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Seine-Saint-Denis : Les expulsions se multiplient

Deux expulsions de grande ampleur, à Bagnolet le 22 juillet, et à Montreuil le 30, témoignent d’une période de l’année propice à ce genre de décisions. Une manœuvre qui se répète tous les étés mais qui trouve un écho particulier cette année.

A Bagnolet, le 22 juillet, une vingtaine de ménages ont été expulsés de leur bâtiment au 178 rue Robespierre, qui était occupé illégalement depuis 14 ans. Aucune solution d’hébergement d’urgence n’a pu être proposée aux expulsés. Cet incident survient dix-huit mois après l’expulsion au bulldozer, dans la même ville, en plein hiver, des occupants du 92 rue Victor Hugo, qui attendent toujours les 50 logements sociaux promis alors.

Samedi 30 juillet, la police intervenait pour libérer les locaux du 94 rue des Sorins, à Montreuil, des 218 squatters qui les occupent depuis 2008. Depuis, les squatteurs se sont installés dans le square attenant. Un collectif de soutien s'est créé et a distribué un tract le lendemain de l'expulsion dans lequel il explique avoir fait des travaux d'aménagement du site avec l'accord de la mairie. Dominique Voynet, maire de Montreuil, en appelait alors dans un communiqué « l'Etat à prendre ses responsabilités et à proposer des solutions de relogement dignes aux occupants du squat ». 

Une période favorable aux expulsions

Selon les associations, la période de l’été est plus propice aux expulsions des familles. Les ralliements contre les expulsions trouvent en effet souvent leur force autour de l’école où étudient les enfants menacés. Les mois d’été, la mobilisation est ainsi moins forte, et les associations et les médias moins réactifs. Les associations soulignent aussi une recrudescence en octobre, avant la trêve hivernale.

Les expulsions illégales

A Montreuil encore, les 23 et 24 juillet, de jeunes militants politiques, précaires et chômeurs, se faisaient expulser manu militari d'une maison au 74 rue des caillots qu'ils occupaient illégalement depuis 2007. Un fait divers qui a fait le tour du web avec une vidéo qui montre des hommes armés de barres de fer entrer de force dans la maison, la saccager, et frapper ses occupants. Les squatteurs n'avaient reçu aucune lettre de mise en demeure de la part de la préfecture.

Dans une interview accordée à 93-Infos, Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de l’association ‘Droit au Logement’ (DAL), souligne que ces méthodes illégales d’expulsion musclées sont en augmentation en Seine-Saint-Denis. L’association a même alerté le Préfet à ce sujet. (en attente de preuves)

La situation en Seine-Saint-Denis

Il existe, selon le DAL, 20 000 ménages en situation précaire en Ile-de-France, en droit d’obtenir un logement dans le cadre de la loi du droit au logement opposable (DALO), votée en 2007. Jean-Baptiste Eyraud explique la situation particulière en Seine-Saint-Denis par la rigidité de la Commission de médiation, chargée d’attribuer des logements sociaux en urgence. Selon le DAL, depuis le 1er janvier 2011, au niveau national, 45% des demandes ont abouti, contre 28% en Seine-Saint-Denis. « Très précisément, 10102 refus pour 3993 avis favorables, dont 2353 familles toujours en attente d’un logement.[…] Certaines familles se sont vues recevoir un avis négatif, pour des motifs jugés irrecevables par le Tribunal Administratif. Obligée de traiter à nouveau le dossier, la Commission a même refusé certains dossiers une deuxième fois, pour les mêmes motifs illégaux ! »

Ces difficultés se couplent désormais aux coupes budgétaires affectant le Samu Social, votées en mai 2011, concernant l’hébergement d’urgence. A titre d’illustration, la Seine-Saint-Denis a vu son nombre de places hôtelières réservées aux plus précaires passer de 1800 à seulement 900, toujours selon le DAL, et le Samu Social affirme avoir dû restreindre ses veilles à 5 soirs par semaine en Seine-Saint-Denis, là où il assurait un service continu avant le mois de mai.

