf à titre de curiosité linguistique. Pourquoi ? Parce l’espéranto ne dit rien à l’homme de la rue ? Sans doute un peu, mais aussi parce que les espérantistes sont tellement habitués à fonctionner dans leurs propres circuits qu’ils n’iront pas chercher quelque chose en-dehors. Sauf si, prévenus de l’existence de cette cassette par exemple, certains d’entre eux s’amusent à créer une sorte de demande qui sera aussi artificielle que de courte durée. Et ceci ne changera rien à la motivation des responsables de l’office, qui resteront largement imperméables à l’espéranto.

                                                                                                                                                        Cette imperméabilité entre les deux mondes se manifeste dans plusieurs domaines, et explique la fréquence d’utilisation d’une expression comme « la ekstera mondo » dans la bouche de nos amis-de-la-même-idée (22.000 occurences dans Google).

                                                                                                                                                        - A propos de ma recherche de services : la vraie difficulté n’est pas de trouver des services, mais des services qui fonctionnent Encore une fois, sur catalogue, tout est là, mais le magasin est vide. (On pourrait parler, pour rester dans le propos de mon paragraphe précédent, de Monda Turismo/ EsperantoTur) Si je suis militant, il y a fort à parier que je réussirai à percer la membrane cellulaire qui sépare l’esperantie du monde extérieur, mais dans le cas contraire, je suis le monde extérieur et rien ne me parvient. En d’autres mots, l’espéranto ne va pas vers le monde, il demande au monde de venir à lui.

                                                                                                                                                        L’adoption et l’utilisation de l’espéranto par l’individu devrait être une chose aussi simple qu’une respiration, et non une prise de position ou un choix, ce qu’il est actuellement, surtout contre l’anglais, ce qui amène en plus à des positions d’un racisme (un linguisme ?) peu justifiable et au repli identitaire que je dénonçais plus haut.


                                                                                                                                                        • Wàng (---.---.18.122) 12 octobre 2005 12:21

                                                                                                                                                          Je suis toujours surpris à quel point certaines discussions peuvent êtres aussi passionnées dès lors qu’il s’agit d’espéranto ! Celui qui découvre de cette façon les « espérantistes » risque fort d’être rebuté par le caractère surréaliste du débat (incompréhensible vu de l’extérieur), où la forme prime sur le fond (j’ai déjà vu ça quelque part)...mais c’était peut-être l’objectif visé par chocolat ! smiley A titre personnel si je suis venu à l’espéranto (découvert librement sur internet) ce n’est pas pour le plaisir de régler des comptes mais parce que les espérantistes sont les seuls à apporter une solution au problème posé par la domination de l’anglais !

                                                                                                                                                          Pour en revenir au sujet, je trouve l’idée d’une chaine de télé en espéranto très bonne, c’est quelque chose dans lequel j’aimerais m’impliquer. Je crois en effet que toutes les idées sont bonnes pour faire évoluer les mentalités, et toucher le grand public à une échelle aussi large ne pourra être que bénéfique.

                                                                                                                                                          Wàng


                                                                                                                                                          • GS (---.---.148.2) 12 octobre 2005 13:08

                                                                                                                                                            L’expression « repli identitaire » est intéressante mais chacun y met ce qu’il veut.

                                                                                                                                                            Je vous donne ma perception des choses (je n’ai pas « 20 ans d’espéranto dans les pattes » et je manque sans doute de recul sur le sujet) :

                                                                                                                                                            Le « mouvement espérantiste » se considère aujourd’hui comme une minorité injustement méconnue. Le manque de reconnaissance de l’outil espéranto de la part des personnes extérieures au mouvement, et en particulier de la part des décideurs, est mal vécu et suscite des réactions qui peuvent s’apparenter (ou ressembler) à un « repli identitaire ».

                                                                                                                                                            Quand on consacre une énergie considérable à informer, à répondre à des questions (toujours les mêmes), à lutter contre des préjugés (toujours les mêmes), et que les personnes qui nous prennent visiblement pour des excentriques sont parfois des proches, c’est certainement réconfortant de se retrouver entre espérantistes et de converser non seulement en espéranto, mais aussi au sujet de l’espéranto, pour se prouver à soi-même que l’on n’a pas tout faux et que d’autres partagent notre opinion sur la communication internationale.

                                                                                                                                                            Ce repli n’est pas forcément le reflet d’un « sectarisme » mais peut-être plutôt le résultat d’un sentiment d’exclusion ?

                                                                                                                                                            Pour ma part, j’apprécie assez l’intervention de Chocolat Bleu Pâle, même si je ne partage pas nécessairement son avis : c’est l’occasion de remettre les pendules à l’heure.


                                                                                                                                                            • skirlet (---.---.14.229) 12 octobre 2005 13:56

                                                                                                                                                              « L’adoption et l’utilisation de l’espéranto par l’individu devrait être une chose aussi simple qu’une respiration »

                                                                                                                                                              Heu... même sa propre langue n’est pas simple comme une respiration smiley Sans prise de position, il faut un certain effort d’apprentissage. Le tableau est tel que l’espéranto n’est pas admis ne serait-ce que comme option au bac, qu’il n’est pas autorisé dans les écoles (sauf dans le cadre des activités périscolaires) ; les gens n’osent pas mettre une mention sur leur compétences linguistiques en espéranto sur leurs CV par peur d’être pris pour un hurluberlu et de se voir refuser un poste. A mes débuts de l’espéranto, on ne nous mettait plus dans les goulags, mais sur une liste de personnes « pas sûres et idéologiquement instables », ce qui pouvait avoir des conséquences désagréables. Et combien de fois, après avoir appris que tu es un espérantiste, les autres oublient que tu fais avant tout partie de ton peuple et de ta culture d’origine, que tu as un métier, un libre arbitre et tout ce que possède n’importe quel citoyen ; il te traîtent comme si tu étais un extraterrestre ou un zombi. Si tu es une personne ordinaire, alors tu es un excentrique embobiné par une secte ; si tu es quelqu’un de connu et respecté, la connaissance de l’espéranto est perçue soit comme un caprice d’un grand homme (chacun ses bizarreries), soit comme l’épuisement (y est vieux çui-là, y est déjà dans la démence sénile). Combien de fois sur les forums on dit aux espérantistes d’aller jouer ailleurs, parce que ici, on discute entre les gens normaux ? Quand les medias assènent par tous les moyens qu’il faut apprendre l’anglais, ils diffusent l’info ; quand on dit timidement « mais il y a une solution plus simple et plus démocratique », on nous dit de se taire - pas de prosélytisme !

                                                                                                                                                              Oui, face à un tel rejet ça fait parfois plaisir de parler au sujet de l’espéranto entre les gens qui partagent le même avis. Et non, on ne méprise les autres : chacun a le droit à son opinion. La seule chose que l’on voudrait, que cette opinion soit basée sur l’examen des faits, sur la comparaison de plusieurs systèmes de communication et non sur les préjugés. Pas de traitement de faveur, juste le traitement à l’égalité. Et ça, on nous le refuse. On n’attend pas que les gens viennent à l’espéranto (vous confondez avec le raumisme), on va vers les gens, mais il faut avoir une certaine force de caractère pour affronter des préjugés, des clichés et parfois des insultes. C’est pour ça qu’il est tellement désagréable d’être taxés injustement de secte ou de sectarisme, tandis qu’on ne propose rien de surnaturel : seulement que les autres examinent les faits.


                                                                                                                                                              • LO (---.---.75.204) 13 octobre 2005 02:51

                                                                                                                                                                La lecture de ce long débat est très instructive si l’on sait prendre le recul nécessaire pour ne pas se sentir affectivement mis en cause. Mais certaines affirmations sont surprenantes.

                                                                                                                                                                Concernant le Volapük, je me rappelle un congrès espérantiste (IS 1986) où j’ai suivi plusieurs cours de Volapük. Je connais des Volapükistes, et d’après ce qu’ils m’ont eux-mêmes dit, tous les Volapükistes d’aujourd’hui pratiquent l’espéranto. J’ai rendu visite moi-même à l’association d’Interlingua, et dans son local rue St Fargeau et lors d’un de ses congrès internationaux (qui n’avait rien à voir avec un congrès universel espérantiste). J’ai même correspondu avec Ric Berger ! celui qui réutilisait les tracts pour l’occidental en collant le mot interlingua par dessus le mot occidental, sans changer le reste du texte. Et je connais d’autres espérantistes qui sont abonnés à des revues d’Ido ou d’Interlingua : il n’y a aucun mépris pour ces langues, mais il est clair que ce n’est pas notre principal centre d’intérêt car nous ne voyons là aucune concurrence, alors qu’eux (hormis les Volapükistes qui concilient très bien les deux) voient dans l’espéranto un obstacle.

                                                                                                                                                                Je suis très étonné d’apprendre qu’Henriette Walter, que je connais personnellement depuis plus de trente ans, serait mal vue des milieux espérantistes : on m’a officiellement demandé de l’inviter à une manifestation espérantiste (à laquelle elle n’a malheureusement pas pu venir, à cause d’autres engagements).

                                                                                                                                                                Concernant la terminologie, elle se construit en espéranto selon le même procédé que dans toute autre langue vivante. Ce n’est bien sûr pas l’Académie qui définira la terminologie dont on a besoin pour construire un avion, mais l’Académie espérantiste est-elle pour autant moins efficace que l’Académie française ? Créer cette terminologie, cela viendrait automatiquement si un nombre suffisant d’espérantistes se sentaient concernés par la construction d’avions. Un premier texte inventerait sa propre terminologie, puis il pourrait y avoir un débat autour de certains termes et on pourrait, à l’usage, normaliser plus ou moins cette terminologie - encore que même les terminologies nationales ne soient pas unifiées : elle sont souvent liées à la culture d’entreprise. Même parmi les linguistes, il est rare que deux d’entre eux utilisent la même terminologie, et pourtant, avec un minimum d’effort, les linguistes se lisent les uns les autres. Je ne vois absolument pas ce qui pourrait différencier, dans le principe, la terminologie espérantiste de la terminologie d’autres langues, hormis le fait que les espérantistes sont moins riches que l’aérospatiale.

                                                                                                                                                                Mazi en Gondolando, sous sa forme originale, est épuisé depuis des années, et moi aussi je le regrette. Le Pasporto por la mondo devrait paraître incessamment sous peu, je l’attends, et je commence à trouver le temps long... mais ces quelques ratés ne peuvent pas remettre en cause l’espéranto en tant que langue. L’espéranto n’a jamais prétendu être une langue parfaite ! quand on a présenté à Ben Gourion le premier voleur arrêté dans l’Etat d’Israël, il a dit : « enfin, nous sommes un véritable Etat ». Plutôt que de critiquer que les Espérantistes ne mettent pas en avant de leurs tracts les petites difficultés qu’on a à faire fonctionner des associations avec des moyens modestes, mais un investissement humain considérable, il serait plus constructif de se retrousser les manches pour que nous ayons de moins en moins de problèmes de ce type.

                                                                                                                                                                L’espéranto a survécu à bien des crises, bien des persécutions, bien des difficultés. La revue Monato n’a pas démarré aussi vite que prévu : initialement elle devait s’appeler Semajno... mais elle existe toujours, et je ne suis pas particulièrement inquiet pour ITV, même si ses ambitions initiales étaient un peu démesurées, je le l’ai tout de suite signalé. Le budget normal d’une télévision, même par internet, n’est pas comparable à la somme sur laquelle compte ITV.

                                                                                                                                                                Par ailleurs, l’espéranto vient effectivement en réponse à un problème, et certaines situations d’incompréhension facilitent la prise de conscience du problème et la démarche vers l’espéranto ; mais cela ne signifie pas que les espérantistes soient tous des incompris ni que le « complexe de minorité » soit spécifique des espérantistes.

                                                                                                                                                                Cela dit, le débat est très utile car la passion qui l’anime conforte l’idée que les résistances à l’espéranto (tout comme les arguments espérantistes) sont souvent plus affectifs que rationnels...

                                                                                                                                                                Bonne continuation...


                                                                                                                                                                • Negravaski (---.---.134.159) 14 octobre 2005 10:29

                                                                                                                                                                  Je n’ai pas lu intégralement tous les commentaires. Mais il me semble que bien des considérations se fourvoient parce que leurs auteurs jettent un regard statique sur une réalité dynamique, s’empêchant ainsi de la situer correctement et donc de la saisir.

                                                                                                                                                                  En 1887, l’espéranto était encore une langue naissante, mais il était déjà capable d’exprimer autant ou plus de choses que la plupart de ses contemporaines. Un certain nombre de personnes, constatant qu’il offrait un rapport rendement/effort ou rendement/temps bien supérieur aux autres langues servant à communiquer par-dessus les barrières linguistiques (français, anglais, allemand, latin) se sont mises à l’utiliser. Petit à petit, du fait de cet usage d’ampleur mondiale, le projet s’est mué en une langue vivante, rugueuse au début, de plus en plus fine et expressive à mesure que poètes et écrivains y apportaient leur contribution. Émerveillés, ses usagers - et c’est tout à fait normal - ont voulu faire partager leur enthousiasme au monde qui les entouraient.

                                                                                                                                                                  Douche froide ! Les élites intellectuelles, économiques et politiques, sans regarder de quoi il retournait, se sont gaussées de ces gens et de la solution qu’ils proposaient d’opposer à Babel. Les lois classiques de la psychologie sociale sont alors entrées en action : les partisans de l’espéranto ont manifesté les signes typiques des groupes rejetés dans les marges de la société. Certains ont défendu leurs idées avec agressivité, d’autres ont voulu s’affirmer en se singularisant, d’autres encore se sont repliés sur leur petit groupe. (Pensez aux communautés juives en Europe dans la même situation, et vous verrez des signes comparables : l’éventail de comportements possibles n’est pas si large que ça pour qui se sent rejeté sans comprendre la cause du rejet). Certes, un petit nombre s’est employé à défendre l’espéranto de façon rationnelle et sereine, mais rares sont ceux qui leur ont prêté attention. Une désinformation auto-entretenue s’est répandue, journalistes, politiciens, linguistes répétant les calomnies de départ sans vérifier les faits. Tout cela a créé une ambiance anti-espéranto dans laquelle a baigné la société, si bien que pour le commun des mortels l’absurdité du rêve espérantiste est devenue une évidence. Les bases de cette évidence n’ont jamais été remises en question. L’idée qu’il faudrait contrôler avec objectivité avant de juger n’a effleuré aucune personne influente.

                                                                                                                                                                  Par ailleurs, toutes sortes de régimes politiques se sont employés à tuer l’espéranto dans l’œuf (cela a commencé en Chine avec l’impératrice Tseu-Hi, cela s’est poursuivi par Staline, Hitler et bien d’autres, et c’était encore récemment la politique de la Corée du Nord). Le vécu des partisans de l’espéranto a été marqué par un contraste saisissant entre, d’une part, la solidarité entre membres de la collectivité et la bienveillance avec laquelle ils s’accueillaient les uns les autres et, d’autre part, la conduite soit condescendante-méprisante, soit persécutrice des milieux dans lesquels ils vivaient. Maintenir son intégrité mentale quand on est la victime d’un rejet fondé sur rien est une opération psychologiquement coûteuse. Beaucoup ne l’ont pas réussie, d’où la chute dans le sectarisme ou dans divers travers que la société reproche aux partisans de l’espéranto, sans se rendre compte que c’est elle qui en est la cause.

                                                                                                                                                                  Une des conséquences de l’attitude globale de la société, et notamment des élites, a été le manque de moyens, par comparaison à ce dont peuvent disposer ceux qui séduisent les milieux politiquement, culturellement ou économiquement puissants.

                                                                                                                                                                  Dans ces conditions il est parfaitement normal

                                                                                                                                                                  - que l’espéranto, ce soit le Tiers Monde (magazines n’arrivant pas au niveau de Time ou de Newsweek, agences de voyage ayant des ratés, entreprises ne répondant pas, faute de personnel, etc.) ;

                                                                                                                                                                  - qu’il y ait exagération sur la qualité de la marchandise ; quand l’ensemble de la société dit : « votre truc ne vaut rien » alors que dans la vie de l’intéressé il s’est révélé d’une énorme valeur, celui-ci surcompense, en exagérant les côtés positifs, comme on incline par réflexe l’épaule gauche quand le bras droit porte une charge très lourde.

                                                                                                                                                                  S’il est absurde de s’attendre à ce qu’un groupe mis dans cette situation réagisse autrement qu’il ne le fait, et donc de le lui reprocher, il est encore plus absurde de se fonder là-dessus pour continuer à faire comme si le projet n’était pas valable, comme s’il n’était pas une option à prendre en considération face aux problèmes agaçants que suscite la barrière des langues à l’ère de l’unité européenne et de la mondialisation. Si la société était mentalement saine, les dirigeants considéreraient l’option « espéranto » sous l’angle de son potentiel.