Les solutions

Selon le porte-parole de l’association, « il faudrait que l’Etat et le Département répondent à leurs obligations, tout simplement. Les lois existent, elles sont juste bafouées. » Le DAL a ainsi obtenu la condamnation du Conseil Général de Seine-Saint-Denis, qui a obligation de ne plus suspendre de logement pour les familles concernées par le dispositif, depuis le 1er juillet 2011.

Jean-Baptiste Eyraud rappelle que depuis de nombreuses années, les associations de mal-logés font pression sur l’Etat pour la réquisition des logements vacants, estimés à 320 000 en IDF par le DAL [L’INSEE en dénombrait 410 000 en 1999].

 

Liens Legifrance :

la loi DALO : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000271094

la Commission de médiation : http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArticle=LEGIARTI000020466048&cidTexte=LEGITEXT000006074096&dateTexte=vig


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13 réactions à cet article    


  • The jester 26 août 2011 11:19

    « [...] qu’ils occupaient illégalement depuis 2007 [...] »
    « [...] 218 squatters qui les occupent depuis 2008 [...] »
    « [...] qui était occupé illégalement depuis 14 ans [...] »

    Après 3, 4 et 14 ans d occupation je ne pense pas qu’on puisse demander des mesures de relogement d’urgence. Ceux installés là n’avait à priori aucune envie que cela change.

    Les questions que je me pose toujours, Les squatteurs et les associations qui les aident, payent ils un loyer ne serais ce que symbolique au propriétaire ? S’acquittent ils des taxes d’habitations et des factures d’eau et d’électricité ?


    • King Al Batar King Al Batar 26 août 2011 11:34

      Exactement,

      On ne devrait pas dire « c’est scandaleux ils se sont faits expulsé et n’ont plus de logement », mais plutot « ils devraient s’estimer heureux d’avoir pu vivre 14 ans sans payer de loyer ».

      J’ai habité de 0 à 20 ans dans le 93, à Stains, au clos Saint Lazare, avec une soeur et une mère handicapée, veuve d’un militaire, et inapte à travailler. Elle a toujours payé son loyer, et dès que j’ai eu 16 ans, en étant lycéen et jusqu’à aujourd’hui, et j’ai 32 ans, j’ai toujours travaillé pour payé son loyer.
      Je suis désolé de vous paraitre sans coeur, mais ca me parait être le minimum de citoyenneté de payer son loyer surtout, et vous devez le savoir, que dans le 93 c’est quand meme pas les plus chers....


    • Pierre Pli 26 août 2011 12:58

      En réponse à vos commentaires,
      Sachez que j’habite moi-même en face d’un squat, dont je côtoie les occupants. Ce sont des familles, tout le monde bosse, le plus souvent à Roissy, ou pour nettoyer la merde des autres. Eux ne demandent qu’une chose : pouvoir accéder à un logement décent, qu’ils peuvent payer avec leurs maigres revenus. C’est pour cela qu’on a mis en place le DALO : pouvoir attribuer rapidement des logements sociaux à des gens en difficulté, en priorité ceux ayant des enfants en bas âge, afin que ceux-ci puissent grandir dans de bonnes conditions dans notre pays.
      Il ne s’agit pas ici de s’apitoyer sur le sort des gens qui squattent.
      Le but de cet article est d’illustrer la précarité dans le 93, et de présenter les solutions pour y remédier.
      De plus, le non-respect des lois étant la première activité du 93, j’attends de l’Etat qu’il montre l’exemple.
      Merci pour vos réactions, elles démontrent pour moi l’intérêt de discuter du sujet.
      Pierre


      • Marc Bruxman 26 août 2011 17:53

        Si c’est une famille ou tout le monde bosse, ils ont moyen de payer un loyer sans squatter. Mais non, la réalité c’est qu’ils ont l’impression que le bailleur les vole et c’est donc tellement plus commode de ne pas payer...


      • Marc Bruxman 26 août 2011 13:03

        14 ans sans payer de loyer ! ! ! C’est quand même du foutage de geule... Et il est anormal que des associations les aident à frauder plutot qu’à se mettre en régle.

        On enmerderait moins les gens honnétes à coup de feuilles de salaire et de justificatifs aberrants si l’on pouvait expulser sans délai les mauvais payeurs. Forcément que les proprios prennent ceinture et bretelles pour se protéger.

        Et au passage, cela ferait surement baisser légérement le prix des loyers... L’assurance pour loyers impayés, c’est vous, locataires qui la payez pas le proprio (qui la mets dans ses prix). En clair, ceux qui payent honnétement leurs loyers payent pour ces gens qui profitent d’un système en perdition qui se voulait généreux... 


        • Hôtel Social 93 Hôtel Social 93 26 août 2011 13:27

          Bonjour,

          Hôtel Social 93, association gestionnaire du Samusocial de Seine-Saint-Denis, précise qu’en effet le nombre des « maraudes » du Samusocial a été diminué en 2011 mais pas tout-à-fait dans les proportions annoncées par l’auteur.

          Jusque fin 2010, le Samusocial 93 faisait tourner 2 équipes chaque nuit (éventuellement complétées 2 ou 3 fois semaines d’une troisièle équipe entièrement constituées de bénévoles).

          A l’annonce, en début d’année, des restrictions budgétaires envisagées par le gouvernement sur les actions d’accueil, d’hébergement, d’insertion des personnes mal logées ou sans abri, l’association a été conduite a réduire l’une des deux maraudes à 5 jours par semaine au lieu de 7.

          Dès l’hiver 2011-2012, cette action devrait revenir à la « normale » (c’est-à-dire 2 maraudes par jour, 7 j/7) selon les discussions en cours avec les services déconcentrés de l’Etat.

          Dans un deuxième temps, nous espérons que nous obtiendrons un jour les moyens d’augmenter significativement le nombre d’équipes de maraude.

          Nous appelons en attendant tous les lecteurs d’AgoraVox de Seine-Saint-Denis qui voudraient participer activement aux maraudes bénévoles à se mettre en rapport avec nous (via notre site Internet : www.hotelsocial93.fr).

          Pour Hôtel Social 93,
          Gérard BARBIER
          Directeur Adjoint

          PS : nous ne pouvons nous empêcher de précoiser également aux lecteurs chagrins que tous les squatters récemment expulsés auraient probablement préféré verser un loyer pendant tout ce temps.



          • The jester 26 août 2011 14:05

            a votre PS, ils pouvaient en verser un spontanément au proprietaire du squat où il se trouve, ce qui prouverait leur bonne foi. Après je remarque que personne ne réponds à mes questions.


          • jak2pad 26 août 2011 15:40

            ce genre d’article est excellent : si ceux qui le lisent ont encore envie de voter pour un quelconque candidat de gauche, on peut dire qu’ils méritent largement ce qui finira par arriver.

            je connais un de ces squatts, c’est un nid de dealers et de délinquants, et cela fait tellement longtemps qu’il existe qu’on ne pensait presque plus à ce que cela pourrait être le jour où cet abcès disparaîtrait.

            quant au SAMU Social, et surtout en Seine-Saint-Denis, c’est un gaspillage d’argent invraisemblable.


            • Esperanza Esperanza 26 août 2011 22:13

              La grosse erreur que font les socialistes et les associations en ce qui concerne le logement c’est qu’ils aident, incitent même, les squatters et les nouveaux arrivants à être dans l’illégalité. Quand je débarque dans un pays tout ne m’est pas dû ! 

              Par contre ces associations ignorent totalement les Français-es qui ont des bas salaires, ou sont au chômage, et qui sont en attente de logement depuis 12, 15, 20 ans. Pourquoi cette différence de traitement ? C’est vrai que ces Français-es pauvres sont un peu trop discret-es, et que bien souvent ils-elles ont un peu hontes de demander de l’aide. Mais quand quelque-un-es osent demander nos gentils associatifs les ignorent, pas assez exotiques peut-être.

              Ne vous étonnez pas dans ces conditions de voir les extrêmes monter dans les sondages. 