                                                                                                                                                                  Il n’y a aucun sens à reprocher à l’espéranto de ne pas être complet. C’est objectivement une langue en cours de « kompletigho » (comment nomme-t-on en français le processus par lequel passe une chose qui se complète progressivement ?). Comme le français à l’époque où du Bellay écrivait sa « Défense et illustration de la langue française ». L’incomplétude - par rapport au latin, langue considérée comme seule complète à l’époque - est l’une des critiques auxquelles il a dû répondre.

                                                                                                                                                                  [Soit dit en passant, quand Chocolat bleu juge les capacités techniques de l’espéranto sur les instructions pour l’installation de Linux, c’est un peu court. En statistique, on ne porte pas un jugement général sur la base d’un échantillon restreint, et dans un jugement fondé sur un texte traduit, il est fort imprudent d’attribuer à la langue des traits qui relèvent peut-être surtout du traducteur. On peut aussi regretter qu’une personne qui dit avoir 20 ans d’espéranto « dans les pattes » ignore la règle 15 du Fundamento et son impact sur la terminologie technique. À ce sujet, j’invite les intéressés à lire la section « Terminologie » de « Communication linguistique - Étude comparative faite sur le terrain » accessible par http://claudepiron/free.fr/ ]

                                                                                                                                                                  Je respecte la position de tous ceux qui rejettent l’espéranto. Mais personnellement, je continue à le préconiser, parce que de tous les moyens de communiquer à l’échelle mondiale susceptibles d’être étudiés objectivement, dans les faits, c’est celui qui répond le mieux à la plupart des critères imaginables, dont économie, justice, confort, précision, rapidité d’accès.

                                                                                                                                                                  En outre, l’espérantisme me paraît plus sain que l’antiespérantisme. En effet, celui-ci se fonde

                                                                                                                                                                  1)sur un certain masochisme (puisqu’il préfère des systèmes - anglais, par exemple - moins bien adapté au fonctionnement naturel du cerveau humain) et donc ne pouvant être acquis qu’au prix d’une dépense d’énergie beaucoup plus grande ;

                                                                                                                                                                  2)sur une indifférence pour ceux qui ont à souffrir du chaos linguistique actuel (p.ex. ceux qui se font exploiter parce qu’ils ne possèdent pas la langue nécessaire pour se défendre, ceux qui n’accèdent pas à un emploi correspondant à leur compétence faute d’une maîtrise suffisante d’une langue donnée, et aussi les millions et les millions de jeunes peu doués pour les langues qui, de par le monde, se cassent la tête pour mémoriser les nombreuses absurdités de l’anglais, sans que cet énorme investissement en temps et en énergie nerveuse débouche sur un résultat proportionné à l’effort), et

                                                                                                                                                                  3)sur une désinvolture inacceptable quant à une gestion raisonnable des moyens financiers dont dispose la société.

                                                                                                                                                                  Bon, je ne vais pas rallonger la sauce, vous voyez ce que je veux dire. Si l’on se place à un point de vue statique, toutes sortes de critiques sont opposables à l’espéranto d’aujourd’hui. Mais si l’on regarde vers le passé et vers l’avenir, si l’on saisit l’espéranto dans son développement, on se rend compte qu’il a tout pour tenir ses promesses. Ses lacunes actuelles sont dues à la situation d’ostracisme qu’on lui impose, et non à des défauts intrinsèques. L’inverse est vrai de l’anglais et de l’interprétation simultanée. Leur succès actuel ne tient pas à une supériorité intrinsèque, mais à une mentalité diffusée par les élites et les médias en l’absence de toute comparaison objective avec l’espéranto.

                                                                                                                                                                  Cette préférence de la société pour des pis-allers coûteux et compliqués n’a rien d’étonnant. Les sociétés humaines commencent toujours par opposer une farouche résistance irrationnelle à toutes les innovations non techniques qui sont créatives, pratiques et agréables, Il a fallu trois siècles pour que les chiffres romains cèdent la place aux chiffres arabes. Sans le zéro, il n’y aurait pas de calculettes. Aimeriez-vous faire vos comptes en chiffres romains ?)


                                                                                                                                                                  • chocolat bleu pâle (---.---.32.149) 15 octobre 2005 02:21

                                                                                                                                                                    Dépassionner le débat et relativiser est souvent productif, effectivement. On reconnaît l’ombre (la patte ?) de Claude Piron dans le commentaire qui précède, et l’interventio de « Negravaski » résume d’ailleurs la quasi-totalité du livre de Piron « Le défi des Langues : du gâchis au bon sens ».

                                                                                                                                                                    Nous sommes loin de la question d’ITV, il y a 82 commentaires, et la totalité des interventions représente actuellement 34 pages imprimées en A4. Le fond de toutes mes interventions est de dénoncer un hiatus entre la propagande et la réalité..

                                                                                                                                                                    Qui veut connaître le vrai prèche le faux, ou bien il force juste un peu le trait. Ce qu’adoncques je fis. Le piège était grossier, et de zélés militants ont donné pleine tête dedans, avec toute la force de conviction que peut donner la répétition ad nauseam de slogans, et de certitudes préfabriquées. Comme on tolère pour soi ce que l’on voudrait arracher à autrui ! Je critiquais l’espéranto, donc je n’y connaissais rien. Le procès était entendu, la défense parlerait après l’exécution. Il est vrai que j’ai brisé un tabou, qui demande d’éviter d’amener du linge sale sur la place publique. Des fois que quelqu’un lirait ? Nous sommes assez loin maintenant dans le bas de l’écran et je pense que nous avons fatigué toutes les curiosités. Nous pouvons donc nous permettre quelques remarques existentielles, en tentant de ne pas y mêler l’affect. [Ceci dit, mes 20 ans d’esperanto, je les ai.]

                                                                                                                                                                    15è règle : la perfusion

                                                                                                                                                                    Tout d’abord, je connais fort bien l’existence de cette 15ème règle, et je profite de l’occasion qui m’est donnée pour dire tout rond qu’elle est justement le talon d’Achille de l’édifice Elle est inapplicable à une langue vivante. Elle tuerait une langue vivante, comme elle corsette l’espéranto. Soit elle est d’application et l’esperanto n’est pas vivant, soit elle ne l’est pas, et l’espéranto se dissout. Je développe :

                                                                                                                                                                    « Tout mot qui doit entrer dans l’espéranto doit se plier à l’orthographe, (donc la la phonétique), et la flexion de la langue ». En informatique, déjà, cela donne quelques beaux monstres (« Vindozo » pour windows est assez amusant, je propose « Vorto » pour « Word » et « Poverponto » pour PowerPoint. Du côté Linux, l’exemple le plus frappant est la façon dont est désigné l’utilisateur principal. Tenez-vous bien, c’est « la root-uzanto ». Cette salade n’a aucun goût, ou elle en a trop. Bientôt on ne verra plus de différence entre l’esperanto et l’universalglot. Car le problème sera bien sûr de remplacer ce monstre-là avant qu’il ne rentre dans l’usage... Et ça, c’est une autre paire de manches. En français, un « root » est très précisément un « root » et rien de plus. Il ne s’agit pas d’une avancée à couvert du British Council à l’instigation d’un rapport secret de 1961, non, il s’agit de l’intégration à la langue française d’un mot anglais.

                                                                                                                                                                    Je vais en arriver au fait, mais pour être sûr d’être compris, je dois encore contexter quelque peu. Trois mots me viennent à l’esprit : redingote, surbooké, et clip. Datant du siècle passé (enfin, du 19è), redingote est une altération de « riding-coat ». Heureuse époque où l’on avait le temps d’adapter... Je ne suis pas sûr que l’on serait arrivé à un aussi joli mot si le français disposait d’une « 15è règle », applicable en tout temps et tout lieu. « Surbooké », si on le regarde bien, est très curieux : le participe est bel et bien francophone. Le « book » est resté, et l« over » original s’est mué en « sur ». Ce mot est-il anglais on français ? on n’en sait rien, et c’est peut-être la beauté de la chose. Le clip maintenant, et vous allez voir (enfin) où je veux en venir. Quand ces petits films ont commencé à faire fureur, de chastes grammairiens ont hurlé : « video-clip » était trop anglophone. L’Académie Française a proposé sans rire « bande vidéo promotionnelle ». Il était trop tard et c’était inutilisable. Le mot et ses connotations étaient déjà dans l’usage. Je dis « et ses connotations », ce n’est pas gratuit. Car la 15è règle tue la connotation. Certains ont pu trouver bizarre qu’on ne réemploie pas le mot « scopitone » pour damer le pion à ce (vidéo-)clip, coupable d’un délit de sale gueule. Et pourquoi n’a-t’on pas été repêcher le mot, alors que l’objet était quasiment identique ? A cause des connotations. Le scopitone était connoté vieux, jauni, yé-yé. Rien à voir avec le clip. Une quinzième règle en Français aurait par exemple amené à l’obligation d’utiliser « scopitone », et aurait embrouillé tout un réseau de connotations, rendant la langue plus française d’aspect, mais moins riche. Ce qui rentre en espéranto, à cause justement de cette 15è règle, ce sont des dénotations. Les connotations disparaissent au lavage. Elles doivent être très consciemment et très volontairement rajoutées par la suite grâce à des affixes comme « fi- » ou « -acx- », « -ocxj- » ou « -inj- » . Et je ne parle pas du cauchemar orthographique, vu l’absence de q,w,y,x, et la présence de c (« ts ») et « c accent grave » (tch). Non, la défiguration des mots n’est pas une spécialité volapükienne....

                                                                                                                                                                    Se faire son avion

                                                                                                                                                                    Umberto Eco a bien montré, dans « A la recherche de la langue parfaite » que la confusion des langues telle qu’elle nous est racontée dans la légende n’avait pas d’origine nationale, mais technique. La « malédiction » de Babel est dûe à la différenciation des métiers. Dis-moi ce que tu manipules et je te dirai quelle langue tu parles. Pourquoi dis-je que construire un avion est impossible en espéranto ? Parce que, à cause encore de cette 15è règle, les mots en espéranto ne peuvent ni « surgir » ni être empruntés directement, comme ils le seraient en français ou en anglais. Ils doivent être adaptés puis dérivés. En espéranto, il y a par exemple un mot pour bèche, un autre pour pelle, il n’y en a pas encore pour escoupe. « Qu’à cela ne tienne, dirons-nous, voyons... d’abord, avons-nous besoin de ce mot, n’est-ce pas un synonyme de »pelle«  ? - Si fait si fait, dans le langage courant peut-être, mais techniquement parlant, je vous assure qu’il y a une différence » Refuser de différencier deux objets similaires, c’est se condamner à la généralisation, c’est mal utiliser et l’un et l’autre. Différencier, c’est spécialiser. Et en espéranto, spécialiser un mot, c’est le rallonger. Si l’on veut rester fidèle au sens et à la quinzième règle du moins. Ce mécanisme d’allongement pourra bien sûr être tempéré par le contexte, mais jusqu’où ? En zoologie, une souris se dit « muso » ; en informatique aussi, et pourtant un autre mot aurait dû être créé, qui aurait ressemblé à « musilo » ou plus précisément à « ilmuso ». L’homonymie dans ce cas-ci est possible parce que les contextes ne se rencontrent pas, mais là où les choses semblables cohabitent, bonne chance ! Combien de syllabes compteraient donc les mots nécessaires à notre avion, même s’ils devenaient d’usage courant entre techniciens ?

                                                                                                                                                                    un espérantisme raciste

                                                                                                                                                                    LO dit que l’epéranto vient en réponse à un problème. Je dirais pour ma part qu’il y a le problème lui-même et la perception qu’on en a. Ici, le problème est sociologique, la réponse est psychologique. Volonté de se faire comprendre ou peur de n’être pas compris ? Je pencherais pour la deuxième. Aussi, me semble-t’il important de savoir ce que chacun de nous met à la base de « son » espérantisme. La peur d’être incompris, dans une ambiance de Conspiration amplifiée par l’ombre d’un impérialisme ambiant peut transformer n’importe quel bon père de famille en singe hurleur. Quand je lis sous la plume d’Anna-Maria Campogrande « Qui vous a payé pour diffuser l’idéologie du British Council qui sévit dans le monde entier dans le but de faire de l’anglais la langue unique pour dominer le monde et évangéliser les peuples dans la religion du materialisme, de l’égoïsme et du profit ? », je me dis que nous, espérantistes de 2005, nous avons trouvé nos Juifs, nos métèques, nos tchouks. Et je crains fort que ce genre d’effluves brunâtres se répandent bien plus facilement que l’esperanto. Se sentir persécuté, ou simplement incompris, n’excuse pas ces dérives haineuses, surtout quand on a soi-même choisi sa minorité, et j’ai du mal de croire que les gens qui disent cela espèrent réellement l’unification de l’humanité. D’où mon rejet total d’un espérantisme que je juge sectaire et nombriliste. Je ne parle pas des espérantistes en tant que tels ou à titre individuel, ne m’accusez surtout pas de généralisatiion, je parle d’un discours dominant, un discours qui, sous des dehors humanistes (défense de la diversité linguistique) est en réalité l’excellent terreau d’une extrème-droite d’un nouveau type.

                                                                                                                                                                    opération Prométhée

                                                                                                                                                                    Pour toutes ces raisons, je pense qu’il est urgent de voler l’espéranto à l’espérantisme et de l’offrir à l’humanité. Qu’il aille au monde et non pas exiger du monde qu’il vienne à lui. Une première réponse se fait déjà jour dans une tendance de l’espérantisme qui s’est nommée « Raumiste » (mais je ne la connais pas plus que ça). Je pense pour ma part que ce qu’il faut rejeter, c’est la confrontation. Ne pas permettre qu’on sous-estime l’espéranto est une chose, mais le surestimer constamment ne peut qu’exposer le nouveau-venu à de cruelles déceptions. Adieu les boîtes vides, les Instituts inexistants, les universités sans étudiants. Adieu les miroirs aux alouettes. Testez tout, n’utilisez que ce qui fonctionne, et ayez le courage de dénoncer le reste à voix haute, votre cause en sortira renforcée et non défraîchie. Ayez le courage d’accepter que votre langue maternelle se transforme ; sans l’invasion romaine, autrement plus brutale, je l’ai dit, que l’actuelle extension anglo-saxonne, vous n’auriez pas cet outil linguistique dont vous êtes si fiers et trop jaloux. Ne vous demandez pas où va votre français, faites-lui plutôt confiance. Ce n’est pas, comme votre République, un objet Un et Indivisible - c’est une réalité déjà multiforme, un multilinguisme en graine. Respectez les individus qui vous font confiance, et que vous avez enthousiasmé pour l’espéranto : vous êtes responsable des espérantistes que vous créez.

                                                                                                                                                                    J’ai adoré l’intervention de Skirlet qui disait « S’il s’agit de Chomsky qui déclare que l’espéranto n’est pas une langue, c’est un peu léger. D’abord, quelles sont les critères linguistiques selon lequels on peut affirmer cela ? » - en critères linguistiques, justement, Chomsky s’y connaît mieux que nous... mais je ne veux pas me moquer. Par modestie essentiellement, il faut accepter que l’espéranto ne soit pas une langue comme l’anglais, le français, l’allemand, et arrêter de vouloir à tout prix figurer sur la même photo qu’eux, arrêter de dresser l’oreille quand on parle de disparition du français, dénoncer la manipulation mentale qui dit que des cultures sont en danger parce que l’anglais frappe à la porte, ce qui est faire bien peu de cas de la vivacité des cultures et des traditions, car la langue et la biodiversité ce n’est pas la même chose. Une bonne fois pour toutes, les langues ne sont pas exclusives, elles s’interpénètrent ! Ceux qui parlent de diversité linguistique se trompent de combat. Et, je le répète, ils auraient la nausée s’ils voyaient ce qu’ils sont réellement en train de faire.

                                                                                                                                                                    Dites-vous que la langue des Signes aussi a mis du temps à être adoptée, et que quelque part, mais oui, vous aussi vous parlez à des sourds. Vous êtes sensés pouvoir les faire bénéficier du monde ; pas les enfermer dans vos valeurs, si bonnes vous paraissent-elles.


                                                                                                                                                                    • Masson 15 octobre 2005 08:37

                                                                                                                                                                      C’est une excellente idée que de proposer de « voler » l’espéranto aux espérantistes. C’est moins dangereux et risqué que d’aller voler le feu. Ils ne s’y opposent pas. C’est d’ailleurs ce qui se passe avec Internet, puisque toute personne qui veut même seulement « goûter » à l’espéranto peut commencer son étude, par exemple par le site lernu.net (ajoutez les trois « w » !) ou le CD correspondant à partir de 25 langues. Il y a aussi la possibilité de se documenter à partir de 62 langues sur esperanto.net, sans compter une multitude d’autres ressources.

                                                                                                                                                                      Le temps est venu de n’écouter ni ceux qui sont pour l’espéranto ni ceux qui sont contre, mais de s’écouter soi-même, de le découvrir par soi-même.