              De mon côté, j’ai pu constater que les donneurs de leçon habitaient, eux, dans de biens beaux et grands logements à loyers modérés. Que ne laissent-ils pas ces logements à ceux qui en ont réellement besoin ? Surtout ne me dites pas que ce n’est pas vrai, tous ces gens qui montent ces associations travaillent directement avec la mairie de mon arrondissement. Courbettes et cirage de pompe, mais ils le valent bien puisqu’ils sont subventionnés avec l’argent du contribuable. Le Dal, par exemple, combien d’Euros de subventions ?



              • chapoutier 26 août 2011 22:30

                les subventions du DAL : que dalle


              • Esperanza Esperanza 26 août 2011 22:59

                Une centaine d’associations et syndicats s’estimaient, le jeudi 15 janvier 2009, “en danger”, dans un communiqué dénonçant le fait que le “gouvernement diminue à nouveau son soutien aux “associations”.

                Les moyens des associations se réduisent et se précarisent” et leurs actions se voient remises en cause”, soulignent les signataires, dont la Ligue des droits de l’Homme (LDH), la Cimade, ASTI (Association de solidarité avec les travailleurs immigrés), Droit au logement (DAL), le Collectif des associations de Seine-Saint-Denis ou encore Romeurope.

                Ces associations n’ont pas l’idée de faire appel à l’aide et aux dons de leurs membres. Logique, elles n’en ont pas ou si peu, au regard des subventions qu’elles touchent. Leur but, sous couvert d’aide “aux plus démunis” : préserver leurs intérêts, conserver leurs prébendes, recevoir leurs subventions.



              • couchardon 26 août 2011 22:44

                Un logement c’est un droit. La réquisition une réponse politique aux gouvernements et autres spéculateurs qui préférent laisser des millions de logements vides !!!!!
                Plus personne ne devrait dormir dehors !!
                Quand je vois certaines réponses je suis consterné les plus démunis pas de pitié mais pour la guerre Afghanistan Lybie.... des milliards d’euros engloutis pour rien Là le silence !!!!

                www.fa-heropelyon.fr.gd


                • Canine Canine 27 août 2011 05:56

                  Ce qui est vraiment intéressant avec cet article, c’est ce qu’il ne dit pas, notamment au sujet de l’expulsion musclée par une espèce de commando de la rue des Caillots.

                  Ce que je vais dire n’engage que moi, je n’ai pas de source à citer, vous êtes donc libre de ne pas me croire, je m’en fiche, je n’argumenterais même pas, c’est juste un témoignage de ma propre expérience de bailleur ayant vécu 25 sur Bagnolet et Montreuil. Quand on a un bien squatté par dix ou quinze personnes, en tant que bailleur particulier et simple citoyen français, on a strictement aucun moyen de se défendre. L’état se fout complétement de vous, vous enterre sous une tonne de tracasserie administrative et financière, parce que ça l’arrange de ne pas avoir à reloger les gens, pendant que vous perdez chaque mois un peu plus d’argent à cause des squatteurs, et qu’en plus vous passez pour un salaud de capitaliste. Aussi, il existe une solution très simple, qui ne permet pas de gagner de l’argent mais qui permet au moins de plus en perdre, vendre à la mafia à bas prix. Il y a un bar à Bagnolet, coté Lilas dans le quartier de la Dhuys, où se retrouve la fine fleur de la mafia serbe, vous pouvez aisément y aborder ce genre de problème. Encore une fois, je n’ai pas de preuve directe (de lien par exemple) de ce que j’avance ici, mais si quelqu’un (comme l’auteur de l’article ci dessus) prends un peu de temps pour enquêter, il s’apercevra à coup sûr que le propriétaire qui a envoyé cette équipe vient à peine de racheter le logement, que ce n’est pas le propriétaire qui subissait les squats depuis des années. Et qui irait acheter un logement squatté depuis des années, si ce n’est quelqu’un qui, disons, ne craint pas les squatteurs ? Il est aisé pour une bande de marginaux de marcher sur un particulier seul, d’autant quand l’état est de leur coté, content de ne pas avoir à les reloger. L’inconvénient quand on crée une situation de non droit, c’est que la loi du plus fort reprend le dessus, et qu’à ce jeu là, si une bande de squatteurs gagnent sur le citoyen français lambda, ils perdent contre la première mafia qui passe.

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