                                                                                                                                                                      • Alexandre Santos (---.---.240.165) 15 octobre 2005 08:41

                                                                                                                                                                        Un peu hors sujet (mais c’est passionnant de lire cette colonne) :

                                                                                                                                                                        J’ai connu des sourds qui n’avaient pas voulu aprendre le language des signes, préférant apprendre à parler/lire les lèvres, sans doute pour rester intégrés à leur milieu social.

                                                                                                                                                                        Conséquence, ce n’est qu’avec la venue des enfants et de la frustration à communiquer qu’ils s’y sont mis.

                                                                                                                                                                        Bref, quand je vois les difficultés rencontrées par l’enseignement du langage des signes (interdit en France jusqu’aux années 90) alors que son utilité est si difficilement discutable, je ne m’étonne pas des difficultés que rencontre l’esperanto dans la société.


                                                                                                                                                                        • Wàng (---.---.228.123) 15 octobre 2005 12:42

                                                                                                                                                                          « Quand je lis sous la plume d’Anna-Maria Campogrande « Qui vous a payé pour diffuser l’idéologie du British Council qui sévit dans le monde entier dans le but de faire de l’anglais la langue unique pour dominer le monde et évangéliser les peuples dans la religion du materialisme, de l’égoïsme et du profit ? », je me dis que nous, espérantistes de 2005, nous avons trouvé nos Juifs, nos métèques, nos tchouks. »

                                                                                                                                                                          A la nuance près que cette dame n’est pas espérantiste, au contraire. Ca remet en question votre argumentation, dommage pour vous. Je crois que vous réfléchissez un peu trop. L’espéranto vient bel et bien en réponse à un problème, même si cette idée vous dérange.


                                                                                                                                                                          • LO (---.---.101.197) 15 octobre 2005 13:10

                                                                                                                                                                            On n’a pas tous les jours l’occasion de parler à un détracteur de l’espéranto qui a vingt ans d’espéranto dans les pattes, et cela ne manque pas d’intérêt. Une des spécialisations des examens français d’espéranto consiste à savoir informer de manière convaincante un public ou un journaliste sur l’espéranto, et quelqu’un qui parviendrrait à vous convaincre, cher Chocolat Bleu Pâle, mériterait les félicitations du jury.

                                                                                                                                                                            Quelques remarques dans le désordre.

                                                                                                                                                                            Avec ma formation kantienne, je pense qu’il est dangereux de distinguer un problème de la perception que l’on a du problème. Déjà la notion de « réalité linguistique » fait l’objet de bien des débats - je me rappelle la question soulevée par Pierre-Yves Raccah il y a une dizaine d’années : doit-on parler de « reconstruction du sens » ou de « construction du sens » -... Il est bien clair que toute activité humaine, sportive, intellectuelle, pratique d’une langue, etc... a ses motivations psychologiques : c’est pour une raison exclusivement psychologique que je n’ai jamais réussi à apprendre l’anglais convenablement alors que l’espéranto m’est venu sans grand effort. Donc étudier quelles sont les motivations psychologiques qui ont poussé les espérantistes à étudier cette langue et à s’enflammer dès que quelqu’un la critique, c’est tout aussi intéressant que d’étudier les motivations psychologiques qui poussent certains individus à circuler à vélo ou à se plaindre des automobilistes... mais c’est totalement indépendant du fait que le vélo est un moyen de locomotion, même s’il ne prétend pas rivaliser avec l’avion.

                                                                                                                                                                            Sur l’affirmation « en matière linguistique, justement, Chomsky s’y connaît mieux que nous », permettez-moi d’exprimer des réserves. Chomsky n’est certainement pas le mieux placé pour répondre à la question : qu’est-ce qu’une langue ? Je rappelle l’article d’André Martinet, « pour une linguistique des langues », le paragraphe de l’ouvrage de Claude Hagège « la grammaire générative », où il critique l’omniprésence d’une langue (André Martinet et Claude Hagège étaient mes deux parrains, il y a plus de vingt ans, à la Société de Linguistique de Paris). Définir ce qu’est une langue, ce n’était manifestement pas le centre d’intérêt de Chomsky : profitant de l’idée en vogue à l’époque qu’il suffirait de mettre une grammaire et un dictionnaire dans un ordinateur pour résoudre le problème de la traduction automatique, Chomsky a donné une première modélisation de la langue utilisable par des informaticiens. Mais utilisable jusqu’à un certain point. Il a plusieurs fois changé de cap, et aujourd’hui ses théories sont quelque peu obsolètes. C’était l’époque où le formalisme était dominant, où l’on a voulu introduire dans notre enseignement secondaire des « mathématiques modernes », mais là encore, ce n’était pas une réussite. C’est l’époque où l’on a commencé à imposer le « tout anglais », et là encore, on ne tardera pas à reconnaître son erreur.

                                                                                                                                                                            Qu’est-ce qu’une langue ? Question délicate. Puisque vous mentionnez la langue des signes, je rappellerai les problèmes éthiques qui se sont posés au CNRS lorsqu’un spécialiste de langue des signes a demandé son rattachement au laboratoire des langues et civilisations à tradition orale.

                                                                                                                                                                            Oui, l’anglais, le français, l’allemand sont des langues, mais non, les langues ne sont pas l’anglais, le français, l’allemand... où placez-vous la limite entre les langues et les non-langues ? Vous me rappelez ces parents d’élèves d’une école primaire regrettant qu’il n’y ait pas d’élèves bilingues dans la classe. « Comment cela ? s’exclame un autre... Mais tel élève parle arabe, tel autre chinois, ... » « Certes, dit le premier, mais bilingue, c’est anglais, allemand... ». Il existe aujourd’hui (plus pour longtemps) des milliers de langues sur terre, qui constituent un patrimoine culturel important, à l’époque où l’UNESCO étudie précisément la question du patrimoine mondial immatériel. Il est normal que des langues meurent, mais il n’est pas normal que l’une d’entre elles les fasse crever. Et c’est le « tout anglais » qui précipite la mort des langues : il n’y a pas que les espérantistes qui s’en plaignent.

                                                                                                                                                                            On peut laisser faire cette guerre des langues :finalement, les espérantistes sont aussi utopistes que les pacifistes. Certes, il ne sert à rien de mettre des barrières à l’évolution des langues, il est normal qu’elles s’interpénètrent et se dialectalisent : d’ailleurs, l’anglais, en tant que langue vivante, est déjà en train de se dialectaliser, et il n’y aura bientôt plus guère de rapport entre cet « anglo-américain » qu’on tente de nous imposer comme langue internationale et les différentes langues vivantes issues de l’anglais.

                                                                                                                                                                            L’espéranto lui aussi évolue, et au risque de me faire excommunier moi-même (pardon : rappeler à l’ordre), je dirai qu’il n’y a guère de frontières à cette évolution. Même si l’on ne fixe pas de frontières à l’évolution de l’espéranto, il y a peu de risque qu’il se dialectalise, dans la mesure où le but d’un espérantiste est de se faire comprendre non pas par son voisin de palier, mais par l’espérantiste du bout du monde. Rien ne fait plus plaisir à un espérantiste que lorsqu’on lui dit que, à l’entendre parler espéranto, on ne parvient pas à reconnaître quelle est sa langue maternelle. Et dans quelle langue nationale a-t-on cet indéal d’internationalité ?

                                                                                                                                                                            Cela étant, nous avons effectivement à résoudre un important problème d’emprunts, et il se peut que la quinzième règle du Fundamento ne suffise pas : il se peut que, dans le sens de « livre », « kitabo » soit plus international, au sens de cette quinzième règle, que « libro » (si l’on compare le nombre de langues utilisant l’une ou l’autre de ces racines)... mais toutes les langues sont confrontées à ce même problème d’emprunts : ce n’est pas un problème simple, ni pour nous ni pour les autres. Et ni pour les autres, ni pour nous, ce n’est un problème insurmontable. Il serait malhonnête en tout cas d’utiliser cela comme argument pour dire que l’espéranto n’est pas une langue.

                                                                                                                                                                            Car face à ce problème, l’originalité des espérantistes est d’accorder un égal respect à toutes les cultures, et de chercher la solution à l’intérieur de l’espéranto avant de recourir à l’emprunt. Le mot « reto » s’est imposé beaucoup plus naturellement que « la toile » dans le sens de « web », d’autant qu’il est beaucoup plus facile de construire le mot « ret-ejo » que « site toile ». Même lorsqu’on nous recommande d’utiliser « courriel », les français continuent d’employer « e-mail », et ce ne sont pas les espérantistes qui nous font cette recommandation, ce sont des experts qui, comme les espérantistes, ont conscience du danger qu’il y aurait à se laisser envahir de mots anglais. Il y a bientôt trente ans, je devais rédiger le compte rendu d’un ouvrage pour mon DEA de linguistique, et j’avais choisi le livre : « Hé ! la France, ton français fout le camp », qui n’était pas un ouvrage espérantiste.

                                                                                                                                                                            Il y a plein de gens qui ont conscience d’un problème, même si ce n’est pas la majorité de nos concitoyens, mais il n’y a guère que nous qui proposions une solution viable. Ne cherchons pas à convaincre les gens qui n’ont pas de problème avec leur pratique linguistique, mais aidons ceux qui se plaignent de l’effondrement du patrimoine linguistique de l’humanité, en leur proposant une alternative. Tout comme il serait vain de convaincre tous les automobilistes de circuler à vélo, mais on peut se battre pour que ceux qui circulent à vélo aient droit à des pistes cyclables.


                                                                                                                                                                            • skirlet (---.---.10.152) 15 octobre 2005 16:24

                                                                                                                                                                              « Et je ne parle pas du cauchemar orthographique, vu l’absence de q,w,y,x, et la présence de c ( »ts« ) et »c accent grave« (tch). »

                                                                                                                                                                              C’quoi « c accent grave » ?.. Vous êtes certain d’avoir lu l’alphabet ? J’en connais un avec l’accent circonflexe, une lettre tout a fait sympathique smiley Et pourquoi l’absence des lettres énumérées serait-il un cauchemar ? Parce qu’elles existent en français et en anglais ? L’italien n’en a pas... l’espagnol n’a pas de « x » et de « w », le tchèque non plus... le « w » allemand et polonais se prononce comme « v »... Affreuses, ces langues smiley

                                                                                                                                                                              « En zoologie, une souris se dit »muso«  ; en informatique aussi, et pourtant un autre mot aurait dû être créé, qui aurait ressemblé à »musilo« ou plus précisément à »ilmuso".

                                                                                                                                                                              Y a quelque chose qui cloche : « skribilo » est un truc qui écrit, « tranĉilo » est un truc qui tranche, et « musilo » - un truc qui sourice ?.. Le mot « souris » est basé sur l’aspect de la chose et non sur l’action qu’elle accomplit ; d’ailleurs, c’est « souris informatique » ou « souris d’ordinateur » que l’usage a raccourci.

                                                                                                                                                                              Concernant Mme Campogrande : elle n’est pas espérantiste, elle est farouchement opposée à l’espéranto. Conclusion hâtive, mon cher, et tout le raisonnement basé dessus se retrouve faux...

                                                                                                                                                                              « Conspiration amplifiée par l’ombre d’un impérialisme ambiant peut transformer n’importe quel bon père de famille en singe hurleur » - hein ? C’est vachement efficace, ce truc que vous avez pris smiley

                                                                                                                                                                              « je parle d’un discours dominant »

                                                                                                                                                                              Il n’y a pas de discours dominant.

                                                                                                                                                                              « Pour toutes ces raisons, je pense qu’il est urgent de voler l’espéranto à l’espérantisme et de l’offrir à l’humanité. Qu’il aille au monde et non pas exiger du monde qu’il vienne à lui. Une première réponse se fait déjà jour dans une tendance de l’espérantisme qui s’est nommée »Raumiste« (mais je ne la connais pas plus que ça). »

                                                                                                                                                                              Ah bon. Eh bien, ce sont les raumistes qui attendent que le monde viennent vers eux. Offrir à l’humanité ? Mais faites donc, mon cher. Aucune objection. Si vous réussissez, j’essaierai d’être dans les preliers pour vous féliciter. Je voudrais connaître le procédé d’un tel acte, par curiosité smiley)

                                                                                                                                                                              « en critères linguistiques, justement, Chomsky s’y connaît mieux que nous... »

                                                                                                                                                                              P’têt ben. Je ne suis pas linguiste. Mais je l’habitude de faire travailler ma cervelle et suivre le conseil d’un classique russe : Не сотвори себе кумира (Ne faru por vi idolon). Il se trouve que dans le monde, il existe bien d’autres linguistes, pour lesquels l’espéranto est une langue. Soit les critères varient d’un linguiste à l’autre (alors ils devraient arriver à une standardisation, avant de nous asséner leurs avis), soit il faut expliquer en détail le pourquoi de cette conclusion et la façon dont elle a été faite.

                                                                                                                                                                              « Par modestie essentiellement, il faut accepter que l’espéranto ne soit pas une langue comme l’anglais, le français, l’allemand »

                                                                                                                                                                              Effectivement, pas tout a fait pareil. Mais son but n’est pas de prendre leur place - uniquement servir d’intermédiaire (inversement, les langues susnommées ne peuvent pas prétendre à ce rôle sans causer de graves entorses à la démocratie).

                                                                                                                                                                              « Une bonne fois pour toutes, les langues ne sont pas exclusives, elles s’interpénètrent ! »

                                                                                                                                                                              Merci, merci de nous avoir dit ça !!! N’empêche : il y avait un autre linguiste à l’époque soviétique, qui a dit que les langues du monde entier vont s’interpénétrer et former une seule langue. Pour l’instant, certaines n’ont pas la force de pénétrer dans les autres, elles disparaissent au profit des langues dominantes.

                                                                                                                                                                              « Et, je le répète, ils auraient la nausée s’ils voyaient ce qu’ils sont réellement en train de faire. »

                                                                                                                                                                              Et qu’est-ce qu’ils sont en train de faire ? Soyez plus clair (je sais, c’est trop vous demander, mais faites un effort smiley)

                                                                                                                                                                              Au fait, ce coup de théâtre ? Ces traductions ?.. smiley


                                                                                                                                                                              • Chocolat Bleu Pâme (---.---.32.149) 16 octobre 2005 10:01

                                                                                                                                                                                Wang : A-M Campogrande n’a peut-être pas encore franchi le pas d’apprendre la langue, je n’en sais fichtrement rien, mais je vous assure que dans un certain sens elle est très très espérantiste. Si si. Et sa position particulière constitue d’ailleurs une bonne source d’informations pour la mouvance. Je n’en dirai pas plus.

                                                                                                                                                                                Quant à sa déclaration, on en trouve des décalques parfaites, d’une intensité variant de 5 à 10 degrés sur l’échelle de la haine qui en compte 9, dans la littérature francophone espérantiste (la mouvance « espéranto-espérantiste » elle-même semble moins touchée) Un anglophone, écrivant parfaitement le français, s’en est d’ailleurs ému il y a quelques mois et a fait circuler un mail dans lequel il demandait qu’on le rétablisse dans sa dignité d’homme. (« Les anglophones ne sont pas des bêtes » disait-il.)


                                                                                                                                                                                • Masson 16 octobre 2005 11:23

                                                                                                                                                                                  Une absurdité de plus : Mme Campogrande n’est pas favorable à l’espéranto, elle y est même opposée.

                                                                                                                                                                                  Certes, toute personne peut évoluer. Il y a eu des personnalités hostiles à l’espéranto, ou qui s’en moquaient, comme le professeur Umberto Eco, jusqu’au jour où elles ont été amenées à l’examiner de plus près.

                                                                                                                                                                                  Le professeur Robert Phillipson, auteur de « Linguistic Imperialism » (Oxford University Press, 1992) et de « English-only Europ ? » (Routledge, Londres, 2001) a lui même déclaré, en 1996 : « Le cynisme autour de l’espéranto a fait partie de notre éducation ».

                                                                                                                                                                                  Le postulat de chocolat est tout à fait clair : il à une rancoeur contre l’espéranto, et, à partir de là, il lui faut coûte que coûte chercher de quoi, le (faire) condamner, quitte à rechercher des « coquilles vides » que l’on trouve d’ailleurs dans n’importe quel domaine sur le web, où à demander à UEA (Rotterdam) des renseignements sur le Droit français, comme si le lieu idéal pour demander des renseignements sur la meilleure viande pour faire de la fondue bourguignonne était la boulangerie.


                                                                                                                                                                                  • Chocolat Bleu Pâle (---.---.32.149) 16 octobre 2005 11:43

                                                                                                                                                                                    Je voudrais poser une question à LO (pas une question-piège, hein ! Une manifestation réelle de curiosité. )

                                                                                                                                                                                    Mais une remarque liminaire d’abord : quel que soit le niveau actuel de la méfiance envers la « movado », je continue à utiliser la langue, bien sûr. Je lis beaucoup de fictions, je parle sur Skype, et j’ai en tous cas « créé » au moins 4 espérantophones. Encore une fois, quand on regarde l’espéranto et l’espérantisme tel qu’ils sont et non tels qu’on voudrait qu’il soient, je n’ai rien contre.

                                                                                                                                                                                    Ma question, donc : vous pensez qu’il est dangereux de distinguer un problème de la perception que l’on en a. Pourriez-vous expliquer ? Pour moi, chaque stimulus provoque une réaction. Si la réaction est inadaptée au stimulus, elle ne constituera pas une réponse adaptée. Les sectes (j’y reviens parce que c’est un de mes principaux centres d’intérêt, mais encore une fois ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit) se font un sport d’apporter des réponses adaptées à elles-mêmes mais pas à la réalité. C’est ainsi que l’on a déjà eu des suicides/meurtres de masse que les adeptes pensaient être des voyages interstellaires... Un certain Philip Buttinger, que j’ai connu à Londres en 91 mais décédé maintenant, s’était engagé dans les SS pour, dit-il, ...combattre le communisme !

                                                                                                                                                                                    Autre paragraphe : vous parlez de l’introduction d’un mot comme « kitabo » Dans le livre « elpafu la sagon » de Tibor Sekelj, sont proposés une bonne cinquantaine de mots espérantisés d’origines diverses. On joue donc clairement le multi-culturalisme. Parfait. Mais de quelle façon seront espérantisés les douze mots (je pense) qui signifient « neige » en Inuit, et la quinzaine (si mes souvenirs sont bons) qui signifie « chameau » en arabe ? Des pertes, il y en aura, que ce soit en anglais ou en espéranto. Croire le contraire serait naïveté... ou angélisme. De ce côté-là, je veux dire du côté des emprunts, le volapük aurait à mon avis été plus performant. De la même façon, culturellement parlant, la poule n’est pas simplement la femelle du coq. La féminisation facile que l’espéranto présente comme un avantage est aussi un appauvrissement culturel. Ma mère n’est pas mon père au féminin. Idem pour la désignation des contraires.

                                                                                                                                                                                    Tout comme il serait vain de convaincre tous les automobilistes de circuler à vélo, mais on peut se battre pour que ceux qui circulent à vélo aient droit à des pistes cyclables.

                                                                                                                                                                                    Je vous rejoins totalement sur ce point. Reste que les espérantistes s’échinent à envahir les pistes des aéroports avec leurs vélos tous-terrains. La présence de leur prosélytisme à côté des langues nationales et non à côté d’autres systèmes de communication comme les langues sifflées, les langues des signes, les systèmes télégraphiques etc, provoque d’inutiles crispations nationalistes et xénophobes, sous couvert de « respect de la diversité » et « préservation du patrimoine mondial. » Je ne pourrai par exemple jamais être d’accord pour défendre le français coûte que coûte, moi qui suis Wallon (on dit Ouallon, hein Skirlet, pas Vallon !), je sais que ma francophonie est dûe à une péripétie de l’histoire, et en voilà une autre (l’arrivée du globish) qui se présente à ma porte.


                                                                                                                                                                                    • (---.---.5.213) 16 octobre 2005 13:03

                                                                                                                                                                                      « (on dit Ouallon, hein Skirlet, pas Vallon !) »

                                                                                                                                                                                      Ai-je prétendu le contraire ? Votre remarque ne change rien au fait que le « w » allemand et polonais se prononce comme « v ». Par ailleurs, si vous avez envie de me donner des leçons du français, faites-le en russe svp, je comprendrai mieux.

                                                                                                                                                                                      « A-M Campogrande n’a peut-être pas encore franchi le pas d’apprendre la langue, je n’en sais fichtrement rien, mais je vous assure que dans un certain sens elle est très très espérantiste. Si si. Et sa position particulière constitue d’ailleurs une bonne source d’informations pour la mouvance. »

                                                                                                                                                                                      Quelle logique implacable : on prend une personne très opposée à l’espéranto et on en fait le symbole de la mouvance ! N’essayez pas de faire croire que les espérantistes détestent l’anglais et les anglophones (parmi lesquels il y a également des espérantistes). Une langue qui essaie de dominer le monde est une grande injustice, que ce soit l’anglais, le français ou le tchouktche.

                                                                                                                                                                                      « systèmes de communication comme les langues sifflées, les langues des signes, les systèmes télégraphiques »

                                                                                                                                                                                      Il se trouve que l’espéranto est un système de communication basé sur la parole, avec tout ce qui va avec (grammaire, orthographe etc), donc il s’apparente bien davantage aux langues « naturelles » qu’au langage de signes ou de la fumée.

                                                                                                                                                                                      A mon avis, Chocolat coloré trouve que l’espéranto ne se développe pas assez vite, tout en étant, selon son avis, le meilleur des langues construites. Il en met la faute sur les espérantistes (comme a dit un immigré russe, « la France serait un beau pays, s’il n’y avait pas de Français » smiley) Non, je ne partage pas son avis smiley) et/ou sur l’espéranto.

                                                                                                                                                                                      Aux premiers il adresse toute sorte de reproches (sectarisme, intolérance, rigidité d’esprit etc.) en oubliant que l’espérantisme (qui donnerait la définition claire à ce mot ?) est un mouvement très hétéroclite, avec le seul point commun entre les différents groupes l’espéranto justement, en tant que moyen de communication et non comme élément idéologique. Il n’est pas non plus content des moyens emplyés pour sa promotion, mais il est tellement fumeux là-dessus ! Un slogan de jadis disait « en critiquant, propose ». Choco a proposé de « offrir l’eo à l’humanité », tout en restant très discret sur les moyens smiley

                                                                                                                                                                                      Au deuxième il adresse des reproches de l’ordre linguistique (orthographe, formation de mots etc). Il est possible que Chocolat a voulu faire « avancer » l’espéranto en proposant des reformes quelconques, et face au refus de la plupart des espérantistes de le suivre il se pose en « déçu de l’espérantisme ». Phénomène connu smiley


                                                                                                                                                                                      • Diantino (---.---.162.196) 16 octobre 2005 15:20

                                                                                                                                                                                        Je ne suis qu’une bien petite pointure pour oser m’immiscer das ce débat de titans. J’espère que vous voudrez bien lire mon intervention comme une petite récréation, une pause de détente, un sourire offert. Cette question du vocabulaire occidental et imparfait de l’espéranto taraude plus d’un esprit ouvert à la recherche d’une langue internationale neutre. C’est pourquoi je me permets de conseiller aux insatisfaits du lexique actuel de l’espéranto d’aller visiter le site du « kotava » . Ils y trouveront une langue nouvelle, assez récente pour être encore en cours d’évolution d’un jour sur l’autre, mais riche déjà, lit-on, de 15 000 termes absolument neutres, sans l’ombre d’une similitude avec quelque mot que ce soit des multiples langues actuelles de notre planète.Quelle oeuvre ! Personnellement, j’aurais aimé que l’alphabet soit aussi créé de toutes pièces et ne soit pas celui que tout l’Occident emploie, le vulgaire alphabet latin. Tant qu’à faire neutre de chez neutre, la logique demandait aussi des signes totalement inconnus, mais bon ! rien n’est parfait !

                                                                                                                                                                                        Rien n’est parfait, même pas l’espéranto qui fait coulet tant d’encre, taper sur tant de touches et qui, pour mon bonheur, survit malgré vents et marées...

                                                                                                                                                                                        La récréation est terminée, excusez-moi pour l’interruption du débat !

                                                                                                                                                                                        Bien à vous ! Diantino


                                                                                                                                                                                        • Masson 16 octobre 2005 15:54

                                                                                                                                                                                          Merci pour cet intermède amusant.

                                                                                                                                                                                          Mais le « kotava » est dépassé par le « slovio » (à moins que ce soit l’inverse ! smiley car les propositions de nouvelles langues inventées passent et trépassent et l’espéranto reste. L’espéranto n’a évidemment pas la prétention d’être parfait, mais il fonctionne et satisfait ses usagers. Que demander de plus ? Des tentatives de création de langues totalement et rigoureusement neutres, réellement inventées de toutes pièces, ont été proposées (pas moins de 600 tout compris, et peut-être même plus de 1000). Elles ont toutes échoué, un peu comme si l’on voulait faire une bouture avec une branche desséchée. Les lois de la vie sont dûres, même pour les langues.


                                                                                                                                                                                          • chocolat bleu pâle (---.---.32.149) 16 octobre 2005 16:24

                                                                                                                                                                                            Bonjour Diantino,

                                                                                                                                                                                            Je n’avais pas encore rencontré celle-là. Je remarque avec plaisir que de plus en plus de femmes s’investissent dans l’interlinguistique, et ça me fait bien plaisir.

                                                                                                                                                                                            Je garde ça dans mes favoris ... et pardon pour l’aspect « titanesque » du débat !


                                                                                                                                                                                            • skirlet (---.---.5.213) 16 octobre 2005 17:14

                                                                                                                                                                                              Lettre de Zamenhof à Schleyer, créateur du volapük :

                                                                                                                                                                                              Varsovio, 27/XI 1887

                                                                                                                                                                                              Estimata kaj estiminda sinjoro !

                                                                                                                                                                                              Mi sendas al Vi la frukton de mia longa laborado ; ĝi estu signo de mia profunda estimo por la nobla idealisto, kiu laboris por la homaro, ne timante la ridegon de l’ amaso. Mi mem plej bone komprenas kiom Vi devis suferi, ĉar mi mem trairis similan vojon : kiam mia laboro jam estis preta, mi kvar jarojn devis atendi kaj esti celo de senĉesa ridado, - ĝis mi ricevis la eblon eldoni mian verkon.

                                                                                                                                                                                              Kiam mi antaŭ 5 jaroj aŭdis pri la Volapuk’, mi ne forĵetis mian laboron, ĉar la konstruo de Volapuk’ ŝajnis al mi ne tute praktika ; mi diris al mi, ke lingvo tutmonda devas esti antaŭ ĉio komprenebla, kaj la tuta granda materialo, kiu jam per si mem fariĝis internacia, devas resti ne tuŝita. En lingvo, kiu devas fariĝi tutmonda, oni povas krei nur la malgrandan parton, kiu estas malsimila en malsimilaj lingvoj ; ĉio cetera devas resti ne tuŝita. Ĉar nenia persono estas tiel leĝdonanta por krei lingvon por la tuta mondo laŭ sia volo, kaj tuta vivo de homo ne estas sufiĉa por nove krei la tutan senfinan multon da vortoj de lingvo, kun ĉiuj nomoj de l’ landoj kaj urboj, kun ĉiuj sennombraj nomoj teĥnikaj etc.

                                                                                                                                                                                              Mi estimas Vian noblan deziron porti utilon al la homaro ; kun plena estimo por la aŭtoro de Volapuk’, mi laboras ne kontraŭ la Volapuk’, sed por la ideo. Sankta estas por mi la ideo de lingvo tutmonda, kaj en kiu ajn formo l’ homaro ĝin havos, mi estos kontenta kaj feliĉa. Se oni montros al mi, ke mia laboro estas malutila al la ideo, mi mem detruos mian laboron, kvankam mi oferis al ĝi la plej bonan parton de mia vivo ; se la juĝo de l’mondo estos ne decida, la « Lingvo internacia » restos kune kun la Volapuk’, kiel du amikoj, kiuj havas unu celon en la vivo. Aŭ unu de la lingvoj mortos per si mem, aŭ la homaro havos du lingvojn, kaj eĉ tio estos por la mondo multe pli bone, ol resti tute sen lingvo tutmonda. Pardonu, ke mi skribas al Vi en mia lingvo : mi faras ĝin ne pro malĝentilo, sed por doni al Vi provon de mia lingvo.

                                                                                                                                                                                              Kun plej granda estimo

                                                                                                                                                                                              Esperanto

                                                                                                                                                                                              Excusez-moi de l’avoir mis en VO ; peut-être une âme charitable traduira ce texte en français, je ne veux pas gâcher la traduction par mes insuffisances linguistiques.

                                                                                                                                                                                              Ceci dit, il existe un autre projet d’une langue super-internationale (en VO également, pour ceux qui lisent le russe smiley)

                                                                                                                                                                                              http://ulver.com/valhalla/showpost.php?p=44906&postcount=10


                                                                                                                                                                                              • Alexandre Santos (---.---.166.143) 17 octobre 2005 07:19

                                                                                                                                                                                                Chocolat :

                                                                                                                                                                                                “La présence de leur prosélytisme à côté des langues nationales et non à côté d’autres systèmes de communication comme les langues sifflées, les langues des signes, les systèmes télégraphiques etc, provoque d’inutiles crispations nationalistes et xénophobes ”

                                                                                                                                                                                                Skirlet :

                                                                                                                                                                                                “Il se trouve que l’espéranto est un système de communication basé sur la parole, avec tout ce qui va avec (grammaire, orthographe etc), donc il s’apparente bien davantage aux langues « naturelles » qu’au langage de signes ou de la fumée.”

                                                                                                                                                                                                Je ne peux pas rester insensible à ce genre d’affirmations qui suggèrent que les langues des signes seraient moins « langues » que les langues parlées comme le Français ou l’Anglais. Je trouve qu’elles traduisent le même type de préjugés dont souffre l’esperanto.

                                                                                                                                                                                                Qu’est ce qui fait que les langues des signes seraient moins langues que les autres, si ce n’est que elles ne sont pas parlées ? Il y a bien une grammaire, et même une « ortographe » gestuelle.

                                                                                                                                                                                                Sans oublier que comme toute langue leur usage permet la diffusion des valeurs culturelles et notions historiques propres aux groupes qui se les sont appropriées. En réalité l’histoire et la géographie humaine des langages des signes sont extrêmement intéressants.

                                                                                                                                                                                                De toute façon, les langues des signes ont un pouvoir expressif comparable aux langues classiques et donnent même la possibilité de dire plusieurs choses en même temps, alors que la langue parlée est condamnée à un flux purement linéaire.

                                                                                                                                                                                                Bref, je ne peux pas parler des signaux de fumées, et des autres formes de communication, mais ne laissez pas votre (éventuel) manque de connaissance devenir source de préjugés.

                                                                                                                                                                                                D’ailleurs, peut être qu’un test clair indiquant que les langues des signes, tout comme l’esperanto sont des langues à part entière est l’hostilité xénofobe qu’a soulevé leur utilisation au cours de l’histoire. Si on n’avait pas considéré que de telles langues avaient la capacité de remplacer un jour le français (alors que ce n’était pas leur intention, mais passons), on ne se serait pas donné autant de mal pour interdire leur enseignement.


                                                                                                                                                                                                • Masson 17 octobre 2005 09:11

                                                                                                                                                                                                  Il n’y a évidemment pas lieu d’opposer la langue de Signes à l’espéranto puisque chacune répond à un besoin spécifique et chacune donne satisfaction dans son rôle.

                                                                                                                                                                                                  J’avais été impressionné, voici déjà pas mal de temps,lors d’une manifestation du 1er mai à Göteborg, en Suède, où des amis espérantistes m’avaient emmené écouter un discours d’Olof Palme. Sur la tribune, près de lui,face à une foule importante, il y avait un traducteur en langue des Signes. Maintenant, cette langue est de mieux en mieux reconnue. Le mot « France » n’a malheureusement pas rimé avec « en avance » en ce domaine. En sera-t-il de même pour l’espéranto ? Le tout récent Rapport Grin, dont Le Figaro et Le Temps (Suisse) avaient parlé voici quelques mois sur « L’enseignement des langues étrangères comme politique publique » offre des chances. C’est un document PDF de 127 pages qui étudie divers scenaris sans exclure l’espéranto.


                                                                                                                                                                                                  • Chocolat Bleu Pâle (---.---.206.132) 17 octobre 2005 09:30

                                                                                                                                                                                                    Merci, Alexandre, c’est bien le sens de mon message. Dans mon esprit en tous cas (mais peut-être n’ai-je pas été assez clair), il me semble donc qu’il serait utile, pour éviter les crispations identitaires inutiles et souvent irrationnelles, d’inscrire une action à côté de telles langues plutôt que de vouloir à tout prix que l’espéranto figure sur la photo de famille des langues nationales. Si quelqu’un veut développer des argumentaires dans ce sens, à publier sur un site, qu’il se sente libre de me faire un mail, je crée des sites.

                                                                                                                                                                                                    [email protected]

                                                                                                                                                                                                    Quand LO repassera, s’il en a encore le temps après avoir répondu à l’autre question , j’aimerais aussi qu’il développe les raisons psychologiques de son imperméabilité à l’anglais. Encore une fois, cette question n’a rien de sarcastique - moi, je suis une véritable éponge pour les langues, et j’ai parfois du mal à m’imaginer les difficultés qu’éprouvent ceux qui y sont réfractaires.


                                                                                                                                                                                                    • skirlet (---.---.117.103) 17 octobre 2005 09:46

                                                                                                                                                                                                      « Je ne peux pas rester insensible à ce genre d’affirmations qui suggèrent que les langues des signes seraient moins »langues« que les langues parlées comme le Français ou l’Anglais. »

                                                                                                                                                                                                      Je voudrais dissiper ce malentendu : tout d’abord, je n’ai jamais prétendu que le langage de signes serait « moins » langue que le français ou l’anglais. J’ai juste voulu dire que l’espéranto, par le fait que c’est une langue parlée, se rapproche davantage des autres langues parlées. C’est tout. Nulle part je n’ai dit que les autres systèmes de communication seraient moins expressives, moins langues etc. Prière de ne pas m’attribuer des choses que je n’ai pas dites ni des préjugés que je n’ai pas exprimés. Pour ma part, je n’ai rien du tout contre le langage de signes (je lui trouve juste un petit inconvénient : l’impossibilité d’utiliser par téléphone smiley et je n’ai jamais pensé qu’il fallait l’interdire.

                                                                                                                                                                                                      Un petit mot au chocolat polyglotte : en espéranto, « root » comme « utilisateur principal » se traduit « chefuzanto ». Vous attribuez les insuffisances d’un traducteur à toute la langue, avant de consulter un banal dictionnaire.


                                                                                                                                                                                                      • Masson 17 octobre 2005 09:58

                                                                                                                                                                                                        « Pour ma part, je n’ai rien du tout contre le langage de signes (je lui trouve juste un petit inconvénient : l’impossibilité d’utiliser par téléphone smiley et je n’ai jamais pensé qu’il fallait l’interdire. »

                                                                                                                                                                                                        Ce problème trouvera une solution technique (mais hélas réservée aux personnes qui ont des moyens, donc une frange assez réduite de la population mondiale). Reste un autre problème, par exemple de converser lorsque l’on est séparé par un mur, ou la nuit, sans possibilité de s’éclairer. Bien sûr, les portables seront de plus équipés d’écrans, mais dans ce cas, il vaudra mieux poser le portable en face de soi.

                                                                                                                                                                                                        Malgré tout, il peut y avoir un avantage lorsque l’on veut éviter d’être entendu. Mis à part l’agitation, c’est infiniment discret smiley


                                                                                                                                                                                                        • GS (---.---.148.2) 17 octobre 2005 10:43

                                                                                                                                                                                                          Même si ce n’est pas l’objet du débat, voici une petite précision à propos de cet utilisateur « root » dans les systèmes Unix/Linux.

                                                                                                                                                                                                          Dans un système comme Linux, chaque utilisateur peut configurer l’environnement pour travailler dans la langue de son choix, dans la mesure où les logiciels qu’il utilise supportent cette langue.

                                                                                                                                                                                                          En revanche, « root » est le nom standard qui désigne l’administrateur du système. Si je ne me trompe pas, ce nom est implanté « en dur » dans le système et ne peut pas être changé. Il est donc normal, même dans une version espérantisée de Linux, de voir apparaître l’expression « root-uzanto » où « root » n’est pas vu comme un « mot » anglais mais comme un « nom » d’utilisateur.

                                                                                                                                                                                                          Le reproche doit être adressé aux créateurs d’Unix, qui n’ont pas prévu que l’on puisse donner un autre nom à l’administrateur...


                                                                                                                                                                                                          • Chocolat Bleu Pâle (---.---.206.132) 17 octobre 2005 11:50

                                                                                                                                                                                                            Oui, le fond de mon intervention ne concernait pas la possibilité de créer un équivalent espéranto en théorie, mais de faire constater comment les choses se passaient en pratique


                                                                                                                                                                                                            • skirlet (---.---.117.103) 17 octobre 2005 13:41

                                                                                                                                                                                                              En fait, je vouslais juste dire que dans le dico informatique « root », alias « utilisateur principal » est désigné comme « chefuzanto ». GS, y a-t-il un autre utilisateur que l’on peut appeler « principal » ? Je ne suis pas spécialiste smiley


                                                                                                                                                                                                              • Chocoloat Bleu Pâle (---.---.206.132) 17 octobre 2005 16:14

                                                                                                                                                                                                                Non, en linux pas vraiment. En fait, « root » c’est même plus un administrateur (disposant de certains privilèges d’intervention et de modification) que l’utilisateur habituel ou principal, à qui n’est octroyé le droit que de travailler sur ce que le « root » décide. Bien sûr, les deux rôles peuvent être endossés par une seule personne, mais pas simultanément.


                                                                                                                                                                                                                • negravaski (---.---.64.43) 17 octobre 2005 17:03

                                                                                                                                                                                                                  Je réponds au commentaire de Chocolat bleu du 15 octobre, mais je n’ai pas eu le temps de lire les nombreux textes qui ont été affichés après celui-là.

                                                                                                                                                                                                                  Salut, Choco ! J’espère que cela ne vous vexera pas si je vous tutoie (« Je dis tu à tout ceux que j’aime, même si je ne les connais pas », disait Jacques Prévert dans son célèbre « Barbara »). Tu dis : « il est urgent de voler l’espéranto à l’espérantisme et de l’offrir à l’humanité. » Tout à fait d’accord. Une des raisons de ma foi en l’espéranto, c’est que voilà plus de cent ans qu’il survit aux espérantistes.

                                                                                                                                                                                                                  J’en viens maintenant à la règle n° 15. Tu lui fais dire ce qu’elle ne dit pas. Zamenhof voulait éviter que les personnes qui adhéraient à son projet se croient limitées au vocabulaire du Fundamento. D’où cette règle qui autorise l’importation de mots étrangers. En fait, elle ne fait que codifier ce qui se passe dans presque toutes les langues vivantes. Si on regarde comment la terminologie moderne fonctionne dans des langues comme le turc, le japonais, le néerlandais, le persan, l’hébreu et bien d’autres, on s’aperçoit que cela fonctionne exactement comme en espéranto. Ou on exprime le concept nouveau en formant un mot avec les ressources de la langue, ou on emprunte le mot « international » EN L’ASSIMILANT AUX REGLES DE L’ORTHOGRAPHE ET DE LA GRAMMAIRE de la langue en question.

                                                                                                                                                                                                                  Tu affirmes : « Soit elle [la 15e règle] est d’application et l’esperanto n’est pas vivant, soit elle ne l’est pas, et l’espéranto se dissout. » Je ne comprends pas cette alternative. Il suffit de vivre dans le monde de l’espéranto - ou d’étudier cette langue en linguiste - pour se rendre compte qu’elle est vivante et qu’elle ne s’est pas dissoute, bien que la règle n° 15 soit appliquée depuis le début. Une des raisons que tu en donnes est que « Tout mot qui doit entrer dans l’espéranto doit se plier à l’orthographe, (donc à la phonétique), et à la flexion de la langue ». Eh oui, c’est comme cela que ça se passe quand des langues sont en contact et s’empruntent des éléments de leurs lexiques. C’est vrai, le français moderne fait exception. Il y a eu trois époques dans son histoire : l’époque où, comme dans toutes les autres langues, les mots étaient complètement assimilés (riding coat > redingote), l’époque où les mots n’étaient plus assimilé que phonétiquement (shampooing ; 50 ans plus tôt, on aurait écrit *champouin*) et l’époque actuelle, où les mots ne sont presque plus assimilés même phonétiquement ; ils le sont tout de même un peu ; personne ne prononce le /ar/ de *parking* à l’anglaise ou à l’américaine. Il te déplaît que « Tout mot [entrant] dans l’espéranto [doive] se plier à l’orthographe, (donc à la phonétique), et à la flexion de la langue ». Mais il en est ainsi dans pratiquement toutes les langues, l’anglais et le français moderne étant deux des rares exceptions.

                                                                                                                                                                                                                  Par exemple, là où nous écrivons *football*, on écrit *futbol* en espagnol, et en allemand « jungle » s’écrit *Dschungel*. Certaines langues assimilent même les noms propres. En croate, « Shakespeare » s’écrit *Šekspir*. En parcourant des textes dans des langues non-indoeuropéennes, on glane très vite une série de mots internationaux que ces langues ont assimilés comme le fait l’espéranto, donc « en se pliant à l’orthographe et à la flexion de la langue ».

                                                                                                                                                                                                                  Voici quelques exemples que j’ai ramassé sur Internet en quelques minutes : indonésien : *organisasi*, *internasional*, *demokrasi*, *manifesto* ; turc : *politik*, *kültüre*, *ekonomik*, *otomobil*, *orijinali* ; swahili : *teknolojia*, *demokrasia*, *sinema*, *kompyuta*.

                                                                                                                                                                                                                  Si Windows devient *Vindozo* en espéranto, c’est parce que c’est ce à quoi conduisent les règles de l’assimilation qui font de l’espéranto une langue homogène. En russe aussi le *w* devient *v*, et si on emploie le mot au génitif, on a *vindoza* qui ressemble étrangement au mot espéranto. Il se trouve que l’espéranto est foncièrement une langue slave, comme le montre son orthographe et bien des aspects de sa grammaire et de son style. Dans les langues slaves et baltes, on transcrit un *w* anglais par *v* : croate, tchèque *tramvaj*, letton *tramvajs*, lituanien *tramvajus* (="tramway"). Ce que tu appelles << le cauchemar orthographique, vu l’absence de q,w,y,x, et la présence de c (« ts ») et « c accent grave » (tch) >> et « défiguration des mots » est un système qu’appliquent à peu près toutes les langues non-occidentales. C’est très différent de ce que font le français depuis 150 ans et l’anglais depuis toujours (l’anglais est une langue qui n’assimile pas, d’où son incroyable hétérogénéité), mais pourquoi s’aligner sur ces deux langues ? Le systéme des langues baltes et slaves, qui est celui de l’espéranto, n’a aucune conséquence gênante pour ces peuples. Si l’on a de la tolérance pour toutes les langues, y compris celles-là, on doit en avoir aussi pour l’espéranto, qui est né dans le même coin, et qui, comme tout le monde, est marqué par ses origines.

                                                                                                                                                                                                                  Tu dis que « la 15è règle tue la connotation ». C’est peut-être ton expérience, ce n’est pas la mienne. *Radaro* en espéranto a à peu près les mêmes connotations que *radar* en français, il sert en tout cas aux mêmes emplois métaphoriques. De toute façon, du moment qu’une langue est utilisée par un groupe, les mots acquièrent forcément des connotations. Celles-ci varient selon les groupes. « Commune » et « bourgeois » n’ont pas du tout les mêmes connotations en Suisse et en France.

                                                                                                                                                                                                                  Autre passage qui m’ahurit : « je parle d’un discours dominant, un discours qui, sous des dehors humanistes (défense de la diversité linguistique) est en réalité l’excellent terreau d’une extrème-droite d’un nouveau type. » Je marine à longueur de journée dans le monde de l’espéranto et je ne reconnais pas du tout le milieu que je connais dans ce que tu en dis là. Nous devons avoir des expériences très différentes. C’est peut-être la preuve que c’est un univers bien plus divers qu’on ne le croit en général. Quoi qu’il en soit, cette façon que tu as d’en parler révèle une rogne contre l’espéranto qui, pour respectable qu’elle soit, t’empêche de le situer objectivement. Heureusement, c’est tellement visible qu’aucun lecteur de tes textes n’en sera influencé. Ton parti-pris négatif est trop évident.


                                                                                                                                                                                                                  • Chocolat Bleu Pâle (---.---.32.149) 17 octobre 2005 21:31

                                                                                                                                                                                                                    hmmm... je réfléchis...

                                                                                                                                                                                                                    Ceci dit, mon parti-pris négatif est tout rhétorique, hein ! puisqu’après tout je continue à utiliser la langue et que, si elle ne me procure aucun avantage, ele me fournit un certain plaisir...


                                                                                                                                                                                                                    • Negravaski (---.---.132.146) 18 octobre 2005 14:52

                                                                                                                                                                                                                      Elle te fournit du plaisir, et ce n’est pas un avantage ? Serais-tu , toi aussi, victime de ce masochisme que je ne cesse de dépister chez nos contemporains ?


                                                                                                                                                                                                                      • Chocolat Bleu Pâle (---.---.206.132) 18 octobre 2005 17:12

                                                                                                                                                                                                                        J’ai lu ton livre (enfin, celui que je mentionne) et une ou deux plaquettes en sus, et j’ai été très très impressionné par exemple par ton article « l’esperanto, un joyau éducatif méconnu » que je distribue d’ailleurs volontiers autour de moi (tu me feras parvenir la facture pour tes droits d’auteur smiley )

                                                                                                                                                                                                                        Ceci pour situer. Maintenant, oui, je l’admets, éprouver du plaisir est un avantage. (Argumenter est un autre plaisir, et je me le refuse peu ces temps-ci.) Mais, pour revenir à l’origine de ma mauvaise humeur, et sans vouloir relancer le carrousel pour un tour, mon expérience est qu’il est quasi-impossible, une fois qu’on a épuisé le plaisir linguistique pur de l’apprentissage, du jeu, et du bouleversement des conceptions que l’esperanto apporte, de passer à la vitesse de croisière et de simplement « utiliser des services » comme le simple consommateur passif que je souhaiterais être. Pourquoi, parce que beaucoup des services annoncés sont des boîtes vides. En conséquence de quoi, quand j’entends les trompettes de la propagande sonner un peu trop fort par rapport à la réalité que j’ai expérimentée, je réagis...


                                                                                                                                                                                                                        • Negravaski (---.---.79.173) 19 octobre 2005 16:20

                                                                                                                                                                                                                          Choco ! Merci de tes explications. Je comprends mieux ta déception. Je ne peux pas juger parce que je n’ai guère essayé d’utiliser les « services », sauf deux : les services de librairie, et le réseau des représentant locaux de l’UEA (*delegitoj*), notamment à l’époque où j’ai voyagé dans le monde entier pour l’OMS. J’ai eu là des contacts tellement extraordinaire (surtout par comparaison avec mes collègues, dont les contacts avec les populations locales étaient limitées aux personnes sachant l’anglais) et il y a eu là le point de départ de tant d’amitiés enrichissantes que j’aurai toujours une énorme reconnaissance pour l’espéranto.


                                                                                                                                                                                                                          • Olso (---.---.193.35) 20 octobre 2005 12:08

                                                                                                                                                                                                                            Bonjour, Chocolat bleu pâle,

                                                                                                                                                                                                                            mon expérience est qu’il est quasi-impossible (...) de passer à la vitesse de croisière et de simplement « utiliser des services » comme le simple consommateur passif que je souhaiterais être. (...) En conséquence de quoi, quand j’entends les trompettes de la propagande sonner un peu trop fort par rapport à la réalité que j’ai expérimentée, je réagis...

                                                                                                                                                                                                                            En tant qu’utilisateur quotidien de l’espéranto, et de quelques uns de ses « services », voici un petit inventaire non exhaustif de « Comment profiter »raumistement« , égoistement, comme un consommateur, de l’espéranto », en attendant la télé en Eo, ITV :

                                                                                                                                                                                                                            communiquer avec des interlocuteurs du monde entier, sur internet (par courrier ou courriel, forums, listes de discussion, messagerie instantanée, par ex. ICQ, Skype etc) ou directement lors de stages, rencontres, voyages ...

                                                                                                                                                                                                                            voyager, chez l’habitant (Pasporta Servo), en participant à des rencontres internationales (il s’en déroule quasiment tous les jours de l’année)

                                                                                                                                                                                                                            - participer à des stages d’espéranto ou sur divers thèmes, en France (Bouresse, Grésillon) ou à l’étranger (La Chaux de Fond, Herzberg ...)

                                                                                                                                                                                                                            - lire des revues en ligne (Libera Folio, Gxangalo ...)

                                                                                                                                                                                                                            - s’abonner à la lettre d’information mensuelle en français Verda Krabo

                                                                                                                                                                                                                            lire des livres, achetés lors des rencontres (inter-)nationales, sur internet à la librairie d’UEA, la Boutique de FEL, par courrier auprès de la Boutique d’Espéranto-France

                                                                                                                                                                                                                            - s’abonner et lire des revues en Eo auprès du service Abonnements internationaux d’Espéranto-France (Le Monde de l’espéranto, Kontakto, Monato, Esperanto, Litova Stelo, La Ondo de Esperanto ...)

                                                                                                                                                                                                                            écouter et acheter de la musique en espéranto, auprès de Vinilkosmo

                                                                                                                                                                                                                            écouter la radio (Radio Esperanto, Radio Polonia, des émissions de radio archivées ...)

                                                                                                                                                                                                                            d’autres services

                                                                                                                                                                                                                            Pas mal, non, pour une communauté dont 99 % des actifs ne sont que des bénévoles !! :) Qui dit mieux ?


                                                                                                                                                                                                                            • Henri Masson 20 octobre 2005 14:19

                                                                                                                                                                                                                              Et ceci n’est qu’un aperçu... Il n’y a que l’embarras du choix. Pour une langue autour de laquelle un silence remarquable est entretenu, c’est un exploit formidable.

                                                                                                                                                                                                                              Heureusement, Internet permet à quiconque de ne se fier qu’à son propre jugement, sans passer par celui des pour comme par celui des contre. Apprendre et utiliser l’espéranto n’a jamais été aussi facile, et ceci dans des délais qui surprennent.

                                                                                                                                                                                                                              Beaucoup d’autres possibilités existent quand à son utilisation, par exemple, à côté du « Pasporta Servo », il y a aussi l’« Amikeca Reto » dont l’orientation est plus socio-culturelle. SAT-Amikaro a une grande vitrine à Paris où l’on peut aussi trouver de nombreux livres et articles. Il y a des centres d’espéranto non seulement en France, à Baugé (49) ou Bouresse (86) ou La Chaux-de-Fonds (Suissse), mais aussi à Lesjöfros (Suède), Yatsugatake (Japon), Phoenix, (Arizona), etc. C’est curieux que certaines personnes disent prendre plaisir à pratiquer l’espéranto et s’efforcent en même temps de dégoûter les autres de le découvrir, de l’apprendre, et les empêchent ainsi de tirer aussi des satisfactions dans sa pratique.


                                                                                                                                                                                                                              • Alexandre Santos Alexandre Santos 20 octobre 2005 16:37

                                                                                                                                                                                                                                J’ai lu pas mal de choses sur internet à propos de l’esperanto, et on voit bien que cette langue a vraiment le potentiel de servir son but premier (voir le rapport de Grin, etc).

                                                                                                                                                                                                                                Ceci étant dit, tant que l’étude de l’esperanto n’apportera pas des débouchés économiques évidents, son adoption restera limitée (ce qui n’est pas un problème en soi, l’idée de voir un groupe de personnes avoir des activités sans idée de profit immédiat est très séduisante).

                                                                                                                                                                                                                                Je ne dis pas que l’apprentissage de l’esperanto n’apporte pas des avantages considérables (je vois comme avantages principaux une plus grande culture - ce qui est un potentiel économique, et la possibilité d’élargir son réseau de contacts, ce qui est certainement une source de richesse, morale comme économique).

                                                                                                                                                                                                                                Mais par contre il n’y a pas d’avantages « évidents », facilement chiffrables. On ne me donnera pas d’emploi pour ma maîtrise de l’esperanto, je n’aurai pas d’augmentation.

                                                                                                                                                                                                                                Encore une fois, ceci n’est pas un problème en soi. Mais cela ne satisfera pas ceux qui voudraient que l’esperanto devienne la principale langue de communication internationale.

                                                                                                                                                                                                                                Le plus facile serait évidemment que les institutions officielles exigent la connaissance de l’esperanto pour les relations internationales. Cela serait déjà suffisant pour faire exploser le nombre de locuteurs.

                                                                                                                                                                                                                                Mais les administrations ne le feront pas tant que l’esperanto ne sera pas plus disseminé, le problème devient celui de la poule et de l’oeuf.

                                                                                                                                                                                                                                Je me dis que pour pallier l’absence d’intérêt economique pour augmenter l’usage de l’esperanto, la communauté esperantiste pourrait développer une économie alternative, qui donne des raisons plus concretes de s’investir dans la langue.

                                                                                                                                                                                                                                D’une certaine façon cela existe déjà avec le Pasporta Servo, qui peut se voir comme un système de troc de services. L’autre exemple qui me vient à l’esprit est la formation de ce réseau de compétences entre esperantistes du monde entier, ou la coopérative de services de traduction que Henri Masson mentionnait (je pense).

                                                                                                                                                                                                                                Mais on pourrait imaginer d’autres possibilités. Il est déjà arrivé que certains groupes ou autorités utilisent des monaies alternatives pour résoudre certains problèmes sociaux. Ainsi le Brésil avait institué une monaie spécifique qui pouvait être obtenue par les t universitaires en offrant des cours de ratrapage aux licéens. Cette monaie leur permettait ensuite de réduire leurs frais universitaires (et uniquement ceux là). Ceci avait permis au gouvernement de mobiliser une section de la population pour résoudre un problème sans devoir forcément lever des fonds.

                                                                                                                                                                                                                                On pourrait imaginer quelque chose de semblable dans la communauté esperantophone, mais je pense que ça a déjà été tenté dans les années 50, sans succés. Et actuellement avec l’apparition de l’euro l’intérêt de la chose se trouve (à première vue, du moins) réduit.

                                                                                                                                                                                                                                Une autre possibilité est de dispenser un service utile en esperanto : cours d’informatique dans les régions frontalières avec des populations linguistiquement hétérogènes. Manuels et cours techniques en esperanto dans des régions ou ceux-ci ne sont pas disponibles en anglais, etc.

                                                                                                                                                                                                                                Vu que la communauté esperantiste ne semble pas manquer de bénévoles très actifs, ceux qui ont la capacité de faire des formations intéressantes pourraient se grouper en « écoles ».

                                                                                                                                                                                                                                Évidement cela n’aurait de sens que si l’apprentissage de l’esperanto est un avantage effectif pour l’utilisateur potentiel de ces services, et non pas un coût supplémentaire qui lui est imposé.

                                                                                                                                                                                                                                Le pire serait de mimer l’attitude des missionnaires, qui viennent vous donner la nourriture qui vous sauvera accompagnée d’une bible/coran et d’une abondante activité prosélyte (mais d’un autre côté, si on veut diffuser une langue ou un enseignement, on est prosélyte). C’est à dire faire passer ses objectifs politiques devant l’intérêt de ceux à qui le service est destiné.

                                                                                                                                                                                                                                Je vois mal l’intérêt de donner des cours divers en esperanto à Paris, par exemple. Dans le cas d’étrangers ne parlant pas français, ils ont justement intérêt à apprendre cette langue le plus vite possible pour survivre en France, tandis que si les élèves sont francophones, ils devraient être épargnés de ce coût supplémentaire. Le seul cas de figure avantageux serait que certains cours soient donnés par des professeurs étrangers avec des compétences utiles mais qui ne parlent pas le français. Mais il me semble qu’on a déjà essayé de faire des « académies » de ce genre là...

                                                                                                                                                                                                                                On pourrait par exemple imaginer que une ONG décide d’aider une région Cambodgienne à mettre en place les prémisses d’une activité économique dans les nouvelles technologies. Vu que cette activité se ferait dans le long terme la langue de référence serait l’esperanto. Les populations locales pourraient l’apprendre à l’aide d’enseignants dépechés sur place, et des formateurs venus d’autres pays (eux aussi ayant suivi quelques mois de formation en esperanto) pourraient alors dispenser des formations sur place (par exemple sur linux, réseaux communautaires wi-fi, etc).

                                                                                                                                                                                                                                Dans ce cas de figure l’esperanto serait intéressant, vu que les populations locales (qui pourraient elles mêmes être linguistiquement diverses) ne devraient pas faire d’efforts trop grands pour profiter de la formation, et que l’ONG pourrait recruter des formateurs de tout le monde (au prix d’un certain effort de formation de la part de ceux-ci). Évidement ceci ne marcherait que sur un projet basé sur le long terme, et dans des régions où l’anglais n’est pas généralisé (même si dans ce cas on diminue le nombre possible de formateurs).

                                                                                                                                                                                                                                On pourrait aussi penser que l’esperanto pourrait être une langue de travail d’ONGs de diverses nationalités, et je me demande quel a été le rôle joué par l’esperanto dans les divers forums sociaux organisés récemment dans le monde. Vu que ce publique est très sensible aux questions d’autonomie culturelle, l’esperanto pourrait facilement devenir la langue pivot pour les traductions, qu’en est il ?

                                                                                                                                                                                                                                Enfin bref, je suis sûr que la communauté esperantophone a déjà du retourner cette question dans tous les sens. Quelles ont été les expériences recueillies ?


                                                                                                                                                                                                                                • Olso (---.---.193.35) 20 octobre 2005 18:11

                                                                                                                                                                                                                                  Pour ne pas faire exploser le fil « ITV, télévision sans frontières », je suggère de tenir cette discussion, certainement très intéressante, dans un autre lieu, pourquoi pas une liste de discussion ? ou suite à un nouvel article Agora Vox, sur ce sujet, qu’on pourrait intituler « Pourquoi l’espéranto n’a pas encore triomphé ? Que faire pour qu’il y parvienne ? » Parce qu’on est en train de dériver, d’être de plus en plus hors-sujet. Mais avec ce thème-là je crains que ça ne passe pas sur ce site.

                                                                                                                                                                                                                                  Amusant en tout cas, que tu voudrais plus ou moins créer une association ESF sur le modèle de MSF, mais avec l’espéranto ;)


                                                                                                                                                                                                                                  • Henri Masson 20 octobre 2005 19:16

                                                                                                                                                                                                                                    Toutes ces propositions sont fort intéressantes et certaines d’entre elles ont déjà été plus ou moins étudiées. Ce serait trop long à développer ici. Entre proposer et réaliser il y a évidemment un espace dont l’ampleur varie suivant les moyens humains, matériels et financiers dont on peut espérer disposer. La progression de l’espéranto a tenu jusqu’ici en grande partie grâce au bénévolat, mais Internet est en train de changer tout ça, ce qui ne signifie nullement que le bénévolat soit appelé à disparaître. Par exemple il y a des démarches pour développer l’espéranto comme langue commerciale, comme langue de l’aviation. Oui, bien sûr, j’en voie déjà sourire ou alors froncer les sourcils, mais la même chose s’est produite lorsque les chiffres indo-arabes ont été proposés pour remplacer les chiffres romains. Dans le cas de l’Amikeca Reto, c’est un seul adhérent de SAT qui a réalisé sa propre idée et l’a tenue pour ainsi dire à bout de bras. Dans le cas d’ITV, c’est certain que ce n’est pas une personne seule qui peut réaliser un tel projet. ITV, avec Gxangalo, peut servir de média pour réaliser vos propositions.


                                                                                                                                                                                                                                    • dnipro (---.---.155.152) 21 octobre 2005 20:47

                                                                                                                                                                                                                                      Comment recevoir cette television ? Y a t il du streaming ? Peut on regarder sur internet ?


                                                                                                                                                                                                                                      • LO (---.---.36.222) 22 octobre 2005 09:32

                                                                                                                                                                                                                                        Bonjour à tous !

                                                                                                                                                                                                                                        Après quelques jours de vacances en « province », je reviens sur ce site et souhaiterais ajouter quelques mots et répondre à quelques questions si tout le monde n’est pas encore parti.

                                                                                                                                                                                                                                        A propos de la langue des signes, j’ai moi-même enseigné il y a une vingtaine d’années l’espéranto à des étudiants préparant un diplôme universitaire d’interprète en langue des signes, je suis donc étonné d’apprendre qu’elle a été si longtemps bannie de l’enseignement en France. Toujours est-il qu’elle ne répond pas au même besoin de communication que l’espéranto. Les espérantistes sont particulièrement attentifs à toutes ces situations spécifiques, si je n’avais pas été dans des congrès espérantistes je n’aurais peut-être jamais appris que lorsqu’on parle à un aveugle, on utilise le cadran d’une horloge fictive pour mentionner la position d’un objet sur une table.

                                                                                                                                                                                                                                        Mais le problème n’est pas de figurer sur telle ou telle photo de famille. L’espéranto figure sur une photo où les langues nationales n’ont pas leur place, parce qu’il s’agit d’un problème de communication qui n’a rien de national. Pourquoi dénaturer la langue de Shakespeare en l’utilisant à des fins auxquelles elle n’était pas destinée ? Negravasky signale que le français fait exception en intégrant les emprunts, depuis plus d’un siècle, sans en adapter l’orthographe. Il fait aussi exception en refusant d’envisager toute réforme de l’orthographe. Nous sommes allergiques au changement, et convaincus que notre vision du monde devrait être un modèle pour l’humanité, pas étonnant que nous soyons réticents à admettre l’utilité de l’espéranto.

                                                                                                                                                                                                                                        Vous parlez des connotations qui se forgent dans toute langue par la pratique quotidienne de cette langue. Les espérantistes partagent certains moments de vie ensemble, certes, par exemple à l’occasion de congrès, mais avec des conséquences linguistiques encore marginales. Cela étant, les connotations sont à double tranchant. C’est parce que les Anglais sont polis qu’ils ne rigolent pas en entendant à travers leurs connotations l’usage international que l’on fait de leur langue. Je suis curieux de connaître l’original anglais de la phrase de Harry Potter : « J’ai deux mots à vous dire : bon appétit ». Danica Seleskovitch citait l’exemple de l’étudiant interprète chinois français qui avait traduit : « il ne portait que sa chemise ». Pour un Chinois, cela signifiait qu’il ne portait pas de veste, pour un Français, qu’il ne portait pas de pantalon. En quoi ce type de connotation est-il une richesse lorsqu’on s’adresse à un public international ? Tous ces problèmes de diversité culturelle ne concernent pas spécifiquement l’espéranto, ils se poseraient dans toute situation de communication internationale quelle que soit le mode de communication utilisé. Et ils se posent plutôt moins en espéranto, qui dispose d’une grande créativité. Je n’ai toujours pas trouvé de bonne traduction, en français, de « tagmangxeto » (ou du verbe « tagmangxeti »). La première traduction d’Astérix en espéranto a été faite par une équipe internationale, chacun est parti de l’Astérix dans sa langue et on a conservé le meilleur de toutes ces traductions.

                                                                                                                                                                                                                                        La dimension du lexique est-il une richesse ? Deux linguistes américains se sont fait mal voir lorsqu’ils ont classifié les langues d’après le nombre de termes qu’ils utilisaient pour désigner les couleurs. Pour moi qui ai déjà du mal à distinguer le fromage blanc de la crème fraîche, si je devais manipuler quinze termes différents pour parler de la neige, ce serait non pas une richesse, mais un casse-tête. Il existe plein de termes pour désigner les nuages, combien en utilisons-nous ? Peut-être que si le Groënland invite un prochain congrès espérantiste, nous enrichirons notre vocabulaire en ce qui concerne la neige. L’important est que derrière ces termes se trouve une réalité que nous percevons clairement en tant que concept. En mathématiques, par exemple, les élèves manient un peu aléatoirement tout un tas de mots qui ne correspondent à aucune réalité sous-jacente. Dès l’instant où la réalité est là, n’importe quelle langue, et pas moins l’espéranto que toute autre, est capable de forger les mots dont elle a besoin. En argot, aucune autorité linguistique n’a été nécessaire pour fabriquer un grand nombre de mots distincts désignant (par exemple) l’argent.

                                                                                                                                                                                                                                        A propos de root-uzanto, pour Linux. Windows a aussi un utilisateur prédéfini, mais il s’appelle, dans la version française, Administrateur. Il a d’ailleurs plusieurs utilisateurs prédéfinis, Administrateur n’est pas celui qui a le plus de privilèges. La « localisation » des programmes et systèmes informatiques est un enjeu important, et les espérantistes, en mettant le doigt notamment sur la question de lettres accentuées, ont contribué à la prise en compte du problème. Tout n’est pas encore résolu : cet été, à Helsinki, un espérantiste israélien a consulté ses comptes bancaires, qu’il a vu apparaître en caractères cyrilliques. Linux n’est peut-être pas suffisamment « localisé », mais tout cela n’a rien à voir avec l’espéranto.

                                                                                                                                                                                                                                        Savoir ce qu’apporte l’espéranto, outre les exemples marginaux, comme un espérantiste qui a obtenu un poste grâce à un diplôme espérantiste, ou le fait que c’est un espérantiste hongrois qui, vers 1982, m’a trouvé le brevet du Rubik’s Cube, que mon conseil en brevets avait été incapable de se procurer : quand je suis allé au congrès mondial des linguistes à Tokyo en 1982, beaucoup de congressistes étaient venu le jour de l’ouverture du congrès, avaient passé la semaine dans l’enceinte du congrès et étaient repartis juste après la fermeture du congrès. En tant qu’espérantiste, j’étais venu plusieurs jours avant, j’avais été accueilli par des espérantistes dans plusieurs villes du Japon. Pour qui dispose d’un peu de temps, l’espéranto permet de voir le monde différemment. Il n’y a peut-être pas de profit matériel immédiat, mais il y a trente ans les idées écologiques ont eu du mal à se faire une place au milieu des réalités économiques. Qu’il y ait une certaine dose d’amateurisme, c’est concevable, nous avons des moyens limités, mais la puissance financière, même si elle offre des services de meilleure qualité, impose son hégémonie, ce qui n’est pas le but de l’espéranto. L’espéranto ne peut pas se tenir à l’écart d’un marché concurrentiel, certes, mais pour la quasi-totalité des espérantistes, l’espéranto est un loisir. Beaucoup d’idées sont intéressantes (j’étais moi-même à Rauma lors du manifeste), mais il reste à voir comment les mettre en oeuvre.

                                                                                                                                                                                                                                        En attendant itv...

                                                                                                                                                                                                                                        Ce débat s’est considérablement détourné de son objet initial, et au point où nous en sommes, autant répondre aux questions qui m’ont été directement posées même si elles nous entraînent vers des considérations cognitives qui mériteraient un autre débat.

                                                                                                                                                                                                                                        Je ne sais pas précisément quels sont les blocages psychologiques qui m’empêchent de bien maîtriser l’anglais. Sans doute que l’investissement nécessaire serait supérieur au bénéfice que j’en retirerais. La situation va sans doute évoluer, maintenant que mes enfants utilisent davantage l’anglais que le français, je dois donc utiliser l’anglais pour parler avec leurs professeurs et leurs camarades de classe, mais aussi, de plus en plus, pour aller voir des films avec eux.

                                                                                                                                                                                                                                        Le distinction entre un problème et la perception du problème : depuis très longtemps je suis hostile au modèle stimulus - réaction, qui est inadapté, par exemple, à traduire la différence entre « entendre » et « écouter ». Le même stimulus nous atteint, nous avons le même cablage de neurones, mais dans un cas rien n’arrive au cerveau, dans l’autre il se produit un sens. Attraper le stimulus pour en faire un élément d’information (ce que j’appelais un « infème » vers 1978) nécessite une action volontaire motivée pas exclusivement par une situation extérieure, mais par un besoin individuel. Ainsi, pour percevoir un problème, il faut un besoin interieur qui n’est pas objectivement lié au problème. Le problème en soi est un peu comme le noumène de Kant, quelque chose d’insaisissable, et la seule chose dont on puisse réellement parler, c’est de la perception que tel ou tel individu a du problème. Le refus que beaucoup de gens ont de l’espéranto n’est pas explicable par l’espéranto lui-même, mais par un préconditionnement au moment où l’on entend le mot espéranto. Seulement le monde bouge, et tout comme il faut s’ouvrir aux réalités écologiques si l’on veut que la planète survive, il faut également s’ouvrir à un nouvel équilibre en matière de diversité culturelle, et si cet anglo-américain dénaturé qui n’est pas la langue culturelle anglaise et qui vise uniquement à prolonger l’hégémonie de ceux qui sont hostiles à la diversité culturelle n’est pas la solution idéale, il convient d’étudier ce que l’espéranto pourrait apporter d’autre, et non de plus. Tout ne se traduit pas en termes quantitatifs de rentabilité financière : j’entendais à la radio les Chinois expliquer que si les travailleurs sont contents, ils produisent mieux. Dans nos pays riches occidentaux, on se comporte comme si on gérait la pénurie, et c’est les rapports de force qui permettent à chacun de conserver sa part du gâteau. La notion de qualité de vie n’est pas nécessairement quantifiable, et je ne voudrais pas prolonger le débat dans ce sens, mais elle est importante...


                                                                                                                                                                                                                                        • Alexandre Santos Alexandre Santos 22 octobre 2005 11:34

                                                                                                                                                                                                                                          Suivant ces deux sources ( CNRS , wikipédia) : 1880 : Interdiction totale de la LSF dans l’éducation des enfants sourds.

                                                                                                                                                                                                                                          1991 : Loi « Fabius » autorisant le choix de la langue pour l’éducation des enfants sourds

                                                                                                                                                                                                                                          2005 : Reconnaissance officielle de la LSF comme langue officielle française


                                                                                                                                                                                                                                          • (---.---.189.108) 4 novembre 2005 08:33

                                                                                                                                                                                                                                            Une première mondiale en télévision : Des programmes télévisés réticulaires entièrement en langue Internationale espéranto seront régulièrement diffusés pour la première fois par Internacia Televido (ITV) à partir du samedi 5 novembre 2005.

                                                                                                                                                                                                                                            Après de nombreuses difficultés, surtout financières, ce projet, qui est né au Brésil, se concrétise modestement en attendant un soutien financier (mécénat, publicité, soutiens individuels...) qui lui permettra une meilleure qualité d’image et un plus grand format (plein écran).

                                                                                                                                                                                                                                            La page d’accueil ouvre l’accès à une présentation d’ITV en 14 langues : anglais, français, espagnol, portugais, russe, tchèque, polonais, chinois, grec, néerlandais, allemand, italien, japonais, hongrois.


                                                                                                                                                                                                                                            • (---.---.183.191) 5 novembre 2005 20:06

                                                                                                                                                                                                                                              Si vous aviez écouté les émissions quotiiennes en Espéranto de Radio Varsovie http://www.radio.com.pl/polonia/audio.asp?rld=11 ou celles de Radio Pékin </es.chinabroad.cn>> (en choisissant le jour sur ON LINE dans la colonne de droite) parmi des dizaines d’autres émetteurs dont celui du Vatican ... et ceci depuis des dizaines d’années, vous n’écririez pas que cette langue n’est pas parlée.

                                                                                                                                                                                                                                              Si comme le Pr Robert Phillipson (auteur de LINGUISTIC IMPERIALISM) et le Pr Charles Durand (auteur de Lqa MANIPULATION MENTALE PAR LA DESTRUCTION DES LANGUES) vous aviez assisté à un congrès mondial d’Espéranto où quelques milliers de locuteurs espérantophones de plus de 60 nations discutent librement entre eux SUR UN PIED D’EGALITE des sujets lesplus divers, y compris dans des conférences universitaires de l’Association Internationale des Sciences où l’Espéranto est langue de travail, comme eux vous prendriez conscience de vore erreur et constateriez l’inanité de vos préjugés et des parti-pris dans lesquel des ignorants de la réalité vous ont maintenu. Veuillez lire les ouvrages de ces témoins éclairés qui ont ensuite été favorablement étonnés de l’atmosphère de ces congrès et confessé comment auparavant ils avaient été induits en erreur par la méconnaissance dans laquelle on les avaient maintenus. Leurs rapports en témoignent.

                                                                                                                                                                                                                                              Parlant l’Espéranto chaque jour par tous les moyens modernes, l’ayant utilisé avec des amis du monde entier et de tous milieux je me souviens où plusieurs fois l’on m’a demandé « quelle est cette belle langue ? »lorsque je conversais avec un ami étranger dans le train où lors d’une visite culturelle. Aujourd’hui O5/11/05 ont lieu précisément les premières émissions régulières en Espéranto d’un canal de télévision installé au Brésil. http://internacia.tv

                                                                                                                                                                                                                                              Un volume entier n’y suffirait pas pour vous énumérer une foule de manifestations où l’Espéranto est parlé tout naturellement. Veuillez au moins vous reporter à quelques sites parmi des millions :: http://claudepiron.free/articles.htm ( travaux de Claude Piron ex-traducteur aà l’onu et l’oms puis professeur à l’université de psychologie de Genève) http://www.eventoj.hu/snd-list.htm ( liste de quelques sites spécialisés) << http://fr.wikipedia.org/wiki/valeur_propédeutique_de_l’espéranto >> (ces 2 lignes à la suite !) << http://satamikarohm.free.fr >> et pour savoir la position américaine : http://www.esperanto-usa.org avec de nombreux liens.

                                                                                                                                                                                                                                              Comme chacun, avant d’étudier l’Espéranto j’avais entendu à son sujet les accusations le plus grotesques. Elles se sont révélées fausses me prouvant qu’il faut toujours juger par soi-même. l’Espéranto ne m’a pas seulement ouvert le monde et différentes cultures, il m’a appris qu’une personne si forte soit-elle dans son domaine n’a aucune qualité pour juger dans un domaine qu’elle ne connaît pas...celle-ci risque fort de perdre ma confiance dans son jugement en général. Bien cordialement : j’aimerais connaître votre réaction après lecture du minimum d’informations objectives proposées, alors que vous aurez pris connaissance de faits objectifs. Maurice SUJET [email protected]


                                                                                                                                                                                                                                              • (---.---.183.191) 5 novembre 2005 20:25

                                                                                                                                                                                                                                                Mon message précédent s’adresse en priorité à M.Courouve qui a écrit que parler de l’Espéranto ne signifie pas qu’on le parle. veuillez pardonner mon oubli.

                                                                                                                                                                                                                                                Koran saluton al niaj amikoj kiuj honeste parolas pri siaj spertoj sur c’iuj kampoj en la tuta mondo dank’al Esperanto, ec’ se tio ne sufic’as por konvinki tiujn kiuj deziras resti blindaj kaj surdaj je la realeco kaj inventas la plej groteskajn faktojn kiel sektecon, monavidon, ktp.

                                                                                                                                                                                                                                                Amike via, Maurice


                                                                                                                                                                                                                                                • Sevecxjo (---.---.248.235) 6 novembre 2005 15:44

                                                                                                                                                                                                                                                  Je découvre l’Espéranto petit à petit depuis un an et demi. Je n’ai pas encore vingt ans dans les pattes, mais j’exerce un esprit critique systématique à chaque avancée, étudie soigneusement les divers critiques linguistiques formulées au cours du siècle, et je n’ai rien trouvé qui laisse supposer que cet outil n’est pas apte à toutes les suptilités qu’il revendique... Je me laisse douter, autant que je me laisse surprendre, tant en matière d’esthétique que de grammaire. Même si j’ai un léger faible pour quelques réformettes, malgrès les risques (j’ai moi ce défaut de parler beaucoup d’Esperanto, mais je n’ai malheureusement pas encore rencontrer d’Espérantistes qui avait vraiment envie d’aborder ce sujet).

                                                                                                                                                                                                                                                  Bref, j’en suis arrivé à la conclusion que oui, il y a effectivement des excès de langage comme dans la plupart des mouvements minoritaires et incompris, mais qu’ils sont minoritaires même s’ils se font beaucoup entendre. Et que les arguments de certains de ses zélateurs véhiculent un discours de langue parfaite qui est rassurant pour eux, mais qui prète un sourire (avec gentillesse) pour les autres.

                                                                                                                                                                                                                                                  Mais tout cela n’enlève rien au fait qui est que l’Esperanto est tout d même pas mal ingénieux et déjà très fonctionnel de par un siècle de pratique, que rien n’empêche qu’il évolue encore (très lentement vu l’attachement à l’unicité de la langue, ça me convient) et qu’il est moqué par méconnaissance par la plupart des gens, instinctivement (logique car la langue est liée à l’identité), injustement, et trop souvent mal défendu par les l’empressement impatient des plus zélateurs de ses locuteurs. Les autres ont mieux à faire, alors on ne les entends pas.

                                                                                                                                                                                                                                                  Et puis, il n’y a pas que SAT en espérantie ! J’ai comme l’impression que même en vingt ans, on peut encore confondre smiley

                                                                                                                                                                                                                                                  Mais non, être décu d’un engagement au point d’être sans indulgence et motivé à transmettre ses points de vue critique systématiquement, n’est pas être malade. De même qu’être, comme moi, un peu trop bavard. Ou alors si, mais dans le sens où on a tous un grain, et heureusement : c’est ce qui fait de nous de êtres humains et pas des robots smiley Tout est une question de mesure... Et chacun apprécie cette mesure à sa manière, toujours toute relative. Essayons par contre à nous astreindre à cette discipline mentale difficile qui consiste à (tenter de) ne pas (trop) faire d’un poids deux mesures smiley


                                                                                                                                                                                                                                                  • Henri Masson 6 novembre 2005 17:43

                                                                                                                                                                                                                                                    Oui, de l’humour. Très volontiers ! Surtout quand on entend que l’humour est impossible en espéranto ou autres sornettes du même tonneau.

                                                                                                                                                                                                                                                    Il faut que cette langue soit solide pour avoir résisté à toutes sortes de critiques. Il sera intéressant, un jour, de rédiger un recueil de tout ce qui a été dit ou écrit à son encontre.

                                                                                                                                                                                                                                                    Je viens de tomber par hasard sur un extrait d’article publié par Enfants-Magazine du mois d’août 1992 sous le titre « La sexualité pendant la grossesse ». Quel rapport avec l’espéranto, me demanderez-vous ? Eh bien il y a quelqu’un qui a trouvé le rapport (sexuel ! smiley entre l’espéranto et sexualité : « La « sexualité du couple » apparaît comme un impératif fabriqué de toutes pièces et inutilisable, comme l’espéranto : une langue imaginée de A à Z par quelques uns, dans l’illusions d’un parler universel balayant toutes les particularités, le poids de l’histoire, les coutumes locales. Unique pour tous. »

                                                                                                                                                                                                                                                    Là, c’est vraiment un exploit : l’auteur(e) a tout faux sur toute la ligne car l’espéranto est plus que jamais utilisable depuis 1992 (Internet était alors presque inconnu en France). Mais on peut imaginer combien de telles imbécillités, qui peuvent faire effet sur des personnes non informées ou qui ne se sont jamais penchées sur la question, ont compromis longtemps la progresion de la langue. Internet remédie d’une certaine façon à cette situation mais demande tout de même de ne pas perdre de vue l’esprit critique.

                                                                                                                                                                                                                                                    En tous cas, un fait de plus vient juste de confirmer que l’espéranto est utilisable : il existe maintenant une télévision internationale qui, même si ses débuts sont encore modestes, émet dans cette langue qui ne vise aucunement à uniformiser le monde. L’uniformisation, nous l’avons par l’anglais : écoutez les chansons dans les médias, la réclame ou les grandes surfaces qui ignorent l’existence du français et d’autres langues européennes. Personnellemnt, j’aimerais en entendre, certes « du pays de l’espéranto » (le globe terrestre — il y en a déjà beaucoup), mais aussi de tous les pays et de toutes les régions


                                                                                                                                                                                                                                                    • (---.---.198.212) 8 novembre 2005 10:59

                                                                                                                                                                                                                                                      Sous le titre « First Television Channel In Esperanto Debuts Online », un article du journaliste Mike Baron vient de paraître dans le quotidien « Post Chronicle » à propos de la nouvelle télévision réticulaire « ITV » (Internacia Televido) lancée au Brésil samedi dernier.

                                                                                                                                                                                                                                                      « ITV » fonctionne selon un principe plus ou moins semblable à celui d’ « AgoraVox » en France ou d’ « OhMyNews » en Corée, mais à l’échelle mondiale et avec un contenu entièrement en espéranto. « Le but d’ITV, selon Mike Baron, est de créer un réseau international de télévision combinant un contenu professionnel avec la collaboration d’utilisateurs ordinaires de partout dans le monde. Les programmes s’étendront depuis les nouvelles et les documentaires jusqu’à la culture, aux programmes éducatifs et au divertissement des enfants. »

                                                                                                                                                                                                                                                      Les personnes qui ne comprennent pas l’anglais peuvent utiliser le service (imparfait) du programme de traduction « Babelfish » qui fonctionne pour plusieurs couples de langues, ou le programme de traduction anglais-espéranto/espéranto-anglais « Traduku ».


                                                                                                                                                                                                                                                      • Chocolat Bleu Pâle (---.---.206.132) 8 novembre 2005 14:20

                                                                                                                                                                                                                                                        On va m’accuser de négationisme primaire, mais je n’ai toujours rien vu qui ne puisse être réalisé par mon petit neveu et son caméscope...

                                                                                                                                                                                                                                                        Pourquoi ne pas tenter plutôt, avec les mêmes moyens, de créer une rédaction espéranto au sein d’Euronews ou même de CNN ?


                                                                                                                                                                                                                                                        • Chocolat Bleu Pâle (---.---.206.132) 8 novembre 2005 14:23

                                                                                                                                                                                                                                                          Al Maurice : Sekteco kaj monavido ne estas fantazioj, bedauxrinde... se VI kaj viatipaj nur malfermus l’okulojn !!!


                                                                                                                                                                                                                                                          • Alexandre Santos (---.---.183.195) 8 novembre 2005 14:40

                                                                                                                                                                                                                                                            Pourquoi pas, Chocolat !

                                                                                                                                                                                                                                                            Mais je crains que vous ne soyez pas le premier à y avoir songé.

                                                                                                                                                                                                                                                            Non seulement ce serait difficilement rentable, mais de plus il y aurait des résistances internes irrémediables.

                                                                                                                                                                                                                                                            Quand on voit les difficultés qu’à la France pour lancer une CNN francophone, je n’ose pas penser à ce que ce serait avec l’esperanto.


                                                                                                                                                                                                                                                            • Henri Masson 8 novembre 2005 15:12

                                                                                                                                                                                                                                                              Oui, visiblement, ça vous gêne qu’ITV ait vu le jour, même si ce début est évidemment très modeste ! Mais il faut un début. Les moyens financiers n’apparaissent que lorsque l’on fait ses preuves. Curieusement, c’est un média étasunien qui en a donné écho en premier. Il faudra bien attendre des semaines avant d’en entendre parler dans des médias francophones. Et encore !...

                                                                                                                                                                                                                                                              Mais de qui ITV a reçu de l’aide financière ? Certainement pas de vous, qui avez déjà montré combien vous pouvez être radin pour payer, par exemple, une modeste cotisation à une association.

                                                                                                                                                                                                                                                              Et vous vous êtes finalement fait avoir en achetant une cassette vidéo piratée plus cher qu’elle ne vallait. Ah, ah, ah !!! smiley)) La rigolade !

                                                                                                                                                                                                                                                              On pourrait presque dire que le monde est merveilleusement bien conçu pour punir les esprits tordus.

                                                                                                                                                                                                                                                              Allez donc voir les tarifs des stages d’anglais qui vous permettront de discuter d’égal à égal avec Bush ou Blair !

                                                                                                                                                                                                                                                              Une rédaction d’espéranto au sein de CNN ou d’Euronews ? La proposition avait déjà été faite à Euronews. Aucune réponse. Des tentatives avaient été faites voici quelques décennies pour obtenir des émissions en espéranto de « Voice of America », voir.

                                                                                                                                                                                                                                                              Ça viendra peut-être, mais seulement quand ITV aura démontré qu’il existe un vaste public espérantophone. Flavio Rebello, qui l’a créé, a déjà créé le plus visité des portails en espéranto : Gxangalo (jungle) qui, à bien des égards, ressemble à un « AgoraVox » sans frontières.


                                                                                                                                                                                                                                                              • Henri Masson 8 novembre 2005 16:35

                                                                                                                                                                                                                                                                A Alexandre : très juste !

                                                                                                                                                                                                                                                                Mais je crains que vous ne soyez pas le premier à y avoir songé.

                                                                                                                                                                                                                                                                Beaucoup de gens seraient époustouflés s’ils voyaient les copies de lettres que les espérantistes ont adressé vers tous les azimuts afin que l’espéranto soit pris en considération.

                                                                                                                                                                                                                                                                Non seulement ce serait difficilement rentable, mais de plus il y aurait des résistances internes irrémediables.

                                                                                                                                                                                                                                                                Ce ne serait évidemment pas rentable dans l’immédiat, mais à moyen, puis à long terme, ce serait très rentable. L’intérêt pour l’espéranto existe. J’ai été pour quelque chose dans l’émission « 15-115 » du 1er juin 1988 qui avait débouché, sur France Inter, sur un cours express d’espéranto d’environ 10 mn durant tout le mois d’août. Il y avait eu de très nombreux appels téléphoniques et pas moins de 5000 lettres et cartes postales fort sympathiques. L’animatrice, l’excellente Brigitte Vincent, jouait le rôle d’élève avec son « professeur », Richard Comerford, un jeune Anglais qui avait découvert l’espéranto par une émision de la BBC et qui l’avait appris depuis peu. Qui oserait faire la même chose dans une autre langue ? Mais la direction de Radio France avait considéré cette affaire avec dédain. Il est vrai que l’envoi du cours à tous les auditeurs qui en avaient fait la demande avait dû avoir un certain coût...

                                                                                                                                                                                                                                                                Quand on voit les difficultés qu’à la France pour lancer une CNN francophone, je n’ose pas penser à ce que ce serait avec l’esperanto.

                                                                                                                                                                                                                                                                Oui, il y a la chaîne francophone TV5 qui coûte très cher et au sujet de laquelle vous pouvez d’ailleurs lire des articles en relation avec l’espéranto dans la revue « La SAGO » de SAT-Amikaro. Et puis l’esprit d’innovation n’étant pas le côté fort de ceux qui décident, on peut hélas penser que vous avez raison...


                                                                                                                                                                                                                                                                • Chocolat Bleu Pâle (---.---.206.132) 8 novembre 2005 17:10

                                                                                                                                                                                                                                                                  La question de l’oeuf ou de la poule, donc. Je me souviens d’une brave personne qui entrait dans les agences de banque en lâchant benoîtement au guichetier : « Savez-vous ce que l’esperanto vous ferait gagner ? »

                                                                                                                                                                                                                                                                  Ca ferait sourire si ce n’était vrai.

                                                                                                                                                                                                                                                                  Ceci pour dire : a-t’on « chatouillé » CNN et Euronews de la bonne manière avant de s’inventer une initiative espéranto-espérantiste ?

                                                                                                                                                                                                                                                                  Quant à la cassette piratée, je ne relèverai même pas le procédé indigne qui consiste, sous la plume d’aucun, à tranformer un vol qualifié en punition divine.


                                                                                                                                                                                                                                                                  • Henri Masson 8 novembre 2005 17:55

                                                                                                                                                                                                                                                                    A propos de CNN et d’Euronews, si vous connaissez la « bonne manière » pour les « chatouiller », chapeau ! Merci de livrer le secret.

                                                                                                                                                                                                                                                                    Vous êtes plus naïf que les espérantistes que vous accablez de défauts. Il ne viendront à l’espéranto que lorsque celui-ci sera parvenu à un seuil de rentalibilité qui aura été atteint grâce à des gens comme Flavio Rebello dont vous prédisiez qu’il échouerait, qui auront pris des risques, qui se seront dépensés pour le promouvoir. Or vous avez fait précisément l’inverse. Donc merci pour la leçon !

                                                                                                                                                                                                                                                                    Des cas dans du genre de celui que vous citez sont apparus de temps à autre dans l’histoire de l’espéranto, entre autres le phénomène « Ferrari » (rien à voir avec Lola ! qui aurait peut-être été plus efficace en en mettant plein la vue... surtout à la gent masculine ! smiley qui exerçait la profession de coiffeur au Quartier latin. Il abandonnait tout client à qui il faisait une coupe pour se consacrer à un espérantiste dès qu’il en entrait un dans son salon (faire une recherche avec « ferrari esperanto »). Ça ne devait pas faire que des heureux...

                                                                                                                                                                                                                                                                    Enfin, pour l’histoire de la cassette vidéo piratée, Dieu n’a rien à voir là-dedans, à moins qu’il n’ait un sacré sens de l’humour (ou un sens sacré de l’humour, ou un sens de l’humour sacré ! smiley)) car elle prête plutôt à rire.


                                                                                                                                                                                                                                                                    • Alexandre Santos (---.---.183.195) 8 novembre 2005 17:59

                                                                                                                                                                                                                                                                      À Henri Masson :

                                                                                                                                                                                                                                                                      “l’émission « 15-115 » du 1er juin 1988 qui avait débouché, sur France Inter, sur un cours express d’espéranto d’environ 10 mn durant tout le mois d’août.”

                                                                                                                                                                                                                                                                      Est-ce que vous avez conservé des enregistrements de ces émissions ?

                                                                                                                                                                                                                                                                      Si c’est le cas elles pourraient être converties en fichiers mp3 et mises à disposition sur le net...


                                                                                                                                                                                                                                                                      • Henri Masson 8 novembre 2005 18:07

                                                                                                                                                                                                                                                                        Vous pouvez me contacter à ce sujet, de même que les personnes intéressées, via le site de SAT-Amikaro. Les coordonnées apparaissent sur chaque « Service de Presse », de préférence de l’année 2005.


                                                                                                                                                                                                                                                                        • Chocolat Bleu Pâle (---.---.32.242) 8 novembre 2005 21:34

                                                                                                                                                                                                                                                                          Jusque maintenant, Flavio Rebello n’a rien réussi du tout... Suis-je un oiseau de mauvais augure, ou un observateur lucide ?


                                                                                                                                                                                                                                                                          • (---.---.0.237) 8 novembre 2005 22:16

                                                                                                                                                                                                                                                                            Tiens, Choco est là ! Alors, toujours la même question : où sont les traducs ? Prouvez que vous-même réussissez quelque chose smiley

                                                                                                                                                                                                                                                                            « je n’ai toujours rien vu qui ne puisse être réalisé par mon petit neveu et son caméscope »

                                                                                                                                                                                                                                                                            Ouais, et les espérantistes sont moins nombreux que les anglophones (et les francophones) natifs smiley En plus, ils sont avides et sectaires. « Elle est belle, not’ chanson, rechantons-la, rechantons » smiley) Pour la combiennième fois déjà ? smiley


                                                                                                                                                                                                                                                                            • Chocopâle (---.---.32.242) 8 novembre 2005 22:33

                                                                                                                                                                                                                                                                              Bof, on se ressemble, hein ! Moi aussi, je frappe souvent le même clou... Que disait Papa Zamenhof, déjà ? « Ecx malgranda guto, konstante frapante... »


                                                                                                                                                                                                                                                                              • (---.---.0.237) 8 novembre 2005 23:35

                                                                                                                                                                                                                                                                                La différence, c’est que Zamenhof voulait construire, et vous... euh... l’inverse smiley


                                                                                                                                                                                                                                                                                • LO (---.---.155.120) 9 novembre 2005 00:01

                                                                                                                                                                                                                                                                                  bonjour, chocolat bleu pâle,

                                                                                                                                                                                                                                                                                  où peut-on voir la télévision que réalise votre petit-fils avec son caméscope ?


                                                                                                                                                                                                                                                                                  • Wàng (---.---.18.115) 9 novembre 2005 10:07

                                                                                                                                                                                                                                                                                    ...traboras la monton granitan. smiley)


                                                                                                                                                                                                                                                                                    • Henri Masson 17 novembre 2005 12:26

                                                                                                                                                                                                                                                                                      Nouveau succès pour la chaîne ITV : une partenarité entre elle et la chaîne de télévision polonaise Telewizja Polska (TVP) vient de s’engager en vue d’un échange de programmes. Dans un premier temps, TVP mettra une centaine de films, de documentaires, de séries télévisées et de programmes à ITV dont le siège est Sao Paulo, au Brésil.

                                                                                                                                                                                                                                                                                      Pour Flavio Rebelo, le directeur de la première chaîne réticulaire entièrement en espéranto : « C’est un fait révolutionnaire qu’une chaîne importante de télévision d’un pays tel que la Pologne, qui n’est pas parmi plus petits, regarde vers une chaîne télévisée en espéranto avec respect et appréciation. Internacia Televido vient tout juste de paraître, et elle réussit déjà à ouvrir de nouveaux horizons à la Langue Internationale. »

                                                                                                                                                                                                                                                                                      Le lancement d’ITV a déjà eu et continue d’avoir un écho favorable dans d’autres pays, depuis les État-Unis jusqu’à l’Iran.

                                                                                                                                                                                                                                                                                      Source : http://internacia.tv/modules/news/article.php?storyid=7


                                                                                                                                                                                                                                                                                      • Alexandre Santos Alexandre Santos 17 novembre 2005 14:30

                                                                                                                                                                                                                                                                                        Pour tous ceux qui utilisent Linux ou autres unix, il est possible de recevoir ITV en utilisant mplayer :

                                                                                                                                                                                                                                                                                        Voici les instructions.

                                                                                                                                                                                                                                                                                        Je ne sais pas si c’est aussi valable pour les utilisateurs de Mac...


                                                                                                                                                                                                                                                                                        • Chocolat Bleu Pâle (---.---.34.103) 16 avril 2006 17:18

                                                                                                                                                                                                                                                                                          Flop...

                                                                                                                                                                                                                                                                                          Ben oui.


                                                                                                                                                                                                                                                                                          • skirlet (---.---.148.226) 12 mai 2006 14:55

                                                                                                                                                                                                                                                                                            • Roland (---.---.118.11) 8 juin 2006 21:39

                                                                                                                                                                                                                                                                                              après une interruption due au manque d’argent (eu fait si ça vous dit de les aider ! http://gxangalo.com/modules/news02/article.php?storyid=77 ou de faire passer de la publicité sur leurs ondes : ce qu’ils veulent c’est pouvoir se financer par la publicité comme les chaînes privées, mais jusqu’à présent il n’ont pas eu de client, daonc il faut qu’une entreprise commence !) Internacia Televido a repris ses émissions. En ce moment il y a un très beau reportage sur « Buenos Aires berceau du tango ». même si vous ne comprenez pas (pas encore !) l’Espéranto allez-y faire un tour ne fusse que pour la musique !


                                                                                                                                                                                                                                                                                              • chocolat bleu pâle (---.---.34.103) 15 juin 2006 22:33

                                                                                                                                                                                                                                                                                                Ah, j’applaudis à farbskatol’, qui lui a des ambitions raisonnables et les moyens de ses ambitions , contrairement à InternaciaTV... et j’ai beaucoup ri d’ailleurs au sketch « monpetado » qui met en scène un Flavio Rebelo (« directeur » d’ITV) plus vrai que nature dans un exercice de... de direction des programmes ? mais non, de récolte de fonds !

                                                                                                                                                                                                                                                                                                http://farbskatol.net/dotclear/index.php?2006/04/17/3-monpetado

                                                                                                                                                                                                                                                                                                Mais tout se passe exactement comme je l’avais « prévu »... En ce qui concerne ITV, on en est actuellement juste après la phase de culpabilisation : « vous n’avez pas assez cru en mon initiative, vous êtes de mauvais espérantistes... » La phase suivante sera bien sûr la perception d’une deuxième vague de subventions volontaires, déculpabilisantes, et surtout très inutiles.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                Quand vous voyez un espérantiste commencer quelque chose, même s’il présente bien, ne vous dites pas qu’il va réussir parce qu’il est espérantiste et que Dieu, saint Ludovic et le sens de l’histoire sont avec lui - demandez-vous d’abord s’il fait son métier. Si ce n’est pas le cas, laissez-le se planter tout seul, et achetez plutôt un bon disque chez Vinilkosmo (www.vinilkosmo.com) - chez des gens qui savent ce qu’ils font, et qui le font bien.


                                                                                                                                                                                                                                                                                                • skirlet (---.---.44.18) 5 juillet 2006 19:08

                                                                                                                                                                                                                                                                                                  « Quand vous voyez un espérantiste commencer quelque chose, même s’il présente bien, ne vous dites pas qu’il va réussir parce qu’il est espérantiste et que Dieu, saint Ludovic et le sens de l’histoire sont avec lui »

                                                                                                                                                                                                                                                                                                  Merci, Grand Maître, de nous avoir dévoilé votre sagesse ! smiley) Le hic, c’est qu’on ne le pense pas... Seul le pape est infaillible et soutenu par dieu et les saints, et encore, uniquement pour les catholiques.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                  Quant à Vinilkosmo, ma foi, je suis d’accord avec vous...


                                                                                                                                                                                                                                                                                                  • Henri Masson 26 août 2008 09:23

                                                                                                                                                                                                                                                                                                    Une nouvelle Télévision d’Espéranto sur Internet !

                                                                                                                                                                                                                                                                                                    Une nouvelle télévision réticulaire fonctionne depuis quelques semaines sur Internet sur http://esperanto-tv.com !!

                                                                                                                                                                                                                                                                                                    Le portail "Esperanto-TV" ne produit pas lui-même de nouveaux films, mais propose une liste de programmes de 9 canaux contenant de nombreux films pouvant être trouvés de façon dispersée dans des recoins plus ou moins cachés de l’Internet.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                    Le programme du portail "Esperanto-TV" change selon la disponibilité de nouveaux films (de bonne qualité), on ne prévoit pas plus souvent qu’une semaine.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                    Liste de programmes actuels :

                                                                                                                                                                                                                                                                                                    1. - Esperantista-TV, Esperanto.TV
                                                                                                                                                                                                                                                                                                    2. - ITV, Internacia.TV
                                                                                                                                                                                                                                                                                                    3. - Farbskatol, Farbskatol.net
                                                                                                                                                                                                                                                                                                    4. - Bildo-Televido (*)
                                                                                                                                                                                                                                                                                                    5. - ETV, Esperanto-TV.com
                                                                                                                                                                                                                                                                                                    6. - Esperanto TV (mogulus), mogulus.com/esperanto
                                                                                                                                                                                                                                                                                                    7. - Esperanto 2.0 TV, worldtv.com/esperanto_2.0_tv
                                                                                                                                                                                                                                                                                                    8. - Esperanto TV (ITVC), itvc.pl
                                                                                                                                                                                                                                                                                                    9. - Parolu Mondo
                                                                                                                                                                                                                                                                                                    Le portail offre non seulement des programmes pouvant être vus, mais aussi, à titre expérimental, une télévision d’espéranto par téléphone portable !

                                                                                                                                                                                                                                                                                                    Une liste de discussion Yahoo existe pour parler et discuter des nouveaux films et des nouveaux programmes : http://groups.yahoo.com/group/Esperanto-TV .

                                                                                                                                                                                                                                                                                                    La même liste est utilisable pour contacter ceux qui font fonctionner Esperanto-TV , ou alors, écrire directement à "esperanto-tv-owner @ yahoogroups.com"

                                                                                                                                                                                                                                                                                                    Visitez : http://esperanto-tv.com

                                                                                                                                                                                                                                                                                                    Szilvási László
                                                                                                                                                                                                                                                                                                    fonto : Ret-Info
                                                                                                                                                                                                                                                                                                    http://www.eventoj.hu

